[Suivi de lecture] Biditchoun

 
    • Biditchoun

      Livraddictien débutant

      Hors ligne

      #1 24 Octobre 2024 18:07:08

      Bouh !
      Mon but principal de ce suivi de lectures est principalement de garder une trace des livres que j'ai lus, et de pouvoir ainsi me rappeler ce que j'avais apprécié ou non chez eux. Je n'ai aucune prétention, je ne suis pas critique littéraire, je ne fais qu'écrire mes avis et ressentis. Pourquoi écrire tout ça ici ? Flemme d'écrire un blog, et j'ai tout de même envie de pouvoir partager facilement, donc un word que je baladerais n'est pas très bon en ce sens.
      Ce premier post est très fourni, mais je ne compte pas écrire autant d'avis à chaque fois que je poste.
      Ah oui, de manière générale, je mets sous spoil tout les éléments qui, selon moi, affecteraient la découverte de l'œuvre.




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      Robert Merle – Fortunes de France, Tome 10 : La Lys et le Pourpre


      J'ai lu tous les autres tomes de la saga précédemment, et honnêtement tout se mélange un peu, d'où mon absence d'avis pour les tomes précédents, MAIS je me rappelle tout de même suffisamment de celui-ci pour pouvoir écrire au moins un court avis dessus, histoire d'en garder des traces.
      Tout comme les autres tomes des Fortunes de France, Robert Merle se sert du langage et vocabulaire de l'époque. C'est une habitude à prendre de le lire, mais depuis le premier tome c'est une habitude prise, et c'est maintenant agréable de relire toutes ces expressions d'époque (oui, j'utilise apazimer maintenant, et je dis escabelle pour tabouret, et je l'assume complètement). Les caractères des personnages sont toujours autant colorés, probablement exagérés par rapport à la réalité, mais toujours reflétant au moins une partie de cette dernière, avec leurs sottises, aspirations, génie, et autres. Les événements historiques relatés sont bien évidemment sélectionnés, et quelques-uns d'entre eux pourtant majeurs ne se retrouveront pas dans cette saga en faveur d'autres, par choix, probablement : les dangers pour le royaume ont souvent été similaires voire identiques, et les relater tous n'aurait pas tant d'intérêt. Comme l'auteur le fait, je trouve qu'il est plus intéressant de relater les événements qui ont abouti à un changement / une avancée / un recul notable dans les affaires d'état, et de ne relater que quelques-uns des événements qui n'ont pas "tant" eu d'impact.


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      Ce que je veux dire par là, c'est que les "vertugadins diaboliques", comme les nomme l'auteur, ont beaucoup comploté à différents sujets à maintes occasions, mais seuls quelques-uns sont relatés : celui qui aurait "marié" Anne d'Autriche à Buckingham, ou un autre dont le but était d'attenter à la vie de Louis XIII pour que Gaston récupère le pouvoir. Le premier complot a été de grande conséquence, pourrissant les relations entre la France et l'Angleterre. Le second en a eu bien moins, mais sert surtout à montrer le climat de tension dans lequel le roi régnait. Dans le même temps, le roi n'avait pas de moyen efficace d'empêcher ces complots, étant donné qu'ils sont fomentés avec l'aval du premier héritier du trône. Résultat, il n'y a pas eu qu'un seul de ces complots, bien qu'un seul d'entre eux soit relaté en détails.
      Dans le même temps, on assiste à l'ascension au pouvoir du cardinal de Richelieu, qui est un personnage bien plus fascinant que ce dont je me rappelais dans les trois mousquetaires (mais bon, il ne me semble pas que le cardinal apparaisse beaucoup dans le roman de Dumas).
      Un aperçu sur la manière dont un seigneur devrait gérer un territoire est aussi mis en avant dans ce tome, via le comte d'Orbieu. On y voit que vraiment chaque village en France avait sa propre parladure, et que le Français était seulement principalement répandu dans les grandes villes chez les riches / nobles (les nobles n'étant pas du tout toujours les plus riches). Ce n'est pas du tout en rapport avec le remue-ménage qu'est la Cour ou avec les affaires d'Etat, mais ça reste un à-côté intéressant à apporter, avec au passage un tacle à la plupart des nobles et des évêques de l'époque à cause de leur désintéressement de leurs manants.

      Que penser de ce tome ? En vérité, pas tant de choses, il est dans la lignée des tomes précédents, donc d'une grande qualité. Cela dit, j'ai beaucoup apprécié à quel point les liens entre les événements historiques sont mis en valeur. C'est un tome qu'on pourrait qualifier de plus riche en événements dans leur nombre que les tomes précédents, et la mise en valeur de ces liens permet de énormément s'accrocher à l'histoire. J'ai mis 18 comme note.




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      Robert Merle – Fortunes de France, Tome 11 : La Gloire et les Périls


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      Ce tome traite quasiment uniquement du fameux siège de La Rochelle, et ses conséquences désastreuses sur la ville, qui aurait pu être le plus grand port de France sans son siège. Un événement d'une importance historique capitale, à tel point que peu de monde en France n'en a jamais entendu parler. Cela dit, je mentirais si j'avais ne serait-ce qu'une seule idée de son contexte avant la lecture de ce livre.
      Cette fois, contrairement au siège de Paris, on lit le siège depuis l'extérieur. Et ce choix est bien justifiable, étant donné les efforts et les pécunes qu'a demandés la construction de la digue qui a empêché une éventuelle aide anglaise. C'est aussi grâce à ce siège que Richelieu est justifié et conforté durablement à sa position de second de l'état, étant l'architecte du succès de ce siège.
      Finalement, si on le compare notamment au tome précédent, ce livre comporte peu d'événements. En revanche, il relate en détails tous les émoluments et évolutions du siège, avec les caprices du roi et de son frère, les négociations avec les huguenots, le renvoi des flottes anglaises de Buckingham chez elles, etc. Et à nouveau, l'histoire nous enchâsse dans l'Histoire avec grande efficacité. J'ai mis 17 en note parce que j'ai trouvé que le choix de se concentrer exclusivement sur le point de vue français du siège me laisse très légèrement sur ma faim, j'aurais bien aimé voir d'autres points de vue extérieur, même par très légères bribes, autres que le Vatican.

