[Suivi lecture] ATea

Oui, c'est très intéressant et cela permet de mieux comprendre les circonstances de "l'expérience". De nombreux récits ont eu tendance à exagérer les faits.

Tu connais certainement mais l'expérience Stanley Pilgram est d'une autre ampleur pour comprendre ce qu'Hannah Arendt appelait "la banalité du mal", c'est-à-dire les processus de pression psychologique qui favorisent chez la majorité des hommes la perte de leur libre arbitre, la soumission, l'abandon de leurs valeurs acquises, la docilité... C'est absolument fascinant.

J'ai pas mal travaillé sur ce thème... Ce qui m'a toujours intéressé, c'est de comprendre scientifiquement pourquoi certaines personnes arrivent à dire non à un ordre impératif qui viole leur conscience et leurs valeurs, quelque soient les risques et les conséquences. C'est ceux-là qui m'intéressent.
Par exemple l'instituteur dont parle Imre Kertesz dans son ouvrage "Kaddish pour l’enfant qui ne naîtra pas" qui incarne finalement tous les espoirs de l'humanité.

Quand on voit la brutalité des réforme économiques et sociales imposées à nos sociétés par ces armées de petits maîtres qui s'estiment tous "pas responsables", ou la radicalisation et l'embrigadement des pensées politiques et religieuses, on se dit qu'enseigner ces ouvrages est indispensable. Ce qu'on nous invite bien évidemment à ne pas faire, un troupeau de mouton est tellement plus facile à diriger :)

Oui, je me souviens de cette expérience de Milgram, de ma première lecture. Et d'ailleurs, il y a quelques années ils en ont fait une émission pour rendre le propos de cette expérience accessible à tous. Elle avait provoqué un sacré bordel d'ailleurs. Pour Imre Kertesz, j'ai son Sauvegarde dans ma bibliothèque par hasard, même si j'ai beaucoup entendu parler de celui que tu cites.

Une chose m'a marqué dans ma réaction face au livre La Vague, mais aussi dans ce que disent les personnes de l'expérience de la Troisième Vague : c'est que l'on trouve ça dingue que ça ait pu marcher alors que cela retrace ce qui a fonctionné et fonctionne encore de nos jours... Pourquoi s'étonne-t-on toujours ?

Quant aux livres (et à la culture de manière globale), s'ils sont bien accompagnés, ils peuvent éveiller les consciences d'où leur dangerosité pour les régimes totalitaires mais pas que... Et je trouve ça tellement bien quand des professeurs éveillent de cette façon, qu'ils investissent leurs programmes et sont passionnés au point de travailler les ouvrages qu'ils proposent. Même si l'accueil n'est pas toujours bon de l'autre côté. Récemment ma mère m'a dit qu'elle était en train de lire ce que je lisais quand j'avais 15 ans environ pour voir ce que j'avais en cours (ou dans la tête). Elle est effarée de voir que le programme nous a fait lire énormément de livres sur les régimes totalitaires et la seconde guerre mondiale (et du coup, c'était noir, sombre, glauque... mais réel). Elle m'a dit que si elle avait vu ça, elle serait allée voir les profs pour protester. Un livre oui, mais pas tout quand même. Il y avait d'autres sujets, d'autres événements historiques pour elle. Je lui ai dit qu'au contraire, j'étais contente d'avoir lu tout ça à cette période, et d'avoir conservé une trace de ça, même si cela a joué sur mon choix de profession, sur ma vie actuelle, sur tout ça, je me dis qu'il ne faut pas que l'Histoire tombe dans l'oubli. Ce que l'Homme est capable de faire, d'accepter. Ni d'oublier ce qui s'est passé, ni d'enterrer les critiques/parodies d'antan parce qu'elles nous serviront encore...

De rien, c'est un plaisir :)

Je me retrouve parfaitement dans ce que tu livres de l'impact de tes lectures historiques sur certains de tes choix de vie...