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#41 31 Décembre 2020 21:20:24
Programme de lecture : Année 2021
Auteurs à lire en priorité :
-Marcel Aymé- Marc Bloch- Maurice Barrès-J.A de Gobineau
-Léon Bloy- Jacques Julliard
- L-F Céline - Andrei Makine
-Eugène Dabit- Pierre Michon
-Jean Giono- Ernest Renan
-Knut Hamsun- Denis de Rougemont
- Ernst Jünger- Léon Tolstoï
- Richard Millet - Max Weber
- A. de St-Exupéry
-Jérôme & Jean Tharaud
-Henri Vincenot
Auteurs à lire en passant :
-Aron & Dandieu- Roger Caillois - Marcel Pagnol
- René Barjavel - F.R de Chateaubriand - Marcel Proust
- Georges Bernanos - Régis Debray - Jean Raspail
- Louis Calaferte - Norbert Elias- Georges Simenon
- Arthur Conan Doyle - René Fallet - John Steinbeck
-Léon Daudet-Romain Gary
- Joseph von Eichendorff - René Girard
- Mircea Eliade - Herman Hesse
-Witold Gombrowicz- Alain de Libera
- René Guénon - Jack London
-Aldous Huxley- Roger Martin du Gard
- Imre Kertesz - Guy de Maupassant
- Laszlo Krasznahorkai - Yukio Mishima
- André Maurois - Henry de Montherlant
-Jules Verne- Paul Morand
- Emile Zola - Paul Nizan
58 Auteurs pour cette année dont certains (mes marottes) à lire en priorité. Je vais commencer avec impatience la lecture de 3 "nouveaux" auteurs pour moi : Bloch, Renan et Weber. Pour le reste, quasiment aucune surprise.
Chantiers de lectures de l'année 2021 :
--HISTOIRE--
- Histoire de la IIIème République
- Haut Moyen-Age
-Moyen âge : de l'an mil à la Renaissance
- Histoire de Vichy
- Grèce Antique
- Rome Antique
- Histoire de l'Amérique du Nord 1492-1945
- Traites négrières
- Préhistoire/Protohistoire Européenne
- Mésopotamie ancienne
--Questions d'actualité--
- Ecologie/climat
- Médias
- Multiculturalisme/immigration/question identitaire
- Question juive
- Libéralisme et individualisme
- Philosophie du droit/Droits de l'homme
- Classiques de la philosophie politique
Une quinzaine de chantiers donc (le nombre est volontairement réduit par rapport à l'année précédente), ce qui semble amplement suffisant pour une seule année.Dernière modification par Widukind (30 Novembre 2021 23:17:03)
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#42 02 Avril 2021 22:23:47
Compte-rendu de lecture N°13 : L'esclavage raconté à ma fille de Christiane Taubira
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L'ouvrage de Mme Taubira, après lecture, s'avère bien faible. Certes on ne peut pas lui reprocher de n'être pas précise dans ce qu'elle raconte. Elle n'est pas historienne mais militante politique. Sur la forme, on retrouve le style d'écriture de Taubira, emphatique et précieux (mais moins que dans ses romans tout de même). Elle a malheureusement succombé à la mode d'écrire "pour sa fille, son fils ou sa grand-mère" tant répandue aujourd'hui. Et sa fille est soit un génie précoce soit très au fait de l'historiographie liée à l'esclavage. Presque aucun élève aujourd'hui en France ne serait capable de poser les questions que pose cette fille dans le livre.
De plus, sur le fond Taubira est très partiale, elle ne traite qu'une part du problème et elle le sait. Elle ne parle que très peu de la traite arabo-musulmane et l'assimile à un simple trafic de marchands dénué de racisme. Bien sûr, la traite transatlantique occupe une bonne partie de l'ouvrage et seules les anciennes puissances européennes sont invitées à reconnaitre les cimes contre l'humanité par elles commis. Il n'est à aucun moment fait mention de l'implication des empires africains dans l'organisation de la traite au départ et la vente des esclaves aux européens. Vous ne lirez jamais les noms dans son livre des principaux esclavagistes en terre d'Afrique (Tippo Tip, Tegbessou...). De plus elle cite des chiffres qui sont faux. Selon elle, le commerce triangulaire aurait déporté entre 15 et 30 millions de personnes et la traite arabo musulmane 14 millions. Or les historiens ne disent pas cela : ils s'accordent pour un chiffre entre 10 et 12 millions de personnes pour la traite transatlantique et 17 millions pour la traite arabo-musulmane. Nous n'avons aucun chiffre fiable sur la traite intra-africaine, mais de toute façon cette traite là n'intéresse pas Taubira.
