Souvenirs à partager

 
  • Claire C

    Passionné du papier

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    #51 28 Mars 2024 15:02:25

    Merci pour tes mots ! Je me suis bien amusée pour écrire cette petite histoire, ravie qu'elle te plaise :).
  • Claire C

    Passionné du papier

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    #52 05 Avril 2024 19:37:21

    Mon jardin-forêt

    ***

    Toi qui as envie de nature,
    viens, prends ma main,
    laisse-moi te montrer mon jardin !
    Mon joli petit coin de verdure.

    Ici pas de tondeuse,
    pour tracer des chemins j'utilise la cisaille
    qui coupe l'herbe au milieu des broussailles.
    Ma présence y reste délicieusement silencieuse.

    Viens voir mes bosquets !
    Mes arbustes, mes fleurs sauvages,
    Vois-tu ces arbres qui traversent les âges
    Et que je côtoie toujours avec respect ?

    Les oiseaux nichent dans mes haies,
    les petits feront bientôt leurs premiers gazouillis
    les insectes y trouvent gîte et couvert
    et quand je peux je les photographie.

    Je te laisse t'évader,
    dans mon temple de la biodiversité.
    Ici seul mon coeur s'exprime
    en communion avec cette nature sublime.

    Je viens ici me ressourcer
    Ici plus de soucis, plus de pensées,
    je ne fais qu'un avec la nature
    et je n'ai plus besoin de mon armure.

    Vive les jardins-forêts,
    qui donnent un peu d'espoir
    A nous, humbles jardiniers
    de cette époque sans gloire.

    ***

    Dernière modification par Claire C (06 Avril 2024 09:14:17)

  • brijoudu93

    Lecteur professionnel

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    #53 05 Avril 2024 21:15:25

    oh j'adore !
    tu as vraiment une très jolie plume, j'espère que tu t'en rends compte !
  • Claire C

    Passionné du papier

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    #54 06 Avril 2024 09:13:33

    Merci brijou ! Tout ce que je sais, c'est que j'aime écrire !
    Merci pour tes regards qui donnent vie à mes petits textes.
  • Claire C

    Passionné du papier

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    #55 09 Avril 2024 10:45:00

    Un petit texte pour ce matin : Grossesse.

    ***

    Pas de règles ce mois-ci, je le sens au fond de moi, je suis enceinte !

    J'aimerais sauter de joie, embrasser tout le monde, fêter ce début de vie qui s'implante en moi... mais, déjà par téléphone, on commence par me demander avec une voix monocorde un test de grossesse. Bien sûr, la preuve par l'instrument, ta sensation ne vaut rien ma fille, fais pipi sur le plastique, et après on te donnera rendez-vous.

    Bon, il en faut beaucoup pour entamer mon bonheur naissant. Je n'ai pas la moindre envie d'aller m'entasser dans une pharmacie, mais je me plie aux règles froides de la communauté dans laquelle je vis. Le jour du rendez-vous arrive. Je suis toute folle de parler de ma grossesse à quelqu'un, surtout à une femme, moi qui n'ai pas de mère pour me serrer contre elle.

    Et là, pas un regard, l'ordinateur dressé entre nous, les questions pleuvent pour remplir des formulaires. Le dernier frottis ? Le groupe sanguin ? Et d'autres patatis de la sorte qui n'en finissent pas. Même pas un accueil avec un sourire et un grand "félicitations madame, vous allez être maman !". Non, rien, des ordonnances, des rendez-vous, des analyses, des médicaments à prendre, comme si je venais de tomber malade, mais d'une maladie banale, redondante, qui ne mérite même pas la moindre compassion.

    Je ressors perdue, déboussolée, et je m'appuie aux bras de mon compagnon. Lui aussi traverse cette tempête émotionnelle, sans sentir dans son corps cette explosion de sentiments, en tentant de faire de son mieux le lien avec cette incontournable médecine, et de rendre docile ma violente rébellion.

    Nous bataillons ensemble pour vivre au mieux cette aventure, pas moins de quinze sage-femmes vont se succéder dans notre calendrier. Nous avons tout essayé, mais je suis exigeante, terriblement. J'ai l’œil aiguisé par mes lectures. La seule famille que je n'aurais jamais, ce sont ces livres qui mettent mon esprit critique en éveil, me rendent impitoyable et difficilement fréquentable.

