[suivi lecture] cachal_eau

 
  • Melody Pond

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    #171 13 Juin 2018 11:44:15

    Je suis justement en plein dans Le Gang des rêves et j'apprécie beaucoup. Ça me secoue quand même pas mal, je trouve le style percutant et pourtant, ce n'est pas le premier livre un peu "cru" que je lis. Je ne sais pas, c'est plus la façon dont l'auteur décrit les événements, ça marque.
  • Cachal_eau

    Espoir de la lecture

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    #172 13 Juin 2018 13:58:15

    Melody Pond a écrit

    Je suis justement en plein dans Le Gang des rêves et j'apprécie beaucoup. Ça me secoue quand même pas mal, je trouve le style percutant et pourtant, ce n'est pas le premier livre un peu "cru" que je lis. Je ne sais pas, c'est plus la façon dont l'auteur décrit les événements, ça marque.


    Les situations décrites sont durs, surtout concernant les personnages féminins de Ruth et de Cetta mais je trouve que l'écriture garde une certaine pudeur. En référence d'écriture très dur, je me rappellerai toujours du livre "Les bienveillantes" de Jonathan Littell ou "Une éducation libertine" de Jean-Baptiste Del Amo, livre que je n'ai pas fini d'ailleurs.
    Ce que Di Fulvio fait très bien et ce qui rend peut-être le texte terrible, c'est la description d'une certaine banalisation de la violence, toujours là, avec des personnages résignés, mais De Fulvio évite de tomber dans l'insoutenable en se dispensant d'entrer dans des descriptions trop détaillés ou en choisissant un lexique trop cru. Je me rappelle de passages chez Littell ou Del Amo où j'ai pu physiquement ressentir du dégoût.

    Je te souhaite une bonne lecture de Gang des rêves ;)

  • Cachal_eau

    Espoir de la lecture

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    #173 14 Juin 2018 13:51:52

    Bon, deux nouveaux livres ont rejoint ma bibliothèque :emb: :

    - La troisième balle de Leo Perutz
    - N'essuie jamais de larmes sans gants de Jonas Gardell

    Dernière modification par Cachal_eau (14 Juin 2018 13:52:15)

  • Cachal_eau

    Espoir de la lecture

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    #174 21 Juin 2018 14:08:17

    Voilà un petit topo sur mes trois dernières lectures:

    1) Tueur à gages de Graham Greene.
    "Solitaire, complexé par un bec-de-lièvre, James Raven est chargé d'éliminer à Londres un ministre et sa secrétaire. Après avoir rempli sa mission, il récupère une valise pleine de billets de banque mais s'aperçoit bientôt que leurs numéros ont été signalés. Il est tombé dans un piège tendu par ses employeurs. Pendant sa cavale, le hasard va lui faire rencontrer une jeune actrice de théâtre, intrépide et courageuse, qui décide de lui venir en aide."

    Graham Greene, que je découvre avec ce livre, écrit là un roman noir efficace sur fond de tensions internationales à une époque où le roman noir et les tensions internationales étaient de rigueur. Aujourd'hui, les romans noirs ont été remplacés par les thrillers.
    La date de publication du roman, 1936 en l'occurrence, me le rend un peu daté. Je dois dire que ce n'est pas mon type de roman de prédilection et que certains clichés du genre me lassent un peu.
    J'ai notamment été beaucoup plus enthousiasmé par l'ébauche de rédemption du personnage de James Raven et l'échec d'Annie dans cette voie.

    2) Châteaux de la colère d'Alessandro Baricco.
    "Vers le milieu du XIXe siècle, dans la petite ville imaginaire de Quinnipak, vit toute une communauté rassemblée autour de la très belle Jun Reihl, dont toute la ville admire les lèvres, et de son mari Monsieur Reihl, directeur de la fabrique de verre.
    À Quinnipak, chacun a son désir, sa "folie" secrète : Pekish, l'extravagant inventeur de l'"humanophone", un orchestre où chacun ne chante qu'une seule note, toujours la même ; Pehnt, son jeune assistant, enfant trouvé toujours vêtu d'une veste immense et informe ; la "veuve" Abegg, veuve d'un mari qu'elle n'a jamais épousé ; Horeau, l'architecte français qui rêve de grandioses constructions transparentes, et Élisabeth, la locomotive à vapeur..."


    C'est mon deuxième livre d'Alessandro Baricco après Océan mer et j'en ressors avec exactement la même sensation que pour le premier.
    Baricco utilise des images poétiques qui me plaisent beaucoup et prend grand soin de ses personnages qui constituent l'essentiel de son romain mais si chaque partie du roman est agréable à lire et découvrir, l'ensemble paraît confus et flou.