      (pour ceux qui ne lisent pas le spoil, j'ai mis 17, je recommande)


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      Robert Merle – Fortunes de France, Tome 12 : Complots et Cabales


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      De manière générale, j'ai trouvé ce tome un peu décevant. Le langage utilisé fait toujours autant plaisir à lire ; mais les constants rappels que Louis aime les femmes (dans le sens de "il n'est pas gay"), juste pas celles de son entourage (notamment sa mère), ou que Gaston était particulièrement inconséquent dans ses actions sont lassants. On nous le rappelle trop. Je conçois qu'il soit important d'avoir ces éléments en tête lors de la lecture du récit, mais il n'est pas nécessaire de les rappeler une fois par chapitre, voire plus, au moins dans la première moitié du livre.
      La fin du livre me paraît, pour la première fois dans la saga, comment dire... écourtée. Énormément de petits événements qui ensemble forment les conneries de Gaston ou de sa mère s'enchaînent, le Duc D'Orbieu se charge d'en rattraper une partie, il est promu maréchal, point final. Tout paraît très rapide. La promotion en duc s'est plus ou moins longuement préparée dans un tome précédent, à la mesure de l'importance que revêt cet avancement pour le personnage. Mais cette promotion en maréchal sort de nulle part, est décrite en l'espace d'une ou deux pages, sans aucune surprise de la part du personnage. De même, le rapatriement de Gaston à Paris s'est fait très vite, alors qu'il s'agit à fortiori d'un événement d'une importance au moins comparable à d'autres événements de tomes précédents.

      Ces éléments m'amènent à dire que ce tome est bâclé, qu'on reste sur sa faim sur les événements décrits dans la seconde moitié du livre. Il ne faut pas s'y méprendre, ça reste tout à fait lisible, mais j'avais tout de même l'impression qu'il s'agissait d'une espèce de conclusion "histoire de", et qu'en vérité au moins 50% de pages en plus auraient été nécessaires pour raconter efficacement les événements relatés, avec le même niveau de propension qu'aux tomes précédents. J'ai finalement mis 14 comme note. Ce n’est pas un mauvais bouquin, mais comme j'écrivais au début, décevant par rapport au reste de la saga.




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      Robert Merle – L'Île


      Oui, je suis en train de passer à travers toute la bibliographie de Robert Merle. Aussi, je recommande chaudement de lire ce livre sans même savoir les thèmes qu'il aborde, ça apporte un optimisme ou, justement, un pessimisme sur nos pensées sur l'évolution de la situation qui est extrêmement intéressant face à ce qu'il se passe dans le récit (je parle d'expérience). La meilleure manière de lire ce livre, c'est de n'avoir aucune idée de ce dont il parle. Donc si vous souhaitez le lire, par pitié, ne lisez pas la suite.

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      J'avais déjà lu ce bouquin il y a environ une dizaine d'années, avec Un Animal Doué de Raison, mais contrairement au second (que du coup je ne relirai pas de sitôt), je n'en avais absolument aucun souvenir. Et c'est en fin de compte une agréable surprise, avec des thèmes toujours très d'actualité, malgré un contexte bien différent : le racisme, qu'il soit anti-indigène ou anti-blanc, qu'il soit "justifié" ou non ; d'une certaine manière, la place de la femme dans la société ; jusqu'à où l'intolérance peut être tolérée et, par extension, comment on peut se faire reprocher d'inaction ; et, comme belle et très justifiable conclusion, à quel point ces questions sont futiles quand on cherche simplement à être humain. C'est une conclusion qui résonne beaucoup avec ma manière de penser, et que j'aimerais universelle, mais contrairement à ce qu'il se passe dans le livre, les limites culturelles ne la permettent pas, malheureusement rendant les combats contre les inégalités nécessaires.
      Tous ces thèmes pourraient paraître barbants au premier coup d'œil, mais ils sont probablement amenés de la meilleure manière qui soit : humaine. On suit pendant toute l'histoire en narrateur interne Purcell, un marin britannique, qui se retrouve à cohabiter avec d'autres compatriotes et des tahitiens sur une île luxuriante dans le but de vivre, en isolation complète du monde extérieur. Il est naïf, possède un profond sentiment de justice. Mais il va pourtant se retrouver au centre des conflits qui vont éclater, et pendant longtemps va être forcé d'être une espèce de spectateur face à la situation qui se met peu à peu en place. Ce personnage est hautement efficace pour raconter l'histoire, vu qu'il est probablement le moins clivant d'entre eux (bien qu'il puisse être exaspérant à sa manière).
      Les personnages, justement, parlons-en. Ils sont TOUS extrêmement réalistes. Certains sont certes un peu cliché dans leur caractère, mais absolument tous ont un passé qui amène leurs actions à être logiques de leur point de vue, et évidemment ces actions vont ne pas entrer en accordance avec les actions d'autres. Les personnages sont probablement l'énorme point fort du récit, ils le portent du début jusqu'à la fin. Seul deux éléments extérieurs (le bateau anglais vu au loin vers le début et la tempête sur la barque à la fin) interviennent dans le récit, et aucun de ces deux éléments n'influe directement sur l'histoire, c'est la réaction des personnages à l'élément en question qui la fait avancer.

