#437 26 Mai 2018 14:38:50
“ Ils débarquèrent à Birckenhead et empruntèrent le long passage couvert en dos d’âne qui mène du quai à la place de la gare. Ils se tenaient par la main et, comme des milliers et des milliers de couples d’amoureux ce dimanche-là dans tout le Royaume-Uni, ils se persuadaient qu’ils entreprenaient quelque chose que personne n’avait encore réussi avant eux. Juste comme ils redescendaient la pente légère, après avoir franchi la bosse centrale du passage, un homme se dressa devant Francis, lui plaquant la main sur la poitrine pour l’arrêter. Bessett vivait tellement dans un autre univers depuis qu’il avait rejoint Maureen qu’il mit un certain temps à reconnaître le type de L’Arbre et le Cheval qui voulait lui prendre son paquet. La foule coulait autour du trio arrêté, pareille au ruisseau se divisant en plusieurs branches pour contourner l’obstacle qu’il ne peut submerger. Avant que Francis et Maureen ne fussent revenus de leur surprise, l’homme au costume à carreaux grogna :
— C’est fini la plaisanterie, oui ? Monsieur a terminé son numéro ?
Décidément, cet individu devait être fou ! Mais fou ou pas, Francis ne le laisserait pas se mal conduire en présence de Maureen. Très sec, il demanda :
— Qu’est-ce que vous me voulez à la fin ? Je ne crois pas vous connaître, il me semble ?
Le visage de l’autre tourna au rouge sombre :
— Alors, ça continue ? Monsieur persiste à faire le guignol ?
Maureen intervint :
— Qui est-ce, Francis ?
L’inconnu se tourna légèrement vers l’Irlandaise :
— Vous, la môme, je vous conseille de pas la ramener !
La fille de Patrick O’Mulloy ne goûtait pas du tout cette manière de s’exprimer et, oubliant ses bonnes dispositions de demoiselle modeste partant, à la campagne avec son chevalier servant, elle se recula légèrement pour donner plus d’élan à sa jambe et de la pointe de sa chaussure décocha un maître coup dans le tibia du gros type qui ne put retenir un cri, tandis que miss O’Mulloy annonçait :
— Avec les compliments de la môme… Enchanté de cette démonstration d’énergie de la part de sa compagne, Bessett ne pensa pas utile d’insister :
— Et maintenant, mon vieux, fichez-nous la paix, hein ? “
Voilà un extrait de Amour et sparadrap pour vous donner une idée du style de l’auteur :)
Dernière modification par SheilaPendragon (26 Mai 2018 14:39:22)