Elle cite, et elle a raison, les grandes figures de la lutte antiesclavagiste et donc Toussaint Louverture. Mais elle oublie de dire au passage que T. Louverture possédait lui-même des esclaves sur sa plantation de café... Elle conseille également à sa fille de lire les ouvrages de Cheikh Anta Diop, dont on sait aujourd'hui que ses ouvrages sont totalement dépassés sur les plans historiques et linguistiques.
Elle reprend a son compte la thèse de l'historien marxiste Eric Williams sur le fait que l'Europe se serait enrichie pendant l'époque moderne grâce à la traite ce qui lui aurait permis de faire sa révolution industrielle précocement. Cette thèse a été démontée par les historiens et économistes (notamment Danvid Landes). Si tel était le cas, le Portugal (champion de la traite) devrait être aujourd'hui une superpuissance.
On peut au moins savoir gré à Taubira son opposition aux réparations financières. Elle parle de parler davantage du sujet de l'esclavage à l'école; Oui mais alors il faudrait évoquer tous les esclavages du début à la fin.Dernière modification par Widukind (03 Mai 2021 03:03:44)
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#43 21 Janvier 2023 13:58:37
Petit bilan de l'année écoulée concernant mes lectures. Pour le dire rapidement cette année fut assez catastrophique tant en terme de qualité que de quantité de lectures. Je suis parvenu péniblement à lire 70 ouvrages dont une quinzaine seulement sont dignes d'intérêt.
Parmi les ouvrages décevants figurent surtout des livres de témoignage dont je n'ai pas retenu grand chose (J. de Romilly, Paul Sérant, Bigeard) Je les qualifierai de "livres pour retraités" que l'on lit en les appréciant à l'aube de ses 75 ans lorsque l'on commence à faire le bilan des lectures d'une vie. D'autre part je me suis laissé à lire des livres d'auteurs dont je sais la nullité; citons parmi eux BHL ou encore Annie Ernaux (dont je n'avais rien lu mais prix Nobel oblige je me suis forcé). Son livre 'La femme gelée" a au moins le mérite de ne pas être long tout comme les autres romans de l'auteur d'ailleurs, mais on ne m'y reprendra pas. BHL sait rester fidèle à lui même, enchainant les pitreries conceptuelles comme d'autres enfilent des perles. Cela à un côté rassurant quelque part de ne pas le voir changer.
Beaucoup de livres de journalistes ont été lus pas vraiment à la hauteur non plus. Lorsque l'on passe du temps à ce genre de lecture tout de même un peu frivoles, ont est en droit d'attendre qu'elles soient satisfaisantes du point de vue des faits. Chez Davet et Lhomme, on a droit a un règlement de compte minable de deux journalistes en quête de renouvellement. Qu'il faut en avoir du temps à perdre pour lire 700 pages de cette camelote !
Je me suis également plongé dans des livres au cours de la période estivale dont je savais qu'ils n'étaient pas tout à fait au niveau des autres publiés par les auteurs. Je pense ici à Bernard Lugan et à ses souvenirs de jeunesse ou à sa nouvelle "Le banquet des soudards". Lui à du se faire plaisir à l'écrire; nous un peu moins à la lire. Qu'il se contente donc d'écrire des pavés sur l'histoire africaine puisque telle et sa spécialité.
Lus également, tout un tas de livres écrits par des auteurs de seconde zone et dont j'aurais pu largement m'épargner la lecture : des livres sur l'abstention aux élections, sur le réchauffement climatique... Des romans à la gomme où l'on passe un bon moment quant on les lit (Fabcaro, Paulo Coelho, Gary, Quignard, Maalouf, Atwood) mais dont il ne ressort pas grand chose d'intéressant au final.
