Besoin d'avis constructifs et bienveillants :)

 
    • Soosso

      Livraddictien débutant

      Hors ligne

      #1 28 Août 2018 09:43:47

      Bonjour,
      je n'ai jamais échangé sur un forum et encore moins partagé un de mes écrits. Cependant, depuis quelques jours je suis prise d'une envie irrépressible de faire lire cette histoire dont les différents passages jaillissent de mon esprit à chaque instant.
      Je vais me permettre de vous racontez un partie de ma vie afin que vous puissiez mieux appréhender l'importance que cet écrit à pour moi. Depuis aussi longtemps que je m'en souvienne, la lecture et l'écriture m'ont toujours servit d'exutoire surtout après l'accident de mon petit frère qu'y est survenue quelques jours avant mon 10ème anniversaire. 
      Cependant, j'ai arrêté d'écrire et de lire en entamant ma première relation amoureuse réellement sérieuse il y a un peu plus de deux ans. Aveuglée par l'amour, je n'ai pas réalisé que je m'engageais avec une personne toxique. Au début, il voulait seulement que j'arrête de fumer et de boire, puis il a commencé à me demander d'éviter mes amis et ma famille. Je me suis retrouvée isolée, emprisonnée dans la vie d'une femme au foyer, couplant un emploi dans un fast-food le soir et le week-end et un service civique sur la semaine pour un total de 60 heures par semaine sans compter le travail personnel que me demandait le montage de projet pour ma mission. Et pourtant, chaque soir en rentrant à 23h30 je me retrouvais à cuisiner et chaque jour de repos à faire la lessive, le ménage et les papiers. Mon état de santé a commencé à se dégrader et sans comprendre se qu'il m'arrivait, j'ai fini en arrêt maladie forcé sous opiacés pour calmer la douleur et me permettre de dormir. La situation a duré 4 mois et notre relation s'est considérablement dégradée. Il m'a annonçait qu'il fallait quitter notre logement une semaine avant que le préavis se finisse, profitant de la situation pour me quitter. Je dois avouer que pendant un mois, nous avons continué à se tourner autour mais l'éloignement m'a permit de réaliser à quel point ses intentions étaient égoïstes. Cela fait maintenant 2 mois que je suis célibataire et je dois dire que ce sentiment de liberté m'avait manqué.
      Je tiens à préciser que j'ai ma part de tort dans cette histoire et que je ne suis pas exempte de défauts. Cependant, je n'ai jamais cherché à changer la personne qu'il était et je n'ai jamais envisager de le laisser dans une situation précaire comme il l'a fait.
      Cette histoire aurait pu finir beaucoup plus mal, j'aurais très bien pu finir à la rue si ma mère ne m'avait pas soutenue et malgré la douleur, cette rupture m'a permis de retrouver le chemin des études, ma famille et surtout l'écriture.

      Bref, tous ce blabla pour finalement introduire l'objet de ce post !
      Si je m'adresse à vous aujourd'hui, c'est parce que je viens de commencer l'écriture d'une histoire qui me trottent dans la tête depuis un moment. Après un débat intérieur vigoureux, j'ai enfin pris ma plume ou plutôt mon clavier pour poser des mots sur ses royaumes lointains et ses personnages uniques qui se dessinaient dans mon esprit.
      Malgré ma motivation, l'un de mes principales problèmes à refait surface : mon manque de confiance en moi.
      L'inspiration jaillit de ma tête mais à peine a-t-elle commencé à atteindre mes mains qu'elle s'évapore. Alors, je me suis dis que j'allais faire lire mon premier chapitre afin de recueillir des conseils pour améliorer mon récit.  Aujourd'hui arrivée à la fin de mon 2ème chapitre, je me retrouve bloqué, remettant en question chaque mots et je pense que temps que je n'aurais pas reçu d'avis constructifs, je ne pourrais pas avancer. Pourtant, je pense que cette histoire n'est pas qu'un loisir pour moi parce qu'en tapant le point final, je marquerais réellement le début de ma nouvelle vie, ne gardant que les leçons qui me permettrons d'évoluer et oubliant la douleur et la honte qui ont émergés de cette relation de 3 ans. ( Je sais que ça parait court mais quand on a 20 ans ça semble inimaginable :) )

      Maintenant, j'arrête mon baragouinage pour entrer réellement dans le vif du sujet. Je ne saurais pas classer mon histoire dans un genre littéraire, se que je peux dire c'est :
      - qu'elle se déroule dans un monde "médiévale" qui nous ait inconnue.
      - que l'intrigue concerne une jeune femme (que l'on peut qualifier de personnage principale même si je n'aime pas trop ce terme)
      - qu'il y aura de la magie et du surnaturel
      - que se ne sera pas une histoire limité aux adolescentes (enfin je l'espère)
      - que de nombreux passages qu'on pour définir comme violent vont parsemer le cours du récit.
      Je reste assez mystérieuse à ce sujet pour ne pas gâcher l'intrigue de l'histoire.
      Je me permet juste de signaler que je suis vraiment une bille en orthographe et que j'essaye de faire attention aux fautes.
      Dans un premier temps, voilà se que je qualifierais de prologue même si se n'est qu'une prophétie.

      Un jour, les Dieux offriront aux Hommes
      Celle qui engendrera leur meneur
      Capable d'une magie si ancienne,
      Qu'elle pourra asservir ou affranchir les peuples

      Celle qui est née dans le déchaînement des éléments
      Par le fruit d'une alliance égale du jour et de la nuit
      Quand l'obscurité enchaîne la Lune
      Et que même les étoiles s'en retrouvent submergé

      Celle qui par sa force et son courage
      Par le fruit d'une alliance égale de l'amour et la douleur
      Quand l'obscurité enchaîne les Hommes
      Et que même les plus puissant s'en retrouve submergé

      Révélera au monde leur meneur.



      Puis voici le premier chapitre :

                   C'était une magnifique journée teintée de tristesse. Le soleil caressait de ses rayons l'herbe verte qui dégageait une agréable odeur de fraîcheur et de fertilité. L'été annonçait son arrivée après de longs mois d'obscurité et d'humidité. Il était un peu plus de midi quand Eamon et Kain, son cousin décidèrent enfin de s’éloigner de la nouvelle pierre tombale qui composait le cimetière royal.
      Un dernier regard à leur ami puis ils tournèrent le dos au jardin des allongés pour remonter la colline menant à leurs chevaux.
      Kain finit par briser le silence qui les avait envahis pendant leur dernier au revoir.
        - "Je n'ai jamais vu un enterrement aussi morne, Isaac méritait mieux.
      Ces quelques mots suffirent pour sortir Eamon de sa torpeur. Il avait raison, ces obsèques s'étaient  déroulées de manière étrange, expéditive. Isaac avait été l'un des chevaliers les plus prometteurs de sa génération, fils d'un éminent dirigeant de Kastelstormia et l'un des amis proches du prince. Pourtant, il avait eu droit à une cérémonie rapide et sans les honneurs militaires. Si Kain et Eamon n'avaient pas été en visite à la Cité royale personne n'aurait pris la peine de les prévenir, ce dernier en était sûr.
      - Et puis, je trouve les conditions de sa mort curieuses. Je ne l'imagine pas une seconde se soûler comme un ivrogne dans une taverne pour ensuite se promener sans armes sur la route royale. Reprit-il.
      - Nous n'étions pas là pour le voir. Il n'empêche que le Roi Marcus donne un bal en son honneur ce soir. Peut-être que son corps n'était pas en état pour supporter quelques jours le temps que la cérémonie soit organisée. Mais je te conseille de parler moins fort si tu ne veux pas nous attirer des problèmes. Lui répondit Eamon tout en continuant à monter la colline qui les séparait de leurs chevaux.
      Kain avait toujours su se montrer très perspicace et même si son cousin était de son avis, il valait mieux ne pas se faire remarquer par les Kastelstormiens. La relation entre leurs deux pays était déjà assez tendue comme cela.

      Eamon pressa le pas ayant hâte de partir d'ici - malgré les trois jours de cheval en compagnie de son abruti de cousin - afin de retrouver Istelonia et son calme après deux semaines à la cour Kastelstormienne. Absorbé dans ses pensées pour trouver le moyen d'annoncer à son frère que cet imbécile d'Ankar avait convaincu son père de se retirer du traité sur les échanges forestiers, il ne se rendit pas compte que Kain s'était arrêté en cours de route avant d'entendre un sifflement admiratif derrière lui. Il apporta mécaniquement sa main au pommeau de son épée avant de jeter un coup d’œil sur ce qui avait cloué le bec à son cousin.
      Et ce qu'il vit cloua le sien.
      En haut de la colline se tenait un incroyable étalon stormien d'un noir de jais. Il devait faire dans les uns mètre quatre vingt au garrot - si bien que si Eamon se tenait à coté de lui il le dépasserait seulement de quelques centimètres – ses muscles seyants sous son poils luisant d'efforts.

      Cette vision renvoya Eamon dix-huit ans plus tôt lors de sa première rencontre avec un autre spécimen de cette race. L'année de ses huit ans, un homme s'était arrêter au château pour rencontrer son père, il cherchait quelque chose ou quelqu'un mais son géniteur n'en avait jamais entendu parler. Son cheval était splendide, moins que celui-ci mais c'est peut-être parce que se n'était pas un étalon mais une jument. Elle était donc moins imposante et son poil ne semblait pas aussi brillant, mais elle dégageait ce même aura de force, ses yeux bleus électriques transpirant l'intelligence y étaient sûrement pour quelque chose. Il n'avait pas osé l'approcher, les anciennes légendes concernant ses chevaux guerriers tournoyants dans son esprit et notamment la façon dont ils se battaient au côté de leur cavalier écrasant les crânes de leurs adversaires de puissants coups de sabots.
      Pendant qu'il regardait cet étranger s'éloigner au petit galop plein d'admiration, son père avait posé une main sur son épaule le sourire aux lèvres.
      - C'est une belle bête, hein mon fils ?
      Il avait hoché la tête, ne sachant quoi répondre. Le rire chaud et profond que le Roi ne réservait qu'à ses proches avait retenti avant que celui-ci ne poursuive : Je n'en avais jamais vu. Mon père m'a dit un jour qu'il ne restait que quelques individus de cette espèce. Ils ont presque tous disparu quand les guerriers du clan Stormia sont morts lors de la bataille de l’Équinoxe, il y a plus de cent cinquante ans. Il m'a aussi spécifié que c'était le cheval qui choisissait qui pouvait le monter et que seuls les êtres aux cœurs les plus purs et les plus emplis de force en avaient l'honneur.
      - Un jour, je serais assez fort pour pouvoir en être honoré ainsi que notre famille. J'en fais la promesse, père ! Lui avait répondu le jeune Eamon plein de conviction.
      Son père avait de nouveau rit empli de fierté tous en le raccompagnant à l'intérieur du château.