    Il faut aussi aller s'asseoir des heures, à jeun, dans les laboratoires d'analyses, pour les prises de sang, les analyses d'urine... Pouvez-vous imaginer quelle épreuve c'est, pour une femme qui a toujours la nausée ? Oh, il ne faut pas exagérer. Certes, et pourtant j'aurais aimé qu'on me dispense de tout ce tintouin.

    A chaque rendez-vous, on se sent un peu moins humaine, un peu moins femme, un peu moins mère, on se sent prise dans des rouages implacables qui ne laissent aucune place à l'individu. J'ai appris encore une fois à taire mes ressentis, à m'aligner sur mes semblables sans dépasser, mais je m'en sens meurtrie.

    L'unique point visé, discuté, c'est le grand final, l'accouchement. Mais personne n'a de regard pour votre état, pour ce que vous ressentez en vous, pour ce petit qui grandit, pour vous qui mourrez de faim et qui ne pouvez rien avaler. Je suis là, devant toi, je doute, je souffre, j'explose, et tu me dis comment s'administre une péridurale ?

    Tu es médecin et tu n'as que faire de ma santé, de ma longue traversée vers la naissance, tu n'as aucune empathie pour ce corps qui se transforme et qui me demande tant. Tu appuies à me faire mal ton outil froid sur mon ventre pour mesurer toutes les dimensions de mon petit bonhomme. Est-ce si important ? Ne peux-tu simplement poser ta main sur mon bas-ventre, chaude et tendre, pour me dire ce que tu ressens, toi qui connais ces protubérances ?

    ***

    Dernière modification par Claire C (09 Avril 2024 10:50:51)

  • brijoudu93

    Lecteur professionnel

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    #56 09 Avril 2024 14:18:26

    merci pour ce texte !
    si c'est vraiment ton vécu, je suis de tout coeur avec toi, moi j'ai eu un accompagnement "haut de gamme" et je vais venir vite partager avec toi
  • Claire C

    Passionné du papier

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    #57 09 Avril 2024 14:20:32

    Oh, comme je serai ravie de te lire à ce sujet !
  • Claire C

    Passionné du papier

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    #58 12 Avril 2024 16:11:53

    Une aventure de voyage en deux temps pour aujourd'hui : New York

    ***

    Cette fois je suis à New York pour une grosse conférence de recherche à l'Université de Columbia. J'étais logée au City College et j'avais des colocs plutôt sympas. Mais tout est fini pour cette fois, c'est l'heure de rentrer, chacun dans son pays, et je dois attraper mon avion pour Paris.

    Habituée aux dimensions parisiennes, je m'imagine marcher autant que possible dans Central Park, le métro New Yorkais n'étant pas le plus réjouissant que je connaisse, et j'adore flâner dans la verdure. Seulement, je marche, je marche, l'heure tourne et je n'atteins nulle part, que c'est grand ici !

    Avec peine, je parviens à la station de métro la plus proche, et je m'y engouffre. C'est toute une aventure pour moi de voyager, mon sens de l'orientation n'est clairement pas inné. Et j'ai une fâcheuse tendance à rêver, ce qui ne facilite pas mes traversées. Très fière de moi, après avoir bien suivi du doigt toutes mes cartes, et sauté opportunément à la bonne sortie, me voici à l'aéroport Kennedy. J'ai une heure d'avance, ce qui est raisonnable sans être très large. J'aime bien ne pas me stresser sur les horaires, et prendre une belle marge.

    Et là... je ne trouve pas mon avion. Je commence à paniquer, et je finis par m'adresser à quelqu'un à un guichet. Je sors mon billet, et là, je vois écrit le nom de l'aéroport : Newark. Aïe, j'ai naïvement pensé que mon lieu d'arrivée serait le même que celui de départ. Erreur. Comment faire ? Je n'ai qu'une poignée de dollars en poche, pas de contacts ici, et si je rate mon avion, je ne pourrai dormir nulle part. En plus, je n'ai pas la moindre idée de comment faire pour racheter un billet, je ne sais même pas si j'en ai les moyens, c'est l'Université qui m'a financé le voyage. Ma carte bleue ne fonctionne pas ici, je n'ai pas internet sur mon téléphone, bref, je sens la sueur me monter au visage.

    Heureusement les gens du guichet s'attroupent et réfléchissent avec moi, mes cellules grises se retrouvant paralysées par le stress. Un taxi ? Trop cher, et avec les bouchons de New York, c'est peine perdue. Il reste le métro, encore. Avec un peu de chance, si je cours aussi vite que mes forces me le permettent, je peux y arriver, bon courage !