    3) Epépé de Ferenc Karinthy

    "Un linguiste nommé Budaï s'endort dans l'avion qui le mène à Helsinki pour un congrès. Mystérieusement, l'appareil atterrit ailleurs, dans une ville immense et inconnue de lui. Surtout, la langue qu'on y parle lui est parfaitement inintelligible. Ni la science de Budaï - il maîtrise plusieurs dizaines de langues - ni ses méthodes de déchiffrement les plus éprouvées ne lui permettent de saisir un traître mot du parler local. Tandis qu'il cherche désespérément à retrouver sa route, le mur d'incompréhension se resserre. Sous les apparences familières d'une grande cité moderne, tout paraît étrange et inhumain. Au plus profond de l'incommunicabilité, Budaï fait un séjour en prison, connaît des amours éphémères et participe même à une insurrection à laquelle il ne comprend décidément rien."


    Excellente lecture!
    La ville où atterrit Budaï n'est pas simplement hermétique du simple fait de l'utilisation d'une langue rétive à tout essai de notre linguiste pour la déchiffrer. Elle est surtout d'une parfaite hostilité et complétement dénué de bienveillance. La recherche de lieu qui permettrait de la quitter est sans résultat, les gens bousculent, ne prêtent aucune attention à l'autre et n'aident jamais celui qui est perdu. La violence règne et l'indifférence l'accompagne. Cette ville est un organisme mauvais qui provoque ses propres éruptions pour conserver son semblant d'ordre et de stabilité.
    Notre pauvre héros, prisonnier dans ce monde hostile, essaie de s'en sortir d'abord en rationnalisant, tentant dans un premier temps ce que n'importe qui auraient fait (essayer d'obtenir des renseignements malgré la barrière de la langue, partir à la recherche d'une gare, d'une ambassade ou de tout lieu où on s'attendrait à avoir des renseignements propices aux étrangers...) et partant dans un second temps dans des entreprises un peu démesurées (essayer de déchiffrer la langue avec la femme de l'ascenseur, se faire arrêter par les forces de police ...). Ensuite, lorsqu'il se retrouve démunie, c'est l'émotion qui prend le dessus (la peur, la colère, la rage, la survie...). Et puis le livre se termine sur la dernière note, celle qui restera toujours à l'homme vivant quand tout le reste sera parti, l'espoir.

    Dernière modification par Cachal_eau (22 Juin 2018 14:55:54)

  • Espyvie

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    #175 21 Juin 2018 17:49:05

    Je ne connais aucunes de tes lectures mais ton enthousiasme pour Epépé est contagieux. Ce titre a t'il une signification ?

  • Cachal_eau

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    #176 22 Juin 2018 14:48:49

    Espyvie a écrit

    Je ne connais aucunes de tes lectures mais ton enthousiasme pour Epépé est contagieux. Ce titre a t'il une signification ?


    Et bien Epépé, c'est l'un des noms que la femme de l'ascenseur semble porter (on ne sait pas trop, serait-ce Ebébé, Pébé, Pépépé ou autres...?). C'est aussi, pour moi, le nom que l'on pourrait donner à cette langue si fuyante que lorsqu'un l'un des habitants de la cité répète le même mot, on n'entend jamais vraiment le même son.

    Je suis heureux si mon petit compte rendu trace l'esquisse d'un intérêt à ouvrir ce roman. Mais pour le conseiller sans peur de la déception, il faut aussi connaître nos goûts. Une lectrice moins enthousiaste que moi a écrit qu'elle avait l'impression de tourner en rond en lisant ce livre. Et c'est vrai, mais ce qui a déplu à cette lectrice est aussi ce qui fait la qualité de cette histoire car qu'est-ce sinon l'histoire d'un pauvre homme qui tourne en rond à la recherche de signes ou d'hommes qui lui permettraient de décrypter ce monde qui échappe à toute compréhension.

    Dernière modification par Cachal_eau (22 Juin 2018 19:43:52)

  • Espyvie

    Mange-mots

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    #177 22 Juin 2018 17:27:20

    Le mieux sera donc de le lire moi même pour me faire un avis. Je l'ai mis en W.L et je verrais si je le trouve par là durant mes vacances d'été ^^ Merci
  • Cachal_eau

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    #178 25 Juin 2018 17:12:48

    Sukkwan Island de David Vann:

    Une île sauvage du Sud de l’Alaska, accessible uniquement par bateau ou par hydravion, tout en forêts humides et montagnes escarpées. C’est dans ce décor que Jim décide d’emmener son fils de treize ans pour y vivre dans une cabane isolée, une année durant. Après une succession d’échecs personnels, il voit là l’occasion de prendre un nouveau départ et de renouer avec ce garçon qu’il connaît si mal. La rigueur de cette vie et les défaillances du père ne tardent pas à transformer ce séjour en cauchemar, et la situation devient vite incontrôlable. Jusqu’au drame violent et imprévisible qui scellera leur destin.