Des essais également que l'on lit probablement plus pour se conforter dans sa vision du monde ou des ses opinions que pour une véritable stimulation intellectuelle. Je pense ici aux livres de Guilluy ou de B. Levet qui sans être dépourvus d'intérêt ne font que reprendre ce qui à déjà plus ou moins été dit par eux ou par d'autres dans des ouvrages plus anciens et mieux pensés.
Que pouvait-il bien ressortir de bon au terme de cette année de lecture bien moyenne ?
J'ai réussi tant bien que mal à poursuivre la lecture de mes écrivains oubliés préférés : Barrès dont j'espère pouvoir lire sa trilogie Allemande en cours d'année, plus les livres de l'historien Zeev Sternhell le concernant ainsi que ceux consacrés à la droite révolutionnaire des années 1880-1914 (une de mes marottes en somme), également découvert la littérature de Léon Daudet que je poursuivrai.
Je poursuis le lecture de Giono dont le Journal en Pléiade m'attend; la lecture de A. Makine qui n'est pas nul (encore un auteur pour retraités dans 30 ans); les romans de M. Eliade qui ne sont franchement pas terribles mais que je m'échine à vouloir lire dans l'ordre chronologique. J'ai enfin terminé "Les rois maudits" avec ce tome 7 dont on se demande bien pourquoi l'auteur l'a écrit.
Dans les bonnes lectures figurent les livres de voyage de Christian Dedet (qui mériterait d'être connu davantage), de S. Tesson et surtout de Sonia et Alexandre Poussin qui m'ont fait découvrir la véritable Afrique en dehors des récits misérabilistes des ONG et autres journalistes.
J'ai évidemment lus des romans policiers (j'ai fini l'œuvre policière {qui elle, n'est probablement pas terminée} de Fred Vargas), lu le dernier tome de la quadrilogie guyanaise de Colin Niel qui n'est pas son meilleur, un peu longuet.
Enfin et surtout, last but not least, quelques auteurs ont particulièrement retenu mon attention :
Philippe Fabry, théoricien de l'histoire dont les vues sont véritablement originales et qui méritent le coup d'être connues. Peut-être est il génial ? Peut-être simplement farfelu. Qui sait ? 'Le génie ne se distingue de la folie qu'à l'aune du succès' comme disait l'autre.
Autre écrivain dont je n'avais rien lu et qui va faire l'objet d'une attention accrue de ma part : Mikhail Boulgakov dont les récits d'un jeune médecin m'ont enchanté au cours d'une soirée de novembre. Encore un russe qui écrit bien.
Le bouquin de Pierre Manent sur l'histoire du libéralisme (petit mais dense) est sans doute ma meilleure lecture de l'année, disons la plus profitable. Il m'a permis de découvrir la pensée libérale sous un jour nouveau. Moi qui y était plutôt hostile (sous l'impulsion de l'impétueux Michéa). Je ne m'y suis pas encore converti mais au moins je la comprends mieux, à poursuivre donc.
Que m'attend-t-il maintenant ? L'année 2023 commence sous de bien meilleurs auspices. J'ai bien avancé dans Tolstoi et son intimidant Guerre et Paix, lu également Céline (évidemment) et dont des inédits vont encore paraitre en 2023. En sortira-t-on donc jamais de sa 'petite musique' ? Je poursuis G.G. Marquez dont la lecture me remémore les longues soirées languissantes passées en Amérique du sud à l'ombre de la chaleur écrasante des palmiers...
