[Suivi Lecture] Mirmont

 
  • FloXy

    Empereur des pages

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    #11 15 Janvier 2018 00:24:49

    C'est vrai que c'est un argument passe-partout qu'on entend régulièrement (je l'entends même à propos d'Harry Potter c'est dire) et qui ne m'impressionne absolument pas.

    Les gens ne devraient pas prendre leur cas pour une généralité sous prétexte qu'ils n'ont pas été capables de percevoir une partie de l’œuvre dès leur première lecture.

    Après je veux bien croire que je rate moi-même certaines choses dans mes lectures bien sur (et qu'une œuvre dense et nuancée comme celle de Proust en particulier résonne différemment selon la période de sa vie dans laquelle on la lit), mais j'interpréterais plutôt cela comme une preuve de la finitude de notre condition humaine subjective plutôt que comme une propriété particulièrement impressionnante de la littérature.
  • Ada

    Baby lecteur

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    #12 15 Janvier 2018 07:45:27

    Tu as bien de la chance de pouvoir être tranquille à ce point ! Je te rejoins pour la musique, ça imprègne beaucoup trop la lecture et ça lui donne une ambiance et un rythme qui ne sont pas les bienvenus, en plus de me distraire.

    C'est assez étrange de dire ça, oui... et un peu condescendant aussi ! J'avais dû relire L'Étranger de Camus à l'époque pour être sûre d'avoir bien tout compris (et je trouvais que les commentaires de texte à l'époque quand je l'étudiais en cours de première ne s'attardaient que sur certains points et pas sur d'autres), mais jamais je ne dirai à quelqu'un que s'il n'a pas relu ce livre, il ne l'a pas vraiment lu... Je rejoins ce que dit MyFloXyBabY, ça ne veut strictement rien dire et c'est surtout très personnel.
  • Cachal_eau

    Espoir de la lecture

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    #13 15 Janvier 2018 14:17:59

    Ravi de voir ce suivi auquel je m'abonne. Je suis toujours un peu frustré de voir des notes sans quelques mots d'accompagnement et il faut dire que je suis souvent curieux de l'avis des autres sur des livres que j'ai déjà eu l'occasion d'apprécier. De ton efficace résumé, je n'ai lu que la pièce d'Ibsen qui fait partie des mes auteurs de référence avec notamment sa pièce Le canard sauvage.

    Concernant tes 4 livres préférés de 2017, j'ai Pessoa et Burton dans ma WL. je jetterais un coup d'œil aux deux autres.

    Pour la concentration pendant la lecture, je n'ai malheureusement pas trop les moyens de me permettre de créer un environnement aussi propice mais il est vrai que pour certaines lectures, il n'est pas possible de faire sans un minimum de calme autour de soi. Surtout un livre où perdre un mot c'est perdre le fil.

    Dernière modification par Cachal_eau (15 Janvier 2018 16:21:26)

  • LiqueurAmère

    Apprenti Lecteur

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    #14 15 Janvier 2018 16:07:32

    Mirmont a écrit

    > Souffledevent

    Merci pour ton message. Je vois que tu as lu 64 livres l'année dernière, ce qui est déjà beaucoup : d'après une étude commanditée par le Centre National du Livre, seuls 28% des français ont lu 20 livres ou plus en 2017 (tous supports confondus). Surtout que certaines de tes lectures sont également exigeantes : une bonne grammaire grecque vaut bien plusieurs tomes de "50 shades" !


    Vu comme ça, c'est sûr. Après, faisant des études de lettres, c'est quand même la moindre des choses que je lise plus de 20 livres par an. Mais c'est toujours bien de rappeler quelques chiffres, parce qu'on a en effet tendance à facilement oublier que quand même, ça va, on lit. =)

    Je suis aussi d'accord que les appréciations de Livraddict poussent facilement à la surnotation. Le mieux, ce serait de pouvoir choisir soi-même sa note ET son appréciation (pouvoir mettre "moyen" à un 10 et "très bon" à un 15 par exemple)...

