[suivi lecture] cachal_eau

 
  • Mirmont

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    #31 16 Décembre 2017 14:00:09

    > cachal_eau et MyFloXyBaby

    C'est une question intéressante. La diversité des formes d'expressions artistiques et culturelles ne semble guère invalider l'idée platonicienne d'un archétype prééxistant les subsumant toutes, au contraire. Elles ne seraient que le reflet multiple de l'Un, et l'existence même d'une quasi-infinité des formes d'art pourrait être - dans une perspective platonicienne - au contraire un excellent argument en faveur de "l'art en soi" (pour dire cela rapidement).

    On pourrait aussi dire simplement que l'on ne connait pas une seule culture archéologiquement bien documentée qui n'ait laissé une (ou des) trace(s) artistique(s) ; ce qui ne revient pas à déduire automatiquement que l'art est inné chez l'homme, mais qu'il y a en de toute évidence en lui des éléments innés qui le conduisent irrémédiablement, ou du moins dans un ordre de probabilité proche de 100%, à produire de l'art.

    Quels pourraient être ces éléments ? Le sens inné de la proportion, la tendance innée à la symbolisation et l'abstraction via le langage, des perceptions mathématiques et physiques innées (aujourd'hui bien démontrées chez les très jeunes enfants), la tendance innée à socialiser et à créer des sociétés qui développent et entretiennent des représentations, des valeurs et des cultes collectifs. Ce sont du moins des pistes qui me semblent intéressantes. Tous ces éléments ne forment pas un sens de l'art inné à proprement parler mais, sans aucun doute, des prédispositions très fortes à la création de formes artistiques.

    En revanche, MyFloXyBaby, mon scepticisme se porte davantage sur la notion de "goût individuel". Je ne l'ai jamais rencontré dans la nature, cette bête-là. et ne crois guère à son existence.

    Sinon cachal_eau, concernant Carrère, si j'aime assez la personne, j'ai de profondes réserves sur son talent d'écrivain. Néanmoins, si tu as l'occasion de lire Limonov, n'hésite pas : c'est absolument passionnant.

    Dernière modification par Mirmont (16 Décembre 2017 14:09:32)

  • FloXy

    A moitié noyé sous sa PAL

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    #32 16 Décembre 2017 16:14:15

    Alala, les bons vieux pavés du Mirmont... non décidément ils manquent juste un peu d'humour ;)


    Mirmont a écrit

    C'est une question intéressante. La diversité des formes d'expressions artistiques et culturelles ne semble guère invalider l'idée platonicienne d'un archétype prééxistant les subsumant toutes, au contraire. Elles ne seraient que le reflet multiple de l'Un, et l'existence même d'une quasi-infinité des formes d'art pourrait être - dans une perspective platonicienne - au contraire un excellent argument en faveur de "l'art en soi" (pour dire cela rapidement).

    On pourrait aussi dire simplement que l'on ne connait pas une seule culture archéologiquement bien documentée qui n'ait laissé une (ou des) trace(s) artistique(s) ; ce qui ne revient pas à déduire automatiquement que l'art est inné chez l'homme, mais qu'il y a en de toute évidence en lui des éléments innés qui le conduisent irrémédiablement, ou du moins dans un ordre de probabilité proche de 100%, à produire de l'art.


    Moui, mais alors là on ne répond pas du tout à la même question puisque dans l'extrait cité par Cachaleau il s'agissait de défendre éventuellement la conception qu'il y a quelque chose comme un "sens de l'art" dont certains seraient pourvus et d'autres non un peu comme une "bosse des maths" et qui expliquerait pourquoi l'art de certains ne passent pas chez les autres.
    C'est cette idée là que je trouvais inepte. Mince, je ne pourrai pas justifier si facilement d'être au fond un grand artiste incompris :goutte:
    Bien sur la controverse dépendra aussi fortement de ce que l'on considère comme étant un art ou non, si tous les arts doivent remplir un certain cahier des charges minimal etc et là c'est le gros dawa philosophique assuré.

