[Ces jours qui disparaissent - Mai 2022] - Parlons du livre

  • Julie27

    Administratrice

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    #1 21 Mai 2022 10:50:09

    Bonjour,

    ►  Dans ce sujet, vous pouvez discuter de vos impressions sur le roman graphique Ces jours qui disparaissent, de Timothé Le Boucher.

    Quelques pistes pour donner votre avis (si besoin) :

    → Parlons de l'aspect graphique :
    Qu'avez-vous pensé des dessins? (façon de dessiner les personnages, expressions, décors, ... )
    Des couleurs?
    De la mise en page?

    → Qu'avez-vous pensé des personnages ? De Lubin mais aussi de ses amis (Léandre, Alexandra, Pedro), de Gabrielle, de Tamara, et de la famille de Lubin?
    De la relation / communication entre les deux personnalités de Lubin?
    Et des relations entre les différents personnages? Certaines vous ont-elles touché·e?
    Votre ressenti sur les personnages a-t-il évolué au cours de la lecture?

    → Qu'avez-vous pensé de l'intrigue?
    Avez-vous été embarqué·e ?
    Et qu'avez-vous pensé du rythme?

    → Qu'avez-vous pensé de la façon dont est abordée la thématique des troubles de personnalités multiples?
    Et la frontière avec le genre fantastique?

    → Qu'avez-vous pensé de l'évolution de l'intrigue et de la fin?

    → De façon globale, avez-vous aimé ce roman graphique? Le recommanderiez-vous ?

    (ce sont juste quelques pistes de réflexion, vous n'êtes pas obligé·e·s d'y répondre et n'hésitez pas à aller plus loin :) au contraire même)

    N'hésitez pas à donner votre avis, mais aussi à réagir à ceux des autres participant·e·s et à leur poser des questions !
    Le but du Book Club graphique est d'avoir une discussion interactive :)

    Attention aux spoilers !  Si vous souhaitez révéler un aspect important de l'intrigue, merci d'utiliser les balises suivantes :

    Code:

    [spoiler]Le texte à cacher[/spoiler]

    Merci pour celles et ceux qui n'auraient pas encore fini ce livre ;)

  • Billy

    Espoir de la lecture

    Hors ligne

    #2 21 Mai 2022 17:25:15

    Hello !

    J'arrive pour donner mes impressions sur cette lecture. Déjà, je suis hyper contente parce qu'il s'agit de ma première participation à un book club Livraddict et ça m'a permis de me tourner vers une lecture que je n'aurai jamais faite dans une autre situation.

    Déjà rien que par l'aspect graphique, je pense que je n'aurai jamais réaliser cette lecture. Le dessin est assez classique pour moi. Je n'y connais pas grand chose mais des lectures que j'ai pu faire, je suis plutôt du genre qui aime quand les couleurs arrivent à décrire un univers bien précis. Dans ce que j'ai pu aimé auparavant on a Grimoire Noir et Sheets donc assez loin quand même je trouve de ce que l'on peut retrouver ici.

    Quand j'ai commencé ce roman graphique, je ne savais pas spécialement à quoi m'attendre. Je m'étais vraiment inscrite par volonté de découverte, plus que par réel intérêt pour le livre. Quand j'ai commencé ma lecture, j'avoue que j'étais un peu à me dire que ça n'allait pas le faire parce que le personnage de Lubin est trop éloigné d'un univers que je connais et maîtrise. Je suis assez terre à terre sans être dans l'excès donc le personnage de Lubin qui peut vivre au jour le jour dès le début, ça me laissait un peu perplexe. Heureusement, le personnage de Tamara (mais aussi de Gabrielle) est arrivé et j'ai pu trouver un équilibre entre zone de confort avec des personnages qui ont des intérêts qui me sont connus et découverte avec un personnage assez différent de ce que j'ai l'habitude de lire (le thème du cirque m'était totalement inconnu jusqu'à présent).

    Spoiler (Cliquez pour afficher)

    Après j'avoue que parfois et notamment sur la fin, ça m'a paru un peu tirer par les cheveux avec Tamara qui accepte d'attendre aussi longtemps pour revoir Lubin juste une journée. Il y a quand même un refus d'avancer qui me semble assez étrange et presque pas naturel vis-à-vis du caractère de Tamara. On la sent très fidèle à Lubin alors qu'elle commence le récit en étant plutôt sans attache et sans en vouloir. De ce côté-là, Gabrielle m'a semblée la plus réaliste des personnages à dire que c'était trop dur pour elle et que l'acceptation et l'adaptation à la situation était impossible.



