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- [LC] Poèmes saturniens - Paul Verlaine (début : 1er mai)
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#11 12 Mai 2025 10:41:18
Désolée je lis très peu en ce moment, je suis en train de finaliser mon déménagement et ca me prend une grosse partie de mon temps libre.
J'ai fini les Poèmes Saturniens hier. Je vais enchainer avec Fêtes Galantes. J'ai les oeuvres complètes mais je ne sais pas si je lirai tout. Ce n'était pas prévu mais ce que tu dis de Les Amies et La bonne chanson me fait hésiter @Maylie (j'aimerais savoir à quoi ressemblait un écrit érotique à l'époque... je me doute qu'on devait être loin de 50 Nuances de Gray :D).
Mon avis général est que la plume de Verlaine est très visuelle. Si je devais faire une métaphore de ce receuil (j'ose !) ca serait une chaude nuit d'été étoilée à Paris (je pense que les poèmes Nevermore et Après 3 ans dont tu parles Maylie, pourraient correspondre, ainsi que celui sur la Seine- Nocturne Parisien)
A la lecture du prologue j'ai eu un peu peur vu que Verlaine l'axe sur les Dieux de la mythologie hindouiste (de ce que j'ai compris) et du coup si on n'y connait rien, ca peut être déroutant. Heureusement la suite est bien plus accessible. J'ai bien aimé la musicalité des vers. Ses poèmes décrivent à merveille les paysages avec leurs couleurs, leurs odeurs, leurs sons et leur ambiance. D'ailleurs on est plus sur des poèmes décrivant des choses physiques que des poèmes introsepctifs ou conceptuels. Je veux dire par là que Verlaine va décrire un evironnement ou alors décrire les sentiments que telle ou telle chose suscite en lui. Le tout donne une impression d'être transporté vers l'endroit qu'il décrit ou ressentir ce qu'il ressentait. J'ai trouvé sa poésie très belle pour parler de la beauté de la femme notamment ou en tout cas de sa douce sensualité.
Je ne me souviens plus trop des Fleurs de Mal que j'avais lu au lycée mais effectivement Maylie il me semble que certains thèmes soient proches. Notamement le côté des fois un peu mélancolique qui se dégage des poèmes.
Par contre, j'avoue que je n'ai pas forcément vu les messages cachés (à part un dont je parle ensuite). Je trouve le receuil plus accessible qu'Aragon, moins "codé".
J'ai été heureuse de découvrir des poèmes très connus dans ce receuil (Chanson d'automne : les sanglots longs des violons... et Mon rêve familier : Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant..."). J'ai aussi fait de belles découvertes, des poèmes que je ne connaissaient pas et qui m'ont bien plu.
Un poème m'a particulièrement intriguée, de par ce que je connais de la vie de l'auteur : Marco. Tout le poème décrit une personne qui fascine et fait tourner les têtes nommée Marco. Pendant tout le poème je me demande si c'était un homme ou une femme car le prénom fait plutot penser à un hommes mais les descriptions plus éàcelles d'une femme (les lèvres carmins, sa jupe, etc.). Ce n'est que vers la fin que le poète utilise pour la première fois le mot "elle" mais je ne peux m'êmpêcher de penser que ca pourrait tout aussi bien être "lui" mais que le bienscéance de l'époque ne l'aurait pas permis.
Un autre truc qui m'a étonnée : le nombre de fois où Verlaine utilise le mot "Ver" pour faire référence à la mort, au cadavre. C'est le cas dans au moins 4 poèmes. Ca peut être annectodtique mais ca m'a apostrophée. C'est la première fois que je vois cet animal mentionné aussi souvent :DDernière modification par Cendre (19 Mai 2025 12:07:46)
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#12 18 Mai 2025 11:20:36
Il est temps que je prenne le temps d'ajouter quelques impressions sur les poèmes suivants. J'ai lu la partie Eaux-fortes et Paysages tristes depuis la dernière fois.
Comme toi, Cendre, je trouve la plume de Verlaine très visuelle. Il nous transporte dans des décors et des ambiances avec sons, images, odeurs. Bref, je préfère ces poèmes comme Croquis parisien ou Crépuscule du soir mystique. On sent que c'était un noctambule. :-)
Dans Effet de nuit, j'ai adoré la sonorité, mais le thème et les images font assez froid dans le dos avec l'image du gibet et des pendus. :'S
J'ai préféré le poème suivant, Grotesques, dont le rythme crée une certaine intensité qui correspond au sentiment de colère et de révolte évoqué. Selon les notes, ce serait une référence aux répressions populaires de juin 1848 et décembre 1851.