    Mirmont a écrit

    Quels pourraient être ces éléments ? Le sens inné de la proportion, la tendance innée à la symbolisation et l'abstraction via le langage, des perceptions mathématiques et physiques innées (aujourd'hui bien démontrées chez les très jeunes enfants), la tendance innée à socialiser et à créer des sociétés qui développent et entretiennent des représentations, des valeurs et des cultes collectifs. Ce sont du moins des pistes qui me semblent intéressantes. Tous ces éléments ne forment pas un sens de l'art inné à proprement parler mais, sans aucun doute, des prédispositions très fortes à la création de formes artistiques.


    Halte au platonisme ! Pas la peine de mettre a priori des maths et des proportions a priori jusque dans l'art, vilain scientiste ! :O

    D'une part parler de sens de la proportion sous prétexte qu'on a décidé de certaines proportions tient surtout de la pétition de principe dans la mesure où l'on ne peut pas faire d'IRM à des hommes préhistoriques pour vérifier que nos proportions leur parlent.
    Supposer que ce serait forcément le cas c'est sous-estimer l'aspect plastique de notre cerveau qui me fait dire que même chez des très jeunes enfants nos sciences ont déjà creusé des sillons et que ces sillons seraient sinon inexistants du moins fort différents si ils avaient été élevés sur une autre planète par des aliens.
    (Alors si au final la seule chose "innée" dans notre cerveau c'est sa plasticité bonjour le paradoxe :grimaces:)
    Ensuite le paradigme des arts visuels va vite montrer ses limites lorsqu'on va aborder des arts comme... la littérature, qui devrait être important pour nous tous ici. Elles sont où les proportions là-dedans ? Dans l'agencement des paragraphes ? :chaispas:


    Mirmont a écrit

    En revanche, MyFloXyBaby, mon scepticisme se porte davantage sur la notion de "goût individuel". Je ne l'ai jamais rencontré dans la nature, cette bête-là. et ne crois guère à son existence.


    Remarque fort judicieuse. Tu n'es pas sans savoir qu'en tant que wittgensteinien je suis conditionné à émettre de sérieux doutes dès que j'entends parler de quelque chose qui tiendrait d'un langage, d'une expérience ou d'une signification complètement privé :D

    Dernière modification par MyFloXyBabY (16 Décembre 2017 16:14:51)

  • Mirmont

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    #33 16 Décembre 2017 16:43:48

    > MyFloXyBabY

    Moui, mais alors là on ne répond pas du tout à la même question puisque dans l'extrait cité par Cachaleau il s'agissait de défendre éventuellement la conception qu'il y a quelque chose comme un "sens de l'art" dont certains seraient pourvus et d'autres non un peu comme une "bosse des maths" et qui expliquerait pourquoi l'art de certains ne passent pas chez les autres.
    C'est cette idée là que je trouvais inepte.


    Oui, prise dans ce sens, cette idée me parait également sans grande valeur.

    Halte au platonisme ! Pas la peine de mettre a priori des maths et des proportions a priori jusque dans l'art, vilain scientiste !


    Là, je ne serai pas d'accord, en revanche. "Nul n'entre ici s'il n'est géomètre" ! Cette devise, s'appliquant à l'Académie de Platon, pourrait être également celle d'une part essentielle des arts humains. La musique (j'aime beaucoup cette phrase de Leibniz que tu dois connaître : "La musique est une pratique occulte de l'arithmétique dans laquelle l'esprit ignore qu'il compte."), la peinture, l'architecture, la littérature (notamment les premières formes de poésie) ont tous des rapports intimes avec les mathématiques ; les préconceptions mathématiques instinctives (compter, ordonner, faire le rapport de deux grandeurs...) innées présentes chez chaque être humain ont eu son rôle à jouer dans le développement des arts (certes, ce n'est pas suffisant - bien d'autres grands facteurs sont entrés en ligne de compte).

    Supposer que ce serait forcément le cas c'est sous-estimer l'aspect plastique de notre cerveau qui me fait dire que même chez des très jeunes enfants nos sciences ont déjà creusé des sillons et que ces sillons seraient sinon inexistants du moins fort différents si ils avaient été élevés sur une autre planète par des aliens.


    D'une part parler de sens de la proportion sous prétexte qu'on a décidé de certaines proportions tient surtout de la pétition de principe dans la mesure où l'on ne peut pas faire d'IRM à des hommes préhistoriques pour vérifier que nos proportions leur parlent.


