Découvrons la poésie...

 
    • amé_lit

      Livraddictien débutant

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      #1 29 Avril 2019 23:01:34

      Bonjour !

      Voilà, j’ai décidé de lancer ce topic centré sur la poésie. Le principe est simple : publier vos poèmes coups de cœur, soit en entier, soit quelques vers qui témoignent de leur splendeur. Toutes les œuvres sont tolérées, qu’il s’agisse de vers libres, de rimes, etc... Même les pièces de théâtre ou romans contenant une certaine forme poétique sont admis ! Le but est de partager et populariser ce genre peu connu qu’est la poésie ;)
      Je commence :

      La Grasse Matinée

      Un peu plus loin le bistrot
      café-crème et croissants chauds
      l’homme titube
      et dans l’intérieur de sa tête
      un brouillard de mots


      -Prévert, Paroles

      Dernière modification par neomelie (31 Mai 2019 09:12:51)

    • amé_lit

      Livraddictien débutant

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      #2 31 Mai 2019 09:00:09

      LE CHEVAL DE PALADINO VOUS SALUE

      On dit
      Que le cheval est la plus belle conquête de l'homme
      Tant mieux
      Sinon l'homme aurait monté le Nègre
      On ne dit pas Nègre mais homme de couleur
      Oui, le Blanc aurait pris l'homme de couleur pour sa monture
      C'est déjà arrivé en Amérique au temps de l'esclavage
      Le cheval était mieux traité que le Noir
      Le Noir se baissait pour que le Maître accède à son cheval
      Le cheval, fier et digne, n'était pas dupe
      Le cheval est plus qu'une conquête
      C'est une œuvre d'art
      Peintres et sculpteurs l'ont de tout temps adopté
      Ils l'ont travaillé
      Ils ont mis sa tête à l'envers
      Sa crinière lissée en chevelure de mer
      Ses jambes transformées en torpilles
      Ses naseaux en lanceurs de feu
      Le cheval est une présence qui intimide
      Une sublime créature qui défie le vent
      Court plus vite que le temps
      Le cheval est une image jamais figée
      Ailé, il emporte les prophètes vers d'autres cieux
      Se braque quand on le contrarie
      Il se met sur ses jambes arrière
      Hisse sa crinière comme le drapeau de la révolte


      -Tahar Ben Jelloun, Douleur et lumière du monde

      Dernière modification par neomelie (31 Mai 2019 09:11:36)

    • amé_lit

      Livraddictien débutant

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      #3 31 Mai 2019 09:09:35

      POEMES PEINTURES

      Ne dites plus :
      L'homme est un loup pour l'homme
      Le loup mange l'agneau
      Quand il a faim
      L'homme même rassasié
      Tue l'homme par plaisir
      Une volonté avec l'intelligence
      D'être encore plus féroce que la machine
      Il suffit de dire :
      L'homme est un homme pour l'homme.

      Ne cherchez plus à corriger la folie du monde
      L'homme a inventé la logique
      Pour se sentir maître de quelque chose
      Il a mesuré les océans et la hauteur du ciel
      Il a observé les étoiles et a instauré le doute
      Il a réécrit l'histoire
      Il a allongé l'espérance de vie
      Il a entre les mains
      De quoi anéantir la planète
      Allez savoir où se cache son bonheur
      Encore une idée idiote
      Pour masquer sa rapacité
      Pour être et avoir
      Pour avoir et ne plus être.


      -Tahar Ben Jelloun, Douleur et lumière du monde

      Dernière modification par neomelie (31 Mai 2019 09:11:50)

    • amé_lit

      Livraddictien débutant

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      #4 01 Juin 2019 20:50:24

      Par la magie des mots renaître
      Ecrire pour ne pas disparaître

      Le sourire
      C’est le silencieux
      Au bout d’une arme à feu

      Je couche mes mots
      Au quotidien
      Sur ton corps
      En suivant tes lignes


      -Jacques Nimsgern et Jean Dorval, Echo-ésie
    • amé_lit

      Livraddictien débutant

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      #5 26 Juin 2019 09:14:10

      Ce que je veux de toi, ce n’est point faveurs vaines
      C’est l’âme de ton corps, c’est le sang de tes veines.

      Si j’étais à ta place,
      J’en aurais assez, je serais lasse
      De ce fou furieux, de ce sombre insensé,
      Qui ne sait caresser qu’après qu’il a blessé [...]
      Toi, paisible et croissant comme une fleur à l’ombre,
      Moi, heurté dans l’orage des écueils sans nombre.

      J’aime mieux avec lui, mon Hernani, mon roi,
      Vivre errante, en dehors du monde et de la loi,
      Ayant faim, ayant soif, fuyant toute l’année,
      Partageant jour à jour sa pauvre destinée,
      Abandon, guerre, exil, deuil, misère et terreur,
      Que d’être impératrice avec un empereur !

      Souviens-toi que, si tu meurs, je meurs.


      -Victor Hugo, Hernani
    • LumLum

      Lecteur professionnel

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      #6 30 Juin 2019 21:33:55

      Reste, alouette des bois aux doux trilles, reste.
      Ne quitte pas pour moi la branchette tremblante.
      Un amant éconduit sollicite ton chant,
      Ta complainte si tendre aux sons si apaisants.
      Je vend entendre encore ce caressant passage,
      Je veux pouvoir saisir ton art attendrissant
      Qui, à n'en pas douter, saura toucher le cœur
      De celle dont le dédain me tue à petit feu.
      Tu parles d'affliction et de tourments sans fin,
      D'une peine indicible, d'un sombre désespoir.
      De grâce, douce alouette, cesse!
      Avant de me briser le cœur!

      À l'alouette des bois de Robert Burns

      Dernière modification par Hakutchi (30 Juin 2019 21:35:44)

    • LumLum

      Lecteur professionnel

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      #7 25 Juillet 2019 22:38:24

      « L’amour est la fumée qu’exhalent nos soupirs.
      Purifié, c’est un feu dans les yeux des amants,
      Contrarié, une mer que grossissent leurs larmes.
      Qu’est-il encore? Une folie très sage,
      Un fiel qui nous étouffe, un baume qui nous sauve. »

      Acte 1, scène 1 - Roméo et Juliette de Shakespeare.

      Dernière modification par Hakutchi (25 Juillet 2019 22:38:47)

    • Truculent_ichneumon

      Dévaliseur de rayonnages

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      #8 07 Mai 2020 15:34:33

      « Tout l'automne à la fin n'est plus qu'une tisane froide. Les feuilles mortes de toutes essences macèrent dans la pluie. Pas de fermentation, de création d'alcool : il faut attendre jusqu'au printemps l'effet d'une application de compresses sur une jambe de bois.
      Le dépouillement se fait en désordre. Toutes les portes de la salle de scrutin s'ouvrent et se ferment, claquant violemment. Au panier, au panier ! La Nature déchire ses manuscrits, démolit sa bibliothèque, gaule rageusement ses derniers fruits.
      Puis elle se lève brusquement de sa table de travail. Sa stature aussitôt paraît immense. Décoiffée, elle a la tête dans la brume. Les bras ballants, elle aspire avec délices le vent glacé qui lui rafraîchit les idées. Les jours sont courts, la nuit tombe vite, le comique perd ses droits.
      La terre dans les airs parmi les autres astres reprend son air sérieux. Sa partie éclairée est plus étroite, infiltrée de vallées d'ombre. Ses chaussures, comme celles d'un vagabond, s'imprègnent d'eau et font de la musique. »

      Francis Ponge - Le Parti Pris des Choses

      Dernière modification par Truculent_ichneumon (07 Mai 2020 15:35:12)