Je vais tacher de me tenir exclusivement à la lecture de classiques, d'essais un brin exigeants et de livres d'histoire en 2023 et ainsi éviter les scories et nullités de 2022. Je dois avoir pas moins de 500 livres en attente dans ma bibliothèque, il faudra bien les écluser un jour ceux la ! (et PAF, cinq années de lectures en perspective). Plus aucune lecture de prix Nobel qui n'auraient pas au moins 50 ans d'âge; ni de livres journalistiques sans intérêt, ni de littérature séduisante au premier abord mais avariée à l'arrivée. Je ne vous promets, chers lecteurs de ce modeste suivi lecture que du bon : de la Grèce archaïque sur laquelle j'espère pouvoir enfin avancer pour lire les Présocratiques puis Socrate puis Platon et Aristote (rien de moins), au moins un pavé sur la république romaine, un autre sur l'histoire de la Russie, celle de l'Afrique (Lugan quand tu nous tiens), il me faudrait aussi commencer la lecture d'ouvrages sur l'Italie médiévale pour comprendre le système des communes, arriver à Machiavel, lire son œuvre et la comprendre, lire le (très attendu par moi) livre de John Pocock à son sujet et ensuite passer à l'étude des guerres de religion. Pourquoi ne pas se ré-intéresser aux débuts de l'islam ? (une monumentale histoire du Coran vient de paraitre au Cerf). L'histoire ancienne de l'Inde me parait être une bonne idée; tout comme la poursuite de lectures sur le thème des Indo-Européens. Il va falloir lire aussi de ces esprits farfelus ou théoriciens géniaux mais encore peu connus dont j'ai découvert quelques spécimens (Fabry déjà cité, Julian Jaynes, Philippe Guillemant, Jean-Pierre Petit, David Cosandey...)
Lire également d'innombrables bandes-dessinées non répertoriées ici mais qui figurent sur le compte Widukind BD.
Et tout cela bien sûr en poursuivant la lecture des quelques 200 auteurs dont je lis toujours l'œuvre dans l'ordre chronologique. Eh bien, bon courage l'ami, tu n'es pas sorti du sable !
A tout ceux qui ont eu le courage de lire ce post jusqu'à son terme : Excellente année de lecture 2023 ! (Mais ne l'ai-je pas écrit pour moi finalement, ce post interminable?)Dernière modification par Widukind (28 Janvier 2023 20:02:43)
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#44 02 Février 2023 21:25:25
:cachecache: Pour ma part l'année dernière était très bonne (à part sur la fin) et c'est celle-là qui s'annonce beaucoup plus parsemée niveau lectures.
Franchement je me demande comment t'as fait pour lire un livre de BHL ! :goutte:
Par contre pour bien se marrer il y a un florilège de ses inepties dans Vendre la guerre de Pierre Conesa.
Tu n'as pas l'air d'avoir trop apprécié le Philippe Bihouix ? Moi je l'aime bien à part qu'il est trop dur avec le nucléaire, notre seule planche de salut.
Guilluy et Levet je suis assez d'accord mais c'est vrai que bon... En plus Guilluy il écrit vraiment mal je trouve, c'est pénible à lire au final.
Dommage sinon c'est un bon gars. :chaispas:
Faudra vraiment que je lise Pierre Manent surtout que je dois être très biaisé par Michéa. :grat:
Sinon d'après un pote spécialiste de Machiavel ça aide beaucoup d'avoir lu Aristote avant si jamais t'avais prévu de ne pas suivre cet ordre.
Le petit pro tip du mec qui n'y connait rien mais bon. =) -
#45 05 Février 2023 20:27:18
Bonjour cher Floxy,
J'ai eu l 'occasion de lire depuis quelques années plusieurs livres de BHL avec toujours la même déception. A vrai dire je ne m'attends jamais à grand chose avec lui mais je me demande toujours comment une boussole peut indiquer le sud avec autant d'exactitude que lui. Montée à l'envers sans doute...
J'ai plutôt apprécié le livre de Bihouix que je suis depuis quelques années (d'où mon 13/20 -> je suis moins sévère que Livraddict sur la notation, cette note reste très honorable pour moi). C'est vrai que le nucléaire est trop souvent dénigré chez nous dû sans doute à un puissant courant d'idées post Tchernobyl et post Fukushima qui à su instiller la peur de cette incroyable source d'énergie, au point de faire plier nos dirigeants politiques. Il faut bien dire qu'ils plient devant tout. Pour paraphraser le roi Loth : N'importe qui pourrait les pousser à dire n'importe quoi du moment qu'il parle un peu fort.
