#184 11 Juin 2015 14:09:46
Bonjour, je viens de voir quelques questionnements au sujet du travail des auteurs. Je me permets de vous apporter quelques petites précisions qui ne vous empêcheront aucunement de rester fidèles à vos convictions
Le travail d'écriture (comme l'art pictural ou autre) est un travail de création. Cela implique de faire sauter les verroux de l'auto-censure que chaque être humain s'impose inconsciemment. Pour avoir tenté d'écrire un roman et pratiquer le dessin, je peux vous garantir que c'est épuisant, d'autant plus que pour un maximum de réalisme vous vous astreignez à des recherches documentaires, d'observation de la réalité... Il y toujours cette peur d'être mal jugé ou d'être caricatural, de trop forcer les traits...
EN ce qui concerne la fameuse légende d'"un auteur doit s'engager sur plusieurs livres pour être publié" deux éléments montrent que c'est erroné:
- Guillaume et Valentin Musso, Pierre Botterro, Olivier Adam ont signé leur premier roman chez un éditeur autre que celui qui les publie actuellement. L'auteur de Tara Duncan publie à la fois chez XO et Albin Michel (si je ne m'abuse). S'ils sont fidèles à une maison d'édition c'est par choix (sans doute commercial, je ne suis pas naive).
- Comme il m'arrive de participer à des concours d'écriture, j'ai eu à l'occasion des exemple de contrat d'édition, cette clause n'est absolument pas mentionnée et pourrait de toute façon être dénoncée par un tribunal en France pour une raison toute simple: signer ce genre de contrat serait accepté un contrat d'exclusivité et en France c'est ILLÉGALE. Bien sûr, ils pourraient contourner l'interdiction par une clause de non-concurrence. Mais ce n'est absolument pas dans leur intérêt. Les maisons d'éditions sont des entreprises commerciales et comme toute entreprise, pour tenir sur la duré, elle doivent soigner ce qu'on appelle leur "image de marque. Elles ne peuvent se permettre de risquer de rogner sur une forme de qualité (ce qui reste subjectif). Si elles tiennent à garder des auteurs sur le long terme et en accord avec leur ligne éditoriale (que du polar, de la S-F ou du général...), elles ne peuvent pas se permettre de faire fuir d'éventuels bons auteurs. Elles ont d'autres moyens pour les garder avec elles.
Donc un contrat=un livre.
(après pour ce qui se passe aux USA, je n'en sais rien mais je pense qu'il y a aussi pas mal de légendes)
En ce qui concerne la polémique sur ces auteurs qu'on dit populaires: Ils gênent parce qu'ils s'éloignent de ce que l'immuable norme franco-française dicte depuis le moyen-âge (enfin Vaugelas qui a eu la muselière "académie française" par Richelieu parce qu'il faisait trop de bruit au niveau social). Les français refusent d'en sortir au point que Kourouma (ivoirien francophone) et Chamoiseau (français des Antilles Françaises) ont dû passer par le Québec pour être enfin publiés en France et sous le titre d'auteur francophone (qui est une aberration en ce qui concerne Chamoiseau, vu qu'il est français je le répète, il a eu le tord d’insérer du créole) et que Rousseau qui n'était absolument pas français (né dans le comté indépendant de Genève et qui a vécu majoritairement en Savoie aux crochets de Mme de Warren et dont ni la France, ni la Suisse de voulaient à l'époque) est considéré comme un auteur français. Cherchez l'erreur.
La place des auteurs dits "classique" est, selon moi, dans les cours d'histoire qui est un genre littéraire et non une discipline scientifique à l'origine. La preuve en est que selon la manière dont on produit les documents authentifiés, on peut modifier l'interprétation de l'histoire. Ce n'est pas comme le calcul 1+1=2 (sauf chez B.Werber). Le but d'un cours de français (hormis la grammaire et l'orthographe) est d'apprendre à lire et comprendre ce qu'on lit dans la vie de tous les jours. Hors la langue a évolué, c'est ce qui la différencie du latin (langue morte). Même si j'ai adoré lire du Defoe (journaliste, historien et affabulateur), sa langue, ne m'aide pas à décrypter les textes que je croise tous les jours. Par contre au niveau historique, il me fournit de bons repères et comme je suis une amoureuse des mots quelques bonnes idées d'insultes. Il y aurait beaucoup moins de manipulations de la part des sectes et autres si on était capable de lire la langue d'aujourd'hui et de détecter les faiblesses argumentatives. Il est toujours plus facile de critiquer une autre société que la sienne. C'est pour cette raison que le succès de Musso et compagnie dérange.
Après, je suis tellement hermétique au tapage médiatique que j'ai apprécié ses livres (uniquement pour ce qu'ils sont: pas de prise de tête) sans savoir qu'il avait autant de succès, c'est plus tard que j'en ai pris conscience (je ne vous force pas à me croire). Ce qui me plaît, c'est qu'il fait des phrases courtes, on se souvient du sujet quand on arrive à la fin et qu'il mêle le présent et le passé de manière cohérente à mon goût, ce qui donne un rythme particulier à ses intrigues. La norme française c'est de loooongues phrases écrite uniquement dans un passé simple qu'on n'utilise plus depuis fort longtemps, aussi bien dans notre communication écrite qu'orale. Et apprécier de genre de littérature n'interdit nullement d'apprécier les textes classiques ou les contemporains plus structurés et plus complexes.
J'espère ne pas vous avoir trop offusqué avec cette longue diatribe (toutes mes excuses si c'est le cas) et que ça ne vous empêchera pas d'être fidèles à vos convictions.
Dernière modification par voyageusedesmots (11 Juin 2015 14:11:20)