(Désolée pour le double post)
C'était une journée très productive, aujourd'hui : voici la suite de ce texte, du point de vue d'un autre personnage !
J'espère qu'il vous plaira ! ^^
Le jeune homme dormait, mais pas du sommeil du juste. C'était à peine réparateur : il rêvait de ceux qu'il avait perdus.
Il y avait quelques jours, il avait tiré une balle dans la tête de sa mère. Il fallait qu'il le fasse. Elle avait été mordue, elle était devenue l'une de ces créatures mangeuse d'hommes, elle ne le reconnaissait plus. Il l'avait fait pour la libérer, même pas pour sa propre survie. Puis il l'avait enterrée dans leur jardin, sous le cerisier qu'elle affectionnait tant. Il avait pensé à la rejoindre, puis il s'était ravisé : sa mère était une femme forte, qui ne tolérait pas la faiblesse. Depuis toujours, il l'avait entendue lui dire de ne jamais baisser les bras. Pour elle, il le ferait, il se battrait jusqu'à son dernier souffle. Rien ne l'arrêterait.
Et puis, même s'il n'y croyait quasiment plus, il avait un infime espoir d'avoir encore de la famille en vie : il n'avait pas retrouvé son père, son oncle vivait à plusieurs kilomètres de là et, plus loin encore, il y avait la famille de sa mère. Sa tante, le mari de celle-ci s'il ne l'avait pas fuie avant l'arrivée des morts-vivants, et leur fille, sa cousine. Heidi. Il n'était pas très proche d'eux, surtout sa tante, voilà cinq ans qu'ils ne s'étaient pas vus, mais il espérait tout de même qu'ils n'aient pas fini massacrés par les zombies. Surtout Heidi, qu'il aimait bien même si elle le suivait partout quand il venait la voir.
Il aimait la solitude, avoir sa bulle. Mais la solitude qu'il subissait aujourd'hui était loin d'être agréable. Cependant, avoir de la compagnie n'était pas rassurant : il n'aimait pas les morts, mais il se méfiait encore plus des vivants.
Il avait eu le temps de voir des gens civilisés se transformer en bêtes incontrôlables et tout aussi avides de sang que les zombies. Sauf que ces derniers agissaient pour assouvir leur faim. Les survivants, eux, n'étaient mûs que par la violence et la méchanceté gratuite. Tuer pour survivre était une chose, le faire parce qu'il n'y avait plus de lois en était une autre. C'était pour ça qu'il préférait encore côtoyer les morts : pas de vice en eux, juste une faim sans cesse inassouvie, pas de stratagème, juste de la bêtise, et aucun réflexe non plus. Les achever n'était pas bien compliqué. Il avait connu pire.
Pour l'heure, il rêva de sa mère. Elle lui tendait la main, lui demandant de la rejoindre. Malgré son objectif de lutter jusqu'au bout, il s'approcha d'elle. Quand elle lui attrapa le poignet, son contact fut tellement réaliste qu'il se réveilla. Il fit bien : un zombie avait rampé vers lui, profitant de son repos, pour l'attraper de sa seule main valide. Vivement, il se dégagea de sa poigne, roulant sur sa droite pour s'en éloigner et sortir son couteau de son étui, puis il profita de son élan pour revenir vers la créature et lui planter la lame pile entre les deux yeux. Elle tomba inerte, et il essuya son arme sur ce qu'il restait des vêtements de ce qui avait été jadis une jeune femme. Il soupira puis la repoussa avant de regarder autour de lui.
Il n'y en avait pas d'autres dans cette forêt où il avait trouvé refuge pour échapper à la folie de la ville en proie au chaos. Même s'il n'y avait pas de bâtiments où s'abriter, il était plus en sécurité ici. Juste un peu plus. Cependant, il serait obligé d'y aller pour se réapprovisionner. Il n'avait pas le choix, c'était une question de survie.
****
Comme prévu, le voilà en ville, en pleine exploration d'une maison. Il avait dû crocheter la serrure car elle était bien barricadée. Il avait sorti son arme à feu au cas où les habitants seraient encore vivants ; malheureusement, ils avaient été infectés et erraient sans but dans le sous-sol. Il les acheva rapidement avec son couteau pour ne pas faire de bruit.
Il fut tout de même content de son choix : c'était un bon abri et il restait suffisamment de vivres pour lui tout seul. De plus, le sous-sol était aménagé au cas où il faudrait y vivre. Le mieux était les petites lucarnes qui permettaient de voir comment ça se passait à l'extérieur. Il pourrait bien s'y installer quelques temps plutôt que rester dans la forêt : il n'arrêtait pas de pleuvoir, il serait très bête qu'il tombe malade et succombe à une pneumonie alors qu'il avait survécu à l'invasion zombie !
Il termina de fouiller le sous-sol et décida d'aller explorer les maisons voisines avant de passer la nuit ici. Alors qu'il se dirigeait vers l'escalier, il perçut un mouvement du coin de l'oeil, à travers la lucarne.
Quelqu'un faisait le tour de la maison.
Rapidement, il se plaqua contre le mur, près de la lucarne, pour voir à quoi ressemblait l'intrus. Un homme s'il se fiait à ses jambes massives ; et il était armé d'un fusil.
Était-il seul ?
Non. Un autre approcha, lui aussi armé, mais d'un flingue.
« -J'ai fait le tour, y a aucun mort ! Informa le second.
-Viens, on va fouiller c'te baraque : rien n'a été détruit, les f'nêtres sont barricadées...Sûr qu'il y a d'la bouffe ! Dit le second, pressé d'explorer la maison. »
Sa maison. Le jeune homme soupira : il savait que, s'ils le trouvaient là, ça n'allait pas bien se passer. Qui accepterait de partager des vivres alors que rien ne l'y obligeait ? A présent, seule la loi du plus fort existait. Et ces deux-là ne lui inspiraient pas confiance.
Ils entrèrent avec fracas et il entendit leurs pas se répercuter juste au-dessus de sa tête. Pas futés, en plus, vu le bruit qu'ils faisaient : s'il y avait des morts dans le coin, ils allaient vite être attirés par ce raffut.
« -Hey, Ralph, r'garde-moi cette photo ! Appela l'un des deux types.
-Jolie famille !
-La fille, surtout, est mignonne ! J'espère qu'elle est toujours là, en bon état ! S'exclama le premier d'un ton graveleux.
Le second, Ralph, éclata d'un rire lubrique.
-Elle est peut-être à l'étage, dans sa chambre...Proposa ce dernier, l'air songeur.
-Ou en bas !
-On parie ? Je vais en haut, toi en bas !
-Okay, et la premier qui la trouve...Commença le type sans finir sa phrase.
Pas besoin de faire un dessin.
Lorsqu'il entendit ses pas lourds descendre les marches, le jeune homme se tapit dans l'ombre, derrière une des étagères où étaient entreposés des outils, son arme à la main. Il ne s'était pas trompé, ces types étaient de vraies ordures. Aucune pitié, donc : il n'allait pas se contenter de fuir discrètement la maison ou attendre qu'ils s'en aillent d'eux-mêmes, il allait les tuer ici et maintenant.