300 words a day keep the doctor away

 
  • Delkinger

    Lecteur averti

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    #1 20 Juin 2023 15:31:56

    (désolée pour l'anglicisme dans le titre, la citation ne sonne pas si bien en français !)

    300 words a day keep the doctor away



    Bonjour à toustes, ici je viens vous présenter un petit concept de mon cru.

    Alors voilà. Depuis toute jeune, j'aime écrire. Des poèmes, des textes, des histoires, des journaux. Mon grand rêve serait de dérouler le fil d'une intrigue assez longuement pour écrire (et publier ?) un livre. Seulement, malgré mes idées à foison et ma passion toute singulière, je n'y arrive pas. Ce n'est pas l'intrigue qui me bloque, non, bien au contraire. C'est le processus d'écriture. Je démarre en trombe, et puis, au bout d'un millier de mots, je perds le fil, mes personnages m'échappent et tout arrête de couler de source. Mettant d'abord tout cela sur le compte de mon esprit (trop) occupé qui a tendance à vagabonder, de la maturité qu'à 21 ans je n'ai pas encore tout à fait, j'ai fini par mettre le doigt sur quelque chose que je peux corriger : mon manque d'entraînement.

    J'ai donc décidé de me mettre à un petit exercice, que le titre de ce topic résume bien : écrire 300 mots par jour (+/- 10%) à partir d'un mot tiré aléatoirement dans le dictionnaire. Je ne cherche pas à m'imposer un rythme d'écriture autour d'une intrigue, mais bel et bien à décrire des saynètes sans rapport les unes avec les autres. Je cherche à court terme à améliorer ma visualisation des scènes que je décris, à affiner mon style et à travailler ma concentration. Mais je pense qu'à long terme, j'essaie de rencontrer des personnages, des situations et à réellement comprendre autour de quel pot mon esprit tourne infructueusement depuis si longtemps.

    Ce topic a deux vocations :
    - Vous partager mes scènes, écouter vos retours (constructifs). Je ne retravaille pas mes textes car je n'ai pas le temps de le faire avec attention. Je vous transmets la matière brute.
    - Vous offrir un espace pour prendre 15-20 minutes par jour (qui suffisent en général pour créer 300 mots de manière non guidée, sans retravail) et partager vos scènes. Vous pouvez choisir d'écrire sur le mot que j'ai pioché ou en choisir un vous-même s'il ne vous inspire pas.

    En ayant très hâte de vous lire, je vous souhaite une bonne écriture !

    ______________________________________________



    Le mot d'aujourd'hui : charge

    Ecrit en 17min - 300 mots tout rond

    Les gouttes de sueur perlaient sur mon front alors que j’avançais péniblement, un pas après l’autre. Je ne ressentais pas de fatigue physique, ou du moins pas encore ; mais mon mental était sévèrement entamé par les événements de la matinée. Le poids de mon sac, dont les bretelles sciaient mes épaules, m’emportait en arrière comme pour me faire revenir là d’où je venais. Alors que je n’avais pas la moindre envie d’y retourner. Cette charge sur mes épaules pourtant robustes m’évoquait une triste métaphore, puisque toute ma vie était dans ce sac à dos élimé. Et toute ma vie me ramenait à mon point de départ, à la maison. Tout semblait agir contre moi.
    Mes bras ballants, perclus de bleus et de griffures, étaient parcourus à intervalles irréguliers de frissons d’angoisse. Et s’Il me rattrapait ? Et s’Il me retrouvait ? Peut-être, songeais-je, que sans le savoir, j’étais déjà morte. J’avais porté pendant trop d’années le poids du secret dans ma poitrine, et je l’avais laissé échapper de ma bouche, limpide comme de l’eau de roche. Comme si tout à coup le rocher qui entravait ma respiration s’était liquéfié et avait coulé dans mon estomac qui se tordait de faim et de soif et me brûlait vaguement – j’étais trop abasourdie par la chaleur qui régnait sur ce sentier de montage pour me concentrer sur de telles sensations. Abasourdie par la chaleur, oui, mais surtout par l’angoisse, qui circulait le long de ma colonne vertébrale telle un serpent fantomatique. J’avais dû fuir après toutes ces années à culpabiliser. J’étais partie. Je n’étais pas en sécurité, loin de là, je devais encore surmonter la charge du sac qui contenait mes seules possessions qu’il n’avait pas détruites et grimper en haut de la montagne… Là-bas, peut-être, je pourrais me laisser enfin aller.