    Je n'arrive pas non plus à lire sans que ce soit le calme. Un fond sonore ne me gêne pas, au contraire, mais celui-ci ne doit pas être musical et je ne dois pas entendre des gens converser. Je connais des gens qui lisent non seulement avec de la musique, mais pas n'importe laquelle : du métal ! Je ne sais pas comment ils font...

    Quant à Proust, j'avais lu le premier tome de la Recherche il y a quelques années, mais n'avait pas poursuivi, faute de temps. A mon avis je reprendrai ça calmement quand j'aurai fini mes études. Proust est tellement un mythe qu'il sert souvent j'ai l'impression de discriminateur de classe, certains lettrés prenant un malin plaisir à dire qu'ils relisent la Recherche (le chic ultime). Mais il ne faut pas écouter ces gens-là, dont la distinction n'a d'égale que leur orgueil...

  • Mirmont

    A la découverte des livres

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    #15 15 Janvier 2018 16:47:34

    > MyFloXyBabY

    C'est vrai que c'est un argument passe-partout que l'on entend régulièrement


    Oui, cela en est même devenu un poncif : pour vraiment apprécier et embrasser une oeuvre littéraire, il serait forcément nécessaire de la lire plusieurs fois. Dans le cas de la Recherche, j'ai déjà lu ou entendu cela à 5 ou 6 reprises, la citation de Sagan en étant l'expression la plus condensée et définitive. Or, je ne doute pas qu'une relecture d'oeuvres un peu obscures, contournées, à plusieurs strates de signification puisse être bénéfique, mais enfin la Recherche est suffisamment fluide et claire (bien qu'abondante en infimes nuances et en "replis") pour qu'une seule lecture soit suffisante pour bien la comprendre et l'apprécier. J'aimerais lire des arguments en sens inverse, car quelque chose manifestement m'échappe.

    et qu'une œuvre dense et nuancée comme celle de Proust en particulier résonne différemment selon la période de sa vie dans laquelle on la lit


    Oui, très juste. C'est le vieil adage de la philosophie scolastique : quidquid recipitur, ad modum recipientis recipitur - tout ce qui est reçu est reçu en fonction de la nature de celui qui reçoit. On est pas le même à 50 ans qu'à 20 ans, et une seconde lecture de bons livres à un âge plus avancé fait sans aucun doute apprécier l'oeuvre de manière plus profonde peut-être, ou en tous cas différente. De mon côté, j'ai encore un peu de mal à relire des ouvrages que j'ai lu plus jeune pour plusieurs raisons (la plus importante étant la conscience aiguë de tout ce que je n'ai pas encore lu) ; cela sans viendra sans doute plus tard.

    > Ada

    C'est assez étrange de dire ça, oui... et un peu condescendant aussi


    Condescendant, je ne sais pas et même si cela l'était cela ne me dérangerait pas véritablement. Mais ce me semble assez péremptoire, surtout venant d'une personne (Sagan) qui - même si je n'apprécie guère son oeuvre - avait un goût littéraire assez sûr et fin. Il doit y avoir des raisons évidentes à cette assertion, mais qui m'échappent vraisemblablement.

    c'est surtout très personnel


    Oui, tu as raison ; c'est d'ailleurs l'un des grands charmes de l'expérience littéraire - ce rapport intime et personnel à une oeuvre et un auteur.

    > Cachal_eau

    Merci pour ta visite !

    De ton efficace résumé, je n'ai lu que la pièce d'Ibsen qui fait partie des mes auteurs de référence avec notamment sa pièce Le canard sauvage


    Résumé très subjectif et faiblement argumenté hélas - je comprendrais d'ailleurs facilement qu'on puisse avoir un avis fort différent du mien. J'ai justement ajouté Le Canard sauvage (ainsi que Les Revenants et Peer Gynt) à ma liste de souhaits Amazon ; je les commanderai et les lirai, je pense, dans l'année. Je suis certain qu'Ibsen vaut infiniment mieux que ce que m'a première approche m'a laissé entrapercevoir.

    Concernant tes 4 livres préférés de 2017, j'ai Pessoa et Burton dans ma WL.


