#18 16 Mai 2011 15:12:12
Atelier d'écriture n°5 : C'est la guerre!Texte d'InfoComète
iciTexte de JuliiAhhh !!!!
JE VAIS LA TUER !!!
Bon, essayons d?expliquer clairement et calmement à nos lecteurs l?état des choses, tu veux bien mon amour ?
Il se trouve que je me marie dans quelques semaines et que la Madame Je sais tout qui organise mon mariage est une vraie pétasse ! Elle me désespère tellement que pour rester zen me voilà contrainte à parler à la tapisserie de ma chambre en l?appelant "mon amour".
Pour tout vous dire je ne sais même pas comment je fais pour me retenir de la tuer sur le champ ! Elle a voulu la guerre et bien elle l?a !
Cette fameuse Madame je sais tout a commencé à m?énerver dès la seconde où je l?ai vue, elle est vieille, démodée, moche et j?en passe?
La guerre a commencé à l?instant où elle a ouvert la porte du magasin la semaine dernière. J?ai cru faire un saut de 350 ans dans le passé. Les robes étaient toutes plus moches les unes que les autres, les dentelles étaient moisies et les voiles troués.
Je l?ai regardé et lui ai dit : « Vous vous imaginez vraiment que je vais oser toucher seulement unes de ces robes immondes ? »
Sans attendre sa réponse, je suis sortie du magasin, et j?ai couru acheter une robe acceptable dans le fabuleux magasin de la rue voisine. Je suis rentrée à la maison, elle m?a suivie avec la robe puis s?en est allé.
Le soir même j?ai questionné mon fiancé histoire de lui demander où il avait trouvé pareil mégère pour s?occuper du mariage et il m?a répondu que c?était sa mère : Ma colère a commencé à se faire de plus en plus vive car nous nous étions mis d?accord sur le fait de rencontrer nos beaux-parents seulement une fois arrivé le jour de notre mariage.
Avant-hier également j?ai dû faire un chantier pas possible. Nous étions sensé mettre en page une exemplaire type d?invitation et elle a commencé à faire n?importe quoi. Et je peux vous dire qu?elle s?en souviendra la mémé ! Je lui ai envoyé valsé tout le contenu de son bazar dans la figure (ce qui a quelque peu endommagé son nez à vrai dire?), et j?ai fait moi-même cette invitation en trois cliques sur l?ordinateur pendant qu?elle me regardait sans rien dire.
Mais le bouquet final, la raison pour laquelle je suis obligée de rendre ceci à l?écrit pour ne pas m?énervé au point de dépasser les bornes a commencé hier. Madame ma future belle-mère a débarqué sans prévenir, un bouquet en mains. Sans m?énerver je lui ai demandé pourquoi elle me ramenait un bouquet aussi hideux. Elle m?a répondu tout sourire que c?était la composition de mon futur bouquet de mariée. En contenant ma rage j?ai pris le bouquet et lui ai annoncé assez clairement à mon goût que si jamais elle osait revenir aujourd?hui avec un bouquet contenant ne serait-ce qu?une seule de ces maudites fleurs avec lesquelles elle a composé le bouquet et qui se font appeler ?tulipes? plus jamais elle ne remettrait les pieds chez moi.
Elle s?en alla alors en me regardant d?un air tu vas voir tu vas te faire avoir.
Une femme à peu près normale n?aurait jamais osé commettre l?acte qu?elle a commis cet après-midi. Elle est entrée sans ma permission dans le salon et m?a présenté son bouquet.
Et me voilà maintenant vous expliquant les faits et me demandant comment je vais bien pouvoir faire pour qu?elle arrête enfin de me prendre pour une demeurée !
Son bouquet était composé uniquement de tiges de tulipes !!!!!
Texte d'Elizabeth Bennet
C?était bien la peine de saccager les rideaux du petit salon, songea Tulip Wells, en contemplant d?un air maussade les autres jeunes filles évoluer dans les bras de leurs cavaliers, tout ça pour rester assise sur ma chaise à faire tapisserie ! Finalement, j?aurais tout aussi bien pu porter une de mes vieilles robes.
D?autant que Mrs Wells avait piqué une sacrée crise lorsqu?elle avait découvert que sa fille s?était confectionné une nouvelle robe de bal à partir des tentures en satin mauve de sa pièce préférée et n?avait pas encore décoléré. Mais aussi à quoi Mum s?attendait-elle en interdisant à Tulip de s?acheter un nouveau tissu sous prétexte qu?il fallait se rationner ? D?accord, on était en pleine Seconde Guerre Mondiale et les Allemands essayaient d?envahir l?Angleterre depuis des mois. Mais en dépit du Blitz, Miss Tulip Wells n?en restait pas moins une jeune fille de dix-sept ans qui avait envie de s?amuser et d?être belle pour son tout premier bal officiel. Ce n?était tout de même pas de sa faute si les gens continuaient à donner des réceptions pendant que les bombes de la Luftwaffe pleuvaient sur Londres !
