#58 12 Avril 2024 16:11:53
Une aventure de voyage en deux temps pour aujourd'hui : New York
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Cette fois je suis à New York pour une grosse conférence de recherche à l'Université de Columbia. J'étais logée au City College et j'avais des colocs plutôt sympas. Mais tout est fini pour cette fois, c'est l'heure de rentrer, chacun dans son pays, et je dois attraper mon avion pour Paris.
Habituée aux dimensions parisiennes, je m'imagine marcher autant que possible dans Central Park, le métro New Yorkais n'étant pas le plus réjouissant que je connaisse, et j'adore flâner dans la verdure. Seulement, je marche, je marche, l'heure tourne et je n'atteins nulle part, que c'est grand ici !
Avec peine, je parviens à la station de métro la plus proche, et je m'y engouffre. C'est toute une aventure pour moi de voyager, mon sens de l'orientation n'est clairement pas inné. Et j'ai une fâcheuse tendance à rêver, ce qui ne facilite pas mes traversées. Très fière de moi, après avoir bien suivi du doigt toutes mes cartes, et sauté opportunément à la bonne sortie, me voici à l'aéroport Kennedy. J'ai une heure d'avance, ce qui est raisonnable sans être très large. J'aime bien ne pas me stresser sur les horaires, et prendre une belle marge.
Et là... je ne trouve pas mon avion. Je commence à paniquer, et je finis par m'adresser à quelqu'un à un guichet. Je sors mon billet, et là, je vois écrit le nom de l'aéroport : Newark. Aïe, j'ai naïvement pensé que mon lieu d'arrivée serait le même que celui de départ. Erreur. Comment faire ? Je n'ai qu'une poignée de dollars en poche, pas de contacts ici, et si je rate mon avion, je ne pourrai dormir nulle part. En plus, je n'ai pas la moindre idée de comment faire pour racheter un billet, je ne sais même pas si j'en ai les moyens, c'est l'Université qui m'a financé le voyage. Ma carte bleue ne fonctionne pas ici, je n'ai pas internet sur mon téléphone, bref, je sens la sueur me monter au visage.
Heureusement les gens du guichet s'attroupent et réfléchissent avec moi, mes cellules grises se retrouvant paralysées par le stress. Un taxi ? Trop cher, et avec les bouchons de New York, c'est peine perdue. Il reste le métro, encore. Avec un peu de chance, si je cours aussi vite que mes forces me le permettent, je peux y arriver, bon courage !
C'est parti, je prends mes jambes à mon cou, et je cours, j'arrive à trouver le bon métro, les gouttes de sueur perlent sur mon front, tout se joue sur ces quelques stations. Merveilleusement, tout se passe sans encombres, le métro fonctionne, la symphonie des arrêts se déroule sans fausses notes, et je jaillis du métro à l'aéroport, de Newark cette fois.
Mon cerveau est étrangement lucide, je trouve tout de suite le comptoir de mon vol, et je fais le sprint final jusqu'à lui, en tendant mon billet, un peu moite de sueur lui aussi. Ouf, je suis la dernière personne à passer, la barrière se ferme derrière moi, l'embarquement commence dans dix minutes. Bénéficiant de mon lot de chance pour cette fois, j'ai même été surclassée en classe affaires, toutes les places en éco sont maintenant bouclées. Décidément, ma bonne étoile a bien veillé sur moi !
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Toute émoustillée de cette aventure, je m'assois, et j'ouvre le dialogue avec mon voisin, un français sur le retour aussi, avec sa fille. Mis en confiance par mes confidences, qui nous ont bien fait rire tous les trois, voilà qu'il me raconte un peu sa vie lui aussi. Il se trouve qu'il est magicien, et qu'il était à New York pour un tournoi de "close up". Alors là, tout de suite je suis fascinée, et je lui demande de me montrer quelque chose !
Il me fais signe le suivre, va au petit kiosque juste à côté, et demande un magazine. La dame lui donne et lui en donne le prix, il paie avec quelques billets, et il fait mine de s'en aller. Jusque là rien de magique, mais je suis bon public, j'attends la suite. Il revient alors sur ses pas (avec moi et sa fille sur ses talons bien sûr !), et demande à la dame de regarder dans son tiroir caisse. Elle s'exécute, et, oh surprise, l'argent qu'il a donné s'est transformé en coupures de journaux. Impossible de les confondre avec des billets de banque, comment a-t-il fait ? Ca, je ne le saurai jamais. Secret professionnel.
Il montre sa carte de magicien à la dame, lui présente ses excuses, lui donne de vrais billets cette fois, et garde son magazine. On rejoint la file d'embarquement au pas de course, et j'ai tout le vol avec mon siège très confortable pour digérer toutes ces aventures, entre le stress violent et l'émerveillement juste après, j'avais de quoi faire ! Que d'émotions pour ce retour à la maison !
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