    Tu l'auras compris, je ne peux que te les recommander chaudement. Deux petites remarques pratiques à leur sujet :

    - L'éditeur Christian Bourgois sort une nouvelle traduction de l'oeuvre de Pessoa dans trois jours, sous le titre modifié de Livre(s) de l'inquiétude - je ne sais si des changements majeurs à la composition du texte et à la langue seront apportés. Mais la traduction et l'agencement de la première traduction me parait déjà très convaincante ;
    - En ce qui concerne l'Anatomie de la Mélancolie, il y a deux volumes (ce ne sont pas des tomes : c'est un seul livre séparé par commodité en deux). Par erreur de mon "fournisseur" (il s'agissait ici de la FNAC) je n'ai reçu que le deuxième, mais je conseillerais de ne pas suivre mon exemple et de commencer par le premier au vu des thèmes abordés.

    il est vrai que pour certaines lectures, il n'est pas possible de faire sans un minimum de calme autour de soi.


    C'est juste, le niveau de calme nécessaire varie en fonction de la qualité/difficulté du livre ; aussi, j'emporte rarement un ouvrage de philosophie ou de science quand je prends le train, par exemple, me les réservant pour la lecture à mon domicile.

    > Souffledevent

    Après, faisant des études de lettres,


    Modernes, anciennes, à quel niveau, ou ? Je veux tout savoir ! (Désolé pour la curiosité, et ne répond pas si tu trouves cela par trop indiscret)

    Je connais des gens qui lisent non seulement avec de la musique, mais pas n'importe laquelle : du métal ! Je ne sais pas comment ils font...


    Je dois confesser que j'aime énormément le metal et qu'il m'est arrivé, plus jeune, de faire d'immenses sessions de lecture avec du Black Metal à fond dans les oreilles - ce que j'évite de faire dorénavant. Mais il fallait que ce soit des albums parfaitement connus de moi pour pouvoir m'extraire de la musique ; souvent, c'était par que j'étais à l'extérieur et que le bruit de la rue/de l'université/du bureau m'aurait bien plus dérangé que celui de ma musique, me permettant de créer une sorte de "bulle". Je peux comprendre tes amis, du coup.

    Proust est tellement un mythe qu'il sert souvent j'ai l'impression de discriminateur de classe, certains lettrés prenant un malin plaisir à dire qu'ils relisent la Recherche (le chic ultime). Mais il ne faut pas écouter ces gens-là, dont la distinction n'a d'égale que leur orgueil...


    En parlant de distinction sociale, je ne compte plus les remarques glanées ici et là du type : "relire Bourdieu". Clin d'oeil à part, c'est une question intéressante et il est vrai que ce qui est considéré comme de la "grande" littérature - Proust en étant un exemple parfaitement typique - sert souvent à marquer une appartenance de classe ou du moins (revenons à Bourdieu) un habitus culturel plus élevé que la moyenne des gens. C'est hélas une marque de fatuité très commune, quasiment universelle ; et je dois avouer que (bien que fils d'ouvrier - ou plutôt parce que fils d'ouvrier) j'étais extrêmement fier à l'adolescence d'avoir des lectures de "lettrés", très au-dessus de ma condition sociale de base - j'espère être aujourd'hui guéri de ce type d'approche.

    La littérature, en tant que marqueur social particulièrement fort objectivement tel qu'il s'est construit depuis la deuxième moitié du XIXème Siècle est propice à ce genre de comportement, mais c'est le cas plus généralement de toutes les activités humaines : je suis persuadé que la vanité et son exploitation à des fins de distinction est l'explication centrale de bien des engagements, bien des goûts, bien des intérêts, bien des activités. Une fin qui d'ailleurs ne se connait pas elle même. Humain, trop humain comme dirait l'autre.

    Dernière modification par Mirmont (15 Janvier 2018 16:53:02)

  • FloXy

    Empereur des pages

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    #16 15 Janvier 2018 17:11:09

    Alala, Bourdieu, Bourdieu... J'adore Bourdieu. C'était un pote à Bouveresse en plus. J'ai même lu le livre qu'il a écrit en hommage à sa mort et tout. Non vraiment vive Bourdieu !

