#103 26 Avril 2025 18:51:48
Je ne sais pas comment expliquer sans spoiler mais ce qui m'a dérangé c'est la révélation soudaine du rapport que Marzio a avec la vieille femme. Tout au long c'est présenté d'une autre façon (ou alors j'ai loupé des indices).
J'ai commencé la lecture de "La Belle Amour humaine" de Lyonel Trouillot et j'accroche beaucoup car très poétique. Voici le synopsis:
A bord de la voiture de Thomas, son guide, une jeune occidentale, Anaïse, se dirige vers un petit village côtier d'Haïti où elle espère retrouver les traces d'un père qu'elle a à peine connu et éclaircir l'énigme aux allures de règlement de comptes qui fonde son roman familial. Le caractère particulier de ce voyage encourage bientôt Thomas à prévenir la jeune femme qu'il lui faudra très probablement renoncer à une telle enquête pour faire l'expérience, dans ce village de pêcheurs dont il est lui-même issu, d'un véritable territoire de l'altérité où les lois sont amicales et flexibles, les morts joyeux, et où l'humaine condition se réinvente sans cesse face aux appétits féroces de ceux qui, à la manière du grand-père d'Anaïse et de son complice en exactions, le "colonel" - tous deux jadis mystérieusement disparus dans un incendie -, cherchent à s'octroyer un monde qui appartient à tous.
Dans ce roman qui prône un exercice inédit de la justice et une fraternité sensible entre les hommes sous l'égide de la question : "Quel usage faut-il faire de sa présence au monde ?", Lyonel Trouillot, au sommet de son art, interroge le hasard des destinées qui vous font naître blanc ou noir, puissant ou misérable, ici ou ailleurs - au Nord ou au Sud. S'il est vrai qu'on est toujours "l'autre de quelqu'un", comment et avec qui se lier, comment construire son vivre-ensemble sinon par le geste - plus que jamais indispensable en des temps égarés - d'accueillir, de comprendre ?
Et pour le plaisir de vous partager un passage que j'ai beaucoup aimé, je vous l'écris ici:
"Et où est-il écrit que les mots savent nommer les choses à leur juste mesure ! Dans la ville d'où tu viens, je suis certain qu'ils exagèrent pas mal. On fait tous de la surenchère. Quel que soit le pays, il y a toujours un écart entre le jour de la fête nationale et le reste de l'année, entre les discours officiels et le parler tremblé de la vie quotidienne, entre les cartes postales et les vies de chien du commun des mortels. Ne viens pas me raconter que chez toi tout est beau. Que tous y sont heureux. D'ailleurs tu l'écris dans ta lettre. C'est moi qui l'ai lue à ton oncle. C'est moi, ses yeux. "Je ne sais pas vers quoi je viens. Je ne sais pas non plus ce que je possède.Dans cette ville où tout est loin d'être rose pour ceux qui y résident, j'ai souvent le sentiment d'être perdue ou incomplète.""