J'ai finalement réussi à passer au travers de cette brique d'intégrale du Lion de Macédoine, de David Gemmell ! Avec un bon 4h de lecture par jour pour essayer de le lire le plus rapidement possible.
Hum, quoi dire ? J'ai été enchantée dès le début ! Le roman est divisé en deux parties (qui, je crois, représentent les livres tels qu'ils étaient divisés dans leur première version, mais je me suis perdue à travers les diverses éditions), soit Le lion de Macédoine, et Le prince noir. Donc, dans cette première partie, j'ai adoré y découvrir l'art de la guerre et la stratégie guerrière. Le tout est si bien décrit, avec tant de suspense. Je ne compte plus le nombre de fois où je suis restée ébahie devant l'ingéniosité de Parménion !
Quant à la deuxième partie, je l'ai appréciée, certes, mais un peu moins. Le roman perds son côté historique pour gagner en fantasy, et certains éléments m'ont fait louché. Faire d'Aristote et de Chiron la même personne ? Chiron n'étant même pas un centaure, mais un humain pouvant se transformer en centaure qui acquiert alors une seconde personnalité, un nouveau nom, et de nouveaux souvenirs.
Et que dire de la fin ? On dirait qu'elle est précipitée, trop rapide et qu'on n'y apporte pas suffisamment de détails, ce qui est un peu dommage (mais en même temps, ce roman est déjà assez long comme ça, même s'il est excellent)
Et puis, ce roman m'a donné le goût de faire des recherches, autant sur le livre en lui-même et sur l'auteure que sur les faits historiques. J'ai été déçue d'apprendre que ce roman avait été critiqué car il recelait beaucoup de fausses informations. Pourtant, chaque fois que je me questionnais sur un fait et que j'ai cherché à savoir si cela était exact, j'apprenais que si, donc je ne sais pas trop quoi penser à ce sujet.
En bref, excellent roman que je recommande, même si la seconde partie n'arrive pas à la cheville de la première.
Petit extrait, celui que j'ai trouvé le plus fascinant, Mise en contexte : Léonidas et Parménion se livrent à une compétition, dont l'objective est de gagner une guerre fictive dont les soldats sont des pions de bois.
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"Qu le combat commence", déclara Xénophon.
Cléarque fit un pas en avant.
"Le général Parménion dispose ses troupes selon la cinquième formation de Lysandre : les Sciritaïs à gauche, sur seize rangs, les Spartiates au centre, également sur seize rangs, et les mercenaires lanceurs de javelots sur la droite, derrière la cavalerie. Le général se positionne derrière son centre."
Parménion vit plusieurs soldats secouer la tête. Il n'était pas difficile de savoir ce qu'ils pensaient : aucun général ne pouvait attendre de ses hommes qu'ils combattent pour lui si lui-même n'avait pas le courage de se mettre au premier rang.
Trois ilotes s'avancèrent pour disposer les rangées de soldats de bois sur le sable, après quoi le second juge prit à son tour la parole.
"Le général Léonidas a choisi la troisième formation d'Agésilas : les Spartiates à droite, sur dix rangs, la cavalerie au centre, les Sciritaïs et les javelots sur le flanc gauche. Il se positionne au second rang du centre."
Le public applaudit et Léonidas s'inclina. Comme tout bon général spartiate qui se respectait, il avait décidé de se placer près du premier rang.
Les spectateurs d'approchèrent pour mieux étudier le champ de bataille. Compte tenu des formations choisies, il était évident que Parménion se préparait à jouer la défense, misant sur un assaut massif de son ennemi. Pour sa part, Léonidas avait éparpillé ses troupes, annonçant ainsi qu'il allait lancer la traditionnelle attaque en biseau sur le flanc gauche tout en manoeuvrant pour encercler l'ennemi. Tout dépendrait donc du jet des osselets et des pertes subies par chaque camp.
Cléarque s'éclaircit la gorge et les spectateurs tendirent l'oreille pour ne pas manquer l'ordre qu'il allait donner, bien que celui-ci soit évident : pas de déplacement. L'or de Sparte allait attendre l'assaut de Léonidas et faire confiance aux osselets. Mais les conversations cessèrent lorsque Cléarque prit la parole.
"Le général Parménion lance sa cavalerie au triple galop sur le centre adverse."
Tous les yeux se tournèrent alors vers le second juge. Les trois ordres initiaux ne pouvaient être changés, et l'utilisation que Léonidas avait choisi de faire de ses propres cavaliers aurait une grande influence sur le déroulement du combat. Bien que cela arrive parfois, il était extrêmement rare qu'une charge de cavalerie soit décidée au début du combat.
"Le général Léonidas ordonne à ses mercenaires et Sciritaïs d'avancer sur la droite."
Aussitôt, les murmures se multiplièrent : Léonidas n'avait pas anticipé l'attaque adverse et ses propres cavaliers étaient restés immobiles.
Un ilote équipé d'une longue règle déplaça les cavaliers jaunes. Les trois juges se réunirent pour délibérer et Xénophon s'adressa au public.
"Les juges décrètent à l'unanimité que la vitesse de la charge met la cavalerie adverse en déroute et la repousse au milieu des hoplites. Les pertes se montent à soixante hommes dans les rangs de Léonidas, et neuf dans ceux de Parménion."
Il y eut une clameur d'incrédulité, qui enfla encore lorsque Cléarque reprit la parole.
"Le général Parménion ordonne aux Spartiates et aux Sciritaïs de fusionner et de charger le flanc droit ennemi sur trente-deux rangs."
Totalement immobile, Parménion fixa Léonidas, qui voyait, horrifié, l'armée adverse se rapprocher de ses lignes. Il était aisé de comprendre l'état d'esprit du neveu du roi, qui devait faire face, non pas à un plan improbable mais à deux. Aucune unité spartiate ne pouvait même songer à fusionner avec les Sciritaïs, et aucune armée grecque ne s'attaquait jamais au flanc droit adverse, qui était également son point fort. Agir de la sorte revenait en effet à se découvrir totalement car, le bouclier étant porté au bras gauche, la phalange attaquante offrait une cible facile aux javelots, flèches, pierres et autres projectiles ennemis.
Mais pas aujourd'hui, pas dans la situation présente, car le centre de Léonidas avait été mis en désordre par le reflux de sa propre cavalerie, et il ne disposait pas de suffisamment d'archers ou de machines de guerre pour disperser la formation adverse. Avide de saisir l'instant précis où son opposant prendrait conscience de sa défaite, Parménion grava le moindre de ses traits dans sa mémoire.
"Le général Léonidas ordonne à ses six derniers rangs de contourner et d'encercler l'ennemi."
Parménion exultait mais il cacha sa réaction sous un masque impassible, uniquement troublé par l'évasement de ses narines et l'accélération de sa respiration. Léonidas était vaincu. Une charge massive était en train de s'abattre sur son flanc droit et il ne disposait plus que de quatre rangs de soldats.
Les ilotes déplacèrent les figures. Cette fois-ci, les juges n'eurent même pas besoin de délibérer, car tout soldat présent savait ce qui ne pouvait manquer de se passer lorsqu'une phalange de trente-deux rangs heurtaient au pas de charge une ligne défensive statique forte de quatre rangs seulement. Léonidas n'était pas seulement battu, il était annihilé.
Dès demain, je compte débuter Les chroniques de Kane, de Rick Riordan.