    Par contre... Il se pourrait bien que Bourdieu n'ait pas dit ce qu'on veut si souvent lui faire dire maintenant, à savoir quelque chose comme "la culture classique c'est pour les péteux et les riches, tous les goûts se valent et le marché décidera de ce qui se vend le mieux dans le meilleur des mondes libéraux !"
    (Malheureusement, pour parler comme Pierre Jourde, j'ai bien peur qu' il ne faille pas prendre ce qui n'est que l'industrialisation de la connerie pour ce qui se voudrait la démocratisation de la culture populaire.)

    Son travail sur la distinction n'avait certainement pas pour but de suggérer la suppression de l'indécente culture classique et la mauvaise foi des pseudo-gauchistes sur ce point est d'autant plus ridicule que nous vivons une époque où manifestement les riches et les puissants sont aussi incultes que les autres et ne s'en cachent pas.

    Les rares personnes que je côtoie qui ont encore un vernis décent de culture classique ne me paraissent absolument pas plus hautains que les autres et au contraire j'arguerais qu'aujourd'hui on subit bien plus de violence symbolique bourdieusienne à affirmer qu'on n'a pas vu le dernier Star Wars qu'à avouer que l'on n'a pas lu Proust.
    Je dois lire autant voir plus de science-fiction que de classique mais si je devais accuser globalement un lectorat de pédantisme, de mentalité grégaire ridicule etc je choisirais sans hésiter le premier groupe plutôt que le second.
    Mais c'est le propre des vainqueurs d'une bataille culturelle de continuer à s'en présenter comme les perdants pour jouer les victimes persécutées j'imagine...
  • Mirmont

    A la découverte des livres

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    #17 15 Janvier 2018 17:42:54

    Je partage en partie (mais en partie seulement) ton goût pour Bourdieu, que j'ai beaucoup fréquenté lors de mes études et que je continue de temps à autre de lire (ses Méditations Pascaliennes, notamment, l'année passée). Tu as raison de rappeler que ses travaux, notamment la Distinction, n'avaient pas pour but de déligitimer ce qu'il était alors convenu de nommer la "haute culture", mais d'analyser "scientifiquement" - en tous cas selon les règles de la méthode sociologiques chères à l'école française depuis Durkheim - comment s'organise et se pérpetue systèmiquement la transmission des marqueurs socio-culturels propres à la domination symbolique et la perpetuation des rapports sociaux. Bourdieu d'ailleurs lui-même était un homme de grande culture malgré son milieu social d'origine et ne partageait pas du tout le relativisme culturel qu'on lui prête bêtement.

    Bon, pour nuancer et partager les torts, le Bourdieu deuxième manière, plus militant, a peut-être permis de faciliter la compréhension hâtive pouvant se résumer en cet axiome : culture classique = élitisme = discrimination = à abolir pour permettre l'égalité. Cette lecture simpliste et schématique a fait beaucoup de mal, à l'école notamment mais plus encore à l'oeuvre elle-même de Bourdieu. Une lecture toute aussi simpliste mais plus constructive, à mon sens, serait celle-ci : culture classique = élitisme (certes) = faire le maximum pour la diffuser au plus grand nombre et permettre aux enfants des classes sociales inférieures de s'extraire (au moins psychologiquement) de leur condition.

    bien plus de violence symbolique bourdieusienne à affirmer qu'on n'a pas vu le dernier Star Wars qu'à avouer que l'on n'a pas lu Proust.


    C'est juste. La culture populaire a quelque peu pris le dessus en ce sens, bien que l'école résiste encore (un peu) à ce retournement des valeurs culturelles. Mais effectivement, socialement, ne pas avoir vu le dernier Star Wars ou ne pas connaître la dernière starlette américaine à la mode est presque perçu comme une hérésie. La culture de masse a pris le dessus, y compris symboliquement.

    Les rares personnes que je côtoie qui ont encore un vernis décent de culture classique ne me paraissent absolument pas plus hautains que les autres


    Oui, on pourrait paraphraser ce que Pascal disait de la science et de Dieu : un peu de culture classique éloigne de l'humilité, beaucoup nous en rapproche. Bon, c'est évidemment trop facile et il y existe des milliers d'exemples contraires.