    L'intrigue a assez bien réussi à m'embarquer. C'était une lecture plutôt fluide et rapide et quand je posais ma tablette, je n'avais aucun mal à revenir dans l'histoire juste après. Pourtant, je ne sais pas si je peux dire que j'ai été embarquer à 100% dans le sens où, même si c'est un réflexe chez moi, j'ai eu besoin, passer la moitié de l'histoire, de regarder plusieurs comment j'avançais, est-ce que j'étais proche de la fin, parce qu'à la fois j'appréciais ma lecture mais j'avais aussi envie je pense quelque part de passer à autre chose. Surtout vers la fin, j'ai un peu plus lâcher justement parce qu'on passait la frontière avec le fantastique.

    C'est d'ailleurs un peu ma déception. Je sais que je suis assez hermétique à ce genre d'intrigue où on commence avec quelque chose de très contemporain et on finit sur du fantastique. J'ai trop du mal et ça me coupe totalement dans ma lecture parce qu'à chaque fois, j'ai l'impression qu'il n'y a aucun lien et que le fantastique vient un peu comme un élément de facilité. Pour le trouble de la personnalité multiple, malheureusement je ne suis pas du tout dans le cas donc je ne peux absolument pas dire si la représentation est bonne. D'ailleurs, si quelqu'un est au courant, est-ce que cette représentation est justement bonne ou totalement erronnée ?

    De façon globale, j'ai quand même plutôt hyper bien apprécié cette lecture. D'ailleurs, sur le coup, je lui avais mis 17 sur LA. Comme dit le twist fantastique m'a un peu dérangée mais dans l'ensemble, ça restait une lecture plutôt agréable. Après, je ne suis pas certaine que j'en garderai un souvenir mémorable. ^^
  • Khadija-bb

    Chercheur de mots

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    #3 21 Mai 2022 18:06:43

    Bonjour !

    J'ai bien aimé cette BD !

    J'ai touvé les dessins et les couleurs très modernes et reflétatnt bien la jeunesse de Lubin et ses amis.

    Pour l'intrigue

    Spoiler (Cliquez pour afficher)

    Je pensais vraiment que l'histoire allait verser dans le fantastique à cause du double maléfique que l'on voit sur la couv'. Mais pas de déception, une explication médicale  rationnelle ça colle aussi. Après je ne sais pas si un trauma peut être à l'origine d'un "dédoublement de personnalité".



    J'ai aimé tous les personnages sauf Gabrielle

    Spoiler (Cliquez pour afficher)

    effectivement Tamara revoit Lubin même à la fin, certains auront du mal à le croire... mais pour moi c'est Gabrielle qui jette l'éponge bien vite !L'amitié avec Léandre est aussi très belle



    Voilà, je repasse ce soir pour étoffer ce premier avis
  • gnout

    Néophyte de la lecture

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    #4 21 Mai 2022 22:49:17

    "Ces jours qui disparaissent" a presque été un coup de cœur, je l'ai lu d'une traite, et même si je n'ai pas trop aimé le dessin (ça c'est secondaire avec une histoire pareille).
    Je me suis beaucoup attachée Lubin

    Spoiler (Cliquez pour afficher)

    seulement sa première personnalité, la seconde est trop froide

    . Je trouve que les autres personnages sont compréhensifs et pleins de compassion. J'ai trouvé leur relation avec Lubin très belle. Sauf pour Gabrielle où je rejoins le point de vue de Khadija.

    Spoiler (Cliquez pour afficher)

    L'intrigue a une explication bien rationnelle, le TDI (trouble dissociatif de l'identité). Son fonctionnement est expliqué de manière exagérée et pas très réaliste. Il y a un fait erroné sur ce trouble, mais sans cette erreur il n'y aurait pas de chute à cette histoire (ou du moins pas celle là). Malgré tout, on comprend bien que lorsqu'un alter prend la place de la personnalité principale, l'alter n'a pas accès à la mémoire de l'autre et inversement.
    J'ai été très attristée par la chute fantastico-SF (pauvre Lubin). Ca m'a fait penser à un épisode de "Black Mirror". Je pense que dans cette histoire le TDI n'est pas le thème principale et qu'il sert à aborder une réflexion sur l'importance de la vie, chaque jour compte (et encore plus pour ceux atteint du TDI).
    J'ai l'impression de ne pas avoir été tendre avec l'œuvre, mais je l'ai vraiment adorée.