En plus, elle était fabuleuse cette robe, Tulip s?était surpassée. Elle avait largement plus d?allure que toutes les autres filles qui arboraient des toilettes manifestement déjà portées. Alors pourquoi est-ce que personne ne l?avait encore invitée à danser ? Elle était jeune, jolie et bien habillée : qu?est-ce qui clochait ?
Tulip était en train de se dire que c?était probablement dû au stupide prénom dont sa mère l?avait affublée (si Mum tenait absolument à lui donner un nom de fleur, pourquoi ne pas l?avoir baptisée Rose ou Violet ? Ou Daisy, à la rigueur ? Mais Tulip, pouah ! Pas étonnant que personne ne veuille valser avec une fille portant un prénom pareil !) lorsqu?un séduisant jeune homme s?inclina devant elle pour solliciter une danse. Ravie, Tulip ouvrit la bouche pour accepter?et se retint à grand-peine de jurer lorsque qu?une sirène anti-aérienne fit entendre son hurlement strident.
Ah oui, c?était vraiment bien la peine de saccager les rideaux du petit salon, songea Tulip tandis qu?en compagnie des autres convives, elle courait s?abriter dans la station de métro la plus proche.
Texte de Laetitiabruxelles
Amnésie
« C?est la guerre ! », hurla Günter. « La quoi ? De quoi parles-tu ? », Gertrude se surprit à se demander ce que voulait son grand-père. « C?est la guerreeeeeeeee !! Vite, les avions des alliés arrivent pour nous bombarder, mets-toi à l?abri !! Viiiite ! », Günter insista et tira sur le bras de Gertrude pour l?emmener dans la cave. « Non, mais fais-toi soigner ! Ca ne tourne vraiment plus rond là-dedans. »
Günter hurla pendant des heures et des heures. Gertrude sorti prendre l?air, elle ne pouvait plus vivre avec son grand-père qui glissait chaque jour un peu plus dans la démence. Elle erra dans les rues de Berlin à la recherche de tranquillité et d?une solution : « Que faire avec mon grand-père ? Je me suis toujours jurée de le garder chez moi jusqu?à sa mort. C?est invivable ! » Gertrude avait promis à sa mère de ne jamais placer son grand-père dans un home pourtant elle n?apercevait d?autre issue.
Sur l?Alexanderplatz, un vendeur ambulant s?approcha de Gertrude et lui proposa une tulipe rouge « afin que vous trouviez l?amour éternel, Fräulein. Vous semblez triste. » Gertrude accepta la fleur sans mot dire et s?en retourna chez elle.
A 25 ans, Gertrude était seule avec son grand-père. Cette charge ne lui permettait plus d?avoir une vie sociale. Pourtant, elle voulait pouvoir aller dans les boîtes de nuit de la capitale avec ses amies, vivre et faire des rencontres. Il y avait encore un an, elle vivait une histoire passionnée avec François, un étudiant français venu étudier la philosophie à la Freie Universität Berlin. Leur histoire avait brutalement pris fin suite à la première crise de Günter. Il avait poursuivi François dans l?immeuble avec un couteau de cuisine prétextant qu?il était un espion du régime communiste. Il l?avait blessé au bras droit et François ne l?avait jamais pardonné à Gertrude.
En arrivant sur le seuil de son appartement, Gertrude trouva la porte grande ouverte. « Opa ? Où es-tu ? », personne ne répondit. Gertrude avança doucement dans son living et remarqua des lettres écarlates dessinées sur la tapisserie « Ich bin tot ». Günter avait déserté l?appartement. Prise de panique, Gertrude composa le numéro de la polizei : « Police de Berlin, que pouvons-nous faire pour vous aider ? » répondit une voix masculine blasée. « Mon grand-père est mort. » répondit tranquillement Gertrude. En prononçant ces mots, elle s?aperçu qu?elle avait du sang sur sa petite robe blanche de printemps et laissa tomber le combi du téléphone. Elle couru dans la cuisine en suivant les traces de sang et elle vu, gisant sur le sol, son grand-père poignardé arborant la tulipe rouge dans la bouche.
Gertrude réalisa qu?elle avait le couteau ensanglanté en main, elle ne saisit plus rien, aurait-elle tuée son grand-père ?
Texte de Lonewolf
La guerre. La guerre change, mais reste la même. Déjà dix ans que je parcours les champs de bataille d'une guerre permanente, en tant que soldat d'un nouveau genre. Une allégeance ? Un idéal ? Dites-moi à quoi ça sert quand la survie n'est assurée nulle part. Et pourquoi s'engager ainsi quand l'ennemi est partout dans l'ombre, à l'intérieur comme à l'extérieur ?
La guerre, ça a jamais été chouette... Mais là... Je crois que l'être humain a touché le fond. Peut-on même encore parler d'êtres humains ?
L'ennemi n'est plus identifié, dit-on, et je viens de vous le dire... Et si l'ennemi, c'était soi-même ? Et si cette guerre contre un ennemi invisible devait simplement se solder par la destruction de l'Humanité, à tous les sens du terme ? Personne ne veut s'y résoudre, mais moi, je sais... Je sais qu'il n'y aura cette fois ni vainqueurs ni vaincus. Juste des morts, du sang et des larmes.