    Ce que j'ai pensé : Le mot ne m'a que très peu inspirée à cause de toutes les significations qu'il portait. J'ai eu beaucoup de mal à écrire les 100 derniers mots par rapport aux 100 premiers, mais je ne suis pas mécontente du résultat. Pendant mon écriture, je voyais des paysages de montagne, et une femme avec un chapeau et un gros sac à dos, et j'ai essayé de décrire ce qu'elle ressentait.

  • Delkinger

    Lecteur averti

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    #2 21 Juin 2023 19:30:05

    Le mot d'aujourd'hui : occasion

    Ecrit en 13min - 275 mots

    J’ai acheté la petite voiture d’occasion. C’est un ancien modèle de Twingo, aux fauteuils usés et à la carrosserie pas toute fraîche que j’ai trouvé sur Le Bon Coin, au milieu des arnaqueurs et des épaves. Elle a appartenu à une vieille dame qui s’en débarrassait pour pouvoir s’acheter une voiture plus grande et faire ainsi plaisir à son mari. Quand elle m’a vu lever le sourcil, elle a précisé : « Il est décédé le mois dernier. Il me rabâchait sans cesse qu’elle allait m’emmener dans le fossé. Je sais que, là où il est, il est content que j’aie pris cette décision ». Je lui ai souri un peu tristement. En ces quelques mots, presque dits sur le ton de la plaisanterie, elle avait réussi à me toucher profondément. Quoi de plus touchant qu’une dame âgée qui satisfait (trop) tardivement les lubies de celui qu’elle a aimé ? Depuis, à chaque fois que je m’assoie dedans, je repense elle. En fait, je repense à eux. Je les vois, elle conduisant sa voiture qu’elle chérit plus que tout et nettoie plus que de raison, et lui, qui se serait sûrement accroché à la poignée de maintien si seulement il y en avait une, grognant qu’il n’avait pas de place dans cette satanée voiture pour étendre ses jambes. Et un pincement au cœur revenait invariablement dès que je me rappelais qu’il ne grognerait plus. Chaque fois qu’un de mes amis s’installait au côté passager, j’accueillais toutes les moqueries sur la taille de ma voiture avec une pensée pour le mari de cette dame. J’ai la voiture depuis 10 ans aujourd’hui, elle ne m’a jamais lâchée.

    Ce que j'ai pensé : Je ne sais pas si vous le sentez aussi mais j'ai eu du mal à écrire ce texte, et je ne le trouve pas très bon. J'avais un bon fil de départ mais je me suis dispersée en écrivant, dommage.
  • BlueMoon

    Correctrice

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    #3 21 Juin 2023 20:32:28

    Merci beaucoup pour cette idée ! Je vais tenter de m'y mettre aussi ; ce sera, effectivement, un bon exercice :)
  • Mana_

    Administratrice

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    #4 21 Juin 2023 23:18:01

    J'aime bien l'idée également !
    J'avais tendance à faire la même chose avec des images de fantasy inspirantes quand j'étais plus jeune, mais j'avais tendance à écrire des nouvelles de plusieurs pages, pas des courts textes). Ton procédé me tente bien, faudra que je teste ;)

    Pour le mot Occasion le style fait un peu sec, j'ai le sentiment de percevoir ta frustration. L'émotion passe quand même sur la fin ;)
  • Delkinger

    Lecteur averti

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    #5 25 Juin 2023 19:29:39

    @BlueMoon & @_Mana : Merci de votre passage ! Je vous invite à prendre quinze minutes de votre journée pour vous y essayer à l'occasion, ça permet aussi de faire une pause dans le travail par exemple ! :angel:

