#3 20 Octobre 2023 18:48:47
Moi j’ai juste A-DO-RÉ !
L’intrigue en elle-même est assez simple : lors d’une partie de campagne (entendez par là, une réunion de la haute société anglaise dans un chateau perdu propice à la chasse et à la pêche pour ses messieurs), Beatrice Hyde-Clare, l’une des invités, trouve au milieu de la nuit dans la bibliothèque, le cadavre d’un autre invité avec LE duc à ses côtés… et rien ne peut l’empêcher d’essayer de connaitre la vérité, donc d’enquêter dans la mesure de ses possibilités limitées par les convenances. C’est donc un cosy mystery assez basique, j’irais même jusqu’à dire que le côté enquête est presque secondaire.
Car ce qui fait que ce livre m’a vraiment plu tient à autre chose :
D’abord les personnages avec en tête l’héroïne Beatrice Hyde-Clare,(presque) vieille fille de 26 ans, orpheline et parente pauvre, qui s’intéresse à énormément de choses peu recommandées pour les jeunes femmes à l’époque comme la géographie… et de surcroit plutôt intelligente bien qu’elle ne le montre guère pour respecter les convenances ; presqu’un archétype de bas bleu mais en version timide et sage (en tout cas la plupart du temps). Et si il y a une chose qu’elle déteste ce sont les nobles arrogants, autant vous dire que la rencontre avec le duc de Hearsgrave (qui en est le parfait représentant - en tout cas la plupart du temps =D) fait des étincelles et leur duo de choc bien qu’un peu contraint et forcé représente un des points forts du roman.
L’autre point qui m’a séduite, ce sont les choix de l’autrice qui maitrise et joue avec de nombreux codes notamment ceux de la Régence anglaise et de la littérature de l’époque. On y trouve donc des références à Jane Austen - en particulier dans le ton souvent ironique et dans les dialogues enlevés et piquants entre Beatrice et le Duc, qui font penser à ceux de Lizzie et Darcy dans O&P -, à Anne Radcliffe directement citée à plusieurs reprises de manière appropriée et souvent drôle, et bien entendu dans la micro-société qui nous est présentée où se mélangent vieille noblesse et nouveaux riches.
Elle joue aussi avec ceux de la romance historique dont nombre d’opus se situent à ce moment-là et même si ce n’en est pas une, les amateurs (plutôt amatrices) y retrouveront ce qui a fait le succès de Barbara Cartland en son temps ou des Bridgerton plus récemment.
Mais ce que j’ai trouvé encore plus intéressant est qu’elle s’en moque aussi en adoptant un style juste un peu trop exagéré - la tante Vera est “trop” convenable, une des jeunes filles “trop” parfaite, les jeunes hommes “trop” dandys et désargentés - et légèrement sarcastique qui donne tout le charme de ce petit roman sans prétention mais avec lequel je me suis follement amusée et auquel je n’hésite pas à accorder un petit coup de cœur.
J'ai vu que la suite est sortie récemment en poche, je ne vais pas tarder à me la procurer.