La Condamnation

 
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  • Lonewolf

    Parent d une bébé PAL

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    #1 05 Septembre 2011 18:27:59

    Comme vous le savez, je suis le genre à l'ouvrir un peu trop...

    Donc, voici pour ceux qui dérangent les bien pensants et/ou qui ont ce genre de souci...
    Croyez-moi, ça fait du bien.

    La Condamnation



    - Accusé, levez-vous !

    La voix du juge avait tonné dans toute la salle, imposant le silence à l’assemblée. L’accusé se leva alors, seul, le visage grave. Il avait choisi d’assurer sa défense lui-même, quitte à se battre seul contre tous, avec le peu d’armes qu’il avait à sa disposition. Après plusieurs jours de procès, il continuait de se demander ce qui avait bien pu l’amener ici, dans cette salle, avec toute cette liste de chefs d’accusation.
    Le juge reprit la parole, baissant les yeux vers les notes du dossier.

    - La cour va prononcer la sentence.

    La sentence… Il ne la connaissait déjà que trop bien. Il n’avait plus rien à attendre de personne, espérant juste que tout n’avait pas été totalement vain. Mais il s’attendait déjà à la peine maximale.
    Le magistrat reprit son énoncé, le flux de voix monocorde, blasé. Il en avait trop vu défiler comme cet homme, debout dans le box, déjà abattu, mais tentant de conserver un peu de dignité. Aucun son ne planait dans la salle. Un vrai silence religieux s’était abattu.

    “Silence de funérailles, déjà, pensa l’accusé. Ils ne se font pas plus d’illusions que moi… À moins que certains réfléchissent peut-être à ce que j’ai fait, qui sait ?”

    - Pour le crime d’atteinte à l’intégrité de l’État, vous êtes reconnu coupable.

    Son visage se décomposa immédiatement. Il n’y avait pas besoin de continuer la liste, ce seul verdict suffisait à le tuer. Chacun le savait, et des soupirs et autres légers cris traversèrent la salle. Beaucoup se réjouissaient, quelques-uns étaient effarés, sans le montrer ouvertement. L’accusé se reprit rapidement. Les autres chefs d’accusation arrivaient, et il ne voulait pas faire à la cour le plaisir de s’écrouler devant ses magistrats.
    Le juge continua d’énoncer les résultats des délibérés, toujours sans la moindre émotion.

    - Pour le crime d’incitation à la haine et à la violence, vous êtes déclaré coupable. Enfin, pour le crime de propagande et complot contre l’État, vous êtes déclaré coupable.

    Il s’y attendait, et pourtant, il se sentait mal, vide, abattu. Quelque part, il voulait croire qu’il avait bien fait, qu’il se sortirait au moins de l’un des chefs d’accusation. Mais non, il a été ouvertement abattu psychologiquement.
    Et bientôt, il le sera aussi physiquement. Inutile de le cacher, il le savait avant même que le juge termine. Et quand il le fit, cela n’eut pour effet que de confirmer son ressenti, sans aucune surprise. Le verdict avait été clair et net.
    Condamné à mort. Sa place n’était plus dans la société, ni nulle part. Il n’inspirait plus que peur et dégoût à l’assemblée, sauf à quelques-uns qui réfrénaient des larmes et de la colère tant bien que mal. Lui restait debout, droit. Non, il ne céderait pas à ce tribunal, à cette société.
    Alors que les gardes l’emmenaient déjà vers sa cellule avant son transfert pour attendre son exécution, il savait déjà quels seraient ses derniers mots.

    “Aujourd’hui, dans une société où prospèrent culte des apparences, hypocrisie reine, et contrôle des idées, j’ai été condamné à mort pour avoir pensé, réfléchi, et placé vérité et honnêteté comme des valeurs primordiales.”

  • Julii

    Marin sur les mers du savoir

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    #2 05 Septembre 2011 18:44:57

    J'aime :)
  • Arcaalea

    Petit chimiste des mots

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    #3 09 Septembre 2011 18:02:25

    Tu écris vraiment très bien et ce texte est touchant, et tout simplement vrai !
  • Lonewolf

    Parent d une bébé PAL

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    #4 09 Septembre 2011 19:49:05

    Merci ^^

    J'en ai parfois plus que marre de l'état d'esprit général, fallait que ça sorte un jour ou l'autre.
  • lyla59

    Lecteur assidu

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    #5 10 Septembre 2011 10:46:41

    j'aime beaucoup ton style. Ton petit texte me fait penser au Procès de Kafka. J'avais adoré ce livre, du début à la fin on se demande ce que l'accusé a fait pour être jugé.
    Et c'est tellement vrai...
  • Liestra

    Commis de lecture

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    #6 31 Octobre 2011 10:56:57

    J'aime beaucoup =) Tu écris très bien, et il me parle bien ce texte, surtout que je dois faire en ce moment une dissertation sur la peine de mort (je suis en prépa scientifique, et le thème 2011/2012 est "La Justice" en Français-Philo).
    Cependant, tu décris ici un procés dans un état totalitaire, c'est bien ça? Là où la censure existe et la liberté d'expression est bafouée, et donc où on peut condamner quelqu'un à mort pour avoir "pensé, parlé"? C'est plutôt cohérent avec le fait d'être dans un état totalitaire, non? (attention, je n'adhère pas du tout avec l'idée de la peine de mort, mais la peine de mort semble aller de paire avec un régime totalitaire il me semble)
    Alors que le problème ne serait-il pas plutôt dans les états démocratiques, où la peine de mort est pratiquée (ou a été pratiquée) par peur du "terrorisme", envie de vengeance par la loi du talion...etc?
    En fait, je n'arrive pas à saisir si ton texte est contre la peine de mort ou pour la liberté d'expression? Peux-tu m'éclairer?

