#174 21 Juin 2018 14:08:17
Voilà un petit topo sur mes trois dernières lectures:
1) Tueur à gages de Graham Greene.
"Solitaire, complexé par un bec-de-lièvre, James Raven est chargé d'éliminer à Londres un ministre et sa secrétaire. Après avoir rempli sa mission, il récupère une valise pleine de billets de banque mais s'aperçoit bientôt que leurs numéros ont été signalés. Il est tombé dans un piège tendu par ses employeurs. Pendant sa cavale, le hasard va lui faire rencontrer une jeune actrice de théâtre, intrépide et courageuse, qui décide de lui venir en aide."
Graham Greene, que je découvre avec ce livre, écrit là un roman noir efficace sur fond de tensions internationales à une époque où le roman noir et les tensions internationales étaient de rigueur. Aujourd'hui, les romans noirs ont été remplacés par les thrillers.
La date de publication du roman, 1936 en l'occurrence, me le rend un peu daté. Je dois dire que ce n'est pas mon type de roman de prédilection et que certains clichés du genre me lassent un peu.
J'ai notamment été beaucoup plus enthousiasmé par l'ébauche de rédemption du personnage de James Raven et l'échec d'Annie dans cette voie.
2) Châteaux de la colère d'Alessandro Baricco.
"Vers le milieu du XIXe siècle, dans la petite ville imaginaire de Quinnipak, vit toute une communauté rassemblée autour de la très belle Jun Reihl, dont toute la ville admire les lèvres, et de son mari Monsieur Reihl, directeur de la fabrique de verre.
À Quinnipak, chacun a son désir, sa "folie" secrète : Pekish, l'extravagant inventeur de l'"humanophone", un orchestre où chacun ne chante qu'une seule note, toujours la même ; Pehnt, son jeune assistant, enfant trouvé toujours vêtu d'une veste immense et informe ; la "veuve" Abegg, veuve d'un mari qu'elle n'a jamais épousé ; Horeau, l'architecte français qui rêve de grandioses constructions transparentes, et Élisabeth, la locomotive à vapeur..."
C'est mon deuxième livre d'Alessandro Baricco après Océan mer et j'en ressors avec exactement la même sensation que pour le premier.
Baricco utilise des images poétiques qui me plaisent beaucoup et prend grand soin de ses personnages qui constituent l'essentiel de son romain mais si chaque partie du roman est agréable à lire et découvrir, l'ensemble paraît confus et flou.
3) Epépé de Ferenc Karinthy
"Un linguiste nommé Budaï s'endort dans l'avion qui le mène à Helsinki pour un congrès. Mystérieusement, l'appareil atterrit ailleurs, dans une ville immense et inconnue de lui. Surtout, la langue qu'on y parle lui est parfaitement inintelligible. Ni la science de Budaï - il maîtrise plusieurs dizaines de langues - ni ses méthodes de déchiffrement les plus éprouvées ne lui permettent de saisir un traître mot du parler local. Tandis qu'il cherche désespérément à retrouver sa route, le mur d'incompréhension se resserre. Sous les apparences familières d'une grande cité moderne, tout paraît étrange et inhumain. Au plus profond de l'incommunicabilité, Budaï fait un séjour en prison, connaît des amours éphémères et participe même à une insurrection à laquelle il ne comprend décidément rien."
Excellente lecture!
La ville où atterrit Budaï n'est pas simplement hermétique du simple fait de l'utilisation d'une langue rétive à tout essai de notre linguiste pour la déchiffrer. Elle est surtout d'une parfaite hostilité et complétement dénué de bienveillance. La recherche de lieu qui permettrait de la quitter est sans résultat, les gens bousculent, ne prêtent aucune attention à l'autre et n'aident jamais celui qui est perdu. La violence règne et l'indifférence l'accompagne. Cette ville est un organisme mauvais qui provoque ses propres éruptions pour conserver son semblant d'ordre et de stabilité.
Notre pauvre héros, prisonnier dans ce monde hostile, essaie de s'en sortir d'abord en rationnalisant, tentant dans un premier temps ce que n'importe qui auraient fait (essayer d'obtenir des renseignements malgré la barrière de la langue, partir à la recherche d'une gare, d'une ambassade ou de tout lieu où on s'attendrait à avoir des renseignements propices aux étrangers...) et partant dans un second temps dans des entreprises un peu démesurées (essayer de déchiffrer la langue avec la femme de l'ascenseur, se faire arrêter par les forces de police ...). Ensuite, lorsqu'il se retrouve démunie, c'est l'émotion qui prend le dessus (la peur, la colère, la rage, la survie...). Et puis le livre se termine sur la dernière note, celle qui restera toujours à l'homme vivant quand tout le reste sera parti, l'espoir.
Dernière modification par Cachal_eau (22 Juin 2018 14:55:54)