      Paradoxalement, la qualité des personnages est aussi une espèce de point faible du récit. Certains d'entre eux sont si insufférables qu'en lisant on ne comprend pas comment les autres personnages ne se mettent pas d'accord pour s'en débarrasser, et c'est assez frustrant. Mais c'est peut-être aussi ma manière de lire ici qu'il faut remettre en cause.
      On pourrait aussi reprocher au récit le fait que quasiment tout se déroule selon un scénario de vivre-ensemble de dystopie, mais je pense que le passé et caractère des personnages le justifient amplement.

      Finalement, c'est un livre que je recommande volontiers et chaudement (je lui ai mis 17). On se prend facilement dans l'histoire, les personnages sont excellents, et en fin de compte, c'est un livre divertissant.




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      René Barjavel – Tarendol


      Quand j'ai pris et commencé à lire ce bouquin, je m'attendais à un roman de science-fiction ou d'anticipation, étant donné mes précédentes lectures de lui (Ravage, Une Rose au Paradis, La Nuit des Temps, Le Voyageur Imprudent), mais il ne faut pas s'y méprendre : Tarendol est une romance. Et je n'ai pas vraiment accroché.

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      Tarendol est une romance dramatique des plus classiques dans sa forme, dans un contexte de seconde guerre mondiale. Beaucoup de métaphores, qui pour moi étaient souvent peu nécessaires et alourdissaient le récit, la mort du couple à la fin, et même, de manière générale, la mort qui frappe un peu partout de manière aléatoire sans vraiment que ça se justifie. Autant de morts n'est pour moi clairement pas réaliste et me sort d'un récit qui, pourtant, se veut réaliste. Par exemple, deux personnages qui meurent à l'école au début, pas même à cause de la guerre, et ce sont deux décès qui ne servent pas le récit. Ils sont là simplement pour bien faire comprendre à la personne qui lit qu'il s'agit d'un drame, et donc qu'à la fin le couple meurt.
      J'ai trouvé les différentes incursions de l'auteur dans le récit totalement inutiles. D'accord René, tu as du mal à écrire ce livre, il s'agit d'un exercice fondamentalement différent de tes précédents bouquins (que, dans mes souvenirs, j'avais bien appréciés, par ailleurs), mais ce n'est pas nécessaire de nous faire sortir du récit pour partager tes peines d'écriture. Peut-être ces incursions ont-elles une signification plus profonde ? Si oui, ça m'est complètement passé par-dessus la tête.
      L'histoire met énormément de temps à démarrer. L'auteur installe une ambiance "slice of life" pendant un bon moment, et seulement du point de vue de Tarendol. Mais rien de significativement important justifie pour moi cette longueur, rien ne se passe. Inversement, on ne connaît quasiment rien de Marie avant que Jean commence à s'intéresser à elle, et on apprend ses origines et son passé au fur et à mesure de l'histoire, et je pense qu'il aurait fallu faire de même pour Jean : l'histoire aurait pu (dû ?) commencer au moment où Jean voit Marie pour la première fois, par exemple ; peut-être aura-t-il fallu par la suite développer un peu plus le passé de Jean, mais clairement rien d'insurmontable.
      La plupart des personnages secondaires sont insipides, dans le sens où beaucoup d'entre eux n'ont qu'une facette. Le père de Marie n'est là que pour la limiter, pareil pour sa tante, d'autres ne sont là que pour mourir. Et c'est dommage, parce qu'on sent que d'autres personnages secondaires sont plus favorisés : le logeur / imprimeur de Jean, par exemple, est aussi un résistant amateur de vin. Je radote, mais peut-être aurait-il été utile de moins développer les amis d'écoles de Jean (qui, d'ailleurs, ne reviennent plus jamais par la suite dans le récit) et de plus s'attarder sur les personnages importants par la suite ? Le peintre aurait mérité plus de temps, la famille de Marie aussi.

      Dans les points positifs, l'écriture est belle, et le personnage de Jean est bien développé, avec des aspirations, des décisions et des actions cohérentes. Et malgré tous les points négatifs, si j'ai fini le livre, c'est que quelque part il a réussi à m'accrocher (bien que j'aie failli lâcher vers la fin du premier quart). Je n'ai pas d'amour inconsidéré pour les romances, ni ne les déteste ; si je devais choisir je dirais même que j'aurais une appréciation globalement positive sur elles, du moment qu'elles ne soient pas leur seul argument.

      En fin de compte, j'ai mis un 10 à ce livre. Ce n'est pas vraiment un mauvais livre, mais je pense qu'il s'adresse exclusivement aux fans inconsidérés du genre, par conséquent je ne le recommanderais qu'à ceux qui auraient aimé Mme Bovary par exemple. Je ne sais pas si la comparaison est valide, d'autant plus que Mme Bovary n'est pas une romance, mais c'est ce que la première partie m'a évoqué (il est peut-être à noter que j’ai détesté le roman de Flaubert).