    Nos proportions, peut-être pas. Mais des proportions, sans aucun doute. Encore une fois, pour rester dans ma ligne platonicienne (que je défends par jeu, je n'en sais rien, au fond) -  c'est l'idée transcendantale, première de proportion qui prime, pas un type de proportion donnée. La psychologie évolutionniste pourrait nous aider, ici. La plasticité du cerveau n'ayant dans cette optique fait qu'affiner, relocaliser, réorganiser de grandes fonctions primaires en fonction de l'adaptation aux milieux et aux pratiques.

    Alala, les bons vieux pavés du Mirmont... non décidément ils manquent juste un peu d'humour icon_wink


    À moi les pavés, à toi l'humour : chacun sa spécialité ! ^^

    Dernière modification par Mirmont (16 Décembre 2017 17:13:39)

  • FloXy

    A moitié noyé sous sa PAL

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    #34 16 Décembre 2017 17:28:40

    Mirmont a écrit

    Là, je ne serai pas d'accord, en revanche. "Nul n'entre ici s'il n'est géomètre" ! Cette devise, s'appliquant à l'Académie de Platon, pourrait être également celle d'une part essentielle des arts humains. La musique (j'aime beaucoup cette phrase de Leibniz que tu dois connaître : "La musique est une pratique occulte de l'arithmétique dans laquelle l'esprit ignore qu'il compte."), la peinture, l'architecture, la littérature (notamment les premières formes de poésie) ont tous des rapports intimes avec les mathématiques ; les préconceptions mathématiques instinctives (compter, ordonner, faire le rapport de deux grandeurs...) innées présentes chez chaque être humain ont eu son rôle à jouer dans le développement des arts (certes, ce n'est pas suffisant - bien d'autres grands facteurs sont entrés en ligne de compte).


    La devise de Platon exprime bien son ouverture d'esprit mais pas grand chose d'autre :goutte:
    Pitié, plus jamais de Platon entre nous. On peut trouver mieux :derder:
    Tes analogies partielles ne suffisent pas à déterminer si ce sont les arts qui sont tous mathématiques ou bien si ce sont les maths qui sont artistiques ;)
    Je ne crois bien sur ni l'un ni l'autre mais si partout où l'on compte et ordonne il y a une essence mathématique de la nature de la discipline alors les sportifs sont de grands mathématiciens qui s'ignorent par exemple (et tu ne manqueras pas de me répondre que c'est le cas dans un sens précis bien sur mais il n'y a rien à en "déduire", les sports et les sciences mathématiques restent à leur place et les moutons seront bien gardés !)
    On ne s'interroge pas assez sur l'aspect inné ou non de l'esthétique d'un coup franc en pleine lucarne =)


    Mirmont a écrit

    Nos proportions, peut-être pas. Mais des proportions, sans aucun doute. Encore une fois, pour rester dans ma ligne platonicienne (que je défends par jeu, je n'en sais rien, au fond) -  c'est l'idée transcendantale, première de proportion qui prime, pas un type de proportion donnée. La psychologie évolutionniste pourrait nous aider, ici. La plasticité du cerveau n'ayant dans cette optique fait qu'affiner, relocaliser, réorganiser de grandes fonctions primaires en fonction de l'adaptation aux milieux et aux pratiques.


    Si des proportions particulières ne sont pas innées mais seulement le besoin de proportions on retombe dans la pétition de principe et le risque d'inverser les choses. Wittgenstein (je t'assure que parfois je sais parler d'autre chose :sifflote:) a écrit des choses très intéressantes sur la force de la règle et l'illusion d'innée qu'elle donne lorsqu'on la suit. Bouveresse détourne le célèbre dicton selon lequel la nécessité est mère de l'invention pour dire qu'au contraire chez Wittgenstein la nécessité est fille d'une invention.

    Mirmont a écrit

    Alala, les bons vieux pavés du Mirmont... non décidément ils manquent juste un peu d'humour icon_wink


    Chacun sa spécialité !


