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- [Clémençon, Frédérique] Les petits
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#1 28 Mars 2011 23:18:38
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Recueil de nouvelles parues aux éditions de l'Olivier en janvier 2011, Les Petits est écrit par une auteure qui jusqu'à présent s'était consacré au genre romanesque avec trois parutions : Une saleté (Minuit, 1998), Colonie (Minuit, 2003), Traques (l'Olivier, 2009).
Cet ensemble de huit nouvelles traite de l'inégalité entre petits et grands. Petits au sens large : les enfants, bien sûr, mais aussi les exclus, les estimés petits socialement, et ceux qui se font écrasés par des plus forts.
L'écriture est vive, tranchante, complexe : elle révèle toute la violence et l'incompréhension des rapports humains qu'elle décrit.
Au final, l'auteur nous offre un livre en lutte contre la violence de la société actuelle, dont les membres sont capables d'oppresser leurs pairs sans subir de retour.
Le résumé de l'éditeur :À la veille d’en perdre définitivement la garde, un père emmène ses deux fillettes pique-niquer au bord de l’eau. Son entourage s’est acharné à tranquillement l’évincer, lui assurant que ses filles lui en seraient plus tard reconnaissantes. Il n’a qu’une journée, la première d’une vie promise au chagrin, pour tisser, ou rompre, le lien paternel. Dans cette nouvelle comme dans les suivantes, les enfants et les adultes sont des territoires que l’on conquiert ou que l’on perd. Chacun bataille pour préserver son intégrité ou, au contraire, étendre son pouvoir sur les autres. Et gare à ceux qui, trop « petits » ou trop fragiles, ne savent pas résister.
Ces histoires ont l’allure de contes moraux. Avec son regard perçant et son écriture acérée, Frédérique Clémençon met en scène la cruauté des relations humaines et livrent d’inoubliables portraits de « petits » tenus de se conformer au désir des grands.
une critique dans le Télérama : http://www.telerama.fr/livres/les-petits,64155.php
Edit Galleane : Sujet déplacé dans nouvelles... puisque c'est un recueil de nouvelles. Image ajoutée aussi. -
#2 28 Mars 2011 23:21:58
pour moi, ça a été un pur coup de coeur. de toute évidence, la romancière a également un talent de nouvelliste.
toutes les nouvelles forment une unité au service d'un grand projet, dénoncer la violence de la société actuelle dans ses rapports parents/enfant et sociaux. un but que l'auteur atteint sans difficulté grâce à une écriture personnelle et puissante.
Commentaire sur mon blog :
Lutte inégale entre petits et grands
Un père qui est séparé de ses filles à cause de sa basse extraction, une enfant que la mère empêche de rêver, une autre qui se fait étouffer par les rêves que sa mère projette sur elle, un adolescent qui subit la violence d’autres, une enseignante jugée par son mari et ses amis parce qu’elle a choisi d’étudier en collège plutôt qu’à l’université, un adolescent abandonné par son père, un enfant jaloux de tous les autres, une mère dévorée par ses enfants envahissants…
Tous subissent la pression des « grands » : les parents, ceux en haut de l’échelle sociale, ou du moins un échelon au-dessus, ceux que la famille place avant tout… Malgré leur volonté et le courage qu’ils ont de se battre, la lutte est inégale, et c’est dans une belle dénonciation sans pathos que nous emporte Frédérique Clémençon.
La douleur des « petits » est là cependant. Sourde, latente, prête à devenir folie, comme cela arrive parfois. Un moment où on se réveille et où on décide de lutter (la violence est parfois insoutenable), mais pas toujours de la meilleure des manières. La fuite ou la violence. Le rejet ou l’oubli. Pour certains, car d’autres abandonnent, et d’autres encore s’émancipent ou luttent au quotidien.
Contre qui ? Qui est à l’origine de cet abaissement ? Des proches, la plupart du temps. La famille, les amis, les connaissances de quartier. Les parents écrasent leur enfant sous leurs rêves cachés, regrettent leur naissance désirée ou non, les abandonnent. Une mère fait ressentir à sa fille l’éducation mauvaise que celle-ci donne à ses enfants (Les Petits). Les amis jugent les choix et la condition « sociale » inférieure d’une enseignante en collège quand eux ont fait Normal Sup et ont des postes à l’Université.
A travers des enfants, et parfois des adultes, c’est une face cachée de la société que nous révèle Frédérique Clémençon. Les enfants sont des éponges de la société, et, tout comme leurs parents, ils sont capables du meilleur comme du pire. C’est une violence invisible que certains émettent et que d’autres reçoivent.
Cette violence d’origine familiale ou sociale se retrouve dans l’écriture. Celle-ci arrive à exprimer la menace que le monde fait peser sur les personnages, enfants et adultes à travers une langue tranchante qui taillent les sujets intimes, privés. C’est une révélation, et pas des plus faciles.
Ces huit nouvelles, en se réunissant autour du thème de l’oppression familiale et sociale (la famille se faisant reflet de la société) et de l’écriture de Frédérique Clémençon, forment finalement un tout en lutte contre la violence de la société sur ses pairs . Un ensemble : complexe, dur, brutal, indispensable.
Edit de modération : lien extérieurs interdits
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