[Suivi lecture] Claire C

C'est peut-être le fruit de l'expérience mais j'aime rarement comment les auteurs traitent les possibles (utopiques ou dystopiques). Cela me semble tellement improbable.

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Dans le chef d'oeuvre inconnu, trois peintres se trouvent devant une toile : un grand maître, un maître et un débutant. Le débutant admire le travail du maître qui se fait critiquer par l'ancien. La critique est magistrale, je vous encourage à la lire. En gros le grand maître reproche au peintre le manque de vie de sa créature, il lui explique que la peinture doit faire plus que représenter la réalité, il faut lui donner vie, la faire sortir du tableau, la faire respirer...

J'ai trouvé ça magnifique, et je me suis demandée comment faire le parallèle avec l'écriture. Comment rendre un récit plus vivant, des personnages plus vrais ?

J'ai eu la réponse dans le récit de Giono. Là, j'ai vu toute la différence entre ce qu'a écrit Balzac et ce qu'écrit Giono dans ces récits précis là. Je me suis rendue compte à quel point Le chef d'oeuvre inconnu est littéraire, intellectuel, prisonnier des lignes du livre. Et pourtant j'aime le style de Balzac, même si cela fait très longtemps que je ne l'avais pas lu. C'est joli, c'est réfléchi, il fait de belles descriptions (que j'avoue parfois avoir lu en diagonale...). J'ai aimé cette lecture, même si elle m'a semblé plus frustrante que d'autres, sans doute trop courte et un peu moins creusée. Mais, tout comme le peintre débutant devant le tableau, en sortant de ma lecture j'étais pleine d'admiration pour l'auteur de ces lignes.

Et, j'ai ouvert l'homme qui plantait des arbres. Là, le personnage de Giono vit. Il respire, on sent qu'il vibre autour de nous. Ca n'a rien à voir. Est-ce l'époque ? Est-ce ma sensibilité ?

Contrairement à ce que semblent rechercher l'ancien dans Le chef d'oeuvre inconnu, je ne crois pas qu'il existe de perfection dans l'art. Tout dépend de notre sensibilité changeante.

Et pour moi, là, au moment précis de ces lectures, j'ai été frappée par le contraste. L'écriture de Giono est d'une simplicité déconcertante, mais elle m'a parlée, j'ai été transportée par son récit jusqu'à en avoir les larmes aux yeux tout le long. C'est fort, c'est beau, c'est pur. J'ai compris ce que voulait dire cela aussi en littérature, laisser vivre et respirer son oeuvre. Il y a quelques redites sur la fin du récit de Giono, ce qui est un peu dommage mais je lui pardonne.

En résumé, Giono m'a donné la même leçon par cet exemple que l'ancien sur le tableau du maître dans l'oeuvre de Balzac, c'était chouette cette mise en perspective, j'ai adoré ce rapprochement complètement au hasard de ces deux textes. Et je souhaitais vous partager mon émotion. Voilà.