Me voici pour la critique (j'ai été jusqu'à prendre des notes directement dans le livre en cours de lecture pour ne rien oublier !)
En introduction,
Je ne suis pas étrangère au personnage emblématique du détective belge à la moustache parfaitement entretenue et aux goûts très raffinés ; ma mère et grand-mère maternelle avaient une collection de tomes fournie que je n'ai jamais feuilleté. Cependant, je visionnais souvent les films (version originale, pas la pâle copie actuelle - mais c'est un autre débat) et la série télévisée. Ce qui me vient à citer le premier bon point de cette toute première lecture d'Agatha Christie pour moi : Cet Hercule Poirot et celui adapté sur écran sont des copies parfaites, tant dans leurs manières que dans leur façon de penser.
Pour les personnages rencontrés, je dirais que seule Miranda m'a vraiment tapé dans l'œil. Elle était discrète, mais à la fois très présente (sans forcer) dans les quelques scènes la concernant.
Pour l'enquête en elle-même,
J'ai été agréablement surprise par la maîtrise de l'auteure à nous tirer dans la direction qu'elle voulait tout en nous donnant suffisamment d'indices pour approcher de la personne coupable et, malgré tout, nous surprendre à la fin. Elle nous mène par le bout du nez sans effort et on en ressort tout sauf frustré, juste ravie de s'être prêté au jeu et saluant sa maîtrise en bon perdant.
De fait,
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Au cours de ma lecture, j'ai directement soupçonné le jardinier,Michael Garfield ou Mme Drake, mais je n'aurai jamais cru qu'ils avaient fait le coup ensemble. Et tout en soupçonnant Mme Drake, quand Poirot explique le coup du vase pour camoufler les traces de la noyade de Joyce, j'ai été scotchée aussi. C'était si évident, devant mon nez et je n'ai rien vu venir !
C'était donc une très agréable lecture. J'aurai cru m'ennuyer, vu l'épaisseur du livre et ma connaissance cinématographique du personnage, mais pas du tout.Cela me donne même envie d'en lire d'autres et de revoir la série et les films originaux.
Plus en profondeur,
J'ai trouvé intéressant les allusions subtiles de l'auteure quant aux changements de comportement et de 'dogme civilisé' dans la société à l'époque. Comment elle note le passage à une époque où le meurtre tourne à une routine qui ne choquera bientôt plus la population. Un fait divers qu'on tourne pour la page suivante du journal. Comment les femmes s'émancipent d'un dicta de la mode pour s'enfermer dans un autre, croyant être libre du joug masculin mais c'est tout le contraire.(page 191)
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"Elles, tout ce qu'elles sont capables d'inventer, c'est de remonter l'ourlet de leurs jupes de plus en plus haut, ce qui ne les avance pas à grand-chose vu que ça les oblige à se mettre de plus en plus de sous-vêtements."
(je trouve que ça traduit le cercle vicieux de la recherche de liberté dans la société, qui qu'on soit. On s'émancipe d'une chose pour s'enfermer dans une autre)
Pour les points négatifs,
Le fait que Poirot réfléchit tout haut seul est… perturbant. Il suffit de retranscrire cela en pensées, ce que l'auteure a fait la plupart du temps, donc je ne comprends pas trop cette tirade en début d'histoire. Cela donne l'impression qu'il radote, mais c'est peut-être l'effet recherché ?
Le fait que le reste de la fratrie de la victime soit à peine ébranlé par son meurtre est dommage. On dirait qu'on vient seulement de leur annoncer qu'elle s'est écorchée le genou dans le jardin.
(…) Elle est 'morte'.
Donc voilà, très bonne surprise. Je n'en attendais pas tant en le commençant.