#880 16 Avril 2025 09:49:30
Bonjour !
Voici mon avis sur
Le Ventre de Paris :
"Quels gredins que ces honnêtes gens !"Cette phrase à elle toute seule, lancée par Claude Lantier en guise de conclusion, résume le roman tout entier.
L'action se passe cette fois-ci dans le quartier des Halles de Paris qui donne son nom au livre puisqu'elles ont gagné le sobriquet de "Ventre de Paris", à très juste titre. On y vend des produits de la mer, des fruits et des légumes, de la volaille et de la charcuterie, entre autres choses. Parlons-en, de la charcuterie, puisque c'est dans une boutique de ce genre que se déroule notre histoire (si vous détestez la viande, mieux vaut éviter de lire ce livre peut-être car vous allez avoir des descriptions à gogo). Notre héros est un ancien bagnard venu retrouver son petit frère après des années d'exil. Après avoir été relativement bien accueilli par lui et son épouse, la belle Lisa Macquart, l'atmosphère commence progressivement à se faisander.
Ce n'est pas mon livre préféré de la série, car les personnages sont loin d'être aussi marquants que dans les autres romans. Mais sa place dans la chronologie est mûrement réfléchie et expliquée par Lisa elle-même : autant
La Curée racontait l'oisiveté et la vie trépidante de la bourgeoisie enrichie du Second Empire, incarnée par Saccard, autant Lisa, loin d'être tentée par cette vie, évoque son cousin en des termes peu flatteurs en vantant les mérites de sa petite vie tranquille et honnête. Zola nous partage donc des valeurs complètement différentes ici, mais pour autant, Lisa et son cousin sont-ils si différents dans leur comportement ?
En effet, sous le vernis de l'honnêteté (une qualité que beaucoup prétendent avoir) se cache une certaine forme d'hypocrisie, qui passe dans les interactions entre les personnages, les commères promptes à répandre des rumeurs plus ou moins bien fondées, les commerçants qui, pour préserver leur fonds de commerce, s'avèrent très à l'écoute de ces rumeurs quitte à retourner leur veste si le besoin s'en fait sentir. Et notre héros, Florent, en fera les frais, s'avérant incapable de comprendre l'implicite.
J'ai bien aimé ma lecture, même si j'ai dit que ce n'était pas mon livre préféré. Me promener virtuellement dans les Halles m'a donné l'impression de pouvoir sentir les diverses odeurs de la nourriture, au début très agréables puis de plus en plus envahissantes, à la limite quelquefois de la puanteur. J'y ai découvert la nature humaine sous ses diverses facettes, parfois bonne et parfois cruelle, soucieuse des apparences et de ses intérêts. Et il suffit d'un caillou dans l'engrenage pour que ce beau vernis se fissure.
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Si je peux me permettre une dernière métaphore, je comparerais les Halles à un appareil digestif et à la façon dont il réagit lorsqu'un agent infectieux (Florent) s'infiltre à l'intérieur alors qu'il n'y est pas à sa place. Tout l'organisme va alors se mobiliser pour lutter contre et l'éliminer, ce qui arrive à la fin lorsque Florent se fait arrêter et déporter de nouveau à Cayenne, quand bien même il était bourré de bonnes intentions mais malheureusement pas en phase avec son époque...
TOTAL : 3/20
Dernière modification par AliFantasque (16 Avril 2025 10:37:43)