#26
25 Septembre 2025 19:11:38
Hello,
j'ai eu le même problème mais c'est récurrent chez Damasio, il adore créer des néologismes et il est parfois un peu trop inutilement alambiqué (dans la Horde du Contrevent ou les Furtifs, la lecture n'est pas toujours aisée).
C’est comme un bain trop chaud, on a du mal à entrer dedans mais une fois acclimaté, on se sent bien.
Enfin, pas si bien, tout de même.
J'ai bien entamé la lecture et le sujet est assez terrifiant.
Je déglutis à cette vérité que Damasio assène quant à la vision d’Apple :
La réalité augmentée nous dit : la réalité telle qu’elle se présente à nous à l’ordinaire est insuffisante, votre regard et votre écoute ne sont plus capables d’y nourrir une attention.
L’ennui est votre destin précisément parce que le numérique vous a éduquées à être stimulées sans cesse et que hors de ces stimulations et des réactions qu’elles suscitent, hors du schème sensori-moteur qui vous tient, vous êtes devenues inaptes à agir par vous-mêmes, à contempler les choses, à observer le monde pour construire une émotion ou une réflexion. Vous devez être aidées et soutenues par une prothèse psychique, une technogreffe : un casque ouvert !
Résumé en une phrase : on nous fait croire que le réel n’est pas suffisant afin que le virtuel nous soit indispensable.
Je me suis interrompue pour aller voir le clip d’Apple. Des airs de déjà-vu : de retour vers le futur à Minority report, on a toujours vu des écrans virtuels flotter dans l’air et être manipulés par le mouvement. Je réalise : ça y est, on est dans les films du futur de mon enfance.
Mais voir un mec regarder son gosse à travers une réalité augmentée et des icônes d’applications de téléphone, ça ne me fait pas rêver.
Ça me fait flipper. Et je crois que ça va être tout le propos de Damasio. Je trouve ça intéressant comment il présente le consumérisme comme un besoin de pouvoir et une paresse de pire en pire mais qui en fait nous amène à renoncer à notre liberté.
Pour un peu plus de légéreté, ça m'a fait penser au film d'animation Wall-E : les gens sont devenus tellement sédentaires et dépendants de la technologie, qu'ils sont tous obèses et en fauteuil roulant - ou volant plutôt.
L’antique désir d’être Dieu, la sensation que le monde nous obéit, les pulsions animistes attribuées aux objets, l’outillage des paresses ordinaires et la loi assumée du moindre effort, toute cette économie de désirs humaine, trop humaine, qui culmine avec délice dans les consommations numériques (films et jeux vidéo) trouve dans le casque ouvert un accomplissement élégant.
C'est bien la lecture commune, on va pas déprimer seule :derder: