Petite introduction de circonstanceVoici une année que je me suis inscrit sur ce site, il me semble temps d'inaugurer mon "suivi lecture".
Par manque de constance et de talent, je serais bien en peine d'écrire de longues et intéressantes critiques. Je me bornerai donc à rédiger des recensions lapidaires et très subjectives des ouvrages lus, en essayant tout de même de justifier un peu les notes attribuées.
Mon barême diffère d'ailleurs nettement de celui de Livraddict, qui me semble excessivement sévère (14 étant considéré, par exemple, comme moyen !). 12 à 14 sont, à mon sens, de bonnes notes et correspondent à des ouvrages dignes d'intérêt ; 15 à 17 à de très bons livres, que je conseillerais à tous ; 17 à 20 à des chefs-d'oeuvre absolus.
J'essaierai d'être régulier dans la mise à jour de ce suivi et ferai donc un point d'étape tous les 3 ouvrages lus*. J'espère que ce suivi intéressera quelques curieux : n'hésitez pas à intervenir, je serais ravi de discuter de mes lectures - et des vôtres - en ces lieux !
* Promesse non contractuelle, au vu de la fluctuation extrême de la volonté de l'auteurBILAN 2017En ce début d'année civile, je vais commencer avec un rapide bilan chiffré de mes lectures de l'année passée :
122 - Le nombre total d'ouvrages lus, ce qui est - me semble-t-il - mon record. Beaucoup de temps libre, l'inscription à Livreaddict qui, par son suivi de la progression des lectures, dope la motivation quotidienne et l'intérêt croissant que je porte à certains secteurs de la connaissance expliquent sans doute ce chiffre. C'est d'ailleurs trop élevé ; j'essaierai de moins - et de mieux, surtout - lire en 2018.
44,
14 et
7 - Respectivement, le nombre d'auteurs français, russes et allemands lus en 2017. Ce trio de nationalité de m'étonne guère et correspond assez bien aux tendances déjà marquées des années précédentes. Paradoxalement, l'auteur que j'ai le plus lu en 2017 - Pessoa - n'est pas originaire de ces contrées rudes et hostiles.
19/20 - La note maximale attribuée en 2017 (il m'est très difficile de mettre 20, bien que mon année de lecture 2018 pourrait très prochainement démontrer le contraire), attribuée à 4 grands livres lus pour la première fois :
Le livre de l'Intranquillité de Pessoa, les
Canti de Leopardi,
Henri d'Ofterdingen de Novalis et le deuxième volume de l'
Anatomie de la Mélancolie de Robert Burton. Quatre immenses lectures que je recommande sans réserve à tous les Livraddictiens !
31 - Le nombre d'essais lus en 2017 - qu'ils soient philosophiques, scientifiques, sociologiques ou autre - ce qui en fait mon type de lecture le plus fréquenté. Pas une surprise non plus.
J'arrête ici avec les chiffres, la lecture étant bien plus une question de qualité - qualité de l'ouvrage, mais aussi de l'attention portée à celui-ci - que de quantité. Et, question qualité, je suis très satisfait de mon année 2017 !
Trois derniers ouvrages lus <image>-
Une maison de poupée,
Henrik Ibsen (1879). Ma première intrusion dans l'oeuvre du grand auteur norvégien (ce ne sera sans doute pas la dernière). Une pièce malicieuse, redoutablement bien construite et très facile à lire. Malgré cela, je n'ai pas été emballé pour plusieurs raisons : d'une part il s'agit d'une oeuvre à thèse, ce qui est toujours - sauf lorsque c'est subtilement fait - déplaisant ; d'autre part les personnages comme le propos m'ont paru plats, monolithiques et sans grande profondeur. C'est néanmoins une lecture légère et agréable.
12/20.
<image>-
Lettres à la fiancée,
Fernando Pessoa (1920 et 1929 pour la rédaction des lettres). Il s'agit d'une compilatation des lettres d'amour, entre badineries et déséspoir, envoyée par l'auteur de l'indépassable
Livre de l'Intranquillité à Ophelia Queiroz, sa seule fréquentation amoureuse connue. Le ton est souvent léger, quasiment enfantin ; l'intérêt littéraire est relativement faible mais si l'on veut connaître mieux Pessoa, ces lettres sont une véritable mine d'or. Cette citation d'une importance extrême mérite d'ailleurs, en ce sens, d'être mise en exergue :
Mon destin appartient à une autre Loi, dont la petite Ophelia ne soupçonne même pas l'existence, et il est de plus en plus soumis à l'obéissance due à des maîtres qui ne tolèrent ni ne pardonnent.
(Lettre du 29 novembre 1920)
La conscience d'une mission d'un ordre supérieur, l'impossibilité psychologique de se soumettre aux basses et agréables choses du monde, comme justification de sa rupture avec Ophélia ; voilà qui se conforme à l'idée que j'avais de Pessoa, et qu'il semblerait pertinent de mettre en perspective avec, par exemple, la relation interrompue de Kierkegaard avec Régine Olsen. Une bonne lecture, quasiment incontournable à mon sens pour les maniaques du génial portugais (dont je suis !). 13/20.
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- Haute solitude de Léon-Paul Fargue (1941). Sorte d'immense poème en prose, mêlant souvenirs personnels, re-création cosmologique du monde par la poésie (dans son premier tiers), hallucinations et rêveries mélancoliques - le tout dans une langue incroyable de profusion, étourdissante d'inventivité. Cet auteur qui avait à juste titre une place centrale dans le monde des lettres d'avant-guerre (il a par exemple créé la revue Commerce avec - excusez du peu - Larbaud et Valéry) semble désormais bien oublié, ce qui est parfaitement injuste au vu de cette oeuvre vertigineuse qu'est Haute solitude. Moi qui n'aime pas d'ordinaire les tentatives stylistiques surréalisto-symbolistes trop hardies, je me suis laissé embarquer sur ce Niagara verbal avec une immense délectation. Première excellente lecture de 2018 : 17/20.
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Ce post est déjà beaucoup trop long - ce qui est excusable au vu de son caractère inaugural et du bilan de l'année écoulé de lecture. Je parlerai un peu de mes lectures en cours la fois prochaine. Merci aux quelques courageux de l'avoir lu jusqu'au terme !