    Dis donc, me prendrais-tu pour un guignol ?! :grimaces:
    Sinon on va peut-être arrêter de débattre entre nous sur le suivi d'une tierce personne parce que la dernière fois ça ne lui a pas porté bonheur, notre chère Tomodachi (c'est le cas de le dire) a l'air d'avoir abandonné son suivi :(

    Dernière modification par MyFloXyBabY (16 Décembre 2017 17:33:36)

  • Mirmont

    A la découverte des livres

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    #35 16 Décembre 2017 17:51:00

    Il y aurait beaucoup de choses à dire sur Platon (tu est trop dur avec lui, et beaucoup trop souple avec les truismes de Wittgenstein), les coups francs (oui, on pourrait absolument postuler que l'appréciation pour les courbes satisfaisantes et régulières est en partie innée - cela mériterait certes un petit développement), les mathématiques et l'art (je l'imagine plutôt dans le sens où les mathématiques sont un outil donné qui a - entre beaucoup d'autres - permis le développement universel de l'art) mais...

    Sinon on va peut-être arrêter de débattre entre nous sur le suivi d'une tierce personne parce que la dernière fois ça ne lui a pas porté bonheur, notre chère Tomodachi (c'est le cas de le dire) a l'air d'avoir abandonné son suivi icon_sad


    ... Tu as absolument raison. Nous manquons de manière flagrante de savoir-vivre. Désolé pour le flood, Cachal_eau !

  • FloXy

    A moitié noyé sous sa PAL

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    #36 16 Décembre 2017 17:57:31

    Platon mérite qu'on soit dur avec lui, ça fait une moyenne, et Wittgenstein ne dit des truismes que dans le sens où il montre que les conceptions qu'il critique en sont !
    "Si mes réponses paraissent incongrues, c'est parce qu'elles se moquent des questions elles-mêmes" :cool:
  • Cachal_eau

    Espoir de la lecture

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    #37 16 Décembre 2017 20:41:32

    Ah Ah Ah! Pas de problème pour ce petit flood. Par contre je suis en pleine digestion d'une raclette :malade: et je vous ai lu en diagonale. Je reviendrais plus tard pour vous lire et éventuellement vous répondre. éventuellement =D

    Dernière modification par Cachal_eau (16 Décembre 2017 20:49:46)

  • Cachal_eau

    Espoir de la lecture

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    #38 17 Décembre 2017 00:51:57

    Bon, on va reprendre dans l'ordre.

    Tout d'abord, @ Kah Rane : mais de rien. C'est vrai que je lis beaucoup les suivis sans jamais intervenir parce que je n'ai pas toujours l'impression d'apporter quelque chose à l'édifice lorsque le livre ou l'auteur m'est complément étranger ou inconnu. Cela n'empêche que je suis avec assiduité ton suivi et que je m'efforcerai d'être un peu plus présent dans les messages.
    Ah oui, je n'ai pas oublié que je te dois un MP, parole de dolchardien ;)

    @ honha et @ Mirmont: je vous dirai ce que j'ai pensé de ma lecture de Carrère et j'ai bien pris note de vos recommandations.

    @ honha, @ MyFloxyBaby et @Mirmont : Merci beaucoup d'avoir bien voulu essayé de répondre à cette petite question que je me suis innocemment posé.
    En vous lisant, j'ai l'impression que je me suis trompé dans l'énoncé de la question. Je pense qu'il aurait mieux fallu parler de perception de l'art que de sens de l'art, et laissé ce mot de "sens" à une autre notion qui un lien plus ou moins distant avec l'art dans mon esprit: le beau, la beauté.
    Existe-t-il un sens du beau universel? L'art a-t-il d'abord été la manifestation du beau? L'art doit-il être beau? Peut-on éduquer/modifier notre sens de la beauté et par extension notre perception de l'art?
    Et dire que je donne des hameçons pour faire dévier ce suivi lecture. J'en suis navré.
    Voilà ce que je retiendrais de cet intermède philosophique au travers de vos échanges:
    - L'art ne serait pas inné mais le moteur qui pousse à en produire oui.
    - Je retiens cette idée d'un goût inné de la figure géométrique, de la proportion. Surtout lorsque je pense à ma fascination pour la symétrie :lol:. Et c'est vrai que même si un coup franc en pleine lucarne n'est pas de l'art, c'est quand même magnifique à voir. =D
    - ce qui me fait finalement penser que l'art, ça peut être des mathématiques mais que ça peut être aussi autre chose. Et même que ça doit aussi être autre chose.