Cette union d'États terroristes était sans nul doute un immense danger... Mais cela justifiait-il cet assaut nucléaire global ? Tous ces morts... Cet environnement détruit... L'Homme est revenu à un état plus que primitif. La loi du plus fort et la loi du talion ont repris le dessus. Et moi, je fais celui qui ne voit rien, me vendant au plus offrant, acceptant n'importe quel travail... Qu'est-ce qu'on ferait pas pour survivre, hein ?
Le champ de bataille est jonché de cadavres, y compris de femmes et d'enfants. Ouais, la guerre, c'est moche. Mais je passe de l'un à l'autre, sans me poser de questions, vidant méticuleusement les poches des morts. Après tout, là où ils sont, ils n'ont plus besoin de rien.
J'entrai alors dans un bâtiment en ruines, éventré par les bombes. On peut encore voir quelques shrapnels sur les murs. Si quelqu'un avait été sur la trajectoire, on ne retrouverait rien d'autre que des flaques de sang et un peu de lambeaux de chair. Une aubaine pour les cannibales qui se sont développés depuis que ce merdier a commencé.
La tapisserie avait brûlé, par endroits, mais elle restait le dernier symbole joyeux et vivant de l'endroit. Sur la place, un charnier creusé à la hâte entassait les cadavres faits au dernier assaut ennemi. On pouvait les compter par centaines... Que peuvent faire de simples civils avec de misérables fusils d'assaut rouillés face à des drones d'une précision exemplaire et dotés d'un arsenal capable de détruire une ville ? Rien, évidemment...
La guerre n'a pas changé. Elle devait devenir propre, n'impliquer que des machines... Mais une guerre ne peut pas être propre, et elle reste une affaire d'hommes. Pas de calculs. Même si c'est souvent la même chose pour les généraux...
Après avoir compté mon maigre butin, je décidai de descendre. Une femme en robe rouge m'attira l'?il. Elle s'occupait d'une tulipe noire, l'un des derniers vestiges de nature... L'un des derniers symboles d'espoir. Dix ans de conflit ininterrompu. J'avais perdu toute foi en l'Homme, elle me le rendit. Un coup de tonnerre retentit soudain, suivi d'un éclair aveuglant... L'Humanité ne méritait décidément aucune foi...
C'en est fini des textes en lice, maintenant, place aux textes de deux des jurés de la semaine: Maxoo et Révélation!!
Maxoo
La guerre est finie pour moi.
Ils sont arrivés, comme ça, du jour au lendemain
Faisant le siège devant ma porte,
Ils m'ont coupés de tout
De ma vie,
De mon monde.
J'ai essayé...
J'ai essayé de résister...
Je n'y arrive plus.
Ils sont trop nombreux.
Les autres sont impuissants
Les autres ne savent pas ce qu'il se passe
Les autres ne peuvent pas m'aider
Je suis seul
Je suis seul face à eux
Je suis seul face à la mort.
Qui me tent une tulipe
Que je prend sans remords.
Mes yeux se sont fermés
Mes yeux se sont fermés il y a de cela deux heures
Je suis sur cette table d'opération
Entouré de cette tapisserie immaculée
Les médecins essaient
Ils essaient de me sauver
Me sauver,
Comme si c'était possible...
Malgré leurs robes blanches,
Ils ne peuvent rien pour moi.
Il n'y a rien à faire
Qu'ils me laissent partir.
Je capitule
Mais j'ai gagné
J'ai gagné cette paix
Cette paix d'avoir vécu
Ma guerre est finie
Je fais une trève avec l'ennemi
Paisible et infini,
Eternel et serein
Je m'endors.
Révélation
C?est la guerre...
Il est tard, je rentre d?une journée de frénésie, d?agitation et de stress.
Dans cet état de fatigue avancé, rien ni personne ne pourra m?empêcher, une fois ma porte fermée derrière moi, de me laisser aller à une léthargie quasiment instantanée.
Le long du trajet du retour, je suis prise d?inspiration, pourquoi ne pas fleurir cette belle soirée printanière. Un bain, un thé, un bouquet de tulipes, le bonheur à portée de main. Le fleuriste est encore ouvert, un petit arrêt et mon rêve reprend son cours.
Mes songes m?emmènent vers cette soirée calme, sereine et paisible, où seul Vivaldi m?accompagnera au milieu des effluves parfumées embaumant ma salle-de-bain.
Enfin, je m?engage sur le chemin sinueux précédant ma villa avec vue sur la mer, j?ouvre ma fenêtre et respire à pleins poumons cet air iodé que j?aime tant.
Arrivée à destination, je traîne un peu, savoure la vue et met la clé dans la serrure. Quelle béatitude?
J?ouvre la porte et là?. Je trébuche sur un morceau de tapisserie déchirée, déchire ma robe en voulant me relever et m?explose le nez.
Ce chat, je vais le tuer?. C?est la guerre ! Et elle est déclarée !
Je tiens à tous vous féliciter pour vos textes, je n'aurais jamais pu faire mieux, peut-être même que je n'aurais pas fait aussi bien :clapi:
A la semaine prochaine avec de nouveaux textes!
Dernière modification par JuNa62 (16 Mai 2011 15:22:37)