#32 04 Septembre 2019 22:37:30
Honnêtement je me suis jamais posé la question avant aujourd'hui, mais oui, clairement, j'ai déjà eu honte de ce que je lisais. Quand j'étais au collège, à un âge où j'avais désespérément besoin de me démarquer des autres filles dans les passions desquelles je ne me reconnaissais pas, je traînais avec la bande de nerds fan du seigneur des anneaux et de Lovecraft. J'aurais préféré me trancher les cordes vocales que d'être prise en flag en train de lire des romans comme Peggy Sue ou Le Journal de Georgia Nicholson (alors que ce roman m'a marqué à vie), parce que je voulais qu'ils m'intègrent. Je prenais mon appétence pour des lectures légères de temps à autres comme une faiblesse. Ça m'a pris du temps pour déconstruire l'idée d'une échelle de valeurs, et même maintenant c'est pas gagné. Je comprends le côté tolérant de vos discours, seulement pour moi ça a pas toujours été une évidence. Si maintenant lire une romance cucul dans le métro ne me fait rien, c'est que j'ai fini par me débarrasser du moindre intérêt pour les gens, et donc pour leur avis (en général, hein, je suis pas sociopathe, je m'intéresse quand même à des gens. Sauf que maintenant je les choisis). Malgré ça, même si j'essaie de ne pas juger quelqu'un qui lit du Lévy dans le métro parce que ça reste de la lecture et que c'est mieux que rien, si je discute avec quelqu'un qui me dit adorer lire pour me sortir Musso Levy et Werber, je pourrai difficilement m'empêcher de le regarder de haut. C'est ce que je fais, lire des auteurs mongols et juger les gens.
Dernière modification par Mange-Nuages (04 Septembre 2019 22:39:50)