    Le mot d'aujourd'hui : masquer

    Ecrit en 19 minutes - 313 mots

    J’étais dans la chambre, nue, face au miroir. La lumière tamisée inondait la pièce et cette douce lueur nous rendait cotonneux. Toi, tu étais déjà prêt, assis dans le fauteuil disposé dans le coin de la pièce. Je te sentais détailler avec soin chaque centimètre carré de mon corps de ton regard de braise. Je le sentais physiquement. Je sentais ta discrète odeur, un mélange de savon et de la réglisse que tu mâchais quand tu étais nerveux, avec la note plus forte d’encens que tu avais fait brûler plus tôt dans la journée. Tu ne mettais jamais de parfum, tu trouvais que cela ne faisait que masquer ton odeur naturelle, déjà envoûtante.
    J’enjambe la jupe à cerceaux qu’Olga m’avait prêté pour l’occasion. Tu ne dis rien. Le corset m’enserre les côtes et j’ai du mal à respirer. J’enfile par-dessus cet attirail la robe de location : une robe noire, qui aurait pu un temps être une robe de deuil. Elle est lourde et épaisse, sertie de pierres brillantes froides au toucher. Je réalise un tour sur moi-même, te montrant mon corps sous toutes ses coutures. Tu te lèves, avec ce petit sourire que je connais si bien.
    -    Il manque le plus important…
    Tu attrapes une petite boîte posée sur notre lit. Je t’avais chargé d’aller la récupérer plus tôt dans la journée. Tu l’ouvres avec toutes la délicatesse que je te connais. Et tu en sors un loup en dentelle noir de jais. Il est finement ciselé et les rubans d’attache sont terminés par des minuscules perles blanches. Tu t’approches de moi, doucement, et pose le loup sur mes yeux. Je sens la chaleur de ton haleine dans mon cou et la douceur de tes mains, précises, comme toujours. Dans le miroir, je te vois sourire. Tu esquisses un petit rire.
    -    Et voilà, princesse. Nous pouvons nous rendre au bal…


    Ce que j'en ai pensé : J'avoue que c'était un peu dur de ne pas passer mille ans à retravailler ce texte. J'avais en tête une atmosphère, un peu particulière, que je pense avoir réussi à faire passer (vous m'en direz des nouvelles !) mais un petit quelque chose en plus manque encore pour tendre l'atmosphère. J'ai bien aimé écrire ce texte :)
  • Mana_

    Administratrice

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    #6 25 Juin 2023 20:45:27

    Y'a une ambiance un peu baroque sur ce texte. Je ne suis pas très romance, pas très portée sur l'attirance envers l'autre, mais sur ces quelques mots, c'est réussi !
  • Delkinger

    Lecteur averti

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    #7 27 Juin 2023 19:24:01

    @Mana_ : un grand merci pour ton passage et ton retour qui me fait très plaisir ! Pour ma part j'apprécie les romances mais la ligne est fine entre le "très" et le "trop" qui fait que je me sens vite oppressée en en lisant ^^

    Le mot d'aujourd'hui : minuscule

    16 minutes - 276 mots

    Allongée dans le petit parc qui bordait mon jardin, je regardais le ciel en remuant pensivement l’herbe entre mes doigts. Certaines personnes trouvaient des formes amusantes dans les nuages, ce n’était pas mon cas ; je ne voyais que des amas moutonneux qui se déplaçaient lentement sur l’étendue céruléenne. C’était un peu ennuyeux, mais mon médecin m’avait recommandé de passer du temps proche de la nature. Il avait dit : « Vous êtes au bord du burn-out, mademoiselle » et j’avais senti mon estomac se retourner. J’aimais trop mon travail pour faire un burn-out. Ce n’était pas mon genre. Ce n’était pas moi. « Vous devez sortir, vous aérer, lever le pied avant que ce ne soit trop tard ». Pas du tout alarmiste, le médecin.
    Je détestais traîner dans la nature, même si j’avais grandi dans la campagne jurassienne. Cela me faisait me sentir si faible, si minuscule face à sa force et sa patience. Comment comparer mes vingt courriels répondus à l’heure aux centaines d’années qu’il faut pour faire grandir un chêne ? Comment comparer les quelques mètres carrés de jardin que j’avais la chance d’avoir à l’immensité de l’océan ? Moi qui dans mon quotidien me sentais si forte, si puissante, avais la sensation d’être sapée d’une partie de moi-même, allongée comme ça, face aux nuages qui continuaient leur course, indifférents. Cependant, je comprenais pourquoi mon médecin m’avait promis que ça irait mieux. Je me forçais à réaligner mon corps dans le temps de la nature, et non dans celui, effréné, de mon quotidien.
    Perdue dans mes pensées, une angoisse au ventre, je sentis un chatouillement sur mon mollet. Une fourmi grimpait, minuscule.