    Cette histoire est à déconseiller aux âmes sensibles. Elle est brutale.

    La pire prison qui existe n'est pas constituée de briques et de barreaux. Ce serait trop simple si on pouvait la matérialiser aussi facilement. La pire prison qui existe est celle qui réside au sein de notre psyché.
    Et lorsqu'on a en face de nous un enfant, même un pré-adolescent de 13 ans, on se doit d'être particulièrement attentif car il ne dispose pas des armes qui permettent d'échapper à cette emprise psychologique par lequel on le retient là où il ne veut pas être ( mêmes les adultes ne disposent pas toujours de ces armes). Un enfant, pour utiliser une métaphore éculée, est comme une éponge, il absorbe tout.

    Lorsque Jim, le père, emmène Roy, le fils, dans cet endroit isolé, il crée d'abord un environnement hostile, dans lequel un individu se sent particulièrement physiquement prisonnier. Il l'emmène par ailleurs dans un lieu inconnu, loin de ses repères, loin des zones refuges dans lesquelles il pourrait trouver l'apaisement en cas de crise.
    Mais bien pire que cet embryon de prison physique, où seule une radio constitue un lien vers le monde extérieur, il y a la prison psychique. Car lorsque Roy dit à Jim qu'il veut partir, ce dernier le fait renoncer en utilisant l'affect de son fils. Un non brutal du père n'aurais pas été si pernicieux. Parce que face à l'oppression frontale, on se révolte, on s'insurge, on lutte. Mais lorsqu'on renonce soit-même par loyauté et remord, alors on ne peut plus s'opposer à l'autre car notre choix a l'apparence d'avoir été librement pris.
    Et Roy reste prisonnier de son père, prisonnier sans aucune aide possible.

    Lorsque Jim, le père, emmène Roy, le fils, dans cet endroit isolé, il veut créer d'abord un environnement propice à sa renaissance, loin de ses échecs qui l'ont conduit à deux divorces et lui ont fait perdre son métier de dentiste. Il veut créer une coupure avec le passé, dans un lieu grandiose, loin de son passé, loin des endroits où il n'est devenu qu'un minable. Mais Jim s'est aveuglé et ne se rend pas compte qu'il est tombé dans une dépression où il est devenu égocentré et incapable de faire face à son existence. Lorsqu'on ne peut pas s'occuper de soi, on ne peut pas s'occuper des autres, d'un enfant, de son fils. Et alors Roy, le seul encore qui ne voit pas son père comme un raté complet, devient alors un récipient des larmes d'un adulte et son confident. Roy doit entendre son père parler de ses infidélités et de ses angoisses. Roy devient celui qui doit porter son père gravement amoché alors que celui-ci a chuté volontairement d'une falaise. Roy devient celui qui doit suivre un adulte qui s'engage imprudemment dans une tempête de neige.
    Et Roy n'est plus considéré comme un enfant, ce qu'il est pourtant.

    Et la fatalité s'abat!

    La deuxième partie du roman se passe avec Jim alors que jusqu'ici c'était la voix de l'enfant qu'on entendait. Cette deuxième partie s'attache à un homme perdu, tiraillé par ce qu'il doit faire et par ce qu'il ne peut pas assumer. Tel Raskolnikov, qui passe de l'angoisse de se faire attraper par la justice à l'arrogance de celui qui est sûr d'être intouchable, Jim passe de prise de décision responsable et cohérente à des mises en action fuyantes et irresponsables. Plus long pour la plupart des lecteurs, cette deuxième partie est pourtant une mise en abîme intéressante mais dont la fin ne surprend pas. Parce que Jim était incapable de faire face à sa vie, il a fui sur cette île. C'est le début du roman. La fin n'en est que la suite logique.

    Dernière modification par Cachal_eau (25 Juin 2018 17:13:25)

  • Cachal_eau

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    #179 02 Juillet 2018 12:31:38

    Tortues à l'infini de John Green

    Ce livre a suivi immédiatement Sukkwan Island et m'a une fois de plus replongé dans la thématique de la prison mentale.

    On suit Aza, lycéenne américaine ayant perdu son père quelques années auparavant, qui souffre de TOCs (j'espère que le terme est bon car je ne suis pas expert) qui lui pourissent la vie.
    Parallèlement, un milliardaire soupçonné de malversations financières disparaît juste avant son arrestation et une récompense est proposée à quiconque fournira des éléments permettant de retrouver sa trace.
    Daisy, la meilleure amie d'Aza, est très intéressée par cette récompense, et persuade Aza de se lancer dans cette enquête. D'autant plus qu'Aza a connu Davis, le fils du milliardaire, lorsque qu'ils se sont retrouvés ensemble dans une sorte de camp d'été pour orphelins ayant perdu l'un de leur parent (son père pour Aza, sa mère pour Davis).