D'accord avec toi pour Guilluy qui écrit vraiment très mal et en plus il réécrit toujours le même bouquin depuis qu'il a eu accès à la notoriété. Michéa réécrit aussi souvent la même chose mais avec un bien meilleur style et une réelle profondeur historique.
B. Levet est une énième épigone de la droite conservatrice qui écrit pas trop mal mais je ne vois pas vraiment ce qu'elle apporte au débat à part dire que le niveau intellectuel général baisse. Ce que dit un Finkielkraut depuis 40 ans en somme...
Je te recommande Manent, je vais d'ailleurs poursuivre ma redécouverte des auteurs libéraux. Hobbes et Locke en tête mais ce ne sera probablement pas pour cette année. Mon programme est déjà bien chargé.
Merci pour le conseil pour Aristote et Machiavel. Je ne pense pas avoir le temps de commencer Aristote avant Machiavel au risque de ne pas tout saisir. J'ai déjà 2/3 bouquins à lire sur l'Italie médiévale avant de l'intéresser à Machiavel et il faudrait que je lise quelques bouquins d'histoire supplémentaires sur la Grèce classique avant de commencer Platon PUIS Aristote. Quel enfer !
J'attends avec impatience de voir tes prochaines lectures, toujours aussi originales et inattendues. -
#46 12 Mars 2023 17:29:16
Compte-rendu de lecture N°14 : Beaufs et barbares de Houria Bouteldja
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Avec Houria Boutelda, lorsqu'on lit ses livres on a au moins l'impression de ne pas perdre son temps et d'avoir quelqu'un qui nous dit ce qu'elle pense de manière brute sans fioritures. On gagne du temps comparé à toute la pseudo-sociologie universitaire moderne qui elle passe son temps à enrober ses faux-concepts avec un jargonnage bien superflu.
De quoi est-il question ici ? Bouteldja a progressé depuis son dernier livre, elle accepte maintenant de faire un pas avec les prolétaires Blancs qu'elle honnissait avant, les considérant avant tout comme des racistes incurables.
Elle reprend sa vieille marotte consistant à dire que les Etats européens et la France en tête sont des constructions avant tout raciales et ce depuis la découverte des Amériques. Il a bien fallu considérer l'autre (l'indigène du Nouveau monde; l'indien comme un être inférieur pour pouvoir le piller) -> cf La conférence de Valladolid et tout le tremblement.
S'ensuit que le richesse de l'Europe provient du pillage du nouveau monde et de la réduction des africains en esclavage (la thèse de l'historien marxiste Eric Williams et son livre Capitalism and slavery paru en 1944) Cela a largement été démonté depuis mais Bouteldja n'en tient pas compte.
L'Etat racial français a ensuite scellé un pacte avec les prolétaires blancs à la suite de la seconde guerre mondiale. Les petits Blancs avaient le droit à une part du gâteau capitaliste tant qu'ils ne créaient pas de révoltes sociales dans le pays. Cette alliance se faisant au détriment des prolétaires immigrés qui eux n'avaient le droit à rien, éternelles victimes du racisme de cet Etat racial/social (le concept est d'elle).
Pour Bouteldja pour lancer la lutte contre l'Etat racial, on ne peut même pas compter sur le PCF ou la CGT car ces deux organes ont largement collaboré et pendant des décennies à la marginalisation des immigrés pour assurer uniquement la défense des prolétaires blancs. Ce chapitre est de loin le plus intéressant du livre car l'autocritique est assez rare chez les militants de la gauche radicale. On m'objectera - et on aura raison - que la gauche radicale de Bouteldja n'est pas la même que celle de Fabien Roussel qu'elle étrille d'ailleurs dans le livre lui reprochant d'être lui aussi un collabo de l'Etat racial.
Alors que faire puisque l'Etat est tout puissant et que les opposants sont quasiment tous des collabos qui conspirent contre les immigrés. Quel peut donc être ce "pari du nous" qui est le sous titre du bouquin ?