    Mais c'est le propre des vainqueurs d'une bataille culturelle de continuer à s'en présenter comme les perdants pour jouer les victimes persécutées j'imagine...


    Je ne peux que fortement aller dans ton sens - l'époque regorge d'exemples.

    Sinon, belle référence à Jourde. Je conseille à tous son blog. Je partage d'ailleurs son avis exprimé hier, sur la non-publication des pamphlets de Céline.

  • LiqueurAmère

    Apprenti Lecteur

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    #18 15 Janvier 2018 19:37:34

    J'aime bien lire votre petit débat sur Bourdieu. Je ne suis pas du tout aussi avancé que vous dans ces lectures, mais c'est bien ce que j'avais compris jusqu'à présent : un décloisonnement et une approche plus inclusive, plutôt qu'un relativisme ou un bannissement de la culture classique. La violence symbolique de celui qui a lu Bourdieu, c'est tellement ironique d'ailleurs, mais je l'ai vue aussi tellement de fois...
    Les injonctions culturelles sont multiples de toute façon, et personnellement je ressens des pressions aussi bien du côté de la culture de masse que de la culture disons "universitaire". Une question de position sociale, j'imagine...

    Sinon, pour répondre à ta question Mirmont, je suis en master 2 de lettres modernes :)

    Pour ce qui concerne le métal, c'est loin d'être mon style de musique favori mais je ne suis pas fâché avec, c'est juste que ça me semble vraiment à l'opposé de l'état dans lequel on est supposé se mettre pour lire (même si je comprends cette idée de "bulle"). En fait, ceux qui arrivent à lire avec du métal, je les admire surtout !
  • Mirmont

    A la découverte des livres

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    #19 15 Janvier 2018 20:43:10

    > Souffledevent

    J'aime bien lire votre petit débat sur Bourdieu. Je ne suis pas du tout aussi avancé que vous dans ces lectures, mais c'est bien ce que j'avais compris jusqu'à présent : un décloisonnement et une approche plus inclusive, plutôt qu'un relativisme ou un bannissement de la culture classique.


    Je ne suis guère "avancé", à vrai dire, dans mes lectures de Bourdieu. J'ai un peu étudié quand j'étais à l'université la Distinction, lu de mon côté son petit opuscule "Sur la télévision" (qui ne m'a d'ailleurs pas laissé un souvenir impérissable) ainsi que ses Méditations Pascaliennes il y a quelques mois, rien de plus. Après, comme beaucoup, je le connais surtout de réputation, commentaires plus ou moins avisés, et par d'autres biais (notamment le fameux documentaire "La sociologie est un sport de combat" de Pierre Carles).

    D'après ce que je sais, son approche n'est pas si normative et il n'a guère explicité ses souhaits relatifs à l'enseignement et la politique culturelle (je ne suis pas certain qu'il était en faveur d'un quelconque "décloisonnement" culturel) ; en revanche, son travail sur l'héritage des formes culturelles de domination et leur reproduction est important et particulièrement pertinent (mais enfin, c'était déjà bien connu avant lui et cela s'apparentait déjà à son époque à un lieu commun - il aura eu néanmoins le mérite de le systématiser et de le démontrer à l'aide des outils méthodologiques de la sociologie). En déduire qu'il était en faveur de l'ouverture à d'autres formes de culture me semble en revanche un peu hâtif.

    Sinon, j'aime également beaucoup le côté ironique de l'injonction à "relire Bourdieu" : de Laurence Parisot à Edouard Louis, tous s'y collent. La méta-ironie étant que Bourdieu lui-même et son oeuvre sont devenus un code culturel incontournable des élites socio-culturelles (il s'agit d'ailleurs du sociologue le plus cité en Amérique du Nord dans les études récentes en sciences humaines, d'après une étude récente).

    Sinon, pour répondre à ta question Mirmont, je suis en master 2 de lettres modernes


    Merci pour la précision. J'espère que ces études te plaisent et satisfont ton appétit de connaissance (et accessoirement, ta future "insertion" professionnelle).