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      Robert Merle – Les hommes protégés


      Pour contexte, j'ai lu ce livre en février 2022 environ, donc la plupart des mesures contre le covid étaient toujours en place. Comme d'habitude j'ai commencé à lire le bouquin sans avoir aucune idée de ce dont il parle, et le voir parler d'une épidémie dès le début, en anticipant assez fidèlement à la réalité différentes mesures prises (dans leur propre contexte) était assez… prometteur. Je pensais du coup me retrouver avec une anticipation face à une pandémie mondiale et mortelle, mais je me trompais : le propos principal du livre est le féminisme, la maladie n'était qu'un outil pour créer une situation qui le promeut.
      ... Où commencer ?
      Le plus simple c'est probablement de commencer par les personnages. Ils sont généralement moins colorés, n'ont souvent qu'une facette qui est présentée. On s'y attache donc moins que dans L'Île par exemple, mais ils restent diablement efficaces : la seule facette présentée est réaliste et justifiable en fonction des backgrounds des personnages (la seule exception étant probablement l'"esclave" de celle qui possède le camp). C'est aussi le contexte qui encourage les personnages à se cacher (et donc à ne montrer qu’une facette) : il ne faut baisser sa garde quand on se sait sous surveillance continue, à la merci d'une autorité qui peut faire ce qu'elle veut. Le choix d'avoir un narrateur interne un peu à la ramasse sur les changements rapides qui l'entourent est probablement aussi une autre raison de cette absence de "complexité" des autres personnages. Mais bon, il n'en reste que malgré tout, beaucoup d'interactions restent prévisibles avant qu'elles aient lieu. C'est logique, vu le contexte, mais ça enlève un peu de saveur à la lecture.
      Malgré tout, l'histoire ne se raconte pas vraiment par les personnages. Il y a en a deux dans ce livre : celle du Dr. Martinelli, médecin beau gosse qui est chargé de trouver un vaccin à la maladie qui frappe le monde ; et l'histoire sociétale, qui montre les changements de mentalité, de gouvernement, les réactions, les contre-réactions. Et autant la première histoire, quand on la regarde telle quelle sans son contexte, est moyenne (dans le sens où il s’agit d’un personnage plus ou moins quelconque qui réagit de façon plus ou moins normale à une situation exceptionnelle ; pour donner une comparaison réaliste, ce serait un peu un boomer d’aujourd’hui qui tente tant bien que mal de comprendre internet et, accessoirement, son humour, mais un boomer ouvert d’esprit), autant la seconde est extrêmement intéressante et juste.
      (Si vous souhaitez lire le livre, je ne pense pas que ce soit une bonne idée de continuer à lire ceci, car je vais maintenant full spoil des bidules intéressants.)

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      La seconde histoire, donc.
      Tout d’abord, l’épidémie provoque la mort d’une très grande majorité des humains mâles des Etats-Unis des années 80-90 environ (une estimation à la zeub pour la date, mais elle me semble correcte). La plupart des parlementaires avaient « prévu » leur propre décès, et ont légué leur siège à leur femme, le plus souvent. Or, ces dernières n’ayant pas l’éducation / les informations nécessaires pour savoir à quel point leur rôle est important, elles permettent l’instauration d’une autocratie sous Bedford. Cette dernière va complètement renverser le système sociétal et installer un climat de tension typique des autocraties, avec cette particularité que les hommes sont discriminés au profit d’une femme forte, qui est capable de tout faire. Je vais passer assez vite sur le mouvement d’opposition clandestin qui se forme, mais à la fin il parvient à renverser le régime. Et là, on pourrait croire qu’il se produirait un retour à la société précédente, sauf que non. Elle reste matriarcale, avec des avantages pour les femmes que les hommes n’ont pas. Il en résulte un système légèrement misandre, et c’est ça qui fait tout l’intérêt de la conclusion : il aura fallu un changement brutal pour que le monde se rende compte à quel point la misogynie est normalisée, et un retour à « avant » était donc inenvisageable. Oui, le résultat n’est toujours pas équitable / égalitaire envers les deux sexes, mais ce serait selon l’auteur un mal nécessaire afin de pouvoir l’atteindre ; car en cas d’égalité complète, les mâles qui auraient survécu et connu l’avant reprendraient leurs vieux réflexes.
      Oh d’ailleurs, les Etats-Unis sont un des pays le plus touchés au monde par la pandémie, un peu comme ça a été le cas pour le covid. Je ne sais pas du tout si c’était une prédiction en constatation de la rigidité des systèmes en place ou si c’est un hasard, et que le choix du pays s’est plus fait pour l’image qu’il projette de pays en avance (oui c’était le cas à l’époque, il avait vraiment cette image, aussi dur que ça soit à croire aujourd’hui), mais dans tous les cas c’est une coïncidence que je trouve classe.

      Pour conclure, Les Hommes protégés est un livre que j’ai trouvé très intéressant. Malgré des défauts, il tient des propos que j’ai trouvés généralement très justes et, pourtant, assez peu communs : même aujourd’hui, la manière de présenter ces idées reste assez novatrice. J’ai donc finalement mis la note de 16.