      Eamon secoua la tête pour revenir au présent et pour s'assurer qu'il n'était pas en train de rêver puis fit courir son regard sur l'étalon, partant de ses sabots imposants, remontant le long de ses membres puissants, admirant son poitrail fort et son encolure luisante de sueur pour finir par ses yeux bleus profond et luisant d'intelligence. Enfin, il voulut voir qui avait la chance de posséder un animal aussi majestueux. Il s'attendait à découvrir un homme tous aussi imposant avec un air guerrier figé sur le visage mais il crut rêver en apercevant une silhouette fine et indéniablement féminine malgré une tenue masculine, glisser le long du flanc du cheval pour atterrir sur le sol.
      Il s'agissait bien d'une femme, ou plutôt une jeune femme dans les dix-huit ans, elle ne devait pas faire plus d'un mètre soixante cinq créant un contraste détonnant avec sa monture. De longs cheveux châtains bouclés caressaient le creux de ses reins entrelacés avec des fleurs blanches, sa peau était légèrement bronzée de la couleur de ceux qui travaillent dans les champs, pourtant sa posture altière laissait entendre qu'elle était de bonne naissance.
      Elle se mit à descendre la colline d'un pas assuré, il était évident qu'une personne montant un étalon stormien aussi imposant se devait d'être musclé mais Eamon fut surpris par son allure athlétique.
      Peut-être était-ce son pantalon et sa chemise blanche qui accentuait cet effet ? Il n'avait pas eu beaucoup d'occasions de voir une femme porter une tenue de la sorte. Disons que ce n’était pas vraiment correct que ce soit ici ou dans son pays.
      Elle finit par atteindre la sépulture d'Isaac, se mit à genoux, détacha une fleur de ses cheveux avant de la poser sur la terre fraîchement retournée. Elle sembla murmurer quelque chose avant de se relever un sourire triste aux lèvres, touchant la pierre gravée de son épitaphe du bout de ses doigts.
      Cela devait être une personne assez proche de lui, mais ce vaurien n'en avait jamais parlé à Eamon et vu la réaction de Kain celui-ci ne devait pas non plus être au courant.
      La jeune femme ferma les yeux un instant comme plongé dans ses pensées, une bourrasque de vent souleva ses cheveux et elle sembla apprécier le contact de ce souffle frais. Puis, elle exposa son regard aux yeux de tous en se tournant vers les deux hommes présents, les remarquant enfin, ses orbes d'un vert flamboyant finirent d’ensorceler ses silencieux spectateurs.
      Les deux Isteloniens essayèrent de reprendre constance avant qu'elle ne les aborde mais se fut peine perdu quand elle parla de son voix douce mais ferme.
      - Bonjour messieurs, je devais assister à l'enterrement d'Isaac d'Estormia mais il semblerait que je ne sois pas arrivé à temps. Pouvez-vous me dire quand celui-ci a eu lieu ?
      Eamon franchit les quelques pas le séparant de son cousin, toujours incapable de lui répondre. Ses magnifiques et hypnotiques yeux verts firent l'aller-retour entre les deux hommes pendant qu'un sourire éblouissant et confiant prenait place sur ses lèvres.
      Ou plutôt confiant qu'en apparence, la jeune femme était en tout point anxieuse. La première raison était la mort d'Isaac. La seconde, ces deux guerriers qui l'observait. Enfin guerriers c'est-ce qu'elle en déduisit de par leurs grandes tailles, leurs épaules larges, leurs postures droites et assurées et d'autre part par les épées retenues par des ceintures en-travers de leurs hanches. La dernière, son retour en terre Kastelstormienne.
      Kain fut le premier à reprendre ses esprits.
      - La cérémonie est terminée depuis à peu près deux heures, la noblesse a déjà rejoint la Cité Royale.
      L'injure qui sortit de sa bouche finit par faire sortir Eamon de son hébétude et lui fit retrouver sa voix.
      - Je ne me rappelle pas vous avoir déjà rencontré. Vous étiez une amie d'Isaac ? Mademoiselle ?
      Les joues toujours rouges, elle s'empressa de lui répondre pour cacher sa gêne.
      - Excusez-moi, j'aurais dû me présenter en premier au lieu de vous aborder comme ça. Kiera, je m'appelle Kiera, je suis, enfin j'étais la sœur d'Isaac.
      Il avait une sœur ? Aucun des cousins n'en avait jamais ouï dire en huit ans d'amitié.
      - Votre frère était un ami sincère, un incroyable guerrier et un séducteur très prolifique.
      Eamon du se retenir de frapper son cousin violemment. Fidèle à lui-même Kain n'avait pas pu s'empêcher de faire une gaffe mais Kiera sembla pas s'en préoccuper.
      Un rire sincère s'échappa de ses lèvres comme si les aventures coquines de son aîné ne lui étaient pas inconnues.
      - Excusez mon idiot de cousin. Je dois dire que nous sommes un peu surpris. Ne vous vexez pas mais nous n'avions jamais entendu parler de vous.
      - Je ne m'en vexe pas, c'est normal. Quand mes parents sont morts, mes frères m'ont envoyé dans un orphelinat en Terre Rhodia. Je ne pense pas qu'ils pouvaient assumer mon éducation, j'avais huit ans, Aydan vingt, sans parler d'Isaac qui faisait sa crise d'adolescence du haut des ses quatorze ans. Déjà que la noblesse Kastelstormienne doit à peine se souvenir de moi, comment voulez-vous que des Isteloniens sachent que j'existe ! - Kain fronça les sourcils étonnés mais elle s'empressa d'ajouter timidement – J'ai reconnu votre accent.
      Soudain, la réalité de la situation frappa les deux guerriers. Ils se souvenaient encore de l'histoire du Duc d'Estormia et de sa femme que leur avaient racontés leurs pères. Brian, le père de Kiera, était le plus proche conseiller du Roi Marcus. Ils avaient grandi ensemble, combattue côte à côte dans la Guerre des sept Printemps, avaient été le témoin l'un de l'autre lors de leur mariages respectifs. Pourtant un éminent membre de la cour, cinquième sur l'ordre de succession, le Duc surprit toute la noblesse en épousant une fille du peuple, une fille de forgeron. On dit encore aujourd'hui qu'elle était la plus belle femme du royaume. Un jour, ils sont partis vers les plaines du Sud pour répondre à une requête du Roi en laissant leurs enfants à la cour. Ils n'ont jamais donné de réponses. Quelques mois plus tard, une patrouille retrouva leur dernier signe de vie, un carrosse abandonné dont l'intérieur était souillé de sang. Kiera leur apparu  alors sous un jour nouveau, elle était une duchesse mais aussi une adolescente qui avait grandi sans sa famille, exilé aux confins du royaume. Ses manières et sa tenue ne semblaient plus si informelles à leurs yeux, s'ils avaient su qui elle était avant de la voir ainsi, ils auraient immédiatement pensé qu'elle jouait un rôle comme toutes ses filles de hautes noblesses essayant d'attirer l'attention mais à présent son attitude semblait authentique, faisant partie d'elle-même et cela ne la rendait que plus intéressante.
      - Vous avez chevauché depuis les terres Rhodia sur cet étalon stormien ?
      Maintenant, c'était Eamon qui devait se retenir pour ne pas se frapper. Bien sur qu'elle avait fait tous ce chemin sur son cheval, son frère était mort et ça saute aux yeux qu'il s'agit de sa monture et qu'elle est totalement apte à monter une telle bête. Le ton surpris de sa voix était déplacé et le faisait passer pour un idiot phallocrate.
      Pourtant, elle ne sembla pas s'en formaliser quand elle lui répondit.
      - Vous savez, Desmond ressemble à un diable version équidé mais c'est un vrai amour quand il connaît la personne et a confiance en elle. Et quand j'ai reçu le message d'Aydan je suis partis dans l'heure mais il semblerait que j'arrive trop tard . Elle montra la tomba de son frère, un sourire triste aux lèvres.
      - Je comprends. Vous auriez voulu lui dire au revoir.
      - Oh non, je lui ai déjà fait mes adieux quand j'ai appris la nouvelle. Pour moi, l'enterrement est une symbolique destiné aux vivants, les morts eux, ils sont morts, ils ne ressentent plus rien, ne voient plus rien, ne touche plus rien, plus rien n'a d'importance, ce sont les vivants qui doivent continuer à exister sans eux. Cependant, j'aurais voulu convaincre mon frère de l'enflammer, quitte à mourir et demeurer un souvenir autant participé à la vie en la rendant à la Terre.
      - Je vous avoue que je ne comprends pas très bien, pourquoi vouloir l'incinérer ? Quand on fait cela les défunts n'ont pas droit à une sépulture et il ne reste aucun endroit pour venir se recueillir.
      - Parce que l'on n'a pas besoin d'une tombe pour se souvenir. Chaque particule de l'être aimé se retrouvent partout, dans les arbres, dans chaque brin d'herbe et chaque fleur qui se dévoile, dans l'eau du ruisseau et l'air du vent, dans les cailloux, les rochers, les rocs et même dans le chant de l'hirondelle qui nous emplis le jour et le cri du hibou qui nous désemplit la nuit.
      Kain assistait silencieux au dialogue échangé, entièrement fasciné par les paroles de la jeune femme. Des mots qui sonnaient juste et qui pourtant représentaient un immense affront à l'encontre des Dieux.
      Eamon voulu lui dire à quel point elle était captivante mais se contenta de lui dire à quel point son point de vue était captivant.
      - Je ne sais pas s'il s'agit d'un sujet passionnant mais je trouve qu'il a de l'importance dans un monde où la religion et la couronne sont entremêlées.
      Les cousins hochèrent la tête en signe d’approbation et un silence gêné s'installa.
      A présent, s'était Kiera qui voulait se frapper. Dame Alana n'avait cessé de dire qu'elle était comme le vent, incapable à contenir. Et pour cause, elle connaissait ses hommes depuis une dizaine de minutes qu'elle se mettait à blasphémer sur les Dieux et leurs liens spirituels avec la royauté, tout cela  nullement abattu par la mort de son frère. Mais c'était elle, inentravable et irrévocablement éveillée.