Le pari que fait Bouteldja est que nous ne sommes plus au temps des Trente Glorieuses et que la contestation sociale est en train de reprendre puisque les petits blancs auxquels on avait promis une part du gâteau n'ont plus que quelques miettes à se partager et qu'elles sont de moins en moins grosses. Donc le prolétariat Blanc s'énerve et menace de briser le pacte social/racial avec l'Etat. Et c'est dans cette brèche que Bouteldja compte bien s'engouffrer. Si les immigrés n'ont pas participé aux révoltes des Gilets Jaunes, ils ont au moins soutenu (de loin) cette contestation. Ils n'y ont pas participé selon elle car ils ne se sentent pas vraiment de points communs avec ces petits blancs chauvins, plus ou moins racistes et électeurs du FN/RN. Alors la seule chose à proposer c'est l'alliance avec ces petits blancs mais A CONDITION QUE ces derniers abandonnent leur culture, leur histoire, leurs traditions forgées par l'impérialisme racial des 500 dernières années. Elle demande en gros à la masse des prolétaires français de changer de culture, de mentalité, de héros ( remplacer De Gaulle par Rosa Parks, Jaurès par Malcolm X etc.). C'est pour elle la condition sine qua non au pari du nous. Autant dire que les conditions sont tellement draconiennes que l'alliance n'est pas prête d'avoir lieu.
Le plus surprenant est sa critique de l'UE dans le dernier chapitre. L'UE est la nouvelle entité oppressive, il faut donc en sortir. Elle reprend ici quasiment les arguments d'un F. Asselineau. Et elle prône un retour à l'Etat-nation (pas sûr que cela plaise à la gauche radicale) mais un Etat-nation post-racial. Elle s'oppose donc ici en partie à l'internationalisme de la gauche radicale.
PS : en prime, elle nous offre un hommage paradoxal à Alain Soral et certaines piques qui ne vont pas manquer d'exacerber ses camarades féministes. -
#47 26 Mars 2023 18:27:53
Donc si j'ai bien compris le propos d'Houria Bouteldja, la condition d'union est l'assimilation ? En reprenant les propos des "beaufs qui ne votent qu'à droite", je doute très fortement que, depuis leurs points de vues, ils souhaiteront s'assimiler à une culture qui n'est pas la leurs, au sein "de leurs territoire". En gros, on demande du jour au lendemain sous prétexte de réparation, à des habitants d'un immeuble de non seulement accueillir sans accord, au sein de leurs appartements des colocataires, mais également d'oublier, supprimer leurs affaires, meubles, décors qu'ils devront remplacer par le bon vouloir, les goûts de l'arrivant colocataire ?
En quoi cette thèse aboutit à un projet d'union, en paix ? Quiconque ayant connu la promiscuité, que ce soit habiter avec ses parents comme faire une colocation étudiante, sait qu'à un certain moment, juste par habitude, on ne peut plus supporter l'autre car chacun à besoin de sa bulle d'air. Cette idée ne peut qu'aboutir à de la violence à long terme.
Et je suis désolé, mais la "condition blanche" comme la "condition indigène" ne sont pas des termes clairs. Parce que la condition d'un rentier, d'un cadre, d'un académicien est bien meilleure sur tout les plans, indépendamment de la couleur de peau et du sexe que celle d'un prolétaire. C'est une question de position sociale, Mme Nadège Abomangoli a un revenu plus élevé que le miens.
Les propos de Mme Bouteldja : "On créé du racisme en pointant du doigt l'existence des races sociales, qui sont en réalité un produit de l'histoire et du pouvoir".
Que fait Mme Bouteldja dans ses livres ?
On remerciera Thomas Guénolé pour son intervention, dans cette émission (à partir de 15m18), bien qu'il s'agisse d'un ouvrage précédent de la militante.
Néanmoins lecture intéressante qui permet de situer la pensée d'une communauté, merci pour ce compte-rendu.Dernière modification par Ailleurs (26 Mars 2023 18:28:54)
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#48 31 Mars 2023 18:47:02
Merci pour ton commentaire Ailleurs. Tu as bien résumé le fond de sa pensée. Une assimilation inversée en somme.
Compte rendu de lecture N°15 : Sept Jours 17-23 juin 1789 : La France entre en révolution de Emmanuel de Waresquiel
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Comme le souligne l'auteur, les livres consacrés aux débuts de la révolution française et en particulier aux séances des Etat-Généraux ne sont pas légion. On préfère faire généralement commencer, par commodité, la Révolution avec la prise de la Bastille.
