[suivi lecture] Exuline

 
  • Exuline

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    #231 16 Avril 2024 09:39:51

    "Monsieur LaurentVo,
    Je vous écris une lettre que vous lirez peut être si vous avez le temps ..."


    Je suis rassurée, de ne plus être la seule à ne pas apprécier le style de l'auteur ... et tu m'as donné envie de replonger dans cette musique si caractéristique des années 50, ça m'a fait beaucoup de bien. Et en y réfléchissant, lorsque j'ai réécouté la complainte du progrès avec cet air de bossa nova en contradiction avec le malheur du personnage de cette chanson, j'ai fait le lien avec justement cette notion de couleurs explosives qui jalonnent le roman l'herbe rouge, comme une note de musique, une partition, un rythme où une couleur est un son.

    Merci pour cet échange que j'utiliserai surement pour ma future chronique que je ne savais pas comment commencer.
  • Exuline

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    #232 16 Avril 2024 10:38:53

    <image> La dame du Nil - Pauline Gedge

    Petite fille, Hatchepsout a déjà tous les dons, toutes les audaces. Et son seul Dieu est son père, le grand Touthmôsis Ier, auquel elle rêve de succéder un jour. La loi interdit à une femme d'être pharaon ? Qu'importe ! Et que pourrait contre elle son demi-frère, si faible et timoré ? A quinze ans, Hatchepsout reçoit de son père le titre de "prince héritier". Cependant, en secret, le petit "prince" devient une tendre adolescente auprès de Senmout, le jeune architecte. Un amour partagé, impossible... Une vie de combats et de gloire attend Hatchepsout. L'Egypte revit ici pour le lecteur dans l'éclat de ses ors, la douceur de ses oasis, ses palais et ses temples face au Nil tutélaire…

    Lorsque l'on parle de l'Egypte, et en particulier la période des "pharaons", je ne peux m'empêcher de voir défiler devant mes yeux : l'eau du Nil, la terre riche et ses champs prospèrent, les papyri et les roseaux ondulants, la brise du coucher du soleil, les dunes de sables au delà de la verdure apportée par le fleuve nourricier, les pyramides dominant les hommes et les tombeaux accueillant leurs rois. Non je n'ai jamais été en Egypte, oui c'est un pays d'Histoire et de sites démesurés que j'aimerais vraiment découvrir.

    J'ai donc fait un saut dans le temps et j'ai vécu à l'ère de la XVIIIe dynastie au rythme de la famille royale, des repas assis sur des coussins de soie et aux coupes en or, entourée de voilages frémissants par l'air lourd venu du désert. J'ai veillé tard à écouter la musique et les chants des anciens, à regarder les esclaves nues déambulant entre les convives et celles dansant pour le plaisir du pharaon. Je me suis réveillée tôt pour contempler Râ qui se lève et écouter le chant des prêtes qui annonce la résurrection du Dieu soleil, j'ai tendue mes mains vers la douce lumière pour réchauffer mon cœur. Je suis partie m'entrainer sur un char avec mon arc et mes flèches. Je me suis assoupies lors d'une sieste bien méritée avant de me promener aux pieds des palmiers, des balsamiers et arbres à encens pour respirer l'air capiteux des lieux. J'ai regardé loin devant moi, au là du fleuve et j'ai vu ces sites cachés et oubliés, j'ai rêvés de ces sanctuaires bâtis à la sueur des esclaves, dessinés par des hommes instruits et novateurs, et j'ai compris la grandeur de l'Egypte.

    Dans ce roman, Pauline Gedge nous livre la vie de Hatchepsout, cette jeune fille tempétueuse qui va défier les lois ancestrales pour être la première femme à régner, 16 siècles avant la plus connues de toutes : Cléopâtre. Hatchepsout va se sacrifier pour pouvoir porter la double couronne, apaiser les tensions avec les pays frontaliers et se faire accepter en tant que femme. Un personnage fier et fort, qui fera table rase de ceux qui lui feront obstacle mais avec une certaine mansuétude qui lui vaudra sa fin.

