[Suivi Lecture] Mirmont

 
  • Cervus

    Lecteur fou

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    #201 12 Mai 2018 00:25:59

    Concernant Gide, je ne peux que te recommander chaudement Les Nourritures terrestres et Les Nouvelles Nourritures. Je n'ai encore lu que ces deux livres-là pour l'instant (Les faux-monnayeurs ne tardera probablement pas) mais ils m'ont marqué, surtout leur côté nietzschtéen.
  • honha

    Surfeur des couvertures

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    #202 12 Mai 2018 11:46:39

    Mirmont a écrit

    > Cachal_eau & honha

    Je suis justement en train de lire les Faux-monnayeurs et j'abonde dans le sens de honha : c'est une excellente lecture (à moins que le dernier tiers ne me démente tout à fait - ce qui a peu de chance d'arriver). Cependant, je mettrais - de manière parfaitement subjective - La Porte étroite et Paludes légèrement au-dessus. Les caves du Vatican en revanche m'ont laissé une impression assez faible : le propos, en dehors de la farce (de la sotie, pour parler gidien) et de la construction atypique et intéressante, m'a paru faible et assez mal exploité. En revanche, comme tout Gide, le style y est excellent - rien que pour cela ses oeuvres sont à conseiller sans réserve. Curieux également de lire Retour de l'U.R.S.S (qui n'est pas dans le volume que je lis actuellement, hélas).


    Bonjour Mirmont !
    En ce qui concerne Les caves du Vatican, outre le style de Gide j'avais bien aimé le côté absurde de l'histoire, et son passage sur l'acte gratuit. Je peux comprendre qu'il soit percutant que les autres cités. Cela dit, c'est un livre de nature différente.

  • Mirmont

    A la découverte des livres

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    #203 12 Mai 2018 15:17:46

    > Aealo

    J'ai pu découvrir dans le texte ces deux titres dans le volume de la Pléaide que je suis en train de lire. Mon attente était grande : en compagnie des Caves du Vatican et des Faux-monnayeurs, les Nourritures sont souvent comptées parmi les chefs-d'oeuvre laissés par Gide à la postérité. J'ai été pour tout dire un peu déçu : je n'ai pas été séduit par ce mélange d'un nietzscheo-épicurisme naïf (et pourtant, il n'avait pas encore lu Nietzsche au moment de la rédaction des NT) et d'un orientalisme lyrique exalté et par trop mielleux. Cette ode à la joie m'a parue un peu indigeste et décousue (et pour tout dire : un peu fausse et superficielle). Ce ne furent pas non plus de mauvaises ou même médiocres expériences de lecture : le style, encore une fois, y est très bon.

    Voici, pour le moment, les notes attribuées (sur 20) aux ouvrages de Gide :

    - Le Voyage d’Urien : 14
    - Paludes : 18
    - Les Nourritures terrestres : 11
    - Les Nouvelles nourritures : 12
    - Le Prométhée mal enchaîné : 15
    - L'Immoraliste : 14
    - La Porte étroite : 18
    - Isabelle : 15
    - Les Caves du Vatican : 13
    - La Symphonie pastorale : 16

    Je n'ai pas noté les oeuvres très courtes ou très particulières (Le Traité du Narcisse, Le Retour de l'enfant prodigue...).

    > honha

    En ce qui concerne Les caves du Vatican, outre le style de Gide j'avais bien aimé le côté absurde de l'histoire, et son passage sur l'acte gratuit. Je peux comprendre qu'il soit percutant que les autres cités. Cela dit, c'est un livre de nature différente.


    Je comprends qu'on puisse aimer ce livre (d'ailleurs je l'ai globalement apprécié également et j'ai pris beaucoup de plaisir à le lire) ; seulement dans un style finalement peu éloigné, les Faux-monnayeurs me parait nettement supérieur. Bon, encore une fois, c'est avant tout une affaire de sensibilité personnelle : globalement, tout est bon voire très bon chez Gide. Je n'en ferai pas mon auteur de chevet (expression peu appropriée par ailleurs : je ne lis jamais au lit...) mais Je ne compte pas m'arrêter ici avec lui : j'ai acheté la semaine dernière l'épaisse correspondance entre Gide et Valéry que je lirai sans doute dans les prochaines semaines (même si d'autres choses très bien et aussi copieuses m'attendent également...).