Waresquiel comble ce vide avec ce livre qui traite de cette semaine fatidique de juin 1789 qui va à jamais changer la face la France. La composition du livre est elle-même singulière : les chapitres sont très courts ; ils traitent des événements au jour le jour voir heure par heure du point de vue des députés autant que du point de vue de Versailles. Ces chapitres alternent à leur tour avec des retours en arrière ou des courtes biographies de personnages célèbres. Les sources sont quasi exclusivement des Mémoires ou comptes rendus publiés à l'époque. On sait que l'auteur n'est pas un compilateur mais a un sens aigu de la recherche dans les archives, surtout celles qui n'ont encore jamais été explorées. Le livre se lit comme un roman, le récit est mené tambour battant aidé par un très beau style et des remarques pleines de sagacité de l'auteur. Nous évitons à la fois la lourdeur universitaire et la trop grande légèreté des livres d'histoire grand public.
L'auteur nous fait voyager entre la salle des Menus-Plaisirs, la province, les appartements du roi et réussit à capturer l'ambiance qui régnait dans ces journées à nulle autres pareilles. Il réussit à rendre à merveille la radicalisation progressive des députés du Tiers. Ceux-ci ont été travaillés depuis des années par les sociétés de pensées (très bien décrites par ailleurs par Augustin Cochin dans sa 'Machine révolutionnaire") et la cherté de la vie à quoi s'ajoute une crise frumentaire et un chômage galopant ont tôt fait de tourner l'atmosphère à l'orage. Tout s'annonçait donc mal début mai à l'ouverture des Etat-généraux.
Quelques petits défauts émergent du livre à mon avis. Autant l'histoire de la révolution française fut longtemps marquée (emprisonnée) par la pensée marxiste, autant Waresquiel prend le parti pris adverse et cela se sent souvent dans ses commentaires (ce n'est pas non plus Pierre Gaxotte, il ne faut pas exagérer). Les députés du Tiers sont assez souvent dépeints comme des opportunistes sans grand talent ou des jaloux de la noblesse. Il fait des portraits très peu élogieux voire au vitriol de personnages comme l'abbé Siéyès, le peintre David, ou encore Mirabeau. Marie-Antoinette, elle, s'en tire à très bon compte. Il démontre très bien enfin, que la Révolution est avant tout celle d'une nouvelle couche de la population, celle de la bourgeoisie. Le grand absent reste finalement la majorité de la population : la paysannerie.
ATTENTION : Dans la version poche du livre (collection Texto chez Tallandier) j'ai eu la mauvaise surprise de m'apercevoir qu'il y avait une grosse erreur d'impression et visiblement elle ne concerne pas que mon exemplaire. Une trentaine de pages sont en double (ce qui n'est pas trop grave). Par contre, une trentaine de pages sont aussi manquantes (pages 240 à 273) et c'est bien dommage car elles concernent l'événement majeur de cette fameuse semaine : le serment du Jeu de Paume. Tant pis pour moi.Dernière modification par Widukind (01 Juillet 2023 17:26:30)
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#49 01 Juillet 2023 17:25:31
Compte-rendu de lecture N°16 : Rester barbare de Louisa Yousfi
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Après avoir lu le livre de Houria Bouteldja Beaufs et barbares, je poursuis ma découverte des auteurs décoloniaux dont madame Yousfi semble être une des vedettes à l'heure actuelle. Elle intervient régulièrement sur la chaine Youtube Paroles d'honneur et y discute de thèmes identitaires.
Son livre est très court et est une sorte de longue digression d'une centaine de pages sur le thème du refus complet de l'assimilation à la culture française. Elle part de citation d'auteurs comme Kateb Yacine ou Chester Himes et en fait des commentaires. Elle y invite les indigènes (comprendre jeunes de banlieues en déshérence) à garder en eux leur part de barbarie, c'est à dire tout ce qui est étranger à la France. Malheureusement, elle n'arrive jamais à définir ce qu'est le barbare ni quelle pourrait être son identité. Car il ne suffit pas de rejeter la culture du pays d'accueil pour que cela donne automatiquement une nouvelle identité. La lutte et la confrontation peuvent agréger des gens de manière conjoncturelle mais lorsque la lutte se termine (après une défaite ou une victoire) il faut penser à la phase de construction. Précisément ce qui est éludé ici par Madame Yousfi.