    J'avais pensé lire sur ce thème  La Poétique d'Aristote. Mais j'ai peur que ce ne soit pas très accessible à un néophyte. Des avis? Des conseils?

    Dernière modification par Cachal_eau (17 Décembre 2017 01:01:43)

  • FloXy

    A moitié noyé sous sa PAL

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    #39 17 Décembre 2017 13:37:44

    Cachal_eau a écrit

    Existe-t-il un sens du beau universel? L'art a-t-il d'abord été la manifestation du beau? L'art doit-il être beau?


    Wittgenstein trouvait que définir l'esthétique comme la science du beau était "presque trop ridicule pour des mots" et qu'à ce compte là cette science des arts devrait aussi entre autre nous dire combien de sucres on devrait mettre dans notre café :)

    Le beau est lui-même un critère esthétique donc vouloir définir l'art par le beau c'est aller à l'envers et ne rien dire, autant définir le sport comme la performance sportive, la religion comme la foi rituelle et la science comme la vérité objective ou que sais-je encore.
    Si on se demande ce qu'est un sport alors on ne peut pas faire comme si on disposait déjà d'un critère clair de ce qui caractérise une performance sportive.


    Cachal_eau a écrit

    Peut-on éduquer/modifier notre sens de la beauté et par extension notre perception de l'art?


    Oui. C'est pour cela que l'art évolue autant d'ailleurs. Picasso disait que l'art c'est comme le vélo, ça s'apprend.



    Cachal_eau a écrit

    - L'art ne serait pas inné mais le moteur qui pousse à en produire oui.


    J'ai du mal avec ce genre de phrase, d'où une bonne partie de mon débat avec Mirmont ^^
    Dans la mesure où elle fait sens, elle parle d'une conception des arts tellement vaste, vague, subjective et multiforme qu'elle ne dit rien du tout. On produit aujourd'hui des styles de musique qui auraient paru du bruit cacophonique de l'ordre de la torture pour la plupart de nos ancêtres. Nous avons donc en nous un "moteur qui nous pousse à produire des choses qui nous plaisent mais pas aux autres". Yahou ! :ok:
    Encore une fois pétition de principe puisque tout ce que cela dit c'est que, art ou non, ce qu'on produit on a bien du être disposé à le produire pour pouvoir le produire. Autant dire que l'existence du sport prouve l'existence d'un moteur musculaire inné chez l'être humain. Effectivement il se trouve que l'homme a des muscles et une tendance naturelle à s'en servir quand il veut pour diverses tâches.


    Cachal_eau a écrit

    - Je retiens cette idée d'un goût inné de la figure géométrique, de la proportion. Surtout lorsque je pense à ma fascination pour la symétrie :lol:. Et c'est vrai que même si un coup franc en pleine lucarne n'est pas de l'art, c'est quand même magnifique à voir. =D


    Je n'aime ni le mot "gout" ni le mot "inné" là-dedans. Tout ce que cela donne au mieux c'est expliquer un gout par un autre gout et un inné par un autre, on pourrait régresser à l'infini.

    L'argument de la symétrie est très faible, il avait par exemple déjà été démonté magistralement par Plotin qui demandait alors pourquoi un visage mort, pourtant tout aussi symétrique sinon plus, ne nous paraissait pas à moitié aussi beau que le même visage encore vivant ? Où est la symétrie dans le ciel étoilé, l'éclair d'un orage, une aurore boréale, une tempête de neige (et non les flocons ne sont pas symétriques), la flamme d'un feu de camp ou toute autre expérience que la plupart des gens associeraient instinctivement à l'émergence d'une beauté frappante ? :chaispas:
    Non vraiment avec le platonisme on ne va pas loin....