  • Cervus

    Lecteur fou

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    #204 12 Mai 2018 19:14:30

    Même si visiblement ce livre a eu plus d'effets sur moi que sur toi, je vois tout à fait ce que tu veux dire par "naïf" et (surtout) par "trop mielleux". Le terme le plus probant c'est "décousue", c'en est même indéniable. Après comme tu l'as si bien dit toi-même : c'est avant tout une affaire de sensibilité personnelle.
    J'ignorais qu'il n'avait pas encore lu Nietzsche au moment de la rédaction des NT. J'en suis même assez étonné tant certaines touches nietzschéennes se font sentir. Dans ce cas, rien d'étonnant par contre qu'il ait été sensible aux textes de l'Allemand. Pour le côté épicurien, je ne saurais dire car Epicure se trouve dans ma pal, je n'en ai encore rien lu jusqu'ici.
    J'ai également dans cette même pile : La symphonie pastorale, Isabelle et La Porte étroite. Donc lorsque je vois les notes que tu leur as attribuées (surtout par rapport à NT), je ne peux que me réjouir du moment où je les lirai. Je ne tarderai à lire Les faux-monnayeurs non plus.
    Merci pour ton avis en tout cas!
  • Mirmont

    A la découverte des livres

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    #205 13 Mai 2018 15:52:51

    La symphonie pastorale, Isabelle et La Porte étroite.


    Ces lectures, en particulier la Symphonie pastorale et la Porte étroite, risquent fort de dépayser un amateur des Nourritures ; on est ici sur un autre versant des préoccupations de l'auteur, marqué par les références religieuses issues de son enfance et plus profondément (et précisément), me semble-t-il, sur la question de la grâce. Je ne veux pas conditionner tes lectures, j'espère que tu prendras tout de même plaisir à aborder ce pan du corpus gidien.

    Merci pour ton avis en tout cas!


    Je t'en prie, merci également pour cet échange autour des oeuvres de Gide. J'en reparlerai rapidement ici une fois mon volume terminé.

  • Cervus

    Lecteur fou

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    #206 14 Mai 2018 13:43:19

    Mirmont a écrit

    La symphonie pastorale, Isabelle et La Porte étroite.


    Ces lectures, en particulier la Symphonie pastorale et la Porte étroite, risquent fort de dépayser un amateur des Nourritures ; on est ici sur un autre versant des préoccupations de l'auteur, marqué par les références religieuses issues de son enfance et plus profondément (et précisément), me semble-t-il, sur la question de la grâce. Je ne veux pas conditionner tes lectures, j'espère que tu prendras tout de même plaisir à aborder ce pan du corpus gidien.

    Merci pour ton avis en tout cas!


    Je t'en prie, merci également pour cet échange autour des oeuvres de Gide. J'en reparlerai rapidement ici une fois mon volume terminé.


    De même, je te reparlerai également de Gide dés que j'en ai lu à nouveau un.

  • Mirmont

    A la découverte des livres

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    #207 24 Mai 2018 15:37:09

    Trois derniers livres lus...

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    Les Contrerimes de Paul-Jean Toulet (première édition en 1921) - Avec les contrerimes, coples, chansons et dixains, ce recueil reprend l’essentiel des oeuvres poétiques de l’écrivain béarnais. On y découvre une poésie légère et lêchée, souvent fantaisiste et ironique. Pas inoubliable à mon avis mais ce travail formel et cette originalité dénote d’un grand talent d’écrivain - j’ai hâte de découvrir ses romans. 13/20.


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    Romans, récits et soties d'André Gide (volume paru en 1958) - Compilation d'une vingtaine de récits gidiens initialement parus entre 1891 et 1946, ce volume de la Pléaide  permet une large découverte des principales oeuvres de Gide. Quelques légères déceptions largement compensées par de superbes découvertes et de belles confirmations. Le volume s'achève avec Thésée, son dernier ouvrage, qui - style à part - ne m'a guère emballé mais dont la confrontation finale entre Œdipe et Thésée est une admirable synthèse des grandes lignes de tension qui traverse toute son oeuvre (pour schématiser : Les Nourritures terrestres contre La Porte étroite), avec un dernier paragraphe testamentaire très émouvant. Un grand écrivain dont je ne me sens - contrairement à quelques autres - guère proche mais que je ne peux qu'admirer. Quelques délicieuses semaines de lectures, cela vaut bien un 17/20 (même si la moyenne des notes attribuées aux oeuvres est plus proche de 14/15).