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      Amin Maalouf – Le Rocher de Tanios


      Je ne fais pas du tout mes avis dans l’ordre, au moment où j’écris ici on est fin avril 2022, et j’ai lu ce livre en juillet/août de l’année précédente. Mais je souhaite tout de même laisser quelques mots à propos de ce livre, parce que je l’ai beaucoup apprécié.
      Le début est presque contemplatif (certains diront peut-être que c’est trop lent, et je ne leur donnerais peut-être pas vraiment tort non plus) : le contexte se pose doucement, on s’imprègne dans l’ambiance d’un village du Liban dans la seconde moitié du XIXème siècle. Puis, peu à peu, les personnages et l’intrigue s’activent dans l’enceinte de ce monde. On capte quelques intrigues politiques de l’époque, sans pour autant forcément complètement saisir le grand enjeu, mais l’histoire se veut centrée sur son personnage principal.
      Ladite histoire est d’ailleurs extrêmement réaliste, à tel point que j’ai cru jusqu’à la fin que c’en était une véritable, romancée par quelques aspects. Mais hélas, à priori Tanios n’a pas existé, et la partie inspirée de faits réels est celle qui concerne son père.
      Je ne dirai pas grand-chose de plus de ce livre, je n’ai pas vraiment de critique à y apporter ; je lui ai donc mis 18.



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      Robert Merle – La Mort est mon métier


      Suite de mon parcours dans la bibliographie de Robert Merle, et comme d’habitude je n’avais aucune idée de ce quoi parlait ce livre. Et, BEAUCOUP PLUS que pour n’importe quel autre livre dans ce post, je recommande de chercher à TOUT PRIX de ne pas se faire spoil, y compris par n'importe quel synopsis ou résumé de dos de livre, ça apporte énormément à la lecture, je parle d’expérience.

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      Ce livre est une biographie sur celui qui devint le "créateur" du camp de concentration et extermination d’Auschwitz (attention, psychologie de comptoir incoming).
      On commence dans l’enfance, où on constate la présence chez lui de quelques problèmes psychologiques, je suppute par manque d’affection de la part de sa famille et, surtout, son père. Pourtant, ces problèmes ne vont pas s’étendre au fur et à mesure du temps, ils vont par contre résulter en un manque d’empathie complet envers qui que ce soit. Ce manque va être "compensé" par un nationalisme fanatique, qui a la priorité sur tout dans sa vie (cela se voit notamment dans l’armée, où il n’épargnera ni enfants ni chiens ennemis, et se fera détester de ses soldats à cause de ça). Après la guerre, alors qu’il galère à se réinsérer dans la société, il rejoint assez vite les rangs du NSDAP, où sa participation à quelques actions lui vaudront d’être remarqué par Himmler en personne. Ce dernier lui proposera des travaux graduellement de plus en plus difficiles, jusqu’à ce qu’on en arrive à Auschwitz-Birkenau, où il sera maître de camp, ayant pour but de rendre le massacre aussi efficace et industriel que possible. Il obéit au système, système qui, lui, porte toute responsabilité sur ce qu’il est en train de faire. Ainsi, toute question morale, éthique ou autre est étudiée par les supérieurs, qui, eux, décident toujours de la meilleure marche à suivre. C’est un système qui convient très bien à notre pro/antagoniste, qui retrouve ici le confort dans la simplicité de l’obéissance.
      Ce confort ne se terminera qu’à la chute du régime, où le suicide des plus grands dirigeants sera vécu comme une trahison : en effet, comment peuvent-ils endosser la responsabilité des ordres qu’ils ont passés à leurs subordonnés (et, par extension, laver ces-dits subordonnés de leurs actions) s’ils sont morts ? C’était pourtant leur promesse de base.

      C’est, finalement, un livre complètement à contre-courant du point de vue généralement adopté pour décrire la shoah, d’autant plus au moment où il a été publié. C’est un livre qui montre que ceux qui ont contribué à ce massacre sont des humains comme vous et moi. Des humains parfois traumatisés, des humains parfois instables, mais des humains fonctionnels pourtant, avec leurs soucis, leurs faiblesses, leur intelligence, leurs forces. Des humains pour qui le message d’Hitler est arrivé au "bon" moment, des humains à qui on a conté la grandeur de la Prusse, voire même qui ont vécu cette gloire, et pour lesquels l’ego national a été roulé dans la boue, puis couvert d’urine suite à la première guerre mondiale. Et c’est vraiment le premier média que j’aie croisé qui le montre si bien. Pourtant, il ne montre pas non plus une nation complètement unifiée derrière Hitler, on sent la présence de gens qui ont sauvegardé une conscience.
      Finalement, le seul vrai reproche que je puisse faire à cette histoire, c’est de faire commencer le personnage avec de légers problèmes mentaux dès le début de l’histoire. Mais d’un autre côté, peut-être que ne pas faire ça aurait été mentir.

      En conclusion, je pense que ce livre mérite un bon 19, je recommande énormément à qui que ce soit.




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      Robert Merle – L’Idole


      C’est un roman historique comparable aux Fortunes de France, mais à Rome, et légèrement plus tôt dans l’Histoire. Quelque part je regrette l’absence du langage français de l’époque, bien qu’il ne fasse pas sens, comme précisé par l’auteur ; ça aurait tout de même ajouté un charme indéniable au roman.
      Ce-dit roman est continuellement en narrateur interne changeant : d’une partie (chapitre ?) à l’autre, le point de vue adopté est celui d’un personnage différent. C’est un choix qui rend la lecture très confuse, surtout au début ; d’autant plus que j’ai souvent du mal à me rappeler des noms et prénoms. Cela dit, quand les personnages principaux sont installés, la compréhension devient tout de suite plus simple.
      Mis à part ça, au moment d’écrire ces lignes, je me rappelle que moyennement du livre, ça fait trop longtemps que je l’ai lu (ça doit tourner autour de l’année). Idéalement il faudrait aussi faire des recherches afin de pouvoir différencier ce qui est romancé ou véritable dans tous les événements de mieux pouvoir juger des choix, mais flemme. Donc je vais simplement me baser sur mes souvenirs et impressions pour lui donner 15.