    Pour ce qui concerne le métal, c'est loin d'être mon style de musique favori mais je ne suis pas fâché avec, c'est juste que ça me semble vraiment à l'opposé de l'état dans lequel on est supposé se mettre pour lire (même si je comprends cette idée de "bulle"). En fait, ceux qui arrivent à lire avec du métal, je les admire surtout !


    Je peux le comprendre. Après, il y a metal et metal. Lire avec Candlemass ne pose pas vraiment de difficulté, avec Burzum déjà un peu plus. Il y a du metal (dans le doom, ou le black atmosphérique notamment) calme et contemplatif, qui peut parfaitement s'adapter à la lecture. Mais enfin, on ne fera jamais mieux que le classique ou le jazz (pas d'avant-garde, pour le coup) et surtout que le silence pour lire dans de bonnes conditions - nous sommes bien d'accord.

    > TheCatLady

    Bonsoir et merci pour ton message ! Oui, moi non plus, je ne le fais plus ou alors très rarement. Bonne idée que d'adapter la musique à sa lecture, et l'heroic fantasy est un genre qui semble en effet s'y prêter tout particulièrement ; seulement, quand je lis du Leibniz, Akhmatova ou Kierkegaard, je serais bien en peine de trouver une musique d'ambiance (Bach pour Leibniz ?). Remarque, avec Cioran, du DSBM (Depressive Suicidal Black Metal) ferait parfaitement l'affaire.

                                                                                                  ***

    Je remarque que ce suivi lecture s'est rapidement transormé en un salon de discussion - Bourdieu, la musique, le barême de notes de LA... - ce qui me convient parfaitement et je remercie d'ailleurs pour cela les intervenants. Pour ce qui est du suivi en lui-même, je viens de finir La Nuit Obscure de Saint Jean de la Croix (très belle lecture) et même si j'ai très envie d'en parler ici, je vais essayer de garder ma résolution initiale : un point tous les trois livres lus.

    Autre chose, pour ceux que le monde de l'édition intéresse (ce qui n'est pas tellement mon cas, au fond) : j'ai vu aujourd'hui un ancien épisode de l'émission Strip-tease, sidérant par bien des aspects. N'hésitez pas à le regarder - surtout qu'il est en quelque sorte d'actualité, quelques semaines après le décès de Jean d'Ormesson.

    Dernière modification par Mirmont (15 Janvier 2018 21:07:20)

  • Ada

    Baby lecteur

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    #20 15 Janvier 2018 21:57:30

    Je suis avec attention votre débat, même si je n'y participe pas. Je connais très peu Bourdieu, donc je ne me permettrai pas de participer de toute façon.

    Juste quelques petites choses :

    Souffledevent a écrit

    Les injonctions culturelles sont multiples de toute façon, et personnellement je ressens des pressions aussi bien du côté de la culture de masse que de la culture disons "universitaire". Une question de position sociale, j'imagine...


    Je peux dire malheureusement la même chose. Je ne sais pas exactement quelle position sociale il faut pour avoir ce ressenti, mais je ne suis clairement pas en master 2. =D Je ressens aussi ces pressions de chaque côté, ce qui fait que je suis à la fois traité d'élitiste et de personne superficielle, c'est très agaçant, en plus d'avoir constamment l'impression d'avoir le cul entre deux chaises.

    Mirmont a écrit

    l'université la Distinction, lu de mon côté son petit opuscule "Sur la télévision" (qui ne m'a d'ailleurs pas laissé un souvenir impérissable)


    Deux questions :
    - Quelle est l'université la Distinction ? (je me doute que c'est un surnom mais je n'ai pas le jargon, désolée)
    - J'ai "Sur la télévision" dans ma PAL, en quoi ne l'as-tu pas trouvé génial ? Je crains de déjà connaître une grande partie de ses idées (elles sont facilement trouvables un peu partout, sans que son nom ne leur soit forcément attribué), mais je ne sais pas si c'est réellement une crainte bien fondée.