Bonjour tout le monde !
Aujourd'hui je poste sur mon blog un texte un peu différent de d'habitude. Il s'agit là plus d'une petite histoire aux accents poétiques qu'un poème à proprement parlé. Le thème porte sur le lien entre un chat (mon chat :angel:) et son "propriétaire". Il a été rédigé le 7 janvier 2016. J'espère qu'il vous plaira !
Un chat dans la brume
J’ouvris les yeux par une chaude matinée de printemps. Seule, recouverte d’un léger drap de soie, les rayons du soleil caressaient ma peau. Je refermais mes paupières. M’assaillirent dans le noir des dizaines de feux d’artifices, d’étincelles multicolores qui explosaient sous mes cils. Un doux bruissement m’extirpa de ma somnolence. Je rouvris les yeux. Une boule de poil noire et blanche me fixait de deux billes vertes. Je souris. Je tendis la main et Isis vint me chatouiller le bout des doigts. Un miaulement, un regard béat. Je me redresse, m’étire et reçoit entre mes bras écartés toute la chaleur de l’astre de feu.
Il est dix heures, nous sommes samedi et aujourd’hui rien ne m’oblige à me presser. C’est donc tranquillement que je me dirige vers le buffet de la cuisine et entreprends de nourrir mon colocataire à quatre pattes. Cela fait un peu plus de deux ans maintenant qu’Isis partage ma vie (ou que je partage la sienne ?). On me l’a amenée un mardi soir. Errante, elle n’avait ni toit, ni famille. Quoi de mieux pour combler une existence surfaite que de remplir celle d’une autre ? Je l’ai donc prise sous mon aile et cahin-caha nous avons appris à nous connaître. L’homme a dû apprivoiser l’animal autant que l’animal l’humain, mais quoi de plus beau que la confiance naissant entre deux êtres vivants ?
Ce chat m’a aidée. À quoi ? Je ne saurai vous le dire exactement et pourtant il est vrai. Le trop-plein (ou l’absence) d’amour a comme été déversé sur ce petit être qui chaque soir me faisait la fête lorsque s’ouvrait la porte. Dans ses yeux j’avais l’impression d’être unique, importante, et j’ai ressenti grâce à lui ce que c’est d’être vital pour quelqu’un. De moi dépendait non seulement son bonheur, mais également sa survie. Oui c’est cela… J’avais, j’ai, dans les mains, la vie d’une entité.
Un bruit sourd me ramène brusquement à la réalité. Un orage. En cette saison ? Il y a encore quelques minutes il faisait si doux… Je me prépare un thé et me dirige vers la fenêtre. Je m’assois sur le sol, aussitôt rejointe par Isis. Assises côte à côte nous regardons de l’autre côté. De l’autre côté du mur, de la fenêtre, de la vitre. Nous regardons de l’intérieur le monde extérieur. La pluie cingle les fenêtres et les arbres se penchent pour embrasser le sol. Le reflet des gouttes de pluie dégoulinant le long du verre trace de longs sillons grisâtres sur mes joues. Qu’est-ce qui peut donc faire pleurer le ciel ?
Une chaude pression sur ma cuisse me fait tourner la tête. Isis me regarde, ronronne et réclame des caresses. Je pose ma main sur sa tête et plonge mon regard dans le sien. J’y vois…
J’y vois une forêt abyssale, aux arbres luxuriants dans un décor impénétrable. J’y vois des jours de pluie, des jours de froid. J’y vois des nuits de solitude, dans la peur et l’abandon. Dans ses pupilles je vois de l’agressivité pour survivre, un instinct maternel dicté par la nature et une incroyable douceur. Ses yeux semblaient me dire « Je ne te juge pas. » Mon esprit vogue sur des mers impraticables, dans un vert toujours plus profond. Je vois le monde, l’humanité. J’ai l’impression de remonter au commencement, au début de toute chose, et que cet animal était déjà là.
Une voiture s’engage dans l’allée et me tire de ma rêverie. On sonne. Surprise, je me lève pour ouvrir. C’est Ben, mon cousin. Nous nous dirigeons vers le salon, Isis a disparu. Dehors, le brouillard s’est levé.