  • domi_troizarsouilles

    Enfileur de mots

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    #5 21 Mai 2022 23:05:25

    Hello,

    Plutôt que développer les différentes questions (désolée, Julie!), je vous mets ici mon "commentaire long", que j'ai rédigé peu après ma lecture, mais que j'ai "mis en attente" avant de le mettre sur mon suivi, pour pouvoir le partager ici en primeur ;)
    Et je peux dire d'emblée que je rejoins Billy sur l'idée que le Fantastique est peut-être utilisé comme solution de facilité - je ne le dis pas exactement comme ça, mais je développe plus loin.

    Normalement il n'y a pas de spoil car je veille à rester évasive dans mes avis longs, mais si vous voyez quelque chose qui vous semble divulgâchant, n'hésitez pas à le dire et je mettrai sous spoiler!


    J'ai lu ce livre dans le cadre du « book club graphique » qui aura lieu ce week-end (21 et 22 mai) sur Livraddict – sans cela, je ne l'aurais sans doute même pas remarqué : je ne suis pas spontanément tentée de lire des illustrés quels qu'ils soient, même s'il m'arrive d'en ouvrir l'un ou l'autre (et même d'avoir eu de bonnes surprises !), et ici, ni le dessin (pour le peu qu'on nous en laisse voir sur les sites de vente en ligne) ni le résumé ne m'attiraient particulièrement… Et que dire des notes dithyrambiques qu'a obtenues ce livre ? Désormais je m'en méfie, car dans de trop nombreux cas, il s'est avéré que je ne partageais pas (et même souvent pas du tout) l'avis général sur un livre trop apprécié.

    Alors, dans le cas présent, je suis quelque peu soulagée de pouvoir dire que non, ce livre ne m'a pas complètement déplu… pour autant, je ne partage quand même pas l'avis dominant, je ne suis pas particulièrement emballée, et plusieurs heures après l'avoir refermé, je cherche encore quel message l'auteur a voulu faire passer…
    En survolant les très nombreux commentaires, je vois que plusieurs y ont vu une BD qui parle de schizophrénie ou de trouble dissociatif de l'identité : ça commence mal ! Ce sont deux maladies différentes, qui n'ont même pas vraiment de symptômes communs, et qui ne se traitent pas de la même façon. le seul « problème », c'est que les deux ont longtemps été confondues, avant que le TDI soit reconnu comme une maladie à part entière… et visiblement, cette confusion a encore de beaux jours devant elle !

    Or, l'auteur est bien un peu responsable de ce malentendu d'interprétation face à son livre, car le peu d'indices qu'il laisse, permet d'imaginer, puis de prétendre tout et n'importe quoi ! Or, il s'agit de maladies graves… Dès lors, ça me dérange beaucoup qu'elles soient traités d'une façon aussi peu « scientifique », sans aucune explication plus réaliste ; ça me semble bien léger que l'auteur ait choisi de traiter ce sujet dans un vague esprit fantastique, de plus en plus teinté de futurisme science-fictionnel sur la fin, sans aucune autre base, amenant les lecteurs à ne pas savoir de quoi on parle, même s'ils se disent ensuite retournés / touchés / bouleversés.
    Oh, je ne dis pas que l'auteur aurait dû nous faire un cours sur les maladies mentalo-psychiatriques à un quelconque moment de son récit. Mais une note explicative en début ou en fin de ce roman graphique aurait pu être utile, tandis que là ça se termine en eau de boudin et on reste dans le flou du début à la fin ! Par ailleurs, une approche par le biais du Fantastique, pourquoi pas après tout… mais ça n'empêche pas de donner une base solide à l'histoire – et, à mon sens, ce n'est pas du tout le cas ici.