      Eamon ne voulait pas que la discussion prenne fin car pour la première fois depuis longtemps une personne autre qu'un membre de sa famille parlait avec lui comme on parle réellement à un homme, sans manières, sans non-dits et sans faux-semblants, ne cherchant pas à être impressionnant et admirable, ne demandant pas sa bénédiction ou ses faveurs.
      Il rassembla son courage pour lui poser la question qui lui brûlait les lèvres mais fût interrompu par une voix masculine.
      - Kiera ?! Nous ne t'attendions pas si tôt.
      Les deux guerriers saisirent le pommeau de leur épée, surpris et se préparant pour parer un éventuelle attaque, plus frustrés de s'être laissé distrait comme des débutants, se laissant vulnérables, qu'apeurés.
      Ils se détendirent à peine, ne relâchant pas leur poigne quand la jeune femme répondit au nouvel arrivant qui descendait la colline pour venir à leur rencontre.
      - Il semblerait effectivement que vous ne m'ayez pas attendu pour enterrer mon frère, oncle Johnatann.
      Quand l'homme se retrouva à une dizaine de pas d'eux les cousins le reconnurent. Cet individu chétif à la face de rat et au sourire sournois ne leur était pas inconnu. Il avait passé la matinée à presser la cérémonie collé au prince comme une sangsue. Kain avait dû se faire violence pour ne pas lui couper sa langue vicieuse et Eamon lui s'était accroché à ses valeurs pour ne pas arraché sa méprisable tête de son corps de lâche.
      Maintenant qu'ils savaient que cet ignoble personnage qui avait sali la mémoire d'Isaac n'était autre que son oncle, ils eurent presque des regrets face à leur self-contrôle  enfin seulement si leurs actions n'auraient pas créé un incident diplomatique.
      Arrivé à la hauteur de Kiera, Johnatann marqua un temps d'arrêt pour l'examiner de haut en bas. La surprise, la colère, le dégoût et quelque chose qui aurait pu se traduire par de l'attirance  traversèrent son regard. D'un geste brusque, il saisit son bras avec force et se mit à hurler en la secouant avec force pour appuyer ses propos.
      - Qu'est-ce que c'est que cet accoutrement ?! As-tu décidé de faire honte à ta famille ? Ou es-tu juste devenue une putain !
      Le mépris voué par Eamon à cet énergumène se transforma en colère et une force inconnue prit racine dans son estomac mais avant d'avoir pu le saisir pour l’éloigner de sa nièce, celle-ci se dégagea et lui asséna une gifle à réveillé les morts, son éclat transpirant toute la violence du coup résonnant à travers le cimetière. Tout comme la voix tranchante de Kiera.
      - Comment oses-tu me parler comme ça espèce de connard ! Je viens de passer deux jours à chevaucher dans l'espoir d'arriver à temps avant l'enterrement de mon frère et toi tu as le culot de me traiter de pute parce que je suis affublé de vêtements capables de supporter un tel voyage !  Tu pourrais au moins avoir la décence de t'inquiéter pour moi. Vous l'avez enterré sans moi bon sang de merde ! Et puis, ça doit faire huit ans que tu ne m'as pas vu, s'en parler de ta dernière lettre il y a quatre ans m'annonçant que tu me cherchais un mari ! Comme si marier sa nièce de quatorze ans à un vieux pervers pour se remplir les poches était une cause honorable. La seule personne qui fait honte à sa famille c'est toi ! Rugissait-elle.
      Son oncle recula d'un pas comme s'il voulait échapper à l'agressivité de ses mots. Il cligna des yeux et sans pour autant s'excuser reprit d'un ton plus calme.
      - Le Roi a été prévenu de ton arrivée, il doit t'attendre. Où est ton attelage ?
      On aurait dit que Kiera s'apprêtait à se jeter à sa gorge mais personne n'avait fait attention à son étalon qui s'était doucement approché d'elle pour lui toucher l'épaule de ses naseaux. Ce contact sembla la calmer, elle ferma un instant les yeux et inspira fortement avant de les rouvrir.
      - Je n'ai pas d'attelage, il était plus rapide de chevaucher.
      - Heureusement que je suis arrivé avec le mien – il désigna un carrosse recouvert de fioritures stationnées sur le chemin en haut de la colline – Je ne donne pas chère de ta réputation si les nobles te voient arriver dans cette tenues montant ton cheval comme un homme. Je ferais en sorte que tu puisses te changer avant que tu présentes tes hommages au Roi.
      Kiera surprit les trois hommes en se retournant vivement pour se mettre en selle.
      - Qu'il aille tous au diable et toi en premier ! Je préfère arriver sur Desmond que dans ton fiacre pompeux transpirant l'hypocrisie. Oh ! Et je n'ai pas d'autres tenues, je n'ai pas prévu de rester, les moissons commencent dans quelques jours et je dois aller accomplir quelque chose qui doit te paraître inconnu, mon devoir. Je pourrais me sentir désolé de te décevoir de la sorte mais ta réputation n'a aucune sorte d'importance pour moi. Elle se détourna de son oncle pour faire face aux deux Isteloniens restés silencieux pendant cette interaction. Ce fut fort agréable de discuter avec vous messieurs mais je dois prendre congé, il semblerait que je sois attendu pour participer à une fable. Aux plaisirs de vous revoir et bonne route.
      Elle finit de les estomaquer en s'élançant au galop vers la route menant au palais royal.
      Ils restèrent un instant silencieux avant que Johnatann se tourne vers Eamon en se pliant dans une révérence de convenance.
      - Je vous prie d'excuser l'attitude de ma nièce, votre Altesse. Elle n'a pas reçu l'éducation due à son rang, j'espère qu'elle ne vous à pas offenser.
      Kain finit par éclater de rire et son cousin - et prince - l'aurait bien suivie s'il n'avait pas été aussi retourné par cette rencontre. Il prit son air altier le plus convaincant pour lui répondre.
      - Ne vous en faites pas Lord Jonathann, la duchesse s'est montrée parfaitement bien élevée et très vive d'esprit. Vous devez être fière d'avoir une nièce ayant un sens de la discussion aussi aiguisé et d'une beauté pure sans artifices. Par contre, je vous conseille de vous mettre en route si vous voulez atteindre la Cité royale sans trop de retard. Son cheval l'aura mené aux portes du palais avant que vous ne soyez assis dans votre carrosse si vous ne vous empressez pas de partir la rejoindre. Mon cousin et moi-même devons reprendre la route pour rentrer à Télonia. Je vous souhaite une bonne journée.
      Sur ces mots, il se mit à remonter la colline qui le séparait de leurs chevaux, Kain toujours hilare sur ses talons, laissant cet homme répugnant seul au milieu de la pente.
      Eamon vérifia la sangle de son hongre, détacha les rênes de l'arbre et se mit en selle. Il jeta un coup d’œil derrière son épaule s'apprêtant à s'élancer au galop dans le sens inverse de Kiera mais il s'arrêta net.
      Son abruti de cousin, comme il aimait le nommer était appuyer contre l'arbre qui retenait son cheval, se tenant les côtes à bout de souffle à force de rire.
      - Kain, on n'a pas que ça à faire. Qu'est-ce qui te fait rire comme ça ? Souffla-t-il résigné en se tournant vers lui.
      Il prit quelques instants pour retrouver un air sérieux et essuya des larmes imaginaires du coin de ses yeux.
      - Cette fille était juste...Waouh. C'est indescriptible. Lâcha-t-il épuisé d'avoir autant ri. La première chose que tu vois c'est un imposant étalon stormien comme sorti des contes et légendes de notre enfance. Par déduction tu imagines le guerrier menaçant qui l'accompagne , jamais je n'aurais pu imaginer qu'il s'agirait d'un petit bout de femme habillé en homme. Et encore moins qu'elle serait une duchesse et surtout pas la petite sœur d'Isaac et de Aydan. Ils se sont bien gardé de parler d'elle comme si des hommes se seraient montrer assez imprudents pour lui faire des avances. Vu la manière dont elle est a remis son oncle à sa place, elle n'a pas besoin que qui que ce soit la protège. Et cette gifle, elle a réussi à évacuer toute la frustration qui me dévorait face à cet idiot. Doit-on parler de son esprit ? Je n'avais encore jamais rencontré une femme ou même un homme avec autant de vivacité et d'idées. Cela doit être bien plus enrichissant de passer une soirée à discuter au coin du feu avec elle qu'avec mes frères d'armes, sans t'offenser. Et en y réfléchissant, elle ne détonerait pas au milieu de cette scène.
      Cette fois-ci ce fut au tour de Eamon de rire pendant que son cousin haussait les épaules et se mettant en selle.
      - Il semblerait que tu sois tombé amoureux toi ! Railla-t-il
      - Je suis complètement sous le charme oui ! Mais je crois que j'aurais trop peur qu'elle m'émascule dans mon sommeil. Mais je t'en prie, tu es autant ébloui que moi. "
      Ce prince connu pour être sans cœur avait-il été étourdi par cette jeune femme au tempérament de feu. La réponse lui vint comme une évidence mais il évita d'en faire part à son cousin. Bien sûr, n'importe quel homme possédant un peu d'esprit l'aurait été. Non pas à cause de sa beauté évidente mais plutôt par son esprit, ou peut-être seulement grâce à ses yeux verts ensorcelants qui semblait lire à travers les masques.
      Le cri d'un geai retentit autour d'eux et Eamon le chercha du regard. Il était rare d'entendre leur chant en début d'été, pourtant l'oiseau était perché sur une des branches de l'arbre où était attaché son cheval quelques instants plus tôt.
      Les paroles de Kiera lui traversèrent l'esprit et sa pensée dériva vers Isaac.
      Je comprends les raisons qui vous ont poussé à l'envoyer en terre Rhodia mais je ne sais comment vous avez réussi à rester éloigné d'elle. Elle a le même tempérament que ton frère et toi, cela doit être caractéristique de votre famille tous comme le vert de vos yeux, bien que les siens soit plus brillants similaires aux brins d'herbe  qui apparaissent au printemps, couverts de givre sous un soleil naissant. Je ne sais si elle a réellement besoin de protection mais je te promets qu'elle trouvera toujours refuge auprès de moi. Je te souhaite un bon voyage, mon ami et aux plaisirs de se revoir.