J'aime moins quand il en fait trop sur les rimes comme dans Cauchemar ou Soleils couchants.
Les poèmes avec trop d'effets techniques comme Marine (le poème est en une seule phrase) me plaisent plus ou moins.
Dans la partie Paysages tristes, on retrouve l'un des poèmes les plus connus, Chanson d'automne, ses sanglots longs et ses violons. Et il se démarque vraiment des autres, car il allie technique et rythme. Je le trouve hyper fluide.
Par contre j'ai ma préférence va au dernier poème de cette section :
Le rossignolSpoiler (Cliquez pour afficher)
Comme un vol criard d’oiseaux en émoi,
Tous mes souvenirs s’abattent sur moi,
S’abattent parmi le feuillage jaune
De mon coeur mirant son tronc plié d’aune
Au tain violet de l’eau des Regrets,
Qui mélancoliquement coule auprès,
S’abattent, et puis la rumeur mauvaise
Qu’une brise moite en montant apaise,
S’éteint par degrés dans l’arbre, si bien
Qu’au bout d’un instant on n’entend plus rien,
Plus rien que la voix célébrant l’Absente,
Plus rien que la voix -ô si languissante!-
De l’oiseau qui fut mon Premier Amour,
Et qui chante encor comme au premier jour;
Et, dans la splendeur triste d’une lune
Se levant blafarde et solennelle, une
Nuit mélancolique et lourde d’été,
Pleine de silence et d’obscurité,
Berce sur l’azur qu’un vent doux effleure
L’arbre qui frissonne et l’oiseau qui pleure.
La plupart des messages cachés font directement référence à sa sexualité débridée, et plus spécifiquement ses relations avec des hommes. J'imagine que sa tendance à fréquenter des prostituées était mieux acceptée.
Je n'ai pas encore croisé trop de "vers", c'est peut être dans les partie suivantes que je vais les retrouver. ;) -
#13 19 Mai 2025 12:05:43
Comme tu dis Maylie, on sent fort qu'il était noctambule.
J'ai fini fêtes galantes hier soir (je lis très peu en ce moment, je suis en plein déménagement). J'ai aussi beaucoup aimé. Ce court receuil est bien plus centré sur les les élans amoureux de manière général que Poèmes Saturniens qui étaient plus des poèmes "d'ambiance" si j'ose dire. Il m'a semblé aussi plus "printanier", plus ensoleillé d'une certaine manière. Peut être que je continuerai avec ses autres poèmes vu que j'ai l'intégrale de ses oeuvres (pas tant que ca finalment, avec POèmes Saturniens et Fêtes Galantes, 25% sont déjà faits). Il y a La Bonne Chanson juste après Fêtes Galantes donc je verrai pour en lire un de temps en temps.
Sinon, hasard heureux, je suis passé à la boîtes à livres ce matin et il y a avait cet compilation des poèmes de Rimbaud : Poésies, Une saison en enfer, Illuminations. Est ce un signe ? :D Du coup je l'ai pris. -
#14 19 Mai 2025 18:28:56
Haha tu as bien fait de le prendre Cendre, on aime ces heureux hasards-là !
Alooors tu lis pas beaucoup mais moi je me suis totalement laissée dépassée, j'ai toujours pas fini le recueil alors qu'il me plait ! Vraiment les musicalités sont très chouettes, je suis pas sûre d'avoir tous les doubles sens mais j'aime beaucoup en découvrir certains. L'ambiance (comme vous dites) est bien retranscrite je m'y croirais !
Surtout Maylie ne t'arrête pas, j'adore lire tes commentaires, ça me fait trop plaisir de découvrir ça sous tes mots, je n'ai jamais été douée pour les commentaires détaillés ou quoi, je suis très brute :lol: je lis, j'aime ou j'aime pas, mais je sais pas dire pourquoi et en te lisant je me rends compte que oui, y a des choses que j'aime tout comme tu l'as dit :angel: donc merci :pink:
J'ai plus les titres en tête vu que je lis avant de dormir mais que du coup j'ai la flemme de mettre un commentaire via mon tel, mais je me rappelle que Marine m'avait beaucoup plu ! -
#15 24 Mai 2025 17:34:20
Coucou,
@Cendre : j'espère que tu vois le bout du déménagement et que tu n'es plus au milieu des cartons. ;)
Sinon bon courage pour tout organiser/ranger !