    C'est parti, je prends mes jambes à mon cou, et je cours, j'arrive à trouver le bon métro, les gouttes de sueur perlent sur mon front, tout se joue sur ces quelques stations. Merveilleusement, tout se passe sans encombres, le métro fonctionne, la symphonie des arrêts se déroule sans fausses notes, et je jaillis du métro à l'aéroport, de Newark cette fois.

    Mon cerveau est étrangement lucide, je trouve tout de suite le comptoir de mon vol, et je fais le sprint final jusqu'à lui, en tendant mon billet, un peu moite de sueur lui aussi. Ouf, je suis la dernière personne à passer, la barrière se ferme derrière moi, l'embarquement commence dans dix minutes. Bénéficiant de mon lot de chance pour cette fois, j'ai même été surclassée en classe affaires, toutes les places en éco sont maintenant bouclées. Décidément, ma bonne étoile a bien veillé sur moi !

    ***

    Toute émoustillée de cette aventure, je m'assois, et j'ouvre le dialogue avec mon voisin, un français sur le retour aussi, avec sa fille. Mis en confiance par mes confidences, qui nous ont bien fait rire tous les trois, voilà qu'il me raconte un peu sa vie lui aussi. Il se trouve qu'il est magicien, et qu'il était à New York pour un tournoi de "close up". Alors là, tout de suite je suis fascinée, et je lui demande de me montrer quelque chose !

    Il me fais signe le suivre, va au petit kiosque juste à côté, et demande un magazine. La dame lui donne et lui en donne le prix, il paie avec quelques billets, et il fait mine de s'en aller. Jusque là rien de magique, mais je suis bon public, j'attends la suite. Il revient alors sur ses pas (avec moi et sa fille sur ses talons bien sûr !), et demande à la dame de regarder dans son tiroir caisse. Elle s'exécute, et, oh surprise, l'argent qu'il a donné s'est transformé en coupures de journaux. Impossible de les confondre avec des billets de banque, comment a-t-il fait ? Ca, je ne le saurai jamais. Secret professionnel.

    Il montre sa carte de magicien à la dame, lui présente ses excuses, lui donne de vrais billets cette fois, et garde son magazine. On rejoint la file d'embarquement au pas de course, et j'ai tout le vol avec mon siège très confortable pour digérer toutes ces aventures, entre le stress violent et l'émerveillement juste après, j'avais de quoi faire ! Que d'émotions pour ce retour à la maison !

    ***
  • brijoudu93

    Lecteur professionnel

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    #59 12 Avril 2024 18:37:52

    quelle jolie histoire !
    merci pour le partage
  • Claire C

    Passionné du papier

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    #60 21 Avril 2024 10:49:21

    Rêverie

    ***

    Je suis sur le fil,
    je cherche le juste équilibre entre la vie et l'écrit.

    J'ai ouvert une brèche,
    mes souvenirs s'y engouffrent en flèche,
    ils se bousculent, s'accumulent,
    sur le clavier, dans ma tête,
    jour et nuit ils cherchent leur chemin
    pour se faire jour avec mes mains.

    Mais qu'en est-il de mon quotidien ?
    Il pleure la maman occupée,
    qui se saisit des moindres instants pour s'évader.
    Les choses restent en suspens, la poussière m'attend.
    Mon petit est plus souvent malade,
    ma présence nocturne ne suffit pas à le nourrir
    de mon amour inépuisable, et pourtant épuisé.

    De tout mon être je réclame la liberté,
    ma pensée prend son envol, je ne peux la réfréner.
    J'ai besoin d'un espace pour rêver !
    On comprend quelqu'un qui s'active
    pour faire fonctionner tous les rouages de la maisonnée,
    mais quelqu'un qui s'arrête pour rêver,
    qui décroche de la réalité, comment le respecter ?

    Je deviens distraite, absente, maladroite,
    mes trous de mémoire m'empêchent de fonctionner.
    Tout cela pourquoi ? Ecrivain de pacotille,
    je n'ai rien de ce côté pour assurer ma dignité,
    je n'ai pas le droit de m'offrir ce temps libre,
    qu'il est dur de vivre,

    je suis sur le fil,
    et je cherche le juste équilibre entre la vie et l'écrit...

    ***

    Dernière modification par Claire C (21 Avril 2024 12:14:45)