      Le geai s'envola, et ils se mirent eux aussi en route vers Télonia.

      Voilà, le premier jais de mon histoire. J'espère que celui-ci vous aura plu et j'attend avec impatience des avis et conseils de votre part.

      PS: Je sais que le premier chapitre sert à présenter l'intrigue du récit, cependant je préfère rester évasive sur les éléments perturbateurs dans les premiers chapitres..

      PPS: Je m'excuse encore pour mon blabla incohérent et hyper personnel mais je pense que ça peut aider à comprendre mes motivations.

    • Matea

      Commence à sentir l'encre qui colle aux doigts

      Hors ligne

      #2 29 Août 2018 13:14:41

      Hello, tout d'abord je suis désolée pour toi et cette triste histoire, mais il faut parfois faire des erreurs pour avancer. Je te souhaite donc de retrouver rapidement le chemin d'une vie plus heureuse et agréable. Tant que tu auras une famille sur qui compter et que tu seras prête à profiter de la vie, il sera toujours possible de t'en sortir ! =)

      Mais pour entrer dans le vif du sujet, j'adore ton récit ! Vraiment, les personnages et leur état d'esprit, tes descriptions, l'ébauche d'intrigue que l'on devine arriver, tout m'a fascinée. Certes, il y a de nombreuses petites fautes d'orthographe, de syntaxe et de conjugaison, mais rien qui ne puisse être corrigé (je pense notamment au poème introductif). Il est dommage que ces petites coquilles accrochent un peu le regard, car pour ce qui est de la langue, de l'histoire et de l'atmosphère, tu as vraiment construit quelque chose qui m'a emportée. Je ne saurais pas vraiment te dire pourquoi, mais une chose est sûre, je n'ai qu'une envie maintenant, c'est d'avoir la suite ! Tu m'as convaincue avec ton univers. Et pourtant, Dieu sais que je suis exigeante car je suis une amoureuse de ce genre d'intrigue médiévalo-fantastique. Continue dans cette voie !
    • Soosso

      Livraddictien débutant

      Hors ligne

      #3 30 Août 2018 03:27:01

      Bonsoir et merci d'avoir pris le temps de me lire et de me répondre.
      Ça me fait énormément plaisir  que tu es apprécié :yeah:
      Pour se qui est des fautes en générales, il s'agit d'une de mes plus grande tare ! J'essaye vraiment d'y faire attention ! Pourtant, j'utilise deux correcteurs en ligne différents et je relis de nombreuses fois ce que j'écris. Tout mes professeurs de français on toujours dit que plus on lisait moins on en faisait, il semblerait que cette règle ne s'applique pas chez moi et encore heureusement que je ne suis pas dyslexique !
      Pour ce qui est du contenue, j'avoue que l'histoire est déjà entièrement construite dans ma tête mais le plus dur c'est de la mettre à l'écrit. Ce récit est complètement différent de tout ce que j'ai pu écrire, je ne saurais pas expliquer exactement pourquoi mais je le ressens dans mon petit ventre.
      Je serais heureuse de partager le chapitre 2 si cela t’intéresses ?
      Mais je dois te signaler que l'histoire va considérablement s'assombrir et changée d'ambiance par la suite....
      Je me permets de te remercier à nouveau, faire lire ce que j'écris est un grand pas pour moi car je pense que ça me permettra de gagner en confiance en moi et le fait que tu es apprécié me réchauffe le cœur et me donne vraiment envie de persévérer !
    • Matea

      Commence à sentir l'encre qui colle aux doigts

      Hors ligne

      #4 30 Août 2018 12:01:01

      Un chapitre 2 ? Mais bien sûr que je suis intéressée ! :D

      Je regrette d'ailleurs de ne pas te proposer une relecture pointilleuse de ton premier chapitre pour l'orthographe-grammaire-syntaxe, je l'a déjà fait pour des amis ou des gens sur ce forum et généralement j'aime bien faire ce genre de travail, mais j'ai repris les cours et je manque de temps à t'accorder... en revanche je serais ravie de te lire pour t'apporter un avis (que j'espère constructif) sur la trame de l'histoire en général, tes personnages ou autre. Alors n'hésite pas à me le faire partager ! =)

      PS : si tu préfères, je peux te passer mon mail par mp si jamais tu n'as pas envie de tout poster ici.
    • Soosso

      Livraddictien débutant

      Hors ligne

      #5 30 Août 2018 16:46:16

      Ça me plairai beaucoup d'avoir quelqu'un qui me conseille au fur et à mesure de l'écriture, histoire que je ne perde pas toute ma motivation !
      C'est pas grave c'est déjà super gentil de prendre le temps de me lire :)
      Je te partage le chapitre 2 et le chapitre 3 que je viens de finir ici mais j'avoue que je préférerais passer en email pour la suite.

      Chapitre 2 :

      Kiera et Desmond approchaient de la Cité royale, l'immense palais au loin semblait devenir de plus en plus imposant. La route commençait à devenir de plus en plus fréquentée à mesure qu'ils avalaient la distance les séparant de la porte Sud. Kiera appliqua une légère pression sur ses rênes et sur les flancs de Desmond pour le faire ralentir et passer au pas afin d'éviter d'écraser un badaud.
      La peur prit racine au creux de son ventre. Cela faisait dix ans qu'elle n'était pas revenue en ces lieux et ils ne lui avaient pas manqué. Vestige de son enfance, quand ils étaient encore une famille unie, quand ils étaient heureux. La jeune femme pouvait encore entendre ses frères râler à tout bout de champ, accusant leur parent de favoritisme envers leur jeune sœur parce qu'elle était une fille. Leur mère les sermonnait gentiment, leur répétant sans cesse qu'elle ne pourrait jamais choisir son préféré parmi ses enfants car ils étaient tous uniques et issus d'un amour sincère. Elle ajoutait toujours d'une voix légèrement voilée que le monde était trop dur pour les femmes et leur faisait jurer de protéger indéfiniment leur cadette.
      Et les jeunes Ducs d'Estormia n'avaient jamais manqué à leur parole même quand ils devinrent des hommes.
      Maintenant Isaac était mort tout comme ses parents, il ne restait que son frère, elle et ce palais remplit de souvenirs.
      Pendant ses deux jours de cheval, Kiera avait eu tous le loisir de penser à la cause de son décès. Aydan ne l'avait pas précisé dans sa missive et le messager n'avait pas peu la renseigner. Elle avait pensé à toutes les situations probables. La maladie ? Impossible, elle avait reçu une lettre de sa part ne mentionnant aucun problème de santé une semaine auparavant. Un combat ? Kastelstormia était en paix depuis plus de vingt ans. Une chute de cheval ? Il était un trop bon cavalier pour mourir de la sorte. Le poison ? Elle n'avait pas eu connaissance d'une quelconque altercation avec qui que se soit et à qui sa mort aurait-elle été profitable ?
      Non, aucune de ces situations ne paraissaient probables. Elle aurait dû demander aux deux hommes du cimetière, tous comme elle aurait du demander leurs noms. Elle en avait l'intention, mais son oncle les avait interrompus avant qu'elle n'en ait eu le temps. Johnatann et son physique de vieux rat sournois étaient toujours fidèles à lui-même. D'aussi loin qu'elle s'en souvenait, elle n'avait jamais pu le supporter. Il dégageait une aura malaisante. La dernière fois qu'elle l'avait vu, il avait accompagné ses frères lors de leur visite annuelle à son anniversaire. Son oncle avait passé les deux jours à critiquer son éducation, répétant sans arrêt la même phrase «  Ma sœur n'aurait jamais accepté que sa fille soit élevée aux milieux des cochons. Elle devrait être à la cour pour apprendre à devenir une bonne épouse ! »
      Quel hypocrite ! Il avait grandi dans une petite cabane délabré accolé à la forge de son père, c'est seulement parce que sa sœur avait épousé un noble qu'il pouvait prétendre à une vie faite de richesse et de canapé moelleux en velours pour accueillir son fessier. Mais la cupidité et l'ambition faisaient partis intégrante de sa personne et le mariage de Kiera représentait la manière la plus simple pour lui de se remplir les poches même si elle n'avait que douze ans à l'époque. Ses frères avaient toujours su museler ses projets à son encontre, mais Aydan lui avait fait part de son récent rapprochement avec le prince. Il n'avait pas perdu le nord ce sale rapace.

      Desmond s'ébroua, ramenant Kiera à l'instant présent. Il s'était arrêté devant la porte d'entrée de la Cité. Haute d'environ cinq mètres, elle laissait un espace suffisant pour laisser passer deux carrioles côte à côte dans la grande muraille qui entourait la ville. Ses lourds battants étaient perpétuellement ouverts permettant aux paysans, commerçants et autres habitants de circuler librement tout en admirant les couleurs royales qui caressaient les murs de pierres.
      Au loin, plus en hauteur, on pouvait apercevoir le palais étincelant sous les rayons vifs d'un soleil d'après-midi.
      Kiera avait étudié la création de la forteresse et ses techniques de défenses lors de ses cours avec Dame Alana. Elle avait été construite il y a cent cinquante ans, à la suite de la bataille de l’Équinoxe qui scella l'extinction du clan Stormia et l'unification des autres clans composants Kastelstormia. Neven, le chef de la horde des étendues du Nord fut proclamé roi et c'étaient ses descendants qui veillaient sur le pays encore aujourd'hui.
      Le premier conseil royal avait choisi cette petite colline pour construire la cité royale avec une stratégie de défense qui était grandement en avance sur leur époque.
      En effet, le château était situé à son sommet entouré d'un premier mur, laissant la ville s'articuler tous autour en un amas de maisons et de commerce. Tous les vingt ans en moyenne, le conseil faisait construire un nouveau mur autour des habitations qui venaient s'accoler à la cité. Pour plus de praticabilité, des portes furent érigées aux quartes points cardinaux sur les quartes murailles qui suivirent la principale. Si bien qu'aujourd'hui, il existait cinq séparations distinctes et dix-sept portes différentes, le tout protégé par la garde royale à chaque heure du jour et de la nuit. Mais apparemment cela n'assurait pas suffisamment leur sécurité alors le premier conseil eu l'idée de construire une unique artère principale qui s'enroulait autour de la colline reliant chaque porte entre elles et prenant fin à la Porte des Rois. Si une armée décidait d'attaquer la ville, elle ferait face à de nombreuses difficultés, la première étant des franchirent chaque mur, la seconde l'impossibilité de couper par les petites rues qui s'articulait autour de l'avenue principale car celles-ci ne laissaient passer que deux cavaliers côte à côte.  Il ne restait plus que la route qui serpentait autour du palais, elle était certes plus large – cinq cavaliers pouvaient avancer ensemble- mais une fois engagé les troupes ne pouvait faire demi-tour et pouvait facilement se faire attaquer par ses deux flancs. Enfin, le chemin était long pour atteindre le dernier mur entourant le palais et celui-ci était plus solide que tous les autres et imaginé pour pouvoir tenir un siège de plusieurs mois. La forteresse avait été conçue pour être imprenable et personne n'avait encore essayé de remettre en question cette vérité.
      Sa fascination pour la Cité royale ne calma pas le mal de ventre de Kiera. Plus haut, l'attendaient le roi et ses nobles qui s’empresseraient de la juger et de la comparer à sa mère.
      Elle inspira profondément pour s'emplir de courage et baissa les yeux sur Desmond.
      Son adorable compagnon avait tourné sa lourde tête vers elle, son regard inquiet posé sur son visage.
      - On va te trouver de succulentes pommes pour le goûter mon chérie, ne t'en fais pas tous ira bien.
      Cette simple phrase semblait plus lui être destiné cependant elle ne pouvait se convaincre, elle avait l'infime conviction que sa place n'était plus ici, peut-être même qu'elle ne l'avait jamais été.
      Pourtant, ils se mirent en route traversant la ville bruyante pour rejoindre le palais.