    J'aime beaucoup John Green et son approche. Il y a beaucoup de tendresse pour ses personnages avec lesquels ils ne transigent pas. Leurs failles nous sont présentées sans détour et avec beaucoup d'humanité.
    Il y aurait beaucoup à dire sur ce qui est abordé par Green dans ses romans mais parce que je ne veux pas empêcher ceux qui ne l'ont pas lu de découvrir l'histoire, je me tairais.

    Juste une petite chose. Lorsque je m'énerve sur les traductions de titres de livre qui sont n'importe nawak, j'ai tendance à prendre l'exemple de "La face cachée de Margot" de John Green. Le titre original, c'est Paper Towns (villes de papier en français) et ceux qui ont lu le livre savent pourquoi. Avec le titre français on déplace le sujet du livre sur le personnage de Margot qui est au final très secondaire. Alors que Paper Towns expliquent clairement que le thème du livre est les illusions qu'on se crée soi-même et le décalage qui existe entre notre perception de choses et des gens et la réalité. On se trompe soi-même en définitif. Et on projette sur des gens des qualités ou des défauts qu'ils n'ont jamais eus. Ce qui fait que Margot n'a jamais rien caché pour moi. Il s'agit de Quentin, le personnage principal qui projette ses désirs sur elle. Et que le titre français est par conséquent n'importe nawak. (C'était mon coup de gueule du jour).
  • Cachal_eau

    Espoir de la lecture

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    #180 04 Juillet 2018 11:14:22

    Leonard de Vinci de Serge Bramly

    Cela faisait longtemps que je n'avais pas lu de biographie. Comme pour les essais, j'ai besoin de plus de temps pour les lire. Après une trentaine de pages, j'ai le plus souvent besoin de m'arrêter dans ma lecture pour ingurgiter le nombre important de nouvelles informations qui entrent dans ma petite tête.
    Mais je me suis motivé pour cette biographie de Leonard de Vinci car j'ai l'intention de passer par Amboise cet été. Il n'y en a pas tellement en poche sur le personnage et je n'avais pas envie de prendre dans la multitude des Sophie Chauveau (même si je la lirai sur Vinci, mais pas en tant que première approche).

    Serge Bramly évoque d'emblée dans cette biographie les deux problèmes majeurs qui attendent le biographe. Premièrement, les ténèbres qui entourent la vie de Leonard, un homme qui, s'il a beaucoup écrit, n'a jamais écrit sur lui. Bramly cite Vinci qui citant Ovide écrit "Je doute, ô Grecs, qu'on puisse faire le récit de mes exploits, quoique vous les connaissiez, car je les ai faits sans témoins, avec les ténèbres de la nuit pour complice".
    Et deuxièmement, la légende de Vinci qui commence dès son vivant. Une légende qui vient fausser l'image de l'artiste comme une peinture qu'a enfumée avec le temps un vernis trop généreux.

    De ce fait, les sources sont rares et lorsqu'elles existent, comme le précieux Les Vies des meilleurs peintres, sculpteurs et architectes du peintre Giorgio Vasari, il faut prendre avec les précautions d'usage à tout historien ou biographe qui doit discerner les informations fiables du reste.

    Le travail de Serge Bramly est documenté et riche. Il remet la vie de Leonard de Vinci dans le contexte et prend le temps d'expliquer ce qu'était Florence lorsque Leonard l'a rejoint, le renouvellement de l'art au quattrocento (notre XVème siècle) avec des figures essentielles comme le peintre Masaccio ou l'architecte Brunelleschi (ils n'étaient pas que ça), la pratique de bottega, notamment celle de Verrochio que Vinci rejoint. La vie de Vinci est aussi balloté entre les évènements qui bouleversent l'Italie de l'époque. Leonard de Vinci sera successivement sous la protection de Ludovic Sforza dit le More, Charles d'Amboise, César Borgia, Julien de Médecis et François Ier (entre autres).

    Malgré la qualité du travail de Bramly, les informations trop parcellaires l'obligent parfois à présumer. Certaines de ces présomptions pourront paraître aux lecteurs plus ou moins justifiées mais le biographe le fait toujours à visage découvert et nous informent des éléments qui lui permettent de les faire. à nous aussi de garder un œil critique et d'avoir notre propre appréciation.

    Je recommande donc cette biographie à ceux qui comme moi veulent apprendre un peu plus sur cette figure de la peinture de la renaissance italienne (et dont finalement l'activité de peinture n'en est qu'une parmi d'innombrables autres).