    Bref, c'est l'histoire d'un certain Lubin Maréchal, jeune acrobate de cirque, passionné par son métier qui ne suffit pas à faire bouillir la marmite ; il se rend compte un matin, en arrivant à son boulot alimentaire, qu'une journée entière de sa vie est passée sans qu'il en ait conscience – et sans qu'il se soit présenté à son travail ! Pire : le phénomène continue, il ne vit plus sa vie qu'un jour sur deux, sans trop savoir ce qui se passe « l'autre jour », jusqu'à ce qu'il découvre que ses journées perdues sont vécues par un autre lui-même. Un inconnu qui habite son corps, qui lui ressemble donc à 100%, mais qui est très différent dans sa façon d'être et d'agir : autant le Lubin initial est bordélique, autant l'Autre est maniaque ; l'un est entouré d'amis fidèles, l'autre pense commerce et clients ; l'un est amoureux de Gabrielle, l'autre ne pense qu'aux bons coups d'un soir ; l'un est végan, l'autre se nourrit de steaks hachés premier prix – etc., etc., la liste est longue !
    L'auteur laisse d'abord entendre que tout cela aurait commencé à la suite d'une chute lors d'une répétition d'un spectacle de voltige… mais la psy que Gabrielle va encourager Lubin à aller voir, sera très vite formelle : un simple coup sur la tête ne peut avoir provoqué un tel phénomène ! Et tandis qu'il cherche (en vain ?) une solution à son problème, les jours lui échappent et sa vie se délite de plus en plus…

    Après réflexion, je pense que ce livre parle bel et bien d'un trouble dissociatif de l'identité – en tout cas, c'est ce que l'on peut conclure après avoir vérifié ici ou là, dont l'inévitable Wiki (https://fr.wikipedia.org/wiki/Trouble_d … ntit%C3%A9 ), mais il y a plusieurs autres sites qui en parlent sans tomber dans une analyse médico-médicale, et qui disent à peu près la même chose !
    Par acquit de conscience, j'ai aussi vérifié la schizophrénie (https://fr.wikipedia.org/wiki/Schizophr%C3%A9nie ) et ma conclusion est que, décidément, ça n'a rien à voir avec ce dont parle ce livre… Je serais curieuse de savoir ce qui a fait penser à tant et tant de lecteurs, selon les commentaires, qu'il puisse s'agir de cette maladie-là ! Sans doute n'ont-ils pas lu ce court article qui explique bien les choses : http://www.aucomptoirdusavoir.yann-bido … e-TDI.html ou, un plus long mais tout aussi intéressant : https://www.santemagazine.fr/sante/mala … ces-915222 .
    En tout cas, on retrouve plusieurs des symptômes d'un TDI chez Lubin (mais pas de la schizophrénie), l'approche proposée par la psy n'est pas médicamenteuse (or c'est un traitement évident pour la schizophrénie), et on a même une explication sur la cause du trouble de Lubin, propre à un TDI et tout à fait plausible, mais qui survient assez tard dans l'histoire et qui est abordée « comme ça en passant », en plus d'une manière relativement négative, si bien qu'on pourrait presque passer à côté !

    Donc, non seulement la confusion entretenue entre un TDI et la schizophrénie me pose question, mais en plus, l'auteur propose une vision résolument manichéenne de la maladie – et, à nouveau, ce point de vue très tranché m'embête : le Lubin initial est un brave type, certes pas hyper-engagé dans la société de quelque façon que ce soit, si ce n'est par son art (le cirque) que trop de gens considèrent comme non productif, voire inutile, ce qui est une vision volontairement exagérée, qui prétend rendre le Lubin initial sympathique, tout en attisant le cliché du pauvre intermittent du spectacle qui attendrit la ménagère de moins de 50 ans… et ainsi l'auteur laisse entendre que c'est ce personnage-là, le « Bon » (comme s'il y avait un bon et un méchant personnage dans un TDI ! à moins d'être nostalgique de Dr Jekyll et Mr Hyde ?..)
    En parallèle, on creuse encore davantage le stéréotype quand on voit comme l'auteur présente l'Autre : carriériste, courant après l'argent et les clients, trop bien coiffé et trop lisse mais dans le fond peu sympathique et manipulateur – le Méchant capitaliste imbu de lui-même, représentation du mal absolu, qui revendique pourtant quant à lui d'être utile à la société… mais c'est dit d'une telle façon que ça le rend encore plus antipathique !
    Mais voilà, pour moi ça n'a pas marché : le désespoir croissant du Lubin initial est certes désolant et aurait pu être touchant, mais il a surtout réussi à m'agacer peu à peu, peut-être parce que son Autre moi est tellement caricatural qu'il en perd toute crédibilité… et dès lors le Lubin initial aussi !