      En pénétrant dans l'une des cours arrières du château , Kiera sentait toujours les mille paires d'yeux qui l'avaient dévisagé pendant la longue demi-heure qu'il leur avait fallu pour traverser la ville, braqués dans son dos. Elle ne savait pas qui de Desmond ou d'elle attirait le plus le regard. Malheureusement, l'enceinte du château ne leur procura aucune protection, la dizaine de soldats qui se préparait à partir patrouiller à cheval avait cesser leur occupation pour les fixer tous comme les palefreniers qui les accompagnaient et les six servantes qui passaient par là. Kiera eut même la sensation qu'on l’observait depuis une pièce situé au second étage quand elle crut remarquer le mouvement d'un rideau qu'on écartait pour épier la scène.
      Ne laissant paraître aucune émotion, du moins c'est ce qu'elle espérait profondément, il mit pied à terre pour commencer à enlever la selle de son compagnon afin qu'il puisse enfin respirer. Elle la déposa à terre puis se concentra sur sa bride avant qu'une voix chaude, masculine et émue murmure son prénom et l'interrompe.
      Elle se retourna pour voir un homme magnifique figé sur la première marche des escaliers qui menait au palais. Malgré les douze années qui les séparaient, personne ne pouvait prétendre qu'ils n'étaient pas frère et sœur car les mêmes yeux verts illuminaient leurs visages.
      Son frère parcourut les derniers mètres qui les séparait en quelques enjambées pour la saisir par les hanches et la faire tournoyer dans les airs.
      - Mes Dieux, que tu es belle ! J'aurais presque pu ne pas te reconnaître. Laisse-moi te regarder. Dit-il en la reposant à terre sans pour autant lâcher ses mains.
      Ses yeux la parcourir, il la fit même tourner en un pas de danse improvisé pendant qu'un franc sourire fendait son visage en deux.
      - Tu as tellement grandi. Tu es une femme maintenant et ses yeux ressemblent de plus en plus à ceux de mère.
      Kiera ne put s'empêcher de rougir face aux compliments de son grand frère.
      - Toi aussi, tu as changé, tu ressembles plus à un père gaga qu'à un puissant chevalier. J'ai hâte de rencontrer la femme qui a enfin réussi à te dompter.
      Aydan se mit à rire. Elle ne mentait pas en parlant des changements qui s'était opérés sur son frère. Il n'avait plus rien à voir avec le jeune homme qui était venu lui rendre visite, il y a cinq ans quelque temps avant la naissance de sa fille. Il semblait légèrement moins musclé et avait laissé pousser sa barbe et ses cheveux. Cependant, si Kiera ressemblait de plus en plus à leur mère alors Aydan était devenus une incroyable copie de leur père sans ses yeux gris.
      Ils se fixèrent un instant puis il brisa le silence posant la question à laquelle Kiera ne voulait pas répondre.
      - Où est oncle Johnatann ? Il est pourtant parti à ta rencontre.
      Disons que nous avons eu une petite altercation. Murmura-t-elle en pesant chacun de ses mots.
      - A-t-il était odieux avec toi ?
      Kiera hocha la tête.
      - Que t'a-t-il dit ?
      - Il a agrippé mon bras avant de se mettre à hurler à propos de ma tenue de voyage qui ferait de moi une putain. Je n'ai pas pu m'empêcher de la gifler et d'être injurieuse. Elle marqua une pause et Aydan fronça les sourcils. Il a continué en prétendant que ma réputation serait gâché si j'arrive sur le dos de Desmond affublé comme ça. Je ne lui ai pas répondu et je suis partie.
      Son frère éclata de rire.
      - Je ne vois pas ce qu'il y a de si drôle.
      Il lui répondit dans un souffle.
      - Pour une fois, qu'il ne parle pas de te marier.
      Kiera n'avait pas réalisé que son oncle n'avait pas évoqué son incommensurable envie de lui trouver un veille époux sénile mais riche. Son rire se rejoignit à celui de son frère.
      Et toujours hilare, Aydan l'attira dans une étreinte. Elle le sentit se tendre.
      - Je suis heureux que tu sois venu, je n'avais pas ri depuis qu'Isaac nous a quitté et puis ton sourire m'avait manqué. Murmura-t-il à son oreille d'une voix étranglé.
      La boule qui était figée dans son estomac depuis qu'elle avait aperçu la Cité royale sembla remonter pour venir se figée dans sa gorge. Elle n'avait pas pleuré, elle n'avait rien ressenti, elle ne savait pas pourquoi.
      Elle le serra plus fort dans ses bras, appréciant ce contact fraternel. Ils restâmes ainsi quelques instants avant que Desmond vienne rappeler à sa maîtresse la promesse qu'elle lui avait fait plus tôt en lui soufflant dans les cheveux. Elle essaya tant bien que mal de l'ignorer pour profiter encore de ce câlin, mais il perdit patience et se mit à lui mâchouiller une mèche de cheveux tous en continuant à lui souffler de l'air à travers ses naseaux.
      - Il faut que je m'occupe de lui. Dit-elle en se décalant.
      - Il te demande toujours autant d'attention que quand il n'était qu'un poulain à ce que je vois. Je peux ? Demanda-t-il en tendant la main en direction de l'étalon.
      Desmond le jugea de ses yeux bleus, le faisant patienter une longue minute puis il baissa l'encolure acceptant la caresse. Aydan n'avait entendu parler de lui qu'à travers les lettres que lui envoyait sa sœur, c'était la  première fois qu'il se trouvait face à lui et il était bien plus gros que ce qu'il avait imaginé.
      - Vos Grâces, le Roi vous attend dans la grande salle. Retentit une petite voix derrière elle.
      Elle se retourna pour faire face à leur interlocuteur, un jeune garçon dans sa tenue de page d'un rouge sang.
      Aydan se redressa pour faire un signe à un palefrenier avant de s'approcher de sa petite soeur et de saisir son bras pour le poser sur le sien.
      - Je ne peux pas laisser Desmond comme ça, on a chevauché pendant 2 jours, il est sale et meurt sûrement de faim. Lui dit-elle en se dégageant.
      - On ne peu pas faire attendre le Roi, un garçon d'écurie va s'occuper de lui ne t'en fais pas.
      - Si justement, c'est moi sa cavalière, c'est à moi de prendre soin de lui.
      Kiera sentit de chauds naseaux se posaient sur son épaule pour la pousser en avant vers le château.
      - Tu es sure ? Demanda-t-elle aux yeux bleu électrique posés sur elle.
      Il s'ébroua, signalant qu'elle pouvait partir. Elle lui caressa doucement et affectueusement le front.
      Un jeune homme dans la quinzaine s'approcha pour saisir les reines de Desmond. Grossière erreur. Avant qu'il n'est pu réagir, celui-ci se cabra en secouant la tête cherchant à se libérer de l'emprise du garçon. Kiera le saisit rapidement par la chemise pour le tirer en arrière avant qu'un des sabots de cette terreur noire vienne lui fracasser la tête, cela suffit  à lui faire lâcher les reines.
      - Hey, Chuut... Calme toi, idiot ! Murmura-t-elle en avançant vers son petit diable les mains tendues.
      Il se remit sur ses quatre fers, roula deux fois des yeux avant de les poser sur elle et finit par se calmer en venant frotter sa tête contre sa maîtresse.
      Chaque personne ayant assisté à la scène avait fait un pas en arrière, impressionné par cet imposant étalon. Le plus impressionné était le jeune palefrenier qui venait de frôler la mort, il se tenait recroquevillé sur lui-même, les yeux écarquillés. Une fois remis du choc, il se jeta à terre.
      - Je suis désolé, votre grâce. Je suis tellement désolé, Pardonnez moi. Gémissait-il.
      - Relève-toi. Tu n'as rien fais de mal, tu ne savais pas qu'il réagirait comme ça.
      Il se remit à geindre, la tête baissée vers le sol. Elle sentit la colère poindre son nez, après deux jours à museler ses émotions afin de faire face à la mort de mon frère et tout ce que ça impliquait, il n'avait fallu que quelques heures dans la cité royale pour l’énerver. La façon dont Jonathann lui avait parler, le regard des gens, l'impatience du Roi, ces personnes qui l'appelaient sa « grâce » et enfin la perspective d'un face-à-face avec la noblesse Kastlestormienne.
      - Je commence vraiment à en avoir marre. Lève-toi !
      Choqué, le jeune garçon se remit debout en vitesse.
      - Maintenant écoute moi bien parce que je ne me repaîtrais pas. Tu ne pouvais pas savoir que Desmond allait réagir comme ça, alors ne t'apitoie pas sur ton sort. Elle se tourna vers les personnes présentes dans la cour ; les six servantes, son frère, le page, un autre palefrenier et les gardes. Je m'appelle Kiera pas ma Grâce où je ne sais quel titre de noblesse, si vous n'arrivez pas à me nommer par mon prénom, Mademoiselle fera l'affaire.
      Chacun hocha la tête abasourdi. Elle se concentra de nouveau sur le jeune homme.
      - Comment t'appelles-tu ?
      - Nicolaï, votre Gra. Mademoiselle.
      Elle attrapa le toupet de Desmond, qui était toujours appuyé contre elle, pour lui relever la tête doucement et le regarder dans les yeux.
      - Tu seras gentil avec Nicolaï le temps que j'aille rendre mes hommages au Roi. Je reviens m'occuper de toi dès que je peux. Tu m'as compris ?
      Il est toujours étonnant de la voir discuter avec son cheval cependant les personnes qui les côtoyaient avait fini par prendre l'habitude. Un « Oh » collectif s'échappa de leurs observateurs quand Desmond hocha  sa grosse tête pour signifier qu'il avait bien compris.
      - Très bien, Nicolaï. Desmond ne te fera aucun mal. Il est gros et imposant mais, c'est un bébé au fond. Il faut seulement que tu saches qu'en plus de ne pas accepter qu'on tienne ses rênes, il ne supporte pas d'être enfermé. Tu dois lui trouver une place à l'extérieur non loin des écuries. Il te suivra. Le temps que j'aille voir le Roi, tu peux lui enlever  sa bride, le brosser et vérifier ses pieds. Donne-lui du foin et de l'eau fraîche et propre. Est-ce bon ou tu as des questions ?
      Le jeune homme hocha de la tête. Kiera fit un bisou sur le front de son étalon avant de se tourner vers Aydan et le page. Sans les attendre, elle se dirigea d'un pas ferme vers les marches de l'escalier menant au palais.
      Un hennissement retentit quand elle atteins le premier palier lui rappelant ma promesse.
      - Ah ! Et il faut aussi lui donner les plus belles pommes que tu pourras trouver. Il les a méritées. Cria-t-elle à Nicolaï.
      Son frère finit par la rejoindre, installant mon bras sur le sien comme de convenance.
      Le page les dépassa pour mieux les escorter à la grande salle.

