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Je dois dire que, dès l'avant-propos, je me suis sentie mitigée... Quand je lis des mots tels que "santé mentale chez les jeunes", "épuisement étudiant" et "anxiété", ma première réaction a été: encore un truc de jeune.s privilégié.e.s, façon pauvre petite fille riche!? Peut-être suis-je trop vieille pour lire de la littérature YA, et/ou peut-être ai-je travaillé trop longtemps dans le domaine de l'aide humanitaire (même si c'était depuis mon bureau de Bruxelles)? Vous voyez, ce genre de boulot où, régulièrement, les collègues qui bossent sur le terrain passent par les bureaux et nous racontent des scènes de guerre, les enfants qui crèvent de faim, les petites filles qui doivent se protéger des soldats, ou encore les enfants qui doivent faire des km à pied à travers la brousse pour pouvoir aller à l'école, car non seulement ils vont apprendre et pouvoir peut-être changer le chaos qu'est leur pays, mais en plus c'est là qu'ils auront le seul repas de la journée (le PAM, Programme alimentaire mondial, en a fait un cheval de bataille: offrir un repas par jour dans les zones les plus dramatiques, car ainsi ils font d'une pierre deux coups, et aucun parent de ces pays, ou très rarement, ne refuse à son enfant d'aller à l'école s'il/si elle y reçoit à manger aussi...). On voit ça de temps en temps dans les reportages; pour moi qui l'ai entendu plusieurs fois de la bouche de collègues, c'est devenu plus "vrai", plus "terrible". Alors bon, tout cela relativise, et j'ai entamé le livre avec un gros soupir, je l'avoue...
Et puis, ouf! je me suis peu à peu laissé glisser dans le livre, car l'écriture est claire et limpide, l'amour de l'Océan tellement prégnant qu'on a envie de s'y jeter avec Léna (et potentiellement avec tous les autres, même Phoebe, même si elle n'y a pas encore été!). Je connais mal cette région-là (on va régulièrement dans le Sud-Ouest, où mon mari et moi avons des amis, mais c'est alors plutôt côté montagne!), et l'Océan y a l'air aussi sauvage que ce qui est décrit ici, mais j'adore l'eau en général: juste voir les vagues, et déjà je "revis" - et je rêve du moment où je vais arriver à la mer, alors bêtement du Nord =D , avec quelques copines pour un week-end fin août!
L'histoire de Léna et de Phoebe se dévoile peu à peu, avec un père paradoxal - il est de retour dans sa région où il est heureux, mais à peine arrivé il repart à Paris pour le boulot? pour moi, quand on a posé un congé, on s'y tient, peu importe le niveau de responsabilités! nos grands-parents (ou plus loin) qui nous ont permis d'avoir des congés payés doivent se retourner dans leur tombe en voyant ça... -, une mère tellement dépassée par sa fille un peu expansive et injuste car elle a clairement une "préférée", ça m'agace.
Je précise: ce n'est pas l'autrice qui m'agace, mais le fait que ce genre de famille existe en effet... roh, et j'espère sincèrement que nous ne sommes pas ce genre de famille!
Évidemment, je suis "de l'autre côté de la barrière", je suis désormais maman d'ados et plus du tout ado (ou YA) moi-même - entre mon fils aîné qui va entrer à l'univ (en Belgique le parcours est différent: pour ingénieur il y a un examen d'entrée, qu'il a réussi d'emblée sans rien foutre! mais maintenant mon mari et moi on a bien un peu "peur", car il n'a jamais étudié mais a obtenu son bac brillamment, et tout le monde nous dit qu'il va tomber de haut à l'univ...); ou ma fille (16 ans et demi) qui consulte une psy depuis plusieurs mois car elle est en plein dans cette "anxiété" que j'ai du mal à comprendre mais j'essaie de la soutenir et je ne sais même pas si j'y parviens (c'est pas simple d'être parent d'ado!), qui se met elle-même une pression de dingue pour réussir à l'école alors qu'on ne lui en demande pas tant... ou le petit (12 ans et demi) qui s'en fout à peu près de tout mais a l'air équilibré, en même temps il est encore "physiquement" un enfant, donc bon...
Hum, je m'éloigne de l'histoire de Léna et de Phoebe, avec tout ça, mais on lit avec tout ce qu'on est, et forcément l'histoire résonne en nous d'une façon ou d'une autre, et je voulais juste souligner que je ne me sens pas proche ni de l'une ni de l'autre. Pas comme une amie, pas comme une proche.
Mais j'ai envie d'être la "mère idéale" qu'elles n'ont pas: j'ai envie d'aller tendre la main à Phoebe pour qu'elle sorte d'elle-même, qu'elle ose affronter celui qu'elle a déçu, qu'elle ose faire ses propres choix et pas ceux qui plairont à ses parents, quitte à les décevoir (là, pour le coup, je sais trop les conséquences que ça peut avoir, même si parfois le boomerang revient très tard, genre un burn-out à 50 ans...). Et j'aime beaucoup Léna, son côté aventureux, sa spontanéité, sa grande gueule, ses provocations qui montrent aussi une grande fragilité qu'elle cache si bien (et que sa propre mère ne voit pas!?!).
Bref, je vais me replonger dans le livre!
(et j'espère que mon introspection personnelle ne dérange pas trop? =D)