[Suivi lecture] Joyce

J'ai terminé Vers le Phare de Virginia Woolf, c'était excellent comme je m'y attendais, je vais laisser quelques jours avant de rédiger la chronique, j'ai besoin de laisser poser :p

Plus sérieusement c'est une bonne question! Quand tu parles de "signature littéraire", ce qui devrait me venir à l'esprit concernant Woolf c'est la technique du stream of consciousness affiliée aux modernistes anglais donc Woolf et Joyce pour les plus connus. C'est lié tant à la forme qu'au sens, il s'agit de retranscrire par une certaine forme d'écriture le flux mental du personnage, ses associations d'idées etc. L'exemple le plus extrême c'est peut-être le monologue intérieur de Molly Bloom en clausule d'Ulysse, plusieurs pages sans ponctuation, sans retour à la ligne, nada, tu te débrouilles!
Bon. Après je ne pense pas que ça soit l'intérêt majeur de l'auteur. Du moins en ce qui me concerne je pense la littérature en terme de regard. La technique du courant de conscience permet à Woolf de traduire au plus juste son regard. Bien sûr, l'histoire de sa vie est intéressante pour comprendre son oeuvre, son suicide, la manière dont elle a posé son acte etc. On peut lire aussi son Journal mais c'est une lecture difficile. Je n'arrive à le lire que par bribes car il est trop profond et souvent trop désespéré. Pour moi, ce qui m'intéresse chez Woolf c'est l'énigme qu'elle constitue. En lisant ses romans et ses nouvelles on se rend compte qu'elle a une vision très juste et sensible de la vie, je suis fascinée par ce qu'elle appelle des "moments of being" et qui sont théorisés dans son oeuvre. Je me reconnais totalement dans ce qu'elle essaie d'exprimer. Pour autant elle est sans cesse rattrapée par une désespérance, une mélancolie qui m'est incompréhensible. J'arrive pas à concilier ces deux choses : "moments of being" et dépression. Je lis tous ces textes comme des tentatives d'explication ou des luttes entre les deux faces. Pour moi c'est ça la "signature" Woolf, mais bon, c'est personnel quoi.