      En avançant à travers les couloirs du palais royal, il lui vint une évidence, ou plutôt deux.
      La première était qu'elle ne reconnaissait pas le château, rien d'extraordinaire étant donné que ça faisait dix ans qu'elle étais partis. Pourtant, Kiera aurait cru qu'elle s'en souviendrai après avoir parcouru autant de fois les corridors de ce château.
      La seconde était que chaque objet dégageait une aura de richesse à la limite de l'acceptable.
      Les dalles de marbres blancs, les banquettes en soie installées sous chaque immense fenêtre drapées elle aussi de rideaux en soies. Les bouquets de lys blanches posées sur de nombreux guéridons en chêne même les nombreux gardes stationnés contre les murs, en armure brillante sertis du rubis royale.
      Les bruits de discussions se firent plus nombreux au fur et à mesure qu'ils avançaient dans ce dédale de mur.
      Ils finirent par arriver devant une immense double porte en chêne gravé du symbole solaire royale immanquablement accompagné de sa pierre précieuse rouge sang.
      Du coin de l’œil, Kiera vit Aydan faire un signe de tête aux deux gardes qui surveillaient la porte, leur indiquant de  l'ouvrir.
      Elle eue à peine le temps d'inspirer profondément comme pour trouver du courage que les lourds battants s’entrebâillaient déjà mettant fin aux discussions.
      - Aydan, Duc d'Estormia et Kiera Seconde Duchesse d'Estormia. Annonça le petit page.
      Ils firent un pas dans la grande salle, tous les regards se dirigeant vers eux, ou plutôt sur elle. L'endroit fourmillait de nobles habillés de tenues chics et ostentatoires, les dames remises de leurs surprises se mirent à chuchoter derrière leurs éventails critiquant sûrement sa tenue.
      La pièce était littéralement gigantesque, parcourue de banquettes et de tables de jeu, les murs de pierres recouverts de tentures représentant des scènes épiques ou de chasses.
      Au bout de la galerie, sur une estrade haute de trois marches, se tenait l'immense trône du Roi de Kastlestormia. Construit dans un bois tellement sombre qu'il  paraissait noir, sertis du plus gros et ancien rubis du royaume installé en son point culminant, relié par des gravures florales des lierres et de lys. Il surplombait la salle entière, imposant le respect. Kiera reconnut l'homme installé sur le siège du pouvoir, le meilleur ami de mon père, le Roi Marcus le Hardi, son sourire semblant s’agrandir à mesure qu'ils s'approchaient.
      Même en ayant grandis dans un orphelinat à la frontière, elle n'avait jamais oublié ses bonnes manières et le protocole.
      Elle s’apprêtait à se prosterner dans une révérence mais n'en eu  le temps. Le Roi l'avait saisi par les épaules pour l’attirer dans une étreinte sincère. Après un cours instant, il s’éloigna sans pour autant la lâcher, la regardant de haut en bas comme son frère l'avait fait plus tôt, prononçant presque les mêmes mots.
      - Qu'est-ce que tu as grandis ! Tu es devenu une magnifique jeune femme. Je suis tellement heureux de te voir malgré la tristesse des événements qui t'ont mené à nous. Le voyage n'a pas été trop dure ?
      Sa familiarité la surprit. Même s'il avait été très présent durant son enfance, assistant à ses premiers cours d'équitation, partageant un whisky avec son père pendant qu'elle s'endormait sur les genoux de ce dernier après une longue journée, ou grondant ses frères et son fils parce qu'ils avaient eu le mauvais goût de voler son livre et de la faire courir après eux dans tout le palais, cela lui sembla déplacer dans cette salle immense remplie de noble.
      - Non, je ressens quelque peu la fatigue car nous avons chevauché pendant deux jours sans prendre de repos mais le temps était parfait pour un long trajet à cheval, Votre Altesse.
      - Je comprends mieux ton accoutrement maintenant. Ricana une voix grave dans son dos.
      La voix se dirigea vers le trône, passant dans son champ de vision sous la forme d'un homme fort séduisant. Un grand guerrier musclé au beau cheveux blond de la couleur chaude des blés en été, au saisissant regard d'un bleu profond, au nez fin et droit, à la barbe de trois jours impeccablement taillés et à la fine bouche, mais néanmoins  pulpeuse recourbé dans un sourire narquois.
      Kiera eue du mal à le reconnaître, il ne ressemblait presque plus à l'adolescent de seize ans dont elle était follement amoureuse enfant, celui qui était l'ami de ses frères, celui qui s'amusait en lui jouant des sales tours, celui que son père avait désigné comme son cavalier lors de ses cours de danse. Ancar, prince de Kastelstormia maintenant âgé de vingt-six ans.
      - Il est plus facile de chevaucher en pantalon qu'avec de lourds jupons. Se furent les seuls mots qu'elle finit par réussir à prononcer.
      Son sourire s'élargit encore plus moqueur.
      - Et comment est-il possible pour une femme de tenir en selle, qu'elle soit en pantalon ou en jupe ?
      La surprise liée à son apparition se dissipa et son sang ne fit qu'un tour.
      - Mais comme toi, à l'aide de mes cuisses. Cingla-t-elle
      Ils se fixèrent un instant avant que le rire du Roi remplisse la salle, détendant l’atmosphère. Il regagna le trône posant une main sur l'épaule de son fils.
      - Ne la tourmente pas mon fils. Kiera vient de perdre son frère et de faire un long voyage. Elle doit être épuisée et rêve sûrement de prendre un bon bain avant d'assister au bal de ce soir.
      - Je suis désolé, mais je suis seulement venu assister aux funérailles d'Isaac. Comme celle-ci on eu lieu ce matin et que je n'ai pas pu y assister, je dois repartir aujourd'hui afin d'arriver à temps pour aider aux moissons.
      Un brouhaha indigné s’éleva dans la salle et elle réalisa la porté de ses propos. Il s'agissait manifestement d'un affront auprès de la famille royale. Refuser d'assister à un événement ouvertement et faire remarquer au roi son erreur était plus que déplacé. De même que le fait qu'une personne de haut rang, qui plus est une femme, travaille aux champs comme un vulgaire paysan représente une insulte à l'encontre de la bienséance.
      Elle avait peut-être oublié ses bonnes manières après tous.
      Cependant, Marcus ne sembla pas s'en formaliser, car il reprit la parole avec un ton bienveillant faisant taire la foule.
      - Je suis désolé que tu n'ai pu assister aux funérailles, nous ne pouvions plus attendre. Son, son corps ne pouvait pas supporter un jour de plus. Néanmoins, nous serions honorés, je serais honoré que tu assistes au bal de ce soir en sa mémoire. Je comprends que les récoltes sont importantes pour toi mais une journée de plus ou de moins n'aura pas tellement d’incidence. Et puis, tes parents me massacrerait si jamais je ne t'offrais pas le gîte et le couvert après deux jours de voyages.
      Aydan exerça une légère pression sur le bras de sa sœur pour lui signaler d'accepter, mais celle-ci n'était toujours pas convaincu.
      - Je n'ai même pas d'affaire, pressé par le temps, je n'ai pas pris de tenue appropriée...
      - Ne t'en fais pas pour ça, j'ai ce qu'il te faut. Répondit son frère.
      Étonnamment, se fut Ancar qui mit fin à la discussion ne lui laissant pas le choix.
      - Très bien. Je vais faire monter de l'eau dans ta chambre pour que tu puisses te rafraîchir avant de te reposer. As-tu apporté tes suivantes ?
      - Une amie est en route actuellement, je l'ai laissé en arrière pour arriver plus vite. Elle ne devrait pas tarder. Cependant, je dois d’abord aller m'occuper de mon cheval.
      - T'occuper de ton cheval ? Ricana Ancar. Nous avons une multitude de palefreniers qui peuvent prendre soin de lui.
      - Ne sais-tu pas que c'est au cavalier de s'occuper de sa monture et non pas un autre ? Pour monter un cheval, il faut le mériter et pas seulement poser ses fesses sur son dos en se pavanant.
      - Elle a raison mon fils. Vaque à tes occupations pendant que nous faisons préparer ta chambre Kiera. Je suis très heureux que tu restes parmi nous ce soir.
      Et la discussion fut finie.
















































      Chapitre 3 :

      - Je te présente Anna, ma fille.
      Kiera aperçu brièvement sa jeune nièce avant que celle-ci ne se cache derrière la jambe de son père.
      Elle s'accroupit pour s'abaisser à sa hauteur avant de lui parler d'une voix douce.
      - Bonjour, Anna. Je suis heureuse d'enfin te rencontrer, je suis Kiera la sœur de ton papa. Tu sais, il m'a beaucoup parlé de toi dans ses lettres. Tu aimes les chevaux n'est-ce pas ?
      A l'évocation des équidés, la petite sortie sa tête blonde comme si cela avait été le mot magique. Kiera poursuivit.
      - Tu voudrais venir m'aider à m'occuper du mien ?
      Anna leva ses jolies yeux verts témoins silencieux de leur lien familial vers son père pour lui demandais l'autorisation.
      - Qui suis-je pour m'opposer à ta tante ? Bien sûr que tu peux.
      Et se fut comme si toute sa timidité n'avait jamais existé.
      - Comment il s'appelle ? C'est un garçon ou une fille ? Il a quel âge ? De quelle couleur est-il ? Il court vite ? Je pourrais le monter ?
      Les trois adultes présents se mirent à rire.
      - Il s'appelle Desmond. C'est un garçon, il a six ans, il est tout noir et court très très vite. Tu n'auras qu'à lui demander toi-même, mais comme je suis sûre qu'il dira oui, tu devrais aller changer de tenue.
      La petite fille hocha la tête et s'enfuit sûrement pour partir enfiler des vêtements adéquats.
      Kiera se redressa et une jolie femme blonde et visiblement enceinte s'approcha d'elle.
      - Je te présente ma femme, Marie. Aydan lui donna un coup de coude avant d'ajouter : N'essaye pas de la corrompre sinon je vais te tordre le cou !
      L'épouse de son frère, la prit dans ses bras avec vigueur malgré son ventre énorme.
      - Nous avons plein de choses à nous dire, j'ai enfin trouvé quelqu'un qui n'a pas peur de lui pour comploter avec moi dans son dos. Lui murmura sa belle-sœur à l'oreille.
      Kiera se mit à sourire, réellement heureuse.
      - Je crois que nous allons bien nous entendre.
      Elles se séparent mettant fin à leur étreinte et posèrent leurs yeux sur un Aydan visiblement rempli de joie.
      La petite fille revint toujours en courant, cette fois-ci habillée d'une robe plus pratique pour faire de l'équitation. Elle saisit la main de sa tante pour l’entraîner vers la porte, presser d'aller rejoindre Desmond, tous en lui posant une centaine d'autres questions.
      Il est grand ? Il préfère les pommes ou les carottes ? Tu crois qu'il va bien m'aimer ?
      Kiera se laissa guider, répondant à chacune de ses questions avec bienveillance, tombant littéralement amoureuse de sa jeune nièce, son frère et sa femme à leur suite.

      C'était sûrement la centième fois que Marie répétait à son mari que tout allait bien se passer, mais celui-ci ne semblait pas réussir à se détendre, continuant à broyer sa main.
      Sa fille se retrouvait perchée sur le diable en personne – sans sellerie et entravé par aucune sorte de lien- en plein milieu d'un champ, comment pouvait-il se calmer ?
      Pourtant, son adorable blondinette riait aux éclats un énorme sourire illuminant son visage pendant que sa tante veillait au grain tout aussi radieuse.
      Quand sa petite se mit à glisser sur le coté droit du cheval, il s'élança pour les rejoindre, mais il s'arrêta net en voyant Desmond s'arrêter de trotter, tourner la tête vers Kiera, attendant qu'elle vienne repositionner sa nièce sur son dos.
      Aydan réalisa enfin ce que sa femme avait compris à l'instant où elle avait vu Kiera interagir avec son étalon. Il commençait à entrapercevoir la grande intelligence et la profonde bienveillance qui composait cet animal. Il sut alors qu'il n'aurait plus à s'inquiéter, car ce démon noir ne ferait jamais de mal à Kiera et aucune autre personne à laquelle elle tenait.
      Il retourna à coté de son épouse, reprit sa main dans la sienne – sans la broyer – et se mis à profiter de la scène.
      Le vent apporta le chant d'un oiseau.

