#498 22 Mai 2020 18:03:46
Bonjour !
Je viens de finir Germinal. Mon grand-père, mon arrière-grand-père et d'autres de mes ancêtres étaient mineurs alors ce livre me touche particulièrement. C'est la troisième fois que je le lis. Lire la vie de ces gens, leur misère, leurs difficultés mais aussi leurs luttes et leurs espoirs me ramène à mes racines.
Ce roman est tellement documenté qu'il est presque une source historique. Tout ou presque dans le livre provient d'une anecdote ou d'un événement réel. Les éditions modernes du Livre de Poche sont excellentes : elles contiennent beaucoup de notes et d'informations qui nous apprennent, d'après les travaux préparatoires de Zola, ce que l'auteur voulait faire, quelles étaient ses sources, de quels événements il s'est inspiré. Certains de ces événements ont eu lieu dans ma région, mes ancêtres en ont forcément eu connaissance. Tout cela rend le roman très vrai, très vivant. Les descriptions sont moins fastidieuses à lire que dans le Bonheur des Dames où la visite guidée du magasin, aussi historiquement intéressante fut-elle, m'avait profondément ennuyé.
D'autre part, avec ce 13ème tome on sent aussi que Zola a évolué depuis le début de la série. Il s'éloigne du jeu de massacre systématique et de la dénonciation tous azimuts. Le livre est plus subtil que La Curée ou Eugène Rougon. Les personnages sont plus ambigus : qui sont les gentils ? Les méchants ? Les patrons, montrés dans leur petite vie quotidienne, font plus petits bourgeois que vampires capitalistes, Chaval est surtout victime de son milieu. Etienne, plein de bonnes intentions, n'a pas mesuré les conséquences de la grève.
Zola s'éloigne aussi du naturalisme, je trouve, la folie meurtrière d'Etienne n'est pas très convaincante. Pas besoin de ces théories fumeuses pour peindre la vie des ouvriers mineurs, leur misère, inutile de forcer le trait.
J'adore ce roman, je pourrais en parler pendant des heures aussi je m'arrête là !