Cachal_eau a écritExiste-t-il un sens du beau universel? L'art a-t-il d'abord été la manifestation du beau? L'art doit-il être beau?
Wittgenstein trouvait que définir l'esthétique comme la science du beau était "presque trop ridicule pour des mots" et qu'à ce compte là cette science des arts devrait aussi entre autre nous dire combien de sucres on devrait mettre dans notre café :)
Le beau est lui-même un critère esthétique donc vouloir définir l'art par le beau c'est aller à l'envers et ne rien dire, autant définir le sport comme la performance sportive, la religion comme la foi rituelle et la science comme la vérité objective ou que sais-je encore.
Si on se demande ce qu'est un sport alors on ne peut pas faire comme si on disposait déjà d'un critère clair de ce qui caractérise une performance sportive.
Cachal_eau a écritPeut-on éduquer/modifier notre sens de la beauté et par extension notre perception de l'art?
Oui. C'est pour cela que l'art évolue autant d'ailleurs. Picasso disait que l'art c'est comme le vélo, ça s'apprend.
Cachal_eau a écrit- L'art ne serait pas inné mais le moteur qui pousse à en produire oui.
J'ai du mal avec ce genre de phrase, d'où une bonne partie de mon débat avec Mirmont ^^
Dans la mesure où elle fait sens, elle parle d'une conception des arts tellement vaste, vague, subjective et multiforme qu'elle ne dit rien du tout. On produit aujourd'hui des styles de musique qui auraient paru du bruit cacophonique de l'ordre de la torture pour la plupart de nos ancêtres. Nous avons donc en nous un "moteur qui nous pousse à produire des choses qui nous plaisent mais pas aux autres". Yahou ! :ok:
Encore une fois pétition de principe puisque tout ce que cela dit c'est que, art ou non, ce qu'on produit on a bien du être disposé à le produire pour pouvoir le produire. Autant dire que l'existence du sport prouve l'existence d'un moteur musculaire inné chez l'être humain. Effectivement il se trouve que l'homme a des muscles et une tendance naturelle à s'en servir quand il veut pour diverses tâches.
Cachal_eau a écrit- Je retiens cette idée d'un goût inné de la figure géométrique, de la proportion. Surtout lorsque je pense à ma fascination pour la symétrie :lol:. Et c'est vrai que même si un coup franc en pleine lucarne n'est pas de l'art, c'est quand même magnifique à voir. =D
Je n'aime ni le mot "gout" ni le mot "inné" là-dedans. Tout ce que cela donne au mieux c'est expliquer un gout par un autre gout et un inné par un autre, on pourrait régresser à l'infini.
L'argument de la symétrie est très faible, il avait par exemple déjà été démonté magistralement par Plotin qui demandait alors pourquoi un visage mort, pourtant tout aussi symétrique sinon plus, ne nous paraissait pas à moitié aussi beau que le même visage encore vivant ? Où est la symétrie dans le ciel étoilé, l'éclair d'un orage, une aurore boréale, une tempête de neige (et non les flocons ne sont pas symétriques), la flamme d'un feu de camp ou toute autre expérience que la plupart des gens associeraient instinctivement à l'émergence d'une beauté frappante ? :chaispas:
Non vraiment avec le platonisme on ne va pas loin....
Justement mon exemple du coup franc au foot c'était pour bien moquer la prétention mathématique du schmilblick. On peut mathématiser tout un tas de choses (dont les sports) et ça n'aide pas à les définir. On ne déduit pas du fait que le foot soit dans un sens de la géométrie dans l'espace que le sport a une essence mathématique et que pour être considéré comme sportive une activité doit avoir des mathématiques instituées.
On trouve des maths partout si on veut croyez-en un ancien étudiant en maths, je n'ai rien contre les maths et j'étais passionné par la philosophie des maths mais ce qui m'exaspère c'est plutôt la philosophie générale qui parle des maths n'importe comment pour rendre plus confus d'autres domaines comme l'art. Rien à voir.
Cachal_eau a écrit- ce qui me fait finalement penser que l'art, ça peut être des mathématiques mais que ça peut être aussi autre chose. Et même que ça doit aussi être autre chose.
Certains mathématiciens prétendent que les maths tiennent plus de l'art que de la science. Vaste question dans la mesure où cela dépend aussi des critères par lesquels on définit la science, je pense qu'une bonne partie du délire est simplement du au fait que pas mal de personnes se sont rendues compte que les maths ne rentraient pas dans une définition de la science trop restrictive. Rajoutez à cela le fait que même en maths (d'ailleurs en physique ou autre aussi) on peut parler d'un critère esthétique, d'une notion de beauté ou d'élégance des idées, des démonstrations, des concepts, et alors le flou artistique s'épaissit.
Pour moi le meilleur concept qui permette de débrouiller un peu l'art, la science, le sport etc est celui "d'air de famille" (comme par hasard c'est de Wittgenstein :P). On classe dans ces catégories des disciplines qui ont un "air de famille", elles ont en commun certaines choses sinon elles n'y figurent pas par contre elles n'ont pas toutes une chose en commun donc on ne peut pas conceptualiser une essence platonicienne ou formelle qui permette de faire le tri (d'où les illusions philosophiques subséquentes).
Tous les types de sport ou de jeux n'ont pas quelque chose en commun, mais chaque sport ou jeu a en commun quelque chose avec d'autres sports et d'autres jeux.
Cachal_eau a écritJ'avais pensé lire sur ce thème La Poétique d'Aristote. Mais j'ai peur que ce ne soit pas très accessible à un néophyte. Des avis? Des conseils?
Je ne recommande pas du tout Aristote. Au cas où tu ne l'aurais pas encore compris j'ai un gros problème avec la sagesse antique instituée, après des siècles de propagande religieuse et d'autodafés on est arrivé à faire croire que la philosophie antique se limitait à ces guignols de Platon et d'Aristote et puisque l'on forme les philosophes là-dessus ils ne connaissent que ça et perpétuent la tradition...
De toute manière lire des philosophes antiques, même les bons, relève bien plus d'une expérience d'anthropologie historique intéressante que d' une possibilité d'avancer sur les questions qu'on se pose aujourd'hui. Ces hommes vivaient de manière tellement différente qu'ils n'ont tout simplement pas grand chose à nous apprendre, ils sont intéressants justement en tant qu'altérité à notre forme de vie, il faut renoncer au mythe du grand sage qui va nous distribuer une leçon de vérité du fond des temps.
Sinon ce n'est plus de la recherche philosophique, il faut aller s'engager dans une secte.