      - Je crois que je ne pourrai jamais comprendre pourquoi tu préfères rester vivre à la maison.
      Kiera explosa de rire face au regard ébahi de sa meilleure amie qui n'arrivait pas à fixer ses yeux sur un objet en particulier.
      C'était la première fois qu'Isis mettait les pieds dans un endroit pareil. Elle qui avait grandi dans un taudis des bas-fonds d'Elrhodia jusqu'à ses neufs ans puis dans la grande maison de campagne de Dame Alana, n'aurait jamais pu imaginer qu'elle pourrait dormir un jour dans un château. Elle émit une prière à sa mère, l'a remerciant comme à chaque fois que quelque chose lui paraissait trop beau pour elle, d'avoir préféré l'a confié à l'orphelinat plus tôt qu'au bordel.
      Les deux jeunes femmes regagnaient la chambre qui avait été offerte à Kiera pour la nuit.
      Après quelques instants, Kiera finis par lui répondre ayant réfléchi à chacun de ses mots.
      - Tu sais, je ne pense pas que ce soit un mode de vie qui me convienne. Il y a trop d'obligation, de faux-semblants et d'hypocrisie en ces lieux pour que je me sente à ma place. Je préfère de loin me lever chaque matin pour faucher le foin plutôt que de dormir toute la mâtiné, je préfère ma petite chambre décoré à mon goût plutôt qu'une pièce immense sans personnalité, je préfère porter un pantalon confortable saisi à la va-vite en me levant plutôt que de prendre une heure à choisir la plus voyante des robes et de répéter cela plusieurs fois par jour et enfin, je préfère de loin exprimer mes pensées auprès de personne qui m'écoute réellement plutôt que de les museler pour faire plaisir à des personnes qui n'auront que du mépris pour celles-ci. Pour moi, ce palais représente que des souvenirs, et l'orphelinat un véritable foyer.
      - C'est sûre que sous cet angle ça n'a l'air pas si agréable.
      Kiera sourit à son amie mais, cette dernière ne le remarqua pas fasciné par ce qui les entourait.

      Elles avaient toutes deux pris un bain quand on toqua à la porte, interrompant leur discussion au sujet de l'Oncle Johnatann. Aydan rentra une robe qui paraissait lourde chargé dans ses bras, déjà en tenue de soirée.
      - Ce n'est pas trop tôt, j'ai cru que j'allais devoir me présenter à ce bal un drap de bain en travers de l'épaule.
      - Pourtant, j'aurais pensé que tu apprécierais que je la fasse nettoyer. Lui répondit son frère en étalant la robe sur le lit.
      Le cœur de Kiera se mit à faire des bons quand elle la reconnut. Elle en connaissait chaque bout d’étoffe et chaque couture. C'était la robe que sa mère avait fait faire pour elle quand elle avait huit ans pour la cérémonie de l’envol. Un rituel hérité des anciens temps, il représentait le passage vers une autre vie. Quand Kiera avait appris l'existence de ce rite, elle en était devenue obsédée en parlant à qui voulait bien l'écouter, ou plutôt à toutes les personnes qu'elle obligeait  à avoir envie de l'écouter. Ses parents excédaient avait fini par accepter à une condition, qu'il est lieu à ses dix-huit ans. La jeune fille excitée  avait eu la brillante idée de préparer sa robe dix ans en avance alors elle s'était mise à découper toutes ses vêtements blancs pour récupérer du tissu. Sa mère l'avait trouvé entouré des loques au milieu de sa chambre et l'avait réprimander pour une semaine plus tard lui offrir la robe en question.
      Kiera n'avait pas procédé à la cérémonie de l'envol lors de ses dix-huit en mars dernier, il a trois mois de ça et le fait que son frère s'en soit souvenu l'ému aux larmes. Elle voulut l'étreindre, mais il s'écarta avant qu'elle ne l'atteigne.
      - Tu es habillé avec un drap de bain, ça ne me dérangeait pas quand tu avais cinq ans, mais là, c'est vraiment gênant. Dit-il en reculant vers la porte. Je te laisse te préparer. Finit-t-il en sortant.
      - Je crois que c'est la plus belle chose que les Dieux m'ont donné de voir. Murmura Isis la main tendue vers le tissu sans pour autant oser le toucher. Elle reprit d'une voix criarde. Enfile-la !
      Son amie se saisit du sac contenant la chemise et les sous-vêtements pour lui lancer.
      Kiera se dirigea vers le paravent installé dans un coin de la chambre pour les enfiler. Elle entendit Isis pouffer quand elle passa la longue chemise par sa tête.
      Un grognement quitta ses lèvres quand elle sortit de sa cachette pour voir ce qui la faisait pouffer comme ça.
      - J'en connais une qui va passer une bonne soirée.
      - Parce ce que tu crois vraiment que je vais porter ça !
      Elle se saisit du corset que sa confidente tenait coincée entre deux doigts pour le lancer à travers la pièce.
      - La robe aurait pu me faire douter quant à la vie de château ou bien ton frère, j'avoue que les deux m'émoustillent, mais après avoir vu ça, je vais retourner à mes vaches et mes brebis. Rigola-t-elle face au dégoût de Kiera.

