La presse littéraire, les médias, et la jeunesse

Les acheteurs de livres aujourd'hui, c'est deux groupes
Les 15 - 24 ans
Les plus de 60 ans
Les 15 - 24 ans, c'est un public de lecteurs débutants, donc peu exigeants, et guidés quasi exclusivement dans leur choix par le genre, le résumé et le nom de l'auteur (je peux t'orienter vers des études de marché qui cernent tout ça, si tu veux). La notion de qualité est présente en théorie dans l'esprit de ce public mais en pratique, elle ne joue pas. Pour s'en convaincre, il suffit de regarder les plus gros succès bit-lit young adult et autres romans pour adolescentes. Il suffit de regarder de quoi on parle le plus sur livraddict et sur tous les autres forums littéraires.
Donc, contrairement au lectorat des années 70 ou 80 par exemple, c'est un public qui n'a pas l'usage d'un média critique. Il a juste besoin de listes de romans à vendre, avec genre, résumé, auteur. La même chose s'est passé avec le cinéma. Avec le rajeunissement du public en salles et l'orientation quasi exclusive du box office américain vers un cinéma pour ados (super-héros etc) , la plupart des revues de critique cinématographique sont mortes et les rares survivantes ont vu leur tirage réduit une fraction de ce qu'il était. Le  public actuel veut juste connaître le genre du film et le pitch. S'il y a une grosse campagne de pub, un beau parc de salles en première semaine et un nom connu sur l'affiche, c'est bien suffisant.  Une critique cinématographique est aussi utile à ce public qu'un skateboard à un poisson rouge.

Quand au public des plus de 60 ans, il y a la comm des prix littéraires que tu évoques. Et pour les autres genres, c'est un public de lecteurs expérimentés. Pour les fréquenter depuis des années, je me rend compte que ce sont des critiques littéraires aussi ou plus compétents que les journalistes littéraires, et mille fois que les vendeurs de librairie. Aucun média littéraire ne peut leur apporter une info utile. Ce serait plutôt le contraire ! Ils en savent déjà plus que les contributeurs de ces médias. Par exemple, quelqu'un qui a lu un millier de livres de SF ne trouvera aucune info utile dans un magazine ou un webzine consacré à la SF. Bien sûr, je rêverai que quelques uns de ces lecteurs sexagénaires expérimentés crééent un magazine ou un webzine littéraire. Quelle mine d'or, ce serait ! Mais ça n'arrivera pas.  Ce serait un gros travail. Quelle serait la motivation de ces grands lecteurs ? Ils n'y gagneraient ni argent, ni carrière de quelque nature que ce soit.

Oui, à condition que chaque personne qui y travaille ait lu quelques milliers de romans. Là, il y a aurait une plus-value. Si c'est pour avoir l'avis de gens qui ont lu seulement quelques dizaines de romans du genre concerné, autant aller ici, sur Booknode etc. Bref sur des sites pour adolescentes et/ou lectrices débutantes peu exigeantes qui fonctionnent au résumé.



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Je l'ignore, mais je peux hasarder une hypothèse , si tu veux.
Dans les années 80, nous avons trois tranches d'âge qui lisent, la 1 (15-24 ans), la 2 (25-60) et la 3 (60+).
4 décennies s'écoulent pendant lesquelles les rapports entre les médias se modifient. Certains déclinent (radio, presse, cinéma, télévision), d'autres naissent (internet). Le livre fait partie des perdants, il perd une partie de sa clientèle (*).
Mais il ne la perd pas uniformément.  Tout comme un autre média en déclin, le cinéma, il reste solide auprès des 15-24 ans. Parce que c'est un public inexpérimenté et facile à satisfaire avec des recettes simples. Donc, pas besoin d'auteurs de grands talent, qui sont de plus en plus difficiles à trouver.
De même, le livre reste solide sur les plus de 60 ans. Ils sont nés en 1950 et ont grandi à une époque où le livre était roi. Ils ont une culture de la lecture. Cette génération là lira jusqu'à sa mort.
Le livre s'effondre donc uniquement dans la tranche 2.
Tout cela n'est que pure spéculation de ma part.

(*) historiquement, les années 70 resteront peut être comme son apogée économique

Il y a un peu des deux. J'indique dans mes réponses qui est quoi.
En particulier, la cause du recul de la lecture chez les actifs, c'est pure spéculation de ma part. Peut être que les professionnels du livre ont accès à des études de marché qui expliquent le pourquoi de cet effondrement, mais je n'y ai pas accès.
De plus, qu'est ce que ça changerait pour moi de connaître la réponse ? Ce n'est pas comme si je pouvais y faire quelque chose. Hélas. Je ne suis qu'une simple lectrice, je me concentre sur ce qui me permet de trouver des livres que j'aurai plaisir à lire. Et donc des gens qui pourraient me conseiller.

Cherche un peu mieux, il y en a plein.
L'étude CNL IPSOS 2019 montre que les jeunes d'aujourd'hui lisent de plus en plus de la DB-manga-comics et du fantastique.

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Gratte un peu dans les études sur le marché du livre et tu trouveras des tas d'enquêtes sur ce que les jeunes lisent et désirent lire aujourd'hui

Le jeune lectorat se fie au genre et au résumé. Et dans le résumé, il recherche des tropes de livres qu'il a aimés Harry Potter - Hunger Games & co. À ma connaissance, il n'existe pas de média indépendant (ou pseudo indépendant) dans le processus. Même chose pour le jeune public des autres formes de divertissement, comme le cinéma ou musique. Tout repose sur le marketing et le packaging.

Ne peux tu pas faire les deux ? Laisser parler ta subjectivité à l'intérieur de la production formatée par le marketing des oeuvres jeunesse ?

Pour faire plaisir à tes jeunes, tu peux faire deux choses :

- conseiller des titres ultra formatés issus de la grosse cavalerie marketing (mais à la limite les jeunes n'ont pas besoin de toi pour les identifier)

- conseiller des titres que tu connais. Ta culture, c'est la seule plus-value que tu apportes en tant que conseillère. Pour moi, c'est ça qui justifie ta présence. C'est ce qu'on trouvait autrefois chez les vendeurs cultivés (une espèce aujourd'hui disparue) des librairies. J'allais dans les librairies pour les recommandations des vendeurs. Pas pour me procurer physiquement le livre, car pour cette tâche je n'avais pas besoin d'aide.  Aujourd'hui, les vendeurs de librairie sont juste des étalagistes, rien ne justifie leur salaire. Donc fais une sélection jeunesse dans ce que tu as lu et aimé, et propose ces titres à tes jeunes. Trouve une personne qui s'y connaît en littérature jeunesse, vérifie ses recommandations en lisant les titres concernés et conseille ceux que tu as aimés. C'est ça ou rien car il n'existe pas de média indépendant et compétent pour te dépanner.