#16 20 Février 2016 06:44:56
Intéressant sujet ! :-)
Je ne suis pas convaincue par le lien fait entre livre et linéarité. Même sans parler de notre époque, où les avancées technologiques appellent de nouvelles explorations littéraires... tout le monde n'ira pas lire, par exemple, un recueil de poèmes de façon linéaire ; ou une anthologie, etc. Même un roman peut se prêter à un parcours transversal, à des lectures ou relectures fragmentées...
Perso, j'aime les œuvres expérimentales — à condition que les bris de la forme fassent sens par rapport aux thématiques de fond. Les purs exercices de style, en revanche, ont plutôt tendance à me laisser de marbre. Et je me retrouve, niveau goûts, dans pas mal de titres cités plus haut : Damasio (beaucoup aimé son recueil Aucun souvenir assez solide, et la nouvelle graphique El Levir), Danielewski dont je suis très fan (sa série en cours, The Familiar, est une sacrée expérience !)...
Je pense aussi à Jeff Vandermeer pour La Cité des Saints et des Fous, à Milorad Pavic dont j'ai le Dictionnaire khazar sur ma pile de relecture, et qui est précisément conçu et construit pour inviter à une lecture non linéaire, même si celle-là reste une possibilité offerte au choix du lecteur : ce "roman-lexique" se présente sous la forme de trois dictionnaires dont les entrées se recoupent, présentant l'histoire des Khazars — avec ses polémiques sacrées, sa mythologie onirique... — sous trois angles (islamique, chrétien, hébraïque) : le résultat est passionnant !
Sans oublier un de mes bouquins favoris, le recueil Fo/vea de Léa Silhol, axé sur le bris, le jeu de codes, l'écho entre les textes. Je me fais embarquer et m'y éclate à chaque fois que j'en rouvre les pages...