    En parlant de caricature : les psys en prennent pour leur grade aussi ! Nous en avons deux qui interviennent dans cette histoire, je ne vais pas raconter le contexte car ce serait du spoil… mais bizarrement ce sont les deux personnages les plus « moches » de toute la BD, même dans le dessin de leur visage, je n'aimerais pas leur ressembler ! En outre, ils semblent très fermés derrière l'étendue de leur science, peu souriants, pas vraiment empathiques… ou même carrément manipulateur, à la limite d'une certaine folie, pour l'un des deux !
    Pour avoir eu une expérience récente avec l'un ou l'autre psychiatre, je peux dire qu'une telle description est ultra-stéréotypée. Certes, je n'ai pas rencontré que des personnes charmantes et avenantes, et au moins une pouvait correspondre (en poussant un peu) à l'un.e des psys de la BD… mais un autre était tout simplement compétent, humain et même plutôt beau gosse… Bref !

    Pourquoi disais-je alors que ce livre ne m'a pas complètement déplu ?
    En premier lieu, paradoxalement, j'apprécie que l'auteur ait mis en avant une maladie si peu connue… Oh ! vous l'avez compris : je regrette (et beaucoup !) le fait qu'il soit resté très flou sur le diagnostic exact (même pas une note de fin) et que sa vision de cette maladie laisse libre cours à toutes sortes d'interprétations pas forcément correctes. Il n'en reste pas moins que, même avec ce risque d'erreur, au moins on en parle ! En outre, le fait de traiter ce trouble par le biais du fantastique, même s'il accentue le côté trop léger que je déplore, permet aussi de dédramatiser cette maladie qui – comme toutes les pathologies mentales ou psychiatriques – garde un côté mystérieux, effrayant, et pourrait provoquer le rejet… ce qui ne sera finalement pas le cas ici (du moins, pas de la part des amis fidèles), du moins quand il s'agit du Lubin initial.

    C'est l'occasion de souligner aussi à quel point j'ai apprécié les personnages secondaires, et en particulier les amis et la famille de Lubin (l'initial), qui vont rester fidèles à cette amitié (ou à ce lien familial) et le soutenir à leur manière jusqu'au bout. Même Gabrielle, l'amie du Lubin initial avant que son « dédoublement » ne prenne trop de place, aura eu le mérite d'être honnête, même si ça fait mal… Et gros, gros coup de coeur pour Tamara, j'ai adoré cette personnage bien un peu atypique, très « femme libre » mais sans excès, qui ose être elle-même tout simplement !

    Par ailleurs, on est dans une BD, donc parlons (au moins un peu !) du dessin. C'est généralement la pierre d'achoppement pour moi, je suis ultra-difficile à ce sujet – sans doute l'une des raisons pour lesquelles je suis si peu séduite par les BD's en général. Or, ici, j'ai plutôt bien aimé. C'est un dessin assez épuré mais toujours agréable (à part les psys…), pas toujours hyper-expressif, mais juste ce qu'il faut pour faire passer les sentiments des différents personnages. Les couleurs le plus souvent douces sont en plus parfaitement choisies et appuient cet aspect de dessin réussi à tout à fait opportun.

    Enfin, il faut aussi relever le côté onirique de l'ensemble, qui ressort surtout quand il s'agit du cirque. Ce n'est pas central, mais c'est un point important de l'histoire, et on a quelques bien jolies planches (sans phylactères, pour bien imprégner le lecteur d'un plaisir purement visuel) sur le spectacle qui se met en place, par exemple. Cela rappelle à quel point l'Art (ici c'est l'art du cirque, mais c'est vrai pour n'importe quel art de la scène) est important dans nos vies… un point que nos dirigeants ont eu un peu trop tendance à oublier durant les longs mois de covid – je ne sais pas en France ou au Canada, mais en Belgique, et sans vouloir discuter de la nécessité de devoir préserver la population du risque avéré de propagation du virus, certaines mesures concernant l'ouverture (ou non) des théâtres notamment, ont été prises en dépit de tout bon sens !

