Trois derniers livres lus...<image>Lire Platon, ouvrage collectif (première édition de 2006). Dirigé par Luc Brisson (traducteur de Platon en français) et Francesco Fronterotta (professeur italien de philosophie ancienne),
Lire Platon est un petit ouvrage regroupant une vingtaine de courts articles contextualisant l’oeuvre du philosophe. Les articles couvrent de nombreux aspects de la philosophie platonicienne mais se rélèvent parfois inégaux en intérêt. C’est néanmoins une porte d’entrée intéressante dans les études platoniciennes : les indications bibliographiques à la fin de chaque article sont complètes et pertinentes et les deux articles qui présentent l’avant (“les préplatoniciens”) et l’après-Platon (“l’histoire de l’Académie et la tradition platonicienne”) permettent de mieux contextualiser l’apport du philosophe, les racines de sa pensée et les fruits et interprétations ultérieurs de son oeuvre. Une lecture intéressante et sérieuse mais dispensable.
12/20.
<image>La nature de la physique de
Richard Feynman (1964 à 1979 pour les discours retenus). Comme je l’ai évoqué un peu plus haut lors de ma
diputatio avec le cher MyFloXyBabY, il s’agit d’un ouvrage composite. La première partie reprend un cycle de conférences (par ailleurs
disponibles sur YouTube) données par le physicien à l'université Cornell en 1964 et présentant de manière très accessible et pédagogique quelques grands principes physiques, la seconde une conférence intitulée “Qu’est-ce que la science ?” datant de 1966, la troisème l’allocutation de Feynman à l’occasion de sa réception du Prix Nobel (1965 - la plus technique mais sans doute la plus intéressante) et enfin un court entretien de 1979 (sans grand intérêt, à mon avis). Au fond, ces différentes allocutions évoquent toutes, sous différents aspects, ce qu’est la recherche en physique selon Feynman. Le ton détendu m'a parfois agacé mais le fond est très intéressant et parfaitement accessible - même pour une personne comme moi qui n’a aucune formation scientifique. Un bon livre de vulgarisation par l’un des meilleurs physiciens du XXème Siècle et un excellent ouvrage pour qui s’intéresse à la praxis de la science et même à l’épistémologie. Bonne lecture.
13/20.
<image>À la recherche du temps perdu de
Marcel Proust (publié entre 1913 et 1927). Que dire ? Après 5 à 7 années de présence culpabilisatrice dans ma bibliothèque, je me suis enfin résolu à m'y plonger. Je le connaissais sans même l’avoir lu, tant j’avais lu de choses à son sujet, mais ses 2400 pages serrées (sans notes ni préface dans ce volume de la très bonne collection Quarto) m'intimidaient un peu. 2400 pages, finalement, de pur délice. Très bien écrit, très bien senti, d’une justesse imparable à tous points de vue - sociologique, psychologique, artistique - la Recherche n’a en rien usurpé sa réputation. Si son ampleur peut parfois faire peur (ou, dans mon cas, faire différer la lecture), la fluidité de langue et de pensée de Proust rendent sa fréquentation très aisée et agréable. Comme chacun, j’ai mes préférences :
À l'ombre des jeunes filles en fleurs m’a un peu moins intéressé ; je mettrais un peu au-dessus du reste la deuxième partie de
Du côté de chez Swann, le couple
La Prisonnière/Albertine disparue et bien sûr
Le Côté de Guermantes (c’est un classement parfaitement subjectif - tout est très bien). Nous l'avons déjà évoqué ici mais n’écoutez pas ceux qui affirment qu’une seule lecture ne suffit pas à bien appréhender la Recherche, c'est parfaitement idiot : en revanche, c’est véritablement le type de livre qui se colore différemment selon l’âge de la vie, nos expériences personnelles, notre état de sensibilité présent : comme le temps est à l’oeuvre dans les états mentaux du narrateur, le temps a également une importance capitale du côté du lecteur. On ne sort jamais de la Recherche, disent certains livraddictiens proustiens - je ne peux que volontiers les croire. Je commencerai d’ailleurs dans quelques semaines à lire les exégètes de l’oeuvre - le premier sera Revel et son
Sur Proust. En résumé : un chef-d’oeuvre absolu, l’un ou des trois ou quatre meilleurs livres que j'ai pu lire (l’
Ulysse de Joyce et l‘
Homme sans qualités de Musil tiendront-ils la comparaison ? Réponse dans quelques mois/années) et le premier
20/20 depuis que je suis ici, alors que je suis très réticent à délivrer cette note.
(Je suis trop long à mon goût, bien que je n'évoque ici que le minimum syndical - j'essaierai de condenser mes commentaires pour les prochains avis.)