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      Robert Merle – Fortunes de France tome 13 : Le Glaive et les Amours


      Le tome de trop. Je ne sais pas si le but, avec les Fortunes de France, était de finir la série à la mort de Louis XIII, ou bien de bien la finir sur Louis XIV qui refuse d’introniser un nouveau ministre (la fin actuelle de la série) ; dans tous les cas, il y a beaucoup trop d’événements de l’Histoire entre les débuts de Louis XIV en tant qu’enfant-roi et sa prise de pouvoir autocratique, et ça ne tient pas proprement en un tome. Les événements sont compressés pour que tout tienne, le maréchal d’Orbieu prend trop de place, il y a des redites d’éléments à absolument garder en tête qui sont simplement répétitives pour rien (j’avais l’impression qu’on me pensait stupide quand je lisais) ; bref, l’équilibre est perdu.
      Ça ne veut toujours pas dire que ce bouquin est foncièrement mauvais, il demeure tout à fait lisible, mais c’est pas non plus pour rien que je lui mets un vieux 12 décevant par rapport au reste de la série.




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      Amin Maalouf – Les Échelles du Levant


      L’histoire d’un bonhomme qui, par curiosité, invite un ancien résistant à raconter sa vie. Sauf que le résistant vient d’Orient, et qu’il ne faisait qu’étudier en France au moment du déclenchement de la guerre, la résistance n’a été qu’une étape parmi d’autres dans sa vie.
      Honnêtement, je sais que j’ai apprécié la lecture de ce livre, mais elle n’a pas été marquante, donc je n’ai pas d’éléments tangibles sur lesquels m’appuyer pour pouvoir pointer des choses que j’aurais appréciées ou non. J’avais déjà eu cette impression avec Le Rocher de Tanios, mais cette fois je n’ai vraiment rien à écrire. C’est bien l’histoire d’une vie (une vie toujours pas terminée, comme le montre la fin), mais c’est réducteur de le résumer à ça. Dans le même temps, y rajouter des détails m’obligerait à faire des choix et à écrire vraiment mâââsse, sans que j’en voie forcément l’intérêt, sachant que je n’aurais probablement toujours pas vraiment d’apport personnel à y faire. Ce sera donc un 16.




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      Robert Merle – Madrapour


      Il s’agit certainement du roman le plus étrange de Robert Merle, un huis clos fantastique. Je vais absolument tout spoil à partir d’ici, et bien que je ne pense pas que l’expérience de lecture soit tant meilleure par rapport à d’autres livres sans spoil, c’est probablement toujours mieux, donc je préviens quand même.

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      En résumé : une douzaine de passagers avec une hôtesse s’embarquent à bord d’un avion depuis un Paris CDG étrangement désert (du moins, du point de vue du narrateur) pour Madrapour. Mais rien ne paraît normal dans cet avion : tout d’abord, les sièges de tous les passagers sont disposés en cercle. Ensuite, l’avion ne fait quasiment pas de bruit. Plus tard, on se rend compte qu’il n’y a pas de personnel à bord mis à part l’hôtesse, et aucun moyen de contacter le sol. Sol qui devient presque une sorte de divinité, étant donné qu’Il a le contrôle total sur l’avion et le sort de ses passagers. Et est-ce une sorte de maladie qui fait décrépir (pas mourir, attention) les passagers un par un à rythme régulier ?
      Un huis clos vit par les relations avec les personnages, vu qu’ils sont les seuls à pouvoir apporter des changements au récit. Celui-ci ne fait pas exception. D’une attente à un voyage normal au début, puis sur leurs doutes de l’existence de la destination qui est ravivé à chaque nouvelle découverte étrange, sur leur objectif dans cet avion, leurs croyances changeantes, leurs distractions, quasiment tout tourne autour d’eux.
      Je ne sais pas s’il y a une philosophie à retenir derrière ce roman. Peut-être un certain encouragement à prendre en main sa propre destinée ? Comme les deux hindous l’ont fait, en forçant l’avion à atterrir pour qu’ils puissent le quitter. Mais, à la base ils étaient là pour détourner l’avion on ne sait où, ou autre objectif qui nous restera inconnu ; il paraît hautement invraisemblable qu’ils étaient là simplement pour quitter l’avion à un endroit au hasard une dizaine d’heures ou plus après avoir embarqué. D’un autre côté, grâce à ce coup de force, ils échappent à l’étrange maladie qui semble frapper tous les passagers un par un, à leur destin.
      Toute l’histoire est racontée du point de vue d’un passager qui sera le deuxième à être atteint du dépérissement. Même si ce n’est pas forcément précisé, il y en a qu’il apprécie plus que d’autres. Pourtant, on a quand même l’impression d’avoir un point de vue clair et relativement de ce qu’il se passe. Ce n’est que quand la maladie commence à le toucher qu’on se rend vraiment compte à quel point la narration interne peut toucher ce qu’on comprend de l’histoire, étant donné qu’on n’en saisit plus que des bribes.
      Cette maladie reste quand même le plus gros mystère de ce roman. Des quelques échanges avec le Sol, il semblerait qu’elle soit voulue et ciblée sur des passagers précis. Comment la déclenchent-ils, pourquoi sur telle personne et pas une autre, pourquoi à intervalle régulier, pourquoi la déclencher sur le personnage narrateur était une erreur ? J’avoue je n’ai pas vraiment cherché à comprendre, et peut-être est-ce le mieux ? Mais du coup j’ai quand même l’impression de rater le but du roman.