    En conclusion, j'ai plutôt bien aimé cette BD au dessin doux et épuré, qui a le mérite de mettre en avant une maladie peu connue (le trouble dissociatif de l'identité), malgré l'absence de toute base scientifique, ce qui permet des interprétations partant dans tous les sens. Je regrette aussi l'approche très manichéenne des deux personnages qui habitent notre héros, mais j'apprécie la palette des biens sympathiques amis du « bon ». Enfin, tout ceci est certainement un hommage quelque peu onirique à l'Art (du cirque), et cet aspect est très réussi !
  • Khadija-bb

    Chercheur de mots

    Hors ligne

    #6 22 Mai 2022 09:36:41

    Domi et Billy, au risque de paraître débile, quel est selon vous le twist fantastique ? Parce que pour moi cette dimension disparaît assez tôt.

    Bon dimanche, je reviens après la randonnée !
  • Ichmagbücher

    Correctrice Bibliomania

    En ligne

    #7 22 Mai 2022 09:56:10

    → Parlons de l'aspect graphique :
    Ce n'est pas le style graphique que je préfère, les couleurs sont assez ternes, et l'ensemble manque de détails, dans le décor surtout. Mais en réalité, ici c'est plus le fond que la forme qui est importante.

    → Qu'avez-vous pensé des personnages ?
    Je l'ai lu il y a 4 ans, donc je ne me souviens plus trop des relations amicales, à part un peu Léandre. En revanche, entre les deux Lubin oui. Ils n'ont rien à voir l'un avec l'autre, et j'ai tout de suite pris en grippe le second Lubin, celui qui est froid. Et j'ai eu beaucoup de compassion pour le premier Lubin. Mais en réalité, j'ai eu l'impression que l'approche mettait plus en évidence cette injustice du côté du premier Lubin. Peut-être que si la narration avait plus été du point de vue du second, s'il était rentré plus dans ses états d'âme, on aurait pu mieux le comprendre ou voir les choses différemment. Je ne sais pas vraiment comment expliquer.

    → Qu'avez-vous pensé de l'intrigue ?
    C'était très bien fait, je me souviens l'avoir lu d'une traite. J'étais happée par l'histoire, en apnée, tenue en haleine. L'alternance des personnalités ou des points de vue donne toujours un super rythme, ça me donne toujours envie de lire plus vite, parce que quand je suis avec un personnage, j'ai hâte de retrouver l'autre pour savoir où il est en. L'écart de plus en plus important entre chaque coupure a contribué à ce rythme, parce que je me demandai jusqu'où ça irai, comment ça se terminerai.

    → Qu'avez-vous pensé de la façon dont est abordée la thématique des troubles de personnalités multiples ? Et la frontière avec le genre fantastique ?
    Je me suis demandé si c'était réaliste, mais finalement, cela n'a pas d'importance pour moi. C'était juste un moyen pour mettre l'histoire sur papier.

    → Qu'avez-vous pensé de l'évolution de l'intrigue et de la fin ?
    J'étais très triste pour le premier Lubin, et en même temps, j'ai trouvé que c'était presque une fin heureuse pour lui, même s'il ne se rend pas compte de ce qu'il se passe en réalité.

    → De façon globale, avez-vous aimé ce roman graphique ? Le recommanderiez-vous ?
    En fait, je n'ai ni aimé, ni détesté, parce que pour tout dire, ce livre m'a mise extrêmement mal à l'aise, et je n'ai pas envie de le relire. Mais je le conseillerais juste pour l'expérience de lecture. Parce que ce côté un peu malsain quelque part, combiné avec l'addiction de lecture, c'était intéressant comme approche, ça ne m'est pas arrivé avec d'autres livres. Je l'avais refilé à mon frère juste après l'avoir lu,
  • FloXy

    Empereur des pages

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    #8 22 Mai 2022 10:32:01

    Khadija-bb : Idem je n'ai rien vu de fantastique, la fin est juste "normalement" SF futuriste, et la description du trouble clinique reste certes assez vague et "impressionniste" tout le long (à mon avis un parti pris volontaire pour ses effets sur le récit) mais on n'est pas chez Stevenson pour autant.