      - T'ai-je déjà dit à quel point tu est belle ?  Demanda Aydan à sa sœur accroché à son bras.
      - Ça doit déjà être la quatrième fois depuis que l'on a quitté sa chambre, fait attention mon amour, je vais finir par être jalouse et tu vas te retrouver demain matin après une bonne nuit de sommeil sans la partie de ton corps que tu chéris. Répliqua sa femme rattachée à son second bras.
      Il se contenta de déglutir fortement pendant que les trois femmes qui l'accompagnaient se mirent à rire en cœur.  Elles s’arrêtèrent seulement quand ils atteignirent le dernier couloir les menant à la salle de bal, entendant de plus en plus distinctement la musique.
      En arrivant à la porte, Isis glissa sa main dans celle de Kiera sûrement à la recherche d'un peu de courage.
      Ils marquèrent un temps d'arrêt en pénétrant dans la pièce, laissant le page les annoncer.
      - Le Duc Aydan d'Estormia de Kastelstormia, son épouse Marie Duchesse d'Estormia de Kastelstormia, la Seconde Duchesse Kiera d'Estormia de Kastelstormia et Dame Isis de Rhodia.
      Toutes les personnes présentes arrêtèrent de parler pour se tourner vers les nouveaux arrivants afin de prononcer les mots d'usages réservés à la famille du mort. « Puisse-t-il trouver le repos éternel auprès des Dieux. »
      L'intégralité de la noblesse vêtue de la couleur royale s'inclina légèrement et Aydan fit de même à son tour marquant la reprise des festivités.
      La grande salle était richement décorée, le trône du Roi– qui avait été amené ici pour l'occasion- surplombant l'assemblé sur une traditionnelle estrade, un buffet remplit de nombreux plats était installé sur une grande partie du mur coté cour alors que celui d'en face était composé de divans. Située au centre de la piste de danse, elle-même située au centre de la pièce se tenait un orchestre.
      Kiera resta collée à son frère tout le long de la soirée tous comme Isis resta collé à son ami toutes deux trop intimités par ses réjouissances. Elles quittaient leur repère seulement pour répondre à l'invitation d'une danse. Les nobles se succédaient auprès de Aydan pour lui exprimer ses condoléances pourtant aucun d'eux ne semblaient en avoir réellement quelque chose à faire, car la discussion finissait toujours par dérivée sur Kiera chacun cherchant à grappiller le plus d'informations pour pouvoir alimenter les ragots.
      Quand les premières notes d'une valse retentirent, ils eurent une nouvelle occasion de jaser. Ankar, vêtue d'un costume de soie noire et de broderie cousue de fils d'or, venait de se lever de son trône, traversant la salle pour  l'inviter à danser.
      Il saisit son bras pour l’entraîner au centre de la pièce, les autres danseurs sortant de la piste de danse comme de coutume pour laisser tous l'espace à leur prince.
      Il glissa sa main dans l'une des siennes, posa la seconde sur sa hanche pour l'attirer plus près de lui, trop près au goût de Kiera. Elle mit un instant avant de déposer la sienne sur son épaule, hésitante.
      Puis ils se mirent à tournoyer. Après quelques instants d'autres couples les rejoignirent.
      - Il semblerait que tu aimes attirer l'attention sur ta tenue vestimentaire.
      Ankar avait profité de la baisse d'attention de la foule pour s'incliner vers Kiera un sourire taquin aux lèvres.
      - Quelle idée de porter du blanc ! Ricana-t-il.
      Il était vrai que la couleur de sa robe était inappropriée à un bal d'hommage, mais cela n'avait eu aucune sorte d'importance pour elle et pour son frère.
      La tradition voulait que les invités portent du rouge, couleur de la royauté Kastelstormienne rappelant le sang qui avait coulé lors de la bataille de l'équinoxe, le noir étant réservé à la famille royale et aux proches du défunt. Kiera détonnait grandement avec sa robe de bal blanche.
      - Savais-tu que le blanc était le symbole du renouveau ? Dans certains pays, il s'agit de la couleur lié à l'enterrement car elle représente la pureté que l'âme du mort à atteint quand celui-ci a pousser son dernier souffle.
      - Fascinant. Sans prévenir, il resserra son étreinte sur sa hanche pour venir coller son bassin au sien visiblement trop proche pour la bienséance. Et le fait que tu ne portes pas de corset à aussi un rapport spirituel à la mort de ton frère ?
      La gêne fit son apparition sur le visage de Kiera, ses joues s'embrasant. Elle chercha son frère du regard. Il le trouva à coté de la porte raccompagnant sa femme et Isis, l'air grave. Il posa un instant ses yeux sur elle et lui sourit avant de se diriger vers le Roi.
      Elle se contenta de secouer la tête et de la baisser se laissant guider dans la danse.
      - Déjà enfant tu n'avais cure des bonnes manières, chaque semaine quand nos précepteurs faisaient leur compte-rendu à nos parents ils s’arrachaient les cheveux en parlant de toi mais jamais ils ne t'ont réprimandé. Puis tu es partie dans cet orphelinat indigne de ton rang, j'aurais pensé que tes frères auraient plus de jujotte pour t'inculquer ton devoir pourtant te voilà aujourd'hui. Chevauchant et t'habillant comme un homme, t'occupant comme un paysan, ne portant pas de corset, frappant le seul homme qui à le bon sens de te rappeler ta place.
      L'évocation du coup qu'elle avait donné à son oncle plus tôt dans la journée lui fit reprendre conscience et elle releva la tête s’apercevant enfin qu'Ankar l'avait entraîné dans le couloir menant à la salle de bal. Elle voulut s’éloigner de lui, mais il l'empêcha en l'emprisonnant de ses mains, son bassin toujours collé au sien.
      - Peut-être que la seule façon de t'inculquer les bonnes manières soit la force.
      - Mon oncle doit être un larbin particulièrement agréable pour que tu prennes sa défense ainsi.
      Il s'inclina vers elle alors qu'elle essayé de se dégager. Il resserra encore sa prise.
      - Arrêtes-tu me fais mal...
      - Je vais faire en sorte que ton caractère corresponde à ce que l'on attend d'une femme. Tu peux prendre cela comme une promesse ou comme un avertissement, fait à ta guise.
      A cet instant, elle eue peur car son regard ne reflétait aucune sorte d'humanité. Il n'avait pas choisi ses mots aux hasards, il les pensait vraiment.
      - Toutes les issus sont verrouillées et les hommes attendent vos ordres, mon Roi.
      La voix de Johnatann fit sursauter Kiera qui n'arrivait pas à détacher ses yeux du visage d'Ankar, complètement figée. Celui-ci hocha de la tête et un sourire mauvais fit son apparition sur ses lèvres.
      Soudainement, elle vit une cinquantaine d'hommes armés d’arbalètes se dirigeait vers la salle dans son dos.
      - Il semblerait que mon couronnement ait été avancé.
      Et sur ses mots, il desserra sa poigne.
      Kiera se retourna à temps pour voir la porte se refermer et un homme l'a verrouillé en faisant descendre la barre de bois qui servait à la retenir.
      Elle resta un instant sans bouger pigée dans l'incompréhension de la situation. Puis le son des premiers carreaux d'arbalète résonna suivis pas des cris de détresse.
      Elle s'élança comme si elle allait pouvoir mettre fin à ce massacre par la seule force de sa volonté. Ses mains tremblaient quand elle atteint les lourds battants, mais elle réussit à saisir le loqué pour le soulever.
      Des bras s'enroulèrent autour de sa taille pour la tirer en arrière avant qu'elle ne réussisse à le lever complètement.
      Elle se débattit avec violence, hurlant, injuriant, frappant le vide de ses poings. Son chignon se détacha et son visage fut bientôt recouvert des mèches de ses cheveux.
      Rien ne fit se relâcher, même un instant, la poigne de celui qui la tenait coller contre lui.
      Les cris des personnes enfermés dans la salle continuaient à résonner contre les murs de pierres.
      Elle commença à se fatiguer, ses coups se faisant plus faibles et ses hurlements se brisant.
      Elle sentait le souffle de l'homme dans sa nuque, son bassin collé à ses fesses et son excitation tendre le tissu de son pantalon.
      S'en fût trop pour elle, et elle s'effondra en larmes.
      Ankar la laissa tomber à genoux quand les cris de détresse se mirent à baisser en intensité.
      Quand ils cessèrent enfin, Ankar se dirigea vers la porte, de nombreux nobles que Kiera n'avait pas vu avant sur les talons.
      Elle s'ouvrit dans un grincement sinistre.
      - Son Altesse Royale...
      La voix de son oncle qui résonna agit comme un déclencheur et elle se releva, courant pour rejoindre la salle de bal et son frère. Elle se créa un passage à travers tous ces seigneurs, bouscula Ankar ne s'arrêtant dans son élan qu'en arrivant devant les premières victimes du carnage.
      - Le Roi Ankar de Kastelstormia
      Kiera se mit à tourner sur elle-même cherchant désespérément son frère mais la seule chose qu'elle voyait était les nobles qui s'inclinaient. Elle aperçue enfin une personne vêtue de noir allongé sur le sol non loin du trône. Ça ne pouvait être qu'Aydan. Elle se mit à courir vers lui. Ses pieds produisant des cliquetis écœurant à cause du sang qui recouvrait les dalles, elle enjambait les corps fichés de flèches.
      Ses genoux la lâchèrent quand elle l'atteint, sa robe se tintant de rouge en touchant le sol.
      - Je, je, je vais t-t-t'aider a-attend. Buta-t-elle en observant ses blessures.
      Un carreau traversait sa cuisse droite, un autre son ventre et un dernier son épaule gauche. Elle passait les mains au-dessus de son corps frénétiquement sans le toucher ne sachant par où commencer, des larmes silencieuses roulant sur ses joues. Elle finit par arracher une bande de tissu de sa robe pour essayer de faire un garrot à sa jambe. Ses doigts tremblaient tellement qu'elle n'arrivait pas à serrer le nœud, elle si reprit à plusieurs reprise sans y arriver ; elle sursauta en sentant les doigts froids de son frère saisissant les siens l'empêchant de finir. Elle releva la tête pour le regarder. Ses yeux verts avaient perdu en intensité, reflétant la fatalité. Un sanglot lui échappa.
      - Chuut, calme-toi. Dit-il d'une voix roque.
      Un cri retentit et Kiera tourna la tête vers son origine. Les arbalétriers avaient à présent dégainé leurs épées pour achever les blessés sous les regards choqués des nobles qui avaient été épargnés.
      Elle reposa son regard sur son frère complètement affolé, mais celui-ci ne semblait pas s'en inquiété. Il remit une mèche de ses cheveux derrière son oreille.
      - Je suis tellement désolé ma chérie, je n'aurais jamais dû te laisser revenir ici. Commença-t-il avant d'être interrompu par une toux écœurante, ses lèvres se teintant de rouge. Ne le laisse pas obtenir ce qu'il désire de toi, je t'en supplie Kiera, ma sœur, mon adorable petite sœur...
      Elle opina ne comprenant pas le sens de ses paroles. Soudain, des mains la saisirent pour l'éloigner de son frère. Elle se mit à hurler.
      - Tu es bien plus puissante que tu l'imagines. Je t'aime, nous t'avons tous aimé, ne l’oublie jamais, promet le moi.
      Une épée se ficha dans sa poitrine et il poussa son dernier souffle. Elle sentit son cœur se fissurer et elle arrêta de pleurer, se sentant vide.
      - Je te le promets. Murmura-t-elle.
      Elle releva la tête pour fixer son regard sur  le responsable de ce massacre.
      Ankar se tenait face au trône regardant le roi toujours assis dedans, trois flèches plantées dans ses jambes, incapable de se lever.
      Le père et le fils se fixaient, le premier son visage déformé par la souffrance, le second affichant un sourire mauvais.
      - C'est la seule manière que tu as trouvée pour parvenir à tes fins, fils ?
      L’intéressé éclata de rire.
      - J'ai juste fait ce que tu n'avais pas le courage de faire pour prendre ce qui me revient de droit.
      - Elle ne sera jamais à toi.
      Ankar fit signe aux hommes qui retenait Kiera d'approcher, ils la traînèrent jusqu'à lui. Quand elle fut à sa portée, il la tira contre lui sans qu'il rencontre de résistance. Le vide en elle muselant toute envie de se défendre.
      Il la plaça devant lui face à son père, dégagea le coté droit de son cou, sa main s'attardant dans une caresse.
      - Elle ne te semble pas assez à ma merci ? Et je te parie que personne n'interviendra si je fais – tous en prononçant le dernier mot de sa phrase, il l'attira en arrière ses hanches frappant durement ses fesses – ça.
      Kiera se raidit mais ne tenta pas de se dégager.
      - Vois-tu père, ton règne sera bientôt oublié et je serais celui qui redonnera à notre royaume sa gloire passée.
      Son père ricana, mais fut interrompu par une toux roque.
      - Tu vas y perdre la vie. Le pouvoir n'est jamais une noble cause. J'ai beau chercher quand est-ce que j'ai fauté dans ton éducation. Je regrette tellement que les Dieux aient fait de toi mon fils. Ton ambition sera celle qui clouera ton cercueil et si tu ne deviens pas fou quand tu auras tous perdu.
      L'étreinte d'Ankar s'était resserrai sur Kiera au fur et mesure que son père parlait. La douleur la fit enfin sortir de sa torpeur et elle se dégagea avec force mettant de la distance entre eux.
      Cet éloignement soudain ne sembla pas le déranger, la rage déformant son visage, faisant trembler ses mains. Il se saisit de l'épée du garde le plus proche de lui avant d'avancer vers son père le pointant.
      - Et bien mon fils, toi qui rêves de pouvoir, il te reste quelque chose à faire. Si tu as réellement assez de courage pour prendre ce qui te revient de droit, il va falloir que tu me tues pour récupérer ma couronne.
      - Adieu père.
      La lame s'abattit sur le cou du défunt roi et sa tête roula, tombant sur les dalles dans un bruit répugnant.
      L'assistance semblait avoir perdu son souffle. Ankar s'avança vers le trône, ramassa la couronne, la posa sur sa tête, fit tomber le corps sans tête du siège et s'assit à sa place.
      - Une aire s'achève et une autre commence. Si vous n'êtes pas encore mort, c'est parce que j'ai estimé que vous pourriez faire partie de ma cour. Agenouillez-vous devant moi pour me prêter allégeance ou rejoignait les vestiges de l'ancien royaume.
      Jonhatann vient se placer à genoux devant le nouveau roi.
      - Mon roi, je vous offre ma vie. Je jure fidélité à votre trône jusqu'à ce que la mort me submerge.
      Ankar hocha la tête.
      - Relève-toi, Jonhatann Duc d'Estormia.
      Et son oncle se redressa pour crier.
      - Longue vie au Roi et que son règne dure pour l'éternité.
      Avant que l'assemblée puisse se joindre à eux Kiera se mit elle aussi à crier.
      - Espèce de sale rapace ! Tu étais prêt à sacrifier des vies innocentes pour t'élever dans la société, le corps d'Aydan est encore chaud que tu jubiles déjà de ton nouveau titre. Quant à toi – elle pointa Ankar du doigt – tu ne seras jamais réellement roi, car tu as obtenu ta couronne dans le sang et je refuse de te prêter allégeance. Tu ne seras jamais mon roi.
      Il posa ses yeux sur elle calmement avant d'annoncer d'une voix tous aussi calme. 
      - Veuillez raccompagner la duchesse dans sa chambre, je viendrais m'occuper d'elle quand mon couronnement sera terminé.
      Les deux hommes qui l'avaient éloigné de son frère quelques instants plus tôt essayèrent de la saisir par les bras, mais elle se défendit comme une tigresse jusqu'à ce qu'un soldat mesurant presque deux mètres s’avance pour la soulever par la taille dans les airs et la balancer sur son épaule pour marcher vers la sortie.
      - Tu n'es qu'un monstre, un putain de monstre. Hurla-t-elle quand ils passèrent la porte.
      L'acclamation de son oncle commença à retentir se répercutant sur les murs de pierre du couloir, devenant de plus en plus faible à mesure que l'homme avançai vers la chambre de Kiera.

      En espérant que cela te plaise :)
    • Matea

      Commence à sentir l'encre qui colle aux doigts

      Hors ligne

      #6 30 Août 2018 23:22:04

      Sincèrement, je suis fan ! Le retournement de situation arrive quand on s'y attend le moins... c'est bluffant. J'adore tes personnages, les dialogues sont spontanés, les descriptions parfaitement maîtrisées... tout semble parfaitement à sa place. =)

      C'est vrai qu'il y a des fautes, mais si tu trouve quelqu'un pour te relire ça ira (ex : une voix "rauque" et non "roque", au passé simple "elle atteignit" et non "elle atteint"... ce genre de petites choses). En plus, j'ai repéré moins de tournures de phrases incorrectes que dans le premier chapitre, la langue est plus fluide.