      Pourtant, ça ne m’a pas du tout empêché de beaucoup l’apprécier, et c’est pour ça qu’il mérite son 19.


      J’ai aussi lu Le Propre de l’Homme, mais j’avais totalement « oublié » d’écrire quoi que ce soit à propos de ce roman (j’écris actuellement en octobre 2024, j’ai dû le lire en 2022). Du coup, ce ne sera pas vraiment une critique, mais simplement une recommandation : c’est moins bien que la plupart des autres romans de Merle (ça reste très correct, un 15).
      Tout ça pour écrire que j'ai commencé à me mettre à taper tout ça en 2022, et que plus tard j'ai commencé à "m'empêcher" de lire afin de ne pas oublier les livres sur lesquels je n'avais pas encore écrit ; j'avais oublié au passage qu'écrire, c'est optionnel. Du coup cette réalisation est presque libératrice, alors que c'est un truc que je fais pour le plaisir à la base, bref ça n'a pas trop de sens, mais comme ça on sait pourquoi j'ai mis deux ans pour trois bouquins.
      Sinon, complètement HS : sur la prévisualisation, les spoilers ne fonctionnent pas, j'espère que ce sera différent quand je poste.
      Edit : Apparemment pas, tant pis j'imagine

      Dernière modification par Biditchoun (25 Octobre 2024 00:17:43)

    • Grominou

      Administratrice

      Hors ligne

      #2 24 Octobre 2024 18:18:10

      Coucou, bienvenue dans le monde des suivis!  Pour les spoilers, tu dois fermer avec la balise /spoiler (à mettre entre crochets) à la fin du texte à cacher.

      Code:

      [spoiler]le texte à cacher[/spoiler]

    • Biditchoun

      Livraddictien débutant

      Hors ligne

      #3 24 Octobre 2024 18:31:25

      Salut, c'est bien ce que j'ai fait ! Sinon l'entièreté du texte serait sous spoiler, je pense
      Edit : à titre d'exemple, ça c'est un des paragraphes
      <image>

      Dernière modification par Biditchoun (24 Octobre 2024 18:33:51)

    • Grominou

      Administratrice

      Hors ligne

      #4 24 Octobre 2024 23:37:19

      Ah oui d'accord je n'avais pas bien regardé.  Alors je pense que c'est à cause des balises justify, qui entrent en compétition avec les balises spoiler selon moi.  Essaye de les enlever, d'ailleurs elles ne servent à rien dans ce cas, les balises spoiler suffisent pour faire un bel enlignement.
    • Biditchoun

      Livraddictien débutant

      Hors ligne

      #5 25 Octobre 2024 00:18:12

      Bon du coup le texte sous spoiler n'est pas justifié, mais bon on va dire que c'est mieux
    • Biditchoun

      Livraddictien débutant

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      #6 26 Novembre 2024 23:10:14

      Jean Raspail – L’Anneau du Pêcheur


      <image>

      Quand j’ai vu ce livre, ça m’a tout de suite fait penser à un autre livre que j’ai lu il y a de ça probablement cinq ou six ans, d’un auteur que j’ai oublié, Pêcheur d’Islandes (il est probable que le titre soit inexact, si je relis ça au moment de la publication j’essayerai de trouver son véritable nom). C’était, en grossièrement résumé et très mal vendu, une histoire d’amour en Bretagne entrecoupée de sessions de pêche de plusieurs mois vers l’océan Arctique.
      Quelle ne fut pas ma surprise, après avoir lu quand même pas mal de romans historiques, avec toute la bibliographie de Merle, de me retrouver dans Rome à la fin du XIVème siècle, et à découvrir l’existence du Grand Schisme d’Occident. Petit topo historique si, comme moi, vous n’y connaiss(i)ez rien : quand un pape meurt, un nouveau est élu en conclave. Cela signifie que tous les cardinaux alentours se réunissent dans un endroit fermé, généralement vers là où le pape précédent est mort, vu qu’il a tendance à les attirer / nommer, conclave duquel aucune ingérence extérieure ne peut être admise. Grégoire XI est le sixième pape non-italien de suite, lui et ses cinq prédécesseurs vivaient à Avignon. Le-dit Grégoire se rend à Rome pour s’y installer, y meurt, et donc le conclave s’y fait. Les romains sont très vénères, et les cardinaux, alors qu’ils voulaient à la base élire un pape allemand, sont forcés de nommer un pape italien, Urbain VI, par la colère du peuple. Pas quelques jours plus tard qu’un nouveau conclave est organisé dans les règles cette fois, et Clément VII devient pape. C’est là le début de ce qui s’appellera plus tard le Grand Schisme d’Occident : plusieurs papes, jusqu’à trois à la fois, tous officiels selon certains, aucune unité dans la chrétienté.
      Le récit s’intéressera particulièrement à la lignée de Clément VII, à regarder ce qui lui est arrivé, et s’attardera particulièrement sur son successeur Benoît XIII, dit pape de Luna, encensant sa foi inébranlable face au ramassis de magouilles politiques qu’est devenu le monde chrétien.
      Bon, mais il n’y a pas que ça, le livre est en fait coupé en deux tout au long des pages : une partie qui décrit donc l’Histoire, et une autre partie qui se passe dans le monde contemporain, et qui décrit des choses un peu étranges. Une sorte d’enquête.
      Le livre spoil lui-même comment le passé s’est fini. Un concile sera organisé par les différents gouvernements pour élire un troisième pape, et au fil des ans, tout le monde reconnaîtra ce troisième pape comme étant seul légitime. Ainsi, on sait que Pedro de Luna finira plus ou moins esseulé. La question étant de voir comment, pourquoi, dans quel contexte. Le présent, cela dit, est plus opaque. Et autant on finit assez vite par deviner la situation, autant on n’en a la confirmation que vers la fin du récit, quasiment avec la conclusion du roman.

