Silent World

 
    • Hannibaleatsbooks

      Apprenti Lecteur

      Hors ligne

      #1 19 Juin 2016 02:36:26

      Bonjour bonjour :)

      Promis, c'est la troisième et dernière nouvelle que je publie. Celle-ci, je l'ai écrite pour mon simple plaisir. Elle n'a participé à aucun concours et surtout, je devais avoir 14 ou 15 ans quand je l'ai écrite :

      Dans ce monde tout blanc, recouvert par la neige et dépourvu de plante, sans soleil ni lune, une seule bâtisse existait. Sur le parquet de l’unique pièce de cette maison dormait une petite fille aux longs cheveux dorés. Elle ne portait qu’une simple robe blanche et n’avait pas de chaussure, ni de prénom. Elle vivait seule et ne devait pas avoir plus de 11 ans.

      La gamine ouvrit un œil, vide de sentiment. Elle sortit de la maison, ses petits pieds s’enfonçant dans la neige. Étrangement, elle n’avait pas froid. Ses pas la guidèrent vers un tas d’outils et d’objets rouillés. La blondinette s’accroupit et prit plusieurs pièces de ses petites mains blanches puis revint dans la maison. Elle posa ses trouvailles par terre et réfléchit. L‘enfant ne voulait plus être seule et décida donc de fabriquer un ami avec qui elle pourrait parler et partager des secrets. Elle s’assit à côté des morceaux rouillés et se mit au travail. La petite fille tenta toute la journée de créer quelque chose ressemblant à une personne. Au final, ce fut un petit robot au nez rouge qui se retrouva en face d’elle. La petite l’observa longtemps et dit :

      « Bienvenu, mon ami. Comment t’appelles-tu ? »

      Mais le robot ne répondit pas. Alors, elle le prit par la main et continua :

      « Viens avec moi, je vais te montrer les merveilles de ce monde. »

      Le robot ne réagit toujours pas. Quand elle tenta de le lâcher, il tomba à terre et perdit l’un de ses deux yeux en boulons rouillés. La petite fille s’assit et le recolla délicatement. Elle regarda sa création, la secoua et comprit qu’elle ne réagirait pas. Elle ne savait pas pourquoi le robot ne bougeait pas, et ne réalisait pas que ce n’était qu’une carcasse d’objets sans vie.

      Comprenant que le robot ne lui parlerait jamais, elle commença à se demander si elle n’était pas condamnée à vivre seule dans ce monde sans chaleur. Elle serra sa création contre elle, se recroquevilla sur le plancher et se sentit encore plus seule qu’auparavant. Soudain, elle eut une drôle de sensation au fond de son cœur. Un sentiment de révolte et de tristesse plus fort et plus intense que tout ce qu’elle a déjà pu ressentir. Alors, pour la toute première fois de sa vie, une unique larme s’échappa de ses yeux saphirs et tomba sur l’ampoule rouge de la machine qui lui servait de nez. La petite fille fut très surprise lorsqu’elle sentit quelque chose de mouillée sur sa joue. Elle ne savait pas ce que pleurer signifiait. Vaincue par la fatigue, elle ne chercha pas à comprendre et s’endormit. Pressé contre sa poitrine, le nez du robot s’alluma.

      À son réveil, l’enfant ne sentit plus sa création contre elle et se releva paniquée. Elle chercha tout autour d’elle et la vit, debout devant elle, qui la regardait. La fillette s’accroupit et se frotta les yeux à l’aide de ses petits poings, croyant rêver. Lorsqu’elle ouvrit ses paupières, le robot lui touchait la joue de sa main en métal. La sensation était froide mais agréable. Un magnifique sourire, de ceux qu’on réserve pour les plus beaux moments de notre vie, illumina le visage pâle de la gamine. Elle prit son robot dans ses bras et se mit à tournoyer.