    Entre amour charnel caché, amour de son pays, amour des arts et de la richesse, amour de son dieu Amon : créateur de la vie et père des dieux, amour de sa terre, elle fera bâtir le fabuleux temple de Deir-el-Bahari.

    <image> <image>

    C'est une histoire à lire dans le calme, se laissant porter par le style de l'autrice qui s'étire comme ces longues journées d'été abruties de soleil. Il ne faut pas s'attendre à retrouver ce qu'on a pu apprendre sur les rites funéraires ou encore sur la mythologie Egyptienne, ce roman est une simple parenthèse dans la très longue histoire de l'Egypte, la grande, la belle Egypte, sur la « première grande femme dont l'histoire ait gardé le nom ».
  • LaurentVo

    Passionné du papier

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    #233 16 Avril 2024 19:28:07

    Exuline a écrit

    "Monsieur LaurentVo,
    Je vous écris une lettre que vous lirez peut être si vous avez le temps ..."


    Je suis rassurée, de ne plus être la seule à ne pas apprécier le style de l'auteur ... et tu m'as donné envie de replonger dans cette musique si caractéristique des années 50, ça m'a fait beaucoup de bien. Et en y réfléchissant, lorsque j'ai réécouté la complainte du progrès avec cet air de bossa nova en contradiction avec le malheur du personnage de cette chanson, j'ai fait le lien avec justement cette notion de couleurs explosives qui jalonnent le roman l'herbe rouge, comme une note de musique, une partition, un rythme où une couleur est un son.

    Merci pour cet échange que j'utiliserai surement pour ma future chronique que je ne savais pas comment commencer.


    Mais de rien Mme Exuline :)

    Et de Boris Vian en plus de sa musique que tu as très bien décrite par cette correspondance, ces chroniques sur le jazz sont assez érudites et passionnées.

  • Exuline

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    #234 17 Avril 2024 15:15:45

    <image> L'herbe rouge - Boris Vian

    L' herbe rouge raconte les aventures d'un savant qui crée une machine capable de lui faire revivre son passé. Dans ce roman écrit dans un style inimitable mêlant l'absurde et la fantaisie, ce sont ses propres angoisses et interrogations que Boris Vian met en scène.

    Rêve ou réalité ? Fiction ou vérité ? Songe ou vie ? Boris Vian nous emmène dans chacun de ses ouvrages dans un monde particulier où l'absurde rencontre la vérité des sens, où la musicalité des phrases percute la colorimétrie de ses idées. Je le sais, je me prépare, je le sens dès les premiers paragraphes, je fais abstraction, je me laisse glisser vers un monde onirique et  absurde : un chien qui parle, un défilé cacophonique, une pièce de la maison qui s'efface. Je ne me sens pas véritablement à l'aise au fur et à mesure que je m'enfonce dans le récit. Certaines scènes me dérangent  et je me sens que relativement bien quand le protagoniste principal est finalement dans sa machine à remonter les souvenirs. Ces passages sont clairs, instructifs, tellement réel. Boris Vian arrive à m'étonner et je découvre le jeune homme derrière l'auteur.

    Au centre de l'histoire, cette fameuse machine qui a pour but de faire revivre les souvenirs du passé pour ensuite les faire définitivement disparaitre. Souffrance psychologique pendant, souffrance physique après, j'ai eu la sensation d'être sur le bord d'une falaise et de sentir cette attirance vers la fin inexorable. Le pessimisme, une fois encore, domine derrière le mirage de la fête et des jeux.

    Non décidemment, j'ai beaucoup de mal à appréhender ce genre d'écriture. Après L'écume des jours et L'arrache-cœur lus durant mon adolescence, l'herbe rouge ne fait pas exception malgré mon âge bien plus avancé. Il faut alors que je rappelle que les œuvres de Boris Vian n'étaient que peu appréciées de son vivant et ce ne fut que dans les années 60 que ses écrits ont été salués. C'était le temps de toutes les révolutions : sexuelle, morale, artistique, scientifique et technologique, voyait-on donc, dans les écrits de Boris Vian, une révolution latente ou un visionnaire décédé l'année avant cette fabuleuse ou terrible décennie ?