    Justement mon exemple du coup franc au foot c'était pour bien moquer la prétention mathématique du schmilblick. On peut mathématiser tout un tas de choses (dont les sports) et ça n'aide pas à les définir. On ne déduit pas du fait que le foot soit dans un sens de la géométrie dans l'espace que le sport a une essence mathématique et que pour être considéré comme sportive une activité doit avoir des mathématiques instituées.
    On trouve des maths partout si on veut croyez-en un ancien étudiant en maths, je n'ai rien contre les maths et j'étais passionné par la philosophie des maths mais ce qui m'exaspère c'est plutôt la philosophie générale qui parle des maths n'importe comment pour rendre plus confus d'autres domaines comme l'art. Rien à voir.


    Cachal_eau a écrit

    - ce qui me fait finalement penser que l'art, ça peut être des mathématiques mais que ça peut être aussi autre chose. Et même que ça doit aussi être autre chose.


    Certains mathématiciens prétendent que les maths tiennent plus de l'art que de la science. Vaste question dans la mesure où cela dépend aussi des critères par lesquels on définit la science, je pense qu'une bonne partie du délire est simplement du au fait que pas mal de personnes se sont rendues compte que les maths ne rentraient pas dans une définition de la science trop restrictive. Rajoutez à cela le fait que même en maths (d'ailleurs en physique ou autre aussi) on peut parler d'un critère esthétique, d'une notion de beauté ou d'élégance des idées, des démonstrations, des concepts, et alors le flou artistique s'épaissit.

    Pour moi le meilleur concept qui permette de débrouiller un peu l'art, la science, le sport etc est celui "d'air de famille" (comme par hasard c'est de Wittgenstein :P). On classe dans ces catégories des disciplines qui ont un "air de famille", elles ont en commun certaines choses sinon elles n'y figurent pas par contre elles n'ont pas toutes une chose en commun donc on ne peut pas conceptualiser une essence platonicienne ou formelle qui permette de faire le tri (d'où les illusions philosophiques subséquentes).
    Tous les types de sport ou de jeux n'ont pas quelque chose en commun, mais chaque sport ou jeu a en commun quelque chose avec d'autres sports et d'autres jeux.


    Cachal_eau a écrit

    J'avais pensé lire sur ce thème  La Poétique d'Aristote. Mais j'ai peur que ce ne soit pas très accessible à un néophyte. Des avis? Des conseils?


    Je ne recommande pas du tout Aristote. Au cas où tu ne l'aurais pas encore compris j'ai un gros problème avec la sagesse antique instituée, après des siècles de propagande religieuse et d'autodafés on est arrivé à faire croire que la philosophie antique se limitait à ces guignols de Platon et d'Aristote et puisque l'on forme les philosophes là-dessus ils ne connaissent que ça et perpétuent la tradition...
    De toute manière lire des philosophes antiques, même les bons, relève bien plus d'une expérience d'anthropologie historique intéressante que d' une possibilité d'avancer sur les questions qu'on se pose aujourd'hui. Ces hommes vivaient de manière tellement différente qu'ils n'ont tout simplement pas grand chose à nous apprendre, ils sont intéressants justement en tant qu'altérité à notre forme de vie, il faut renoncer au mythe du grand sage qui va nous distribuer une leçon de vérité du fond des temps.
    Sinon ce n'est plus de la recherche philosophique, il faut aller s'engager dans une secte.

  • Cachal_eau

    Espoir de la lecture

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    #40 17 Décembre 2017 17:04:52

    De toute manière lire des philosophes antiques, même les bons, relève bien plus d'une expérience d'anthropologie historique intéressante que d' une possibilité d'avancer sur les questions qu'on se pose aujourd'hui. Ces hommes vivaient de manière tellement différente qu'ils n'ont tout simplement pas grand chose à nous apprendre, ils sont intéressants justement en tant qu'altérité à notre forme de vie, il faut renoncer au mythe du grand sage qui va nous distribuer une leçon de vérité du fond des temps.


    C'est bien vrai. je me suis débarrassé du mythe du grand sage depuis peu mais j'ai gardé une tendance, qui est parfois très mauvaise, à vouloir approcher une matière de façon chronologique. Mais je crois que c'est un critère qui n'a aucune pertinence ici. Pourtant je suis toujours mal à l'aise lorsque des auteurs plus récents se définissent par rapport à des conceptions antérieures que je ne connais pas.