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    Énéide de Virgile (fin du Ier siècle av. J-C) - Magistral récit sur la fondation (légendaire) de Rome, épopée parodiant* Homère et narrant les errances d’Enée de la chute de Troie aux batailles dans le Latium (en passant par, entre autres, Carthage et les enfers), l’Énéide est le poème majeur de Virgile appartenant à un genre  plus élevé que les Bucoliques et les Géorgiques, textes antérieurs (je dois néanmoins avouer une certaine préférence parmi les trois pour les Bucoliques, pour la grâce, la simplicité et la mélancolie qui s’en dégage). Passionnant, rythmé, mêlant l’épique, le tragique, le fantastique et même parfois le comique : on ne s’y ennuie jamais. Je précise que je l’ai lu dans la magnifique édition (un peu onéreuse certes) parue chez Diane de Selliers, qui propose une nouvelle (et plutôt estimée semble-t-il) traduction établie par Marc Chouet et dans laquelle le texte est mis en miroir (parfois pertinemment, parfois moins) avec des mosaïques et fresques antiques, ce qui ajoute au plaisir de lecture. 19/20.



    * Terme inapproprié : voir la juste remarque d'Augustine un peu plus bas

    Dernière modification par Mirmont (29 Mai 2018 15:44:58)

  • Cachal_eau

    Espoir de la lecture

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    #208 28 Mai 2018 12:49:27

    D'abord, je dois exprimer ma jalousie (heureusement elle n'est pas très grande) pour ton livre aux éditions Diane de Selliers vu que je bave depuis longtemps devant leur édition des romans de la table ronde.

    Ce préambule fait, ma lecture de Virgile est trop lointaine pour que je puisse en parler in extenso mais je me rappelle avoir beaucoup aimé jusqu'au moment où Enée quitte Carthage puis arrivé au Latium, j'ai trop senti le service commandée. Avec les énumérations qui me lassent tant dans l'Iliade en surplus.

    Sinon, je vais continuer à lire Gide. Par rapport à l'ensemble de son œuvre, tu avais pensé quoi des faux-monnayeurs?
  • Mirmont

    A la découverte des livres

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    #209 28 Mai 2018 17:23:03

    Ta jalousie est justifiée : les ouvrages édités chez Diane de Selliers sont superbes. Je précise toutefois que mon volume de l'Énéide est issu de leur collection secondaire (la petite collection) et par conséquent était abordable (une soixantaine d'euros) du moins relativement à ceux de leur collection principale dans laquelle les prix oscillent entre 200 et 350 euros. Il n'empêche : même dans cette collection bis, ce sont de très beaux objets !

    Je partage ton avis concernant l'Énéide : les épisodes de la chute de Troie, de Didon à Carthage et de la descente aux enfers m'ont plus intéréssés que ceux des batailles finales au Latium, qui ne manquent certes pas de panache mais sont peut-être un peu trop redondantes et épiques pour moi. Mais cela se lit toutefois avec un grand plaisir jusqu'à la dernière page, à mon sens.

    En ce qui concerne les Faux-monnayeurs, si je n'en fais pas le sommet de ce que j'ai pu lire de Gide, j'ai véritablement apprécié le roman, l'intelligence de sa construction l'intertextualité constante et plus simplement la variété des personnages. Ce fut une excellente lecture pour moi (à laquelle j'aurais volontiers attribué un 16/20 si j'avais eu l'occasion de le noter sur LA - je ne suis pas loin de ton 15 !).
  • Augustine Barthelemy

    Apprenti Lecteur

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    #210 29 Mai 2018 08:07:00

    Bonjour,

    j'aimerais savoir pourquoi, au sujet de l'Enéide, tu dis qu'elle parodie Homère ? L'épopée a toujours été le grand genre, celui qui vous met au panthéon des poètes. De ma lecture certes lointaine de Virgile, je ne me souviens pas d'y avoir trouvé une intention parodique. De l'imitation, oui, mais ça, c'est normal.