      «T’es vraiment vivant ? Pour de vrai ? »

      Le robot acquiesça dans un bruit de grincement. La fillette s’arrêta de virevolter et le regarda. Elle posa son petit index sur la bouche métallique de son ami et dit :

      « Tu ne peux pas parler ? »

      La machine fit non de la tête. La blondinette lui caressa le haut de la tête en répondant :

      « Ça ne fait rien, tu es vivant et c’est tout ce qui compte ! »

      Alors, elle lui prit la main et tous les deux sortirent. Ensemble, ils firent un bonhomme de neige. Bien que le robot ne puisse pas sourire, il était heureux de jouer avec l’enfant et voulait rester ainsi pour toujours. Quant à la petite fille, elle n’avait jamais été aussi joyeuse. Elle avait enfin un ami qui jouait avec elle. Le petit robot créé de ses propres mains était devenu sa seule et unique famille.
      La gamine roulait des grosses boules de neige à l’aide de ses mains nues mais dût s’arrêter car elle ressentit une vive douleur parcourant ses phalanges. Son ami le remarqua et accouru vers elle.

      « C’est froid, dit-elle, je n’avais jamais ressenti ça. Avant, la neige ne me faisait rien mais maintenant j’ai froid. Que se passe-t-il ? Tout mon corps est gelé et je ne sens plus mes pieds. Pourquoi ? »

      Le robot prit la main de la petite fille et l’emmena à l’intérieur. La gamine s’assit contre le mur de la pièce et se mit à trembler. Elle ne savait pas ce qu’il lui arrivait mais elle était effrayée, d’une peur indéfinissable. Elle sentait ses forces lui échapper. La machine vint s’accroupir vers elle et la serra fort contre lui.

      « Qu’est-ce qui m’arrive ? Je n’avais encore jamais rien senti au contact de la neige. C’est seulement depuis ce matin. »

      Le robot se mit à réfléchir. Et si c’était à cause de lui ? Il se rappela comment il avait prit vie. Il était né à partir d’une larme de l’enfant. En réfléchissant plus longuement, il réalisa que la petite fille se mettait à ressentir différentes choses à son contact comme la tristesse, la joie, la peur qu’elle n’avait jamais éprouvées auparavant. Elle n’avait encore jamais pleuré non plus avant de le créer. D’ailleurs, elle ne savait même pas ce qu’était une larme. Lorsqu’elle l’avait vu debout, elle avait ressenti une joie immense qu’elle n’avait encore jamais connu dans son petit cœur, dépourvu de sentiment. Elle s’était même mise à sourire. Le robot comprit avec un mélange de bonheur et d’effroi qu’il était en train d’éveiller toutes les sensations qui sommeillaient en elle.

      Il aurait aimé lui exposer son hypothèse mais il ne pouvait pas parler. Il essaya de se faire comprendre par des gestes mais c’était inutile. Le robot regarda son amie et vit sa peau si blanche parcourue de nombreux frissons, l’éclat, qui était né dans ses yeux, disparaître petit à petit et son visage qui était devenu si lumineux, redevenir de pierre. Il voyait son amie si précieuse mourir devant lui. Il savait que le seul moyen de la sauver était de quitter ce monde mais comment ? Comme si l’enfant avait lu dans ses pensées, elle dit :

      « Il faut que nous partions d’ici. J’ai une idée. »

      Elle se leva faiblement, ses petites jambes se dérobant sous son poids et tomba plusieurs fois sur le plancher de la maison devenu à présent glacé. Aidée par son ami robot qui la soutenait, elle se releva et regarda droit devant elle. Ils sortirent et la petite s’effondra dans la neige. La machine, affolée, la secoua mais l’enfant refusait de bouger. Au bout de quelques minutes, la fillette rouvrit les yeux et se redressa difficilement. Elle titubait et chaque pas qu’elle faisait dans la neige était un supplice pour ses petits pieds. Ils continuèrent à marcher jusqu’au tas d’objets rouillés. La gamine se pencha et dit en suffoquant :

      « Nous allons construire un objet volant qui nous permettra de partir d’ici. »

      Le robot acquiesça. Ils se mirent ensemble au travail et construisirent l’engin pendant des jours et des jours. Au bout d’une semaine, la gamine ne pouvant plus supporter le froid, resta à l’intérieur de la maison . Le robot décida de construire leur machine volante tout seul. Il réussit à le finir au bout de trois semaines. Lorsqu’il revint dans la petite maison, l’enfant était allongée par terre, les yeux clos, et avait du mal à respirer. Il se dépêcha de la relever et l'emmena dehors mais lorsqu’ils franchirent le seuil de la porte, la gamine s‘arrêta net.