    Mon esprit s'égare lors de la rédaction de cette chronique, suis-je contaminée par la fantasmagorie de l'auteur, par l'irréalité de ce texte, je reviens les pieds sur terre. J'entends au loin Boris Vian, chanteur, trompettiste, je me laisse bercée par un air de jazz ou de bossa nova et je préfère oublier le reste.
  • Mypianocanta

    Gardien du savoir

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    #235 17 Avril 2024 18:57:12

    Moi j'apprécie Boris Vian justement parce qu'il est déroutant ; et je me laisse porter. Mais je peux comprendre que sa façon d'écrire mette mal à l'aise en effet.
    Par contre je plussoie Laurent à propos de ses écrits sur le jazz !

    PS : je viens de lire le tome 3 de La Maison de la Nuit qui m'a moins enthousiasmé que les précédents, je vais attendre un peu avant de lire la suite.
  • Grominou

    Administratrice

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    #236 18 Avril 2024 00:53:55

    J'avais adoré L'Écume des jours que j'ai lu et relu vers la fin de l'adolescence/début 20aine...  Beaucoup plus tard, j'ai tenté L'Arrache-coeur mais je n'ai pas du tout accroché.  Peut-être que c'est un genre qu'il faut lire quand on est jeune?
  • Exuline

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    #237 18 Avril 2024 14:43:16

    Et bien moi j'avais préféré l'arrache-cœur à L'écume des jours, même si au final, je les mets maintenant dans le même panier ... abandonné dans une quelconque boite à livres (oui je fais tourner les livres ... j'en prends ici j'en dépose à là, en fonction de mes passages et de mes ballades ;))

    Je pense sincèrement que maintenant quelque soit l'âge, c'est un style qu'on aime ou pas, Il n'y a pas de gris avec Boris Vian ... ah moins que tu décides de lire un de ses titre prochainement et que tu arriveras à me convaincre qu'avec nos âges, notre maturité on puisse "griser" Boris Vian.
  • Claire C

    Passionné du papier

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    #238 18 Avril 2024 14:53:34

    Je ne connaissais pas les écrits de Vian sur le Jazz, je vais essayer de trouver ça.
  • Exuline

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    #239 18 Avril 2024 15:41:07

    <image> Anna O - Matthew Blake

    Cela fait quatre ans qu’Anna O n’a pas ouvert les yeux.
    Depuis la nuit où elle a été trouvée endormie à côté des corps de ses amis, et qu’elle est devenue l’unique suspecte de ce double meurtre.
    Pour le Dr Benedict Prince, spécialiste du sommeil, réveiller Anna O est un défi qui pourrait changer sa carrière. Alors qu’il commence à étudier les rêves, les souvenirs et les clés du passé de sa patiente, il comprend que sous ses paupières closes se cache un secret plus profond, plus sombre, et surtout plus dangereux pour eux deux.
    Le réveil d’Anna O n’est donc pas la fin de l’histoire, seulement le début.


    #AnnaO est donc ma dernière lecture audio reçue dans le cadre de mon partenariat avec  #NetGalleyFrance et les Éditions Thélème from W.F. Howes. Merci encore pour votre confiance.

    Anna O, jeune femme surnommée la Belle au bois dormant puisque endormie depuis près de 4 ans, est accusée du meurtre de ses deux colocataires. Le jugement est sur le point de commencer, la jeune femme doit être réveillée, et ce n'est pas le prince charmant qui va la délivrer de son doux baiser, mais la voix de Benedict Prince psychologue spécialisé dans les troubles du sommeil. Mais il n'y a pas que le sommeil d'Anna qui est trouble dans cette histoire, les faits le soir du meurtres, le passé de certains personnages, un journal intime disparu, un compte-rendu clinique caché, les indices sont nombreux mais ne s'emboitent pas facilement. Tel le Puzzle Krypt : Black : "Pièce après pièce, assemblez ce puzzle monochrome concentrique aux formes uniques", le lecteur tourne en rond plus d'une fois pour faire rentrer la pièce au bon endroit.