Tant mieux si les Fêtes galantes est plus printanier, ça sera plus raccord avec la saison actuelle :D
même si je dis ça alors que dehors il fait gris et il pleut
Parmi tous les commentaires, j'ai cru comprendre qu'il s'inspirait des fêtes à la cour de Versailles avec les aristocrates qui allaient se conter fleurette dans les jardins. ce qu'on peut comprendre les fontaines de Versailles ça a une certaine classe. :cool:
Le recueil de Rimbaud est forcément un signe, il savait qu'il devait rejoindre son copain Verlaine. :aouh:
Il faudrait que je lise ce recueil aussi, Rimbaud et moi on était pas en bons termes pendant mes études secondaires. Mes profs l'admiraient trop alors je trouvais qu'il avait une tête à claques. L'adolescence et l'esprit de contradiction...
J'ai fini les Poèmes saturniens et donc c'est parti pour mon pavé de commentaires !
Dans Caprices, le premier poème Femme et chatte m'a bien plu, mais j'avoue que ce qui m'a bien fait rire c'était la note pour expliquer que pour une fois, le mot "chatte", il n'y avait pas de sous entendu. :ptdr:
Plus sérieusement, j'ai lu Le Chat du Rabbin, tome 07 : La tour de Bab-El-Oued le même jour et ça m'a fait penser à Zlabya avec le chat.
J’ai beaucoup aimé son rythme et sa sonorité.
Dans cette partie, j'ai trouvé qu'il critiquait de façon assez acide la bien pensance. D'abord, c'est l'Eglise qui prend dans Jésuitisme, ensuite il dézingue la bourgeoisie, Monsieur Prud'homme. Prononcés sur un ton sarcastique, ils sonnent très bien !
Avec La chanson des ingénues et Une grande dame, les sous entendus sexuels ne sont presque plus cachés. Ils doivent être une sortie de teaser caché au recueil érotique Les amies.
On sent que Verlaine se fait plaisir dans cette partie Caprices qui regroupe vraiment les poèmes les plus audacieux. Il joue avec la censure, ce petit malin. :P
Pour les poèmes suivants, j'adore la petite pause avec "immobile" dans Initium.Et depuis, ma Pensée – immobile – contemple
Sa Splendeur évoquée, en adoration,
Et dans son Souvenir, ainsi que dans un temple,
Mon Amour entre, plein de superstition.
J’adore la petite pause avec immobile
Çavitrî révèle en partie le côté mystique de Verlaine. A priori, c'était un peu docteur Jekill et Mr Hyde, il voulait devenir un homme bien et il passait son temps à faire n'importe quoi. :trinquent:
J'ai un faible pour Sub orbe, car dès qu’il s’agit de nature, je trouve que Verlaine est à son meilleur. ou alors c’est juste moi qui aime ce genre de poésie contemplative ?
Les poèmes comme Sérénade, émaillé de petites allusions sexuelles, c’est juste moins mon truc. Il y a tout de suite un côté plus terre à terre dès que la sexualité s’invite.
Par exemple, le poème Un dahlia je ne l’ai pas trop aimé, ça m'a rappelé une expo d’art contemporain où il n'y avait que ça des parallèles entre les fleurs et les organes sexuels. J'étais passée de « ah intéressant, c’est vrai qu’il y a bien un parallèle » à « mouais pfff… ».
Je pense qu'il y avait un côté moins trivial à l'époque où ces poèmes ont été écrit et que c'était censuré. De nos jours, l'aspect transgressif de ce type d'allusions a en quelque sorte disparu.
Le poème que je trouve vraiment très beau dans cette dernière partie c'est :Nevermore
Allons, mon pauvre cœur, allons, mon vieux complice,
Redresse et peins à neuf tous tes arcs triomphaux ;
Brûle un encens ranci sur tes autels d'or faux ;
Sème de fleurs les bords béants du précipice ;
Allons, mon pauvre cœur, allons, mon vieux complice !