    Ce que j'en ai pensé : Je suis plutôt contente de celui-ci, mais je le trouve un peu trop réchauffé. Enfin, la working girl en plein burnout qui ne supporte pas la nature, on a déjà vu plein de fois, et la réflexion sur la faiblesse humaine face à la nature n'est pas nouvelle. Mais j'aime bien ce que j'ai réussi à faire passer en si peu de mots ! Je trouve que c'est compliqué de partir d'adjectifs.
  • Delkinger

    Lecteur averti

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    #8 11 Juillet 2023 20:31:06

    Le mot d'aujourd'hui : poulpe
    Pile de quoi faire de la poésie lol

    11 minutes - 294 mots

    Intriguée, Coral regardait les longs tentacules acérés du poulpe. Ils donnaient l’impression de flotter dans l’eau salée de l’aquarium, légers. Mais la pancarte assurait que le poulpe pouvait très bien tuer ses proies avec, à la manière de huit boas constrictors attachés à un même corps. Le poulpe dégageait à la fois une impression de légèreté et de cruauté. Il balayait le sable et arrachait des « oh ! » et des « ah ! » à Coral.
    Je caressais sa tête blonde en lui interdisant de coller son nez à la vitre. Elle avait les cheveux très doux, comme seuls les enfants les ont, et qui dégageaient une odeur de shampooing pour bébé. J’étais toujours très heureuse de m’occuper de ma nièce. Même si je n’appréciais pas vraiment les enfants, même si je me creusais toujours la tête pendant des heures avant d’avoir la moindre idée d’où l’amener pour satisfaire son besoin enfantin d’être toujours divertie, même si elle me bavait parfois dessus. Ce jour-là, nous étions allées à l’aquarium, toutes les deux, « entre Coral et tata », comme elle le disait si bien elle-même, et nous avions passé au moins quarante minutes à observer le poulpe, qui, pourtant, bougeait peu et semblait endormi.
    Même si je me suis beaucoup ennuyée, cet après-midi-là, à retenir Coral de toquer contre l’aquarium pour attirer l’attention de l’animal, je n’échangerais ce moment contre rien au monde. Seule une petite fille de quatre ans pouvait avoir cet émerveillement à toute épreuve, ces étoiles dans les yeux à la seule pensée de la vie marine. Son sourire plein de toutes petites dents de lait m’aurait aidée à passer encore toute un jour et toute une nuit devant l’enclos du poulpe.
    « Dis, tata, on reviendra ? »

    Ce que j'en ai pensé : Difficile d'imaginer un poulpe hors d'un aquarium. Avec du recul, je pense que j'aurais pu trouver quelque chose de plus original ou percutant, mais bon... Surtout, je pense que je n'ai pas 100% joué le jeu puisque le poulpe est l'élément déclencheur et non pas le centre de l'écrit. Mais sinon je suis assez contente du texte en lui -même.

    A toustes celleux qui me lisent : ne soyez pas timides, tentez vous aussi d'écrire 300 mots sur le mot "poulpe" ! Je suis très curieuse !
  • Mana_

    Administratrice

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    #9 11 Juillet 2023 21:46:52

    Pour minuscule, je serai plutôt partie sur la vision du film animé, en reprenant la vie d'un insecte (dans l'idée). Ta vision manque peut-être d'originalité mais reflète parfaitement les maux de la société, malheureusement.

    J'essaierai d'écrire un petit truc sur le poulpe, mais j'ai envie de tricher en me documentant, je ne sais pas si c'est fair :S
  • Delkinger

    Lecteur averti

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    #10 11 Juillet 2023 22:40:24

    @Mana_ : Oui j'ai eu la même idée pour "Minuscule", mais c'est comme pour le poulpe, je n'ai pas osé me lancer ! Pour "Poulpe" n'hésite pas à te documenter, surtout si tu veux te mettre dans la peau de l'animal autant savoir comment il marche :lol: Merci pour ton passage !