Contrairement à H. Bouteldja, qui pense, elle, que les indigènes barbares peuvent encore rallier les beaufs à condition que ces derniers renoncent à leur culture d'origine, Louisa Yousfi va plus loin. Pour elle, il semblerait que les barbares et les français soient deux entités différentes et donc il faudrait en tirer les conséquences : aucune alliance n'est possible entre les deux. Sans le dire explicitement, elle en appelle à la sécession de la partie des immigrés qui serait opprimée, méprisée etc mais tout en restant sur le territoire français. Elle semble ne pas se rendre compte du ferment de guerre civile que ses analyses pourraient engendrer. De plus, elle ne se rend pas non plus compte que le problème n'est pas la culture française en soi (qui n'est selon elle qu'une culture raciste, colonialiste, oppressive...) mais bien l'absence totale de culture de ces descendants d'immigrés qui ne maitrisent absolument pas les référents culturels des leurs parents ou grand-parents qui ont vécus dans des pays étrangers. Pas plus qu'ils ne maitrisent la culture française qui est tant dénigrée aujourd'hui (la France moisie dont parlait Sollers).
Cela n'est pas étonnant donc si parmi ses références on trouve le groupe de rap PNL, que je ne connaissais pas et dont j'ai découvert les morceaux. PNL est une sorte de conjugaison entre l'analphabétisme et le mal-être socio culturel. Le temps des chanteurs poètes qui composaient des chansons acérées, subtiles et puissantes (Léo Férré...) est révolu dans la gauche révolutionnaire. Le lumpenprolétariat et ses musiciens illettrés sont la nouvelle source d'inspiration. Drôle d'époque ! -
#50 13 Juillet 2023 10:06:41
En lisant ton compte-rendu, j'ai des questions à poser à madame Yousfi :
1) Etant donné que pour vous, la culture française est raciste, comment expliquez-vous que vous ayez l'emploi de journaliste dans un grand média ? (Médiapart).
2) Comment expliquez-vous que la volonté de ne pas s'assimiler à la culture française ne découle pas d'un refus de la République ainsi qu'à ses lois ? (N'y-a-t-il pas des textes de loi sur l'appel à l'insurrection et au trouble à l'ordre public ?).
3) L'utilisation de "l'expression de la pensée" par la liberté d'expression n'est-il pas un prétexte pour émettre des idées dangereuses ?
Apparté : Cela met en doute ma croyance en la liberté d'expression, si c'est pour produire des immondices pareils... Poutant je suis en faveur à ce que chacun explique sérieusement ses idées. Or je vois qu'il y a de moins en moins de personne pouvant conceptualiser les conséquences de leurs idées, et c'est très grave.
4) Comment expliqueriez-vous aux autorités que votre discours n'est pas une tentative d'instrumentalisation des indigènes afin de déstabiliser le pays ?
Réponse réthorique imaginée : Je n'ai pas défini dans mon ouvrage ce qu'est la barbarie. Libre à chacun d'entendre ce qu'il veut. Par conséquent, je ne peux pas être tenu responsable des actes des personnes ayant lu mon livre.
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"Pour elle, il semblerait que les barbares et les français soient deux entités différentes et donc il faudrait en tirer les conséquences : aucune alliance n'est possible entre les deux."
Ses propos démontrent bien un pensée raciste, qui servira d'enclume aux racistes. En divisant les gens arbitrairement, binairement et par origine en les regroupants dans des catégories diamétralement opposées, insolubles.
Un parfait exemple de la bombe idéologique qui rend les rues et les voitures calcinées. Une volonté voulue ou émergeante de justifier """philosophiquement""" des délits, crimes.
Cet ouvrage est illégal, incite à enfreindre la loi, ce qui est au final cohérent puisqu'il incite à "rester barbare"...
Je ne sais plus qui disait ça : "la connerie s'est mise à penser".
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