Qui dit samedi dit update lecture ! (oui c'est un weekend très casanier)@Mypianocanta : J'espère que le reste de ta lecture confirmera ton ressenti et j'irai lire ton suivi avec attention quand tu en seras venue à bout !
Quatre challenges ça reste très raisonnable au final, surtout quand il y en a un ou deux à basse maintenance (pour pas dire carrément inactifs) ! Le baby multi-genres avait l'air super chouette, j'ai failli craquer et m'inscrire, mais ce sera peut-être un challenge pour l'an prochain !
<image> La route de Haut-Safran, c'était SUPER !
Et j'ai une chance folle de l'avoir lu maintenant, parce que l'auteur, après avoir écrit le premier tome en 2011, a annoncé la sortie du second opus... pour le mois prochain ! Au Royaume-Uni, certes, mais je ne doute pas de sa traduction prochaine. Je n'aurai donc pas beaucoup de temps à attendre avant de mettre la main sur la suite de l'histoire, et avec une fin pareille, je plains celles et ceux qui trépignent depuis une décennie...
Si vous n'en avez jamais entendu parler, c'est un roman de SF écrit par Jasper Fforde, et on y suit Edward Rousseau, fils de swatcheur, qui est exilé dans une mission de comptage de chaises pour le punir d'avoir proposé une modernisation du système de file d'attente. ...mouais, bon, je crois que je vais galérer à résumer l'histoire...
Je vais essayer autrement.
Dans ce roman au worldbuilding fascinant, on découvre une société dont la hiérarchie s'organise en fonction... de la capacité à voir la couleur. En effet, ces humains du futur passent un examen, l'Ishahara, qui sert à déterminer combien de couleurs ils discernent et surtout, jusqu'à quel point. Edward, jeune Rouge qui n'a pas encore passé son Ishahara, a l'intuition qu'il pourrait devenir Prévôt (c'est à dire une sorte de maire-référent de sa couleur, la condition sine qua non étant de discerner plus de 70% de sa teinte), et il courtise Constance, une jeune fille dont il est fou amoureux la teinte rouge élevée lui assurera un mariage socialement profitable. Au début du roman, il se voit contraint d'accompagner son père dans un petit village paumé pour purger une punition suite à une mauvaise plaisanterie, faite à la mauvaise personne. Dans le village de Carmin-Est, tout le monde est très étrange et Eddie va brutalement être éjecté de la bienheureuse ignorance dans laquelle il flottait jusque là...
Que dire ?
Je reviens dessus, mais le wordbuilding est incroyable. Si on peut se sentir perdu dans les premières pages, les choses s'éclaircissent peu à peu et on ne se sent jamais totalement largué grâce aux contextualisations : on nous dit que le père d'Edward est Swatcheur, ce qui n'évoque rien pour nous jusqu'à ce qu'on le voie soigner une personne bien mal en point. Les noms des villes me font penser aux premiers jeux Pokémon (Jade-sous-Limon, la Péninsule de Pain-de-Miel) et les noms de famille, toujours liés aux couleurs, peuvent changer du tout au tout en fonction de l'ascension ou du déclassement social. Le mariage est strictement réglementé, interdisant aux gens de couleurs complémentaires de s'unir afin de préserver la pureté chromatique ; certains privilégient la montée en teinte en promettant leur fille "pure teinte" à un prétendant d'un minimum de 55%, d'autres se moquent de se déclasser tant que leur futur conjoint est blindé en "mérites". Quels qu'ils soient (monnaie ? note TripAdvisor ?), les mérites sont très importants : en avoir mille vous garantit des droits capitaux, comme d'être un résident à part entière, de vous marier, de porter des gilets à motifs et de vous resservir à table. Et si vous pensez que j'en ai trop dit, sachez que je n'ai même pas effleuré la surface.
Ce roman est fascinant par le monde qu'il propose, mais il a bien d'autres qualités, parmi lesquelles l'humour (si l'histoire des gilets à motifs vous avait pas mis sur la voie), très britannique et pince-sans-rire : ce n'est pas le genre de roman dans lequel les personnages font des traits d'humour toutes les dix secondes, davantage celui qui vous prend par surprise avec des règles stupides (interdiction de compter les moutons, suppression du nombre 73...) ou en intégrant des morceaux de notre culture interprétés de manière totalement erronée (les bibliothécaires qui se dessinent des lunettes sur le visage, les recherches archéologiques pour retrouver la Route de Briques Jaunes du Magicien d'Oz...). Je me rends compte que j'ai très peu parlé des personnages, mais ils sont souvent abjects, parfois touchants, caricaturaux et hilarants, mis au ban du système pour moult raisons excentriques, mais dans l'ensemble très attachants.
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Et cette fin !!! Le Mildiou est une maladie créée et utilisée pour faire taire et réguler la population, les Franges Extérieures servent de purgatoire social pour potentiels dangers à l'équilibre de ce gros mensonge collectif... C'est sordide. Tout ce système est sordide, on le savait déjà, et plus on avance dans la lecture plus on le ressent (l'existence des aveugles, le traitement réservé aux Gris par la prévôte Jaune, le viol d'Edward par Violette mais autorisé par le père...), et surtout, pas de Reboot. Juste la mort, lente et douloureuse, un océan de cuillers inutilisées sur les bords de route et de cadavres assimilés dans ce pseudo-goudron... On peut piétiner des prétentions maritales en trente secondes quand on corromp la bonne personne, et il faut parfois sacrifier un gentil couple d'amoureux pour sauver des centaines de sales cons.
Cette fin m'a scié les pattes, j'étais incapable de lâcher le livre et de me discipliner vers une heure de sommeil raisonnable.
Je vous le recommande sans réserves, je n'avais rien lu de tel et j'ai très envie de découvrir les autres livres de l'auteur ! (mais ça attendra l'an prochain...)
A suivre ?
Je me suis lancée dans deux lectures, toujours en accord avec les aléas de ma jarre du destin :
► Erratum - Un livre qui utilise le prétexte des anachronismes dans les films historiques pour dispenser moult anecdotes sur l'histoire du costume. Je pensais que ça parlerait beaucoup plus de cinéma et c'est finalement très orienté Histoire/Histoire du Costume mais j'adore. J'ai hâte de vous en parler !
► Gwen & Art are Not in Love - Un roman qu'on m'a vendu comme une réécriture LGBT+ du mythe Arthurien, dans lequel Arthur est amoureux de son page et Gwen d'une chevalière. Je n'ai malheureusement lu que 20 pages pour le moment, je compte m'y pencher avec plus de dédication demain !
Je repasserai le weekend prochain pour une nouvelle update !