      « Qu’est-ce que c’est ? Articula-t-elle difficilement. »

      Des lumières dorées, semblables à des lucioles, volaient dans les airs. Lorsqu’elle essaya d’en attraper une, celle-ci disparue. Le robot, lui, ne les voyait pas et tirait sur le bras de son amie.Il fallait atteindre l’objet volant et vite, le temps pressait. La petite fit encore quelques pas mais s’arrêta.

      « Laisse-moi contempler ces magnifiques lumières. »

      Le robot ne voyait aucune lumière et ne comprenait pas ce que la petite fille disait. L’enfant lâcha la main de son ami et se mit à courir dans la neige autour de ces choses lumineuses que seuls ses yeux redevenus livides voyaient. La machine courait derrière elle, tentant tant bien que mal de la rattraper. La petite essaya encore une fois d’attraper ces lumières mais elle tomba au bout de quelques mètres. Le robot se précipita vers elle et tenta de la relever mais n’y parvint pas. Il était complètement paniqué et ne savait pas quoi faire. La petite fille ne bougeait plus.

      Lorsque l’enfant ouvrit les yeux, elle se trouvait dans un endroit aux murs blancs. Il n’y avait aucun son ni aucune odeur. Elle découvrit avec bonheur qu’elle n’avait plus froid et toucha alors son visage mais ne sentit rien, ni la sensation de ses doigts sur sa peau, ni la douceur de sa joue. Elle ne comprenait pas ce qu’il se passait mais elle était envahie d’un sentiment de paix et de calme, une sensation qu’elle n’avait jamais éprouvée.

      Dans ce monde silencieux, la neige et la maison avaient disparu. En regardant en dessous d’elle, elle vit qu’elle volait. Lorsque son pied nu toucha terre, le sol devint herbe. Des kilomètres et des kilomètres de ce vert qu’elle n’avait encore jamais vu mais qui la rendirent heureuse. Elle se mit à marcher avec bonheur en cherchant du regard son ami robot. Elle gravit une colline et au sommet de celle-ci, quelque chose de jaune se trouvait par terre. Elle s’en approcha et vit une fleur. Une seule et unique petite fleur plantée là. L’enfant se pencha et fut saisie d’émerveillement. La gamine prit la plante dans ses petites mains et la sentit. Aussitôt, elle ressentit une chaleur l’entourer et ferma les yeux, la fleur serrée dans ses deux petites paumes.

      Dans le monde recouvert de neige, le cœur de la petite fille s’arrêta de battre et le nez du robot s’éteignit. La machine tomba sur le corps inerte de l’enfant et se brisa. Les pièces de tôles et de ferrailles rouillées qui la constituaient furent emportées par le vent. Des flocons se mirent à tomber et recouvrirent la gamine jusqu’à ne plus voir un seul morceau de sa peau.

    • Kae

      Magicien des lignes

      Hors ligne

      #2 12 Août 2016 00:28:47

      J'aime bien ce texte, je le trouve poétique et très triste.

      Tu as une belle plume ! ^^
    • Hannibaleatsbooks

      Apprenti Lecteur

      Hors ligne

      #3 12 Août 2016 02:38:15

      Kae a écrit

      J'aime bien ce texte, je le trouve poétique et très triste.

      Tu as une belle plume ! ^^


      Merci Kea :)

      Celui-ci sort du fin donc des fichiers de mon ordinateur, je me souvenais même plus que je l'avait écrit ^^