    Ce BC me rend fort perplexe.... Je n'ai pas été transcendé par cette BD (décidément je reste team manga) et je ne savais pas trop quoi en dire, alors je m'étais dit que j'allais d'abord attendre de lire quelques commentaires pour me fixer, hors quand je vous lis je suis encore plus perplexe qu'avant, je ne vous remercie pas :goutte:


    Cette BD aura été une relative déception parce que j'ai trouvé ça plutôt original et intéressant mais clairement pas méritant d'en faire un tel phénomène.
    Par contre j'ai envie de la défendre contre une bonne partie de vos critiques qui me paraissent non recevables, notamment sur le manque de réalisme d'un point de vue psychologie clinique : c'est une BD, pas le DSM.
    Réagissez-vous ainsi également chaque fois qu'une BD parait tordre un peu une loi physique ou un principe logico-mathématique ou bien seule la science psychiatrique, pourtant plus inexacte et subjective, mérite d'être reconstituée rigidement dans toute fiction à vos yeux ? :chaispas:


    A propos de la confusion commune entre schizophrénie et TDI : il s'agit d'un phénomène courant dans le langage, de même que l'on qualifie parfois d'autiste quelqu'un qui adopte bêtement un comportement répétitif alors que l'autisme véritable ne correspond pas à ce cliché, on tend à qualifier de macroniste schizophrène quelqu'un qui dit ou fait une chose un jour et son contraire le lendemain.
    Si le fait que les mots peuvent prendre plusieurs sens dans des contextes divers et ainsi prêter à confusion vous embête, alors vous allez perdre beaucoup de temps à corriger quelqu'un qui utiliserait l'expression "dialogue de sourd" en lui faisant une leçon sur le handicap réel des malentendants, pour prendre un exemple absurde. Le langage courant du quidam n'est pas le langage clinique du spécialiste, et leur chevauchement n'est pas un problème en soi, en tout cas le problème des incompréhensions éventuelles n'est pas solvable par la censure ou le remplacement de mots, mes philosophes du langage préférés sont formels là-dessus.


    A propos des partis pris manichéens reprochés à l'auteur : je n'y lirais rien de politique, la preuve l'aspect productiviste capitaliste est rendu aussi peu désirable que l'aspect assistanat. Il ne faut à mon avis pas trop lire dans les déclarations des psy sur le fait que l'un travail et pas l'autre, c'est juste un argument contextuel pour essayer de changer la perception du personnage et le fait est que pour un psy un patient qui a un travail est considéré comme potentiellement en meilleure santé mentale qu'un patient inactif car montrant plus d'adaptation à la société, ils utilisent un terme du genre "fonctionnel" pour caractériser cela, et ce dans une optique de santé, pas de sacrifice à la startup nation.

    Je pense que si certains personnages paraissent si caricaturaux, c'est pour mettre en exergue la subjectivité du point de vue de chaque personnalité, Lubin se méfie de ses psy et de son double, c'est naturel, on les perçoit son point de vue en souffrance, et à l'inverse on se rend compte de temps en temps que pour son double et la famille de son double, c'est lui qui incarne le méchant à contrer, je trouve que c'est totalement dans le thème de la BD. Chacun est tenté de voir en l'autre l'ennemi parce qu'ils se battent pour le même temps, on leur répète de ne pas voir les choses comme ça mais leurs intérêts sont trop divergents pour que cela soit possible et c'est un aspect que j'ai trouvé plutôt bien fait dans cette BD.



    Sinon un truc marrant c'est qu'ayant lu un exemplaire en espagnol, j'avais souvent l'impression implicite que cela se déroulait en Espagne (il a l'air de faire chaud, les gens font beaucoup la fête ou la sieste,...) mais il est fait référence à la France à un moment vers la fin. =D
  • Riz-Deux-ZzZ

    Modératrice

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    #9 22 Mai 2022 11:42:03

    Je viens vous donner mon avis de novice en la matière : je lis très peu de romans graphiques et cette lecture m'a plus ou moins rappelé pourquoi finalement...

    Si le postulat de base me tentait bien, c'est d'ailleurs pour ça que j'ai voulu participer, je reste sceptique sur ma lecture globale, notamment à cause d'un manque cruel de développement... mais c'est sûrement dû, d'une part à mon côté trop curieux et d'autre part, au format du récit. J'imagine qu'on peut difficilement poser des pavés théoriques et scientifiques dans un roman graphique sans ce que ça devienne vite trop lourd. Il m'a également manqué des repères temporels, je ne sais pas si c'était volontaire mais la seconde moitié, où les laps de temps du Lubin du début se raccourcissent, m'ont semblé très flous.

