#97 12 Mai 2016 13:42:16
Il y a plein de raisons de vouloir faire de l'OGM. Protéger contre un virus/une bactérie/une maladie c'est la principale. Sauf que... comme je disais, souvent on découvre après coup que oh ben tiens, l'OGM est super sensible à un autre truc, plus que la plante originelle. Donc comme tu dis c'est une course sans fin, parce qu'on va essayer de protéger de la nouvelle menace, puis de la suivante...
D'autres raisons de sélection (sens large) sont en général améliorer certaines qualités (pour le blé par ex ça a été de facilité la panification, avec le gluten du blé moderne elle est bien plus facile et plus rapide qu'avant) et bien sûr améliorer les rendements. En général pas besoin d'OGM pour ça (on sélectionne les "meilleurs" éléments et/ou on les croise avec des cousins qui ont d'autres caractéristiques, jusqu'à ce qu'une caractéristique soit assez récurrente), mais ça peut devenir nécessaire quand il faut par ex adapter une culture gourmande en eau à un environnement pauvre... elle n'a a priori pas la caractéristique, donc on va la chercher ailleurs, dans une espèce qui résiste à la sécheresse, et là ça devient de l'OGM.
Scientifiquement je trouve ça vraiment passionnant comme défi. Mais on se concentre tellement sur une caractéristique précise, qu'on oublie de considérer l'ensemble. Et quand on introduit un gène dans un génome, ce n'est pas aussi "propre" que ça, d'autres recombinaisons d'ADN se font que nous ne contrôlons pas et dont nous ne pouvons pas forcément mesurer, même si on essaye, l'impact à long terme.
Ex du blé : une protéine irritante pour l'intestin (le gluten) ça ne semble pas méchant, ça n'est pas une maladie, mais comme ce blé favorise le travail du boulanger et l'industrie, on finit par n'utiliser que lui, donc on met en contact des intestins sensibles à de hautes doses, ce qui peut entraîner une perméabilité intestinale et donc le passage du gluten lui même ainsi que d'autres molécules, dans le corps et donc favoriser quelque part certaines maladies... phénomène indirect, complexe et peu étudié et compris). Mais si on avait eu un OGM ici, on aurait pu dire "il ne provoque pas de maladie", parce que c'est vrai quelque part, ou à une échelle de complexité telle que c'est dur à étudier ou même à envisager.
Mais je pense que la nature sait déjà ce qu'elle fait. Certes, faut pouvoir nourrir tout le monde, je n'envisage pas de laisser des gens mourir de faim. Mais déjà mangeons mieux pour éviter le gâchis, redéveloppons les économies agricoles locales, la diversité alimentaire locale et aidons tant que nous pouvons ceux qui n'ont pas notre chance.
Ça ne passe pas forcément par la science ! C'est un mal moderne ça, l'idée de se substituer à la nature sans même prendre en compte son potentiel.
Je ne sais pas si tu connais cet homme qui fait des tomates résistantes à la sécheresse, mais en gros il s'agit d'un gars dans son coin qui a juste pris le temps de sélectionner ses tomates les plus résistantes à la sécheresse, et aujourd'hui il a des plants qui ne demandent pas d'arrosage ou très peu, alors que nos cultures de tomates actuelles sont très gourmandes. Pas besoin d'injecter un gêne inconnu, la sélection simple sans croisement suffit.
On part trop vite dans l'ingénierie alors que la nature a déjà de quoi. En plus en se focalisant sur des problèmes trop précis on appauvrit notre diversité alimentaire en plus d'occulter certains effets secondaires. :/
Dernière modification par Lelf (12 Mai 2016 13:43:09)