Pousse à Dieu ton cantique, ô chantre rajeuni ;
Entonne, orgue enroué, des Te Deum splendides ;
Vieillard prématuré, mets du fard sur tes rides :
Couvre-toi de tapis mordorés, mur jauni ;
Pousse à Dieu ton cantique, ô chantre rajeuni.
Sonnez, grelots ; sonnez, clochettes ; sonnez, cloches !
Car mon rêve impossible a pris corps, et je l'ai
Entre mes bras pressé : le Bonheur, cet ailé
Voyageur qui de l'Homme évite les approches.
— Sonnez, grelots ; sonnez, clochettes ; sonnez, cloches !
Le Bonheur a marché côte à côte avec moi ;
Mais la FATALITÉ ne connaît point de trêve :
Le ver est dans le fruit, le réveil dans le rêve,
Et le remords est dans l'amour : telle est la loi.
— Le Bonheur a marché côte à côte avec moi.
Nocturne parisien m'a fait l'effet d'une déclaration d’amour à Paris, à la façon « je t’aime, je te déteste ». :P
Il insulte la Seine, qui ne ressemblerait à rien en comparaison d'autres cours d'eau, puis glorifie Paris mais fini quand même par qualifier la Seine de « vieux serpent boueux ». ce qui n'est pas sympa
J'aime assez cette idée d'une ville impitoyable et belle à la fois : Qui lèche ses tyrans et qui mord ses victimes.
Cela m'a beaucoup fait penser à la chanson de Marc Lavoine, Paris. Je vous conseille la très jolie version où il chante avec Souad Massi. :pink:
Le final avec Epilogue reprend sans surprise les thématiques du Prologue avec la place des poètes et son rapport à la poésie, mais je l'ai trouvé plus accessible.
Fin du pavé annoncé :lol:
Ajout du 31 mai :
J'ai fini !
Comme tu l'écrivais Cendre, il est bien plus "printanier". Le ton plus enjoué, il y a des dialogues, des points d’exclamations, de l'humour aussi.
Les poèmes sont plus joyeux avec une rythmique qui me plait bien.
On sent que Verlaine était sans doute dans une période plus positive de sa vie.
Dans A la promenade, je retrouve tout à fait ce qui était annoncé dans la préface de mon recueil, les poèmes évoquent les aristocrates qui vont flirter dans les fourrés. :P
Parfois, je trouve qu'il en fait trop comme dans A Clymène
D’un côté, le poème est fluide. De l’autre, il me fait penser à un gros gâteau crémeux après un repas trop copieux. La rime était pas voulue :lol:
Le poème La lettre, je l’aime beaucoup, avec la petite pirouette à la fin :
Sur ce, très chère, adieu.
Car voilà trop causer,
Et le temps que l’on perd à lire une missive
N’aura jamais valu la peine qu’on l’écrive.
D'abord, il en fait des tonnes puis il admet qu’il a pas trop envie de se fouler pour lui plaire non plus. :ptdr:
Ce sont des belles paroles et je trouve que ça correspond bien à l’idée de faire la cour à l’époque.
Ils juraient de décrocher la lune pour séduire, mais en vrai une fois les faveurs obtenues ils passaient à la suivante !
Et juste après il y a les indolents où la femme réagit aux grands mots de son amant en lui proposant de dormir parce que bon le plan du suicide amoureux, ça ne l'enthousiasme pas trop. :P
Je trouve que ça répond en partie au poème dont je parlais juste avant avec l'idée que les femmes jouent le jeu, mais elles ne se font pas trop d'illusions par rapport aux déclarations éperdues de leurs amants.
J’ai aimé retrouvé le thème de la « nature » dans En sourdine. Je préfère quand Verlaine parle de la nature, sauf qu'on dirait que c'est toujours lié à des phases mélancoliques. :goutte:
J'ai déjà lu, les poèmes intitulées, Les Amies, ceux du recueil érotique, ils ne sont pas très nombreux. On comprend bien ce que cela décrit :emb:, mais cela reste soft.
Maintenant, je vais aussi lire La bonne chanson, car je suis curieuse de savoir ce que cela donne Verlaine qui compose des poèmes pour sa future épouse. :)
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