    Je rejoins certains avis sur le côté très manichéen du personnage de Lubin, l'auteur mettant beaucoup en avant une seule "personnalité". Je comprends totalement que Lubin soit totalement perturbé par la situation et que l'évolution qu'on découvre lui paraisse terrifiante mais, qu'en est-il de "l'autre" finalement ?
    Idem pour l'aspect fantastique, pour moi, il n'existe qu'au départ, pour semer le doute mais j'avais l'impression qu'on comprenait très vite qu'il était question d'un trouble psychologique.
  • Julie27

    Administratrice

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    #10 22 Mai 2022 13:05:10

    Enfin, je me pose pour en parler...

    Concernant le dessin, je rejoins plusieurs d'entre vous : je n'ai pas spécialement aimé (assez simple, presque terne)... Enfin, disons que ce n'est pas ce que je retiendrai.
    Les expressions n'étaient pas toujours bien rendues non plus (et j'aurais bien aimé plus de détails encore quand on est dans l'univers du cirque).
    Cela dit, ça laisse la part belle à l'histoire, et ce n'est pas forcément un mal =)

    Sur la façon de traiter les TDI, je suis partagée.....
    D'un côté, je trouve dommage d'entendre des personnes dire "ah c'est chouette de les mettre en lumière, j'ai appris plein de choses sur ce fonctionnement mental avec cette BD" O_o
    Et j'aurais aussi personnellement bien aimé que ce soit plus "concret" et proche de la réalité...
    Mais, d'un côté côté, je ne m'attends pas à en apprendre plus sur un trouble psychologique dans un roman graphique, et j'aime faire des recherches à côté. Après, ça reste une bonne base, pour appréhender le sujet et donner envie de se pencher davantage dessus.
    En plus, je ne m'attendais pas à quelque chose de scientifiquement fiable puisque j'avais vu le tag "fantastique".

    Et justement, après lecture, cet aspect "fantastique" m'a posé question (punaise, j'ai fait une transition, tout ne sera donc pas en vrac dans mon avis, cette fois). Ayant vu cette mention, je m'attendais à autre chose. Aussi "à cause" de la couverture et je rejoins Khadija sur cette idée d'un "double maléfique".
    Finalement, j'imagine que cet aspect fantastique vient "juste" du fait que le TDI n'est pas réaliste (sur l'aspect cyclique)? :grat:

    Sur l'intrigue, j'ai aimé l'idée de départ, mais j'avoue ne pas avoir été complètement embarquée.
    Déjà parce qu'à mon sens, l'histoire avec Gabrielle / Tamara a pris trop de place... En fait, j'aurais aimé voir plus de pans de sa vie : les impacts sur sa santé, sur son activité, sur son avenir, les médecins (à un moment, est rapidement évoquée "une tripotée de médecins vus"), ...
    J'étais aussi très surprise qu'il ne s'inquiète au début pas plus que ça, et qu'il ne réagisse pas... Il accepte la situation assez facilement et c'est même Gabrielle qui prend les choses en main.

    J'ai trouvé intéressante la remarque du second psy

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    Cette idée qu'il aurait pu être finalement la personnalité "parasite", même si on sent bien la manipulation quand il appelle la femme de "l'Autre" dans la foulée.



    J'ai trouvé la narration intéressante.
    Au démarrage, j'étais frustrée qu'on n'ait que le point de vue de la "personnalité initiale".
    Mais finalement, cet aspect biaisé est intéressant, pour la "subjectivité du point de vue" en citant FloXy.
    Je trouve facile de préférer la première personnalité... mais finalement je trouve que ce n'est pas si manichéen que ça.

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    En effet, "l'Autre" a aussi ensuite une vie de famille, il aime, protège aussi sa famille avec sa démarche auprès du second psy.
    Et on sent que ce n'est pas tout blanc ou tout noir aussi à travers le personnage de la mère. Elle est bien plus mesurée que la soeur, par exemple.
    On sent qu'elle n'a pas rejeté d'office cet Autre, comme l'ont fait les amis et Héloïse.
    Et clairement, il a de bons côtés.
    Il semble diabolisé car on n'a que le point de vue biaisé de Lubin. Et encore, il est diabolisé surtout à partir du moment où le contact est rompu entre les deux.



    Au passage, j'ai beaucoup aimé son amitié avec Léandre :)

    Sur la fin, pas grand-chose à en dire, elle m'a semblé assez logique avec l'évolution de l'intrigue...