      Spoiler (Cliquez pour afficher)

      Plus précisément, le livre s’intéresse à ce qu’on appelle aujourd’hui la lignée des papes imaginaires. La lignée de papes d’Urbain VI s’est conclue quelques décades après sa nomination, par le propre accord du descendant, mais celle de Clément VII / Benoît XIII, jamais. Ainsi, malgré leur disgrâce, malgré ensuite l’inquisition, malgré tous les dangers, des Benoît se sont succédé jusqu’à nos jours afin de perpétuer la lignée légitime, dans le secret le plus absolu. L’auteur assure que tous les événements relatés dans son livre sont véridiques ; il s’agit de quelque chose de quasiment impossible à vérifier par soi-même, sauf grosse motivation, vu que je justement, tout le concept de cette lignée était de ne pas laisser de traces. Mais j’ai très envie d’y croire, c’est très beau si c’est vrai.

      Maintenant, ce que j’en ai pensé ?
      Pedro de Luna est un peu trop déifié, mais peut-être était-il comme ça ? J’ai aussi beaucoup de mal à imaginer comment un auteur a pu avoir accès à des témoignages et des dossiers du Vatican. Dans tous les cas, c’est une très bonne lecture. Si j’ai passé autant de temps à décrire l’histoire du livre, c’est que c’est quasiment son seul atout, avec çà et là des notes qui traduisent le point de vue de l’auteur. Mis à part pour Pedro de Luna, et malgré un narrateur omniscient pour la majorité du récit, qui permettrait d’en savoir plus, on n’a que très peu les pensées internes des personnages ; pour moi, ça prouve que là n’était pas le propos de l’auteur : la qualité de l’histoire et de l’Histoire se suffisent à elles-mêmes, et c’est pour ça que pour moi c’est un bon 17.
      Ah oui j’oubliais, encore aujourd’hui je n’ai pas la certitude d’avoir compris le titre : est-ce le nom de l’insigne qui permet aux sachants de se faire savoir ? Même après avoir utilisé gogole je ne sais pas (il est tout de même à noter que j’utilise gogole comme une brêle).

      Ah oui, Pêcheur d’Islande est un roman de Pierre Loti.

      Dernière modification par Biditchoun (10 Décembre 2024 05:22:00)

    • Mypianocanta

      Gardien du savoir

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      #7 04 Décembre 2024 17:36:21

      Oh je ne connaissais pas du tout ce roman mais il parait intéressant (j'adore les livres historiques). Je le note :)
    • Biditchoun

      Livraddictien débutant

      Hors ligne

      #8 10 Décembre 2024 05:23:22

      J'imagine que tu as déjà dû passer à travers, mais je recommande volontiers les fortunes de France de Merle dans ce cas (mais en ignorant les deux derniers tomes) !

      Dernière modification par Biditchoun (10 Décembre 2024 05:23:30)

    • Biditchoun

      Livraddictien débutant

      Hors ligne

      #9 27 Avril 2025 03:01:10

      Alex Ross - The Rest is Noise


      <image>

      Petit mise en contexte : je fais de la musique 'classique' de manière professionnelle, je joue d'un instrument depuis mes quatre ans. Ce livre est un cadeau d'un ami, et n'est, à ma connaissance, disponible qu'en anglais ; son but est à priori d'aider à la compréhension des musiques 'classiques' "modernes".
      J'ai commencé la lecture en décembre, j'ai un petit peu avancé par-ci par-là, et puis j'ai fini par abandonner au début de l'introduction de Schönberg. En fait, ce que fait l'auteur, s'il fait pareil pour tous les compositeurs, c'est expliquer la vie et le contexte des compositeurs, il n'aborde pas du tout l'aspect technique de leurs œuvres. Or, c'est justement ce que je voulais voir : comment il arriverait à vulgariser proprement les spécificités des compositeurs.
      C'est simple, il ne le fait pas, il raconte leurs vies à la place.
      Je ne dis pas que c'est pas intéressant, j'ignore beaucoup de choses sur leurs vies, mais une idée générale suffit, et en cas de besoin de contexte, wikipedia existe. Ainsi, de mon point de vue, je n'arrive pas à comprendre le réel intérêt de ce livre.
      Avec ça, on peut ajouter l'écriture qui est vraiment... américaine ? Je ne sais pas si c'est un style d'écriture qui existe vraiment, mais en ressenti ça fait vraiment ça. Ce n'est pas insufférable mais je n'irais pas jusqu'à prétendre que ça ne me fait pas tiquer. À nouveau, c'est un ressenti.

      Bref, pour conclure, ce livre n'est pas ce à quoi je m'attendais, et je ne suis très probablement pas la bonne cible pour lui. Je lui ai donc mis 12/20, après avoir finalement décidé d'abandonner sa lecture, il fallait se rendre à l'évidence : je n'avais jamais envie de sortir le livre de mon sac.

      Dernière modification par Biditchoun (27 Avril 2025 03:05:23)