    Et pourtant depuis le début, j'avais dans le collimateur un personnage, en me disant c'est lui : Anna, Ben, Laura, Clara, Richard ou chut... je l'ai senti tout de suite, mais sans savoir le pourquoi du comment, jusqu'à la dernière page, où tout devient clair et où je me dis que mon sixième sens ne m'a pas joué de tour et pourtant j'ai douté de très nombreuses fois surtout dans le derniers tiers du roman où tout n'est que rebondissements.

    C'est donc une nouvelle lecture loin d'être déplaisante, Anna O est un mélange maitrisé de plusieurs thrillers que j'ai déjà pu lire par le passé mais avec une maitrise parfaite du fil conducteur qui fait que j'ai pleinement apprécié mon écoute. Matthew Blake a parfaitement contrôlé chacun de ses personnages, leurs caractères, leurs secrets, leurs état-d 'âmes, leurs identités parfois multiples. Il nous laisse nous interroger souvent sur "qui est qui" en ponctuant stratégiquement son œuvre de personnages mystères, renforçant encore plus l'ambiance assez pesante de l'histoire.

    L'auteur a réussi à créer une ambiance très particulière sans exagérer le sang et les actes ignobles, sans inventer une psychose, même si Alfred Hitchcock est très souvent mentionné dans le texte, il vulgarise le vocabulaire associé aux troubles comportemental du sommeil et en particulier le somnambulisme pour une lecture fluide au jargon accessible. J'ai eu plaisir d'apprendre tout en découvrant ce roman.

    Mais il me manque un petit quelque chose insaisissable qui me laisse sur ma faim, deux trois petites explications pour aller au bout du bout du bout mais qui n'est qu'un caprice d'une lectrice très pointilleuse, je suis sûre que beaucoup d'entre vous n'iront sans doute pas jusque là.

    Pour terminer cette chronique je voudrais parler des voix portées par ce roman et en particulier Rémy Wibaut qui incarne le personnage de Ben qui est celui que l'on entend le plus, au moins les trois quarts du roman (estimation à la grosse, je n'avais clairement pas de chronomètre sur moi !!!). En écoutant sa voix dès le début de l'histoire j'avais l'impression d'entendre la doublure de Tom Hanks (ce qui n'est pas le cas, puisque sa doublure française est principalement portée par Jean-Philippe Puymartin) mais je trouvais que cet acteur aurait été finalement parfait pour jouer ce rôle. C'est donc l'image que je me suis faite de Ben, même si je reproche à Rémy Wibaut qu'il est parfois difficile de faire la différence entre les dialogues et les monologues intérieurs. Mais j'ai été porté pendant de longues heures par cette voix qui devient hypnotique. Quand aux voix de Sandra Poirier et Elsa Perusin, je vais être totalement honnête, je n'ai pas vraiment fait la différence, mais une chose est sûre elles ne desservent pas le texte.

    Je quitte donc ces personnages auxquels je ne me suis jamais vraiment attachés mais qui me laissent penser que la vengeance est tenace, que encore une fois l'homme est capable du pire pour son propre meilleur, et que l'amour est plus fort que la mort. Oui, ce sont bien des indices ... mais rassurez-vous il vous faudra lire le livre pour les comprendre.

    Dernière modification par Exuline (18 Avril 2024 15:42:33)

  • LaurentVo

    Passionné du papier

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    #240 18 Avril 2024 19:20:59

    Claire C a écrit

    Je ne connaissais pas les écrits de Vian sur le Jazz, je vais essayer de trouver ça.


    Bonjour Claire :)

    Ca ressemble à ça :

    <image>

    Sinon ça se trouve également dans les oeuvres complètes tome 6,7 et 8 ;)