    (je suis nouvelle sur ce forum, et je ne sais pas s'il y a des topic un peu "philo", mais ça peut être intéressant je pense :) Je vais vérifier de ce pas!)

    Dernière modification par Liestra (31 Octobre 2011 10:58:04)

  • Lonewolf

    Parent d une bébé PAL

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    #7 31 Octobre 2011 12:54:15

    Y a un topic philo, oui x)

    Sinon, pour le texte, c'est né après un truc perso, et c'est d'abord et avant tout un gros ras le bol face à la tendance actuelle à l'hypocrisie et d'autres trucs du genre. J'ai la fâcheuse tendance de dire directement ce que je pense, et il semble que je gêne parfois, comme le firent de célèbres personnages francs (Coluche et Daniel Balavoine, pour ne citer qu'eux x)).

    Donc, oui, c'est un bon gros "ras le bol", associé d'un plaidoyer pour la liberté d'expression en tout genre.
    La peine capitale, ça passe très loin derrière, c'était juste pour en rajouter, et ça fait totalitarisme, vu les chefs d'accusation, en effet ^^ J'ai pas très envie de réfléchir sur la peine de mort, pas après avoir lu Hugo avec Le Dernier Jour d'un Condamné, ça ferait vraiment minable à côté XD

    Sinon, peine capitale et totalitarisme, bah, pas toujours... :D
  • loulou86

    Lecteur initié

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    #8 31 Octobre 2011 13:20:49

    J'aime beaucoup ton texte, Lonewolf. :)
    Très bien écris, comme toujours ;).
  • Liestra

    Commis de lecture

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    #9 31 Octobre 2011 18:38:52

    Au temps pour moi alors, j'ai pensé en premier lieu que c'était un texte contre la peine de mort :S Il faut dire que je baigne dedans, le texte qu'on a à étudier et le discours (enfin, un extrait) de R. Badinter à l'AN.
    En tout cas, je ne peux qu'être d'accord avec ton envie de dire les choses simplement sans hypocrisie =)
    Et au risque de me répeter, tu as une jolie plume, c'est agréable à lire ;)
  • Rafibookjunky

    Livraddictien débutant

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    #10 11 Janvier 2012 20:45:29

    bon j'ai fini de revisiter ton texte , plutôt que de polluer la chat box j'ai préférer te proposer une version modifiée (le moins possible) afin de mieux te montrer ce que je voulais dire. j'ai mis en rose un paragraphe qui a mon avis mérite une réécriture totale.

    La Condamnation



    - Accusé, levez-vous !

    La voix du juge tonnait dans toute la salle, imposant le silence à l’assemblée. L’accusé se leva alors, seul, le visage grave. Il avait choisi d’assurer sa défense lui-même, quitte à se débattre seul contre tous, avec le peu d’armes dont il disposait. Après plusieurs jours de procès, il continuait de se demander ce qui avait bien pu l’amener ici, dans cette salle, devant toute cette liste de chefs d’accusation.
    Le juge reprit la parole, baissant les yeux vers les notes du dossier.

    - La cour va prononcer la sentence.

    La sentence… Il ne la connaissait déjà que trop bien. Il n’avait plus rien à attendre de personne, espérant juste que tout n’avait pas été totalement vain, mais s’attendant déjà à la peine maximale.
    Le magistrat reprit son énoncé, le flux de sa voix monocorde et blasé  trahissait sa lassitude de voir défiler debout dans se box, les mêmes hommes abattus s’accrochant à un semblant de dignité illusoire. Aucun son ne planait dans la salle. Un vrai silence religieux s’était abattu.

    “Silence de funérailles, déjà enterré ou presque, pensait-il. Ils ne se font pas plus d’illusions que moi… À moins que certains ne réfléchissent peut-être à ce que j’ai fait, qui sait ?”

    - Pour le crime d’atteinte à l’intégrité de l’État, vous êtes reconnu coupable.

    Son visage se décomposa immédiatement. Nul besoin de continuer la liste… ce seul verdict suffirait à le condamner à mort,  chacun le savait. Des soupirs et autres légers cris traversèrent la salle. Beaucoup se réjouissaient, quelques-uns étaient effarés, sans le montrer ouvertement. L’accusé se reprit rapidement. Les autres chefs d’accusation arrivaient, et il ne voulait pas donner à la cour le plaisir de le voir s’écrouler devant ses magistrats.
    Le juge continua d’énoncer les résultats des délibérés, toujours sans la moindre émotion.

    - Pour le crime d’incitation à la haine et à la violence, vous êtes déclaré coupable. Enfin, pour le crime de propagande et complot contre l’État, vous êtes déclaré coupable.

    Il s’y attendait, et pourtant, il se sentait mal, vide, abattu. Quelque part, il voulait croire qu’il avait bien fait, qu’il se sortirait au moins de l’un des chefs d’accusation. Mais non, il avait été ouvertement abattu psychologiquement.
    Et bientôt, il le serait aussi physiquement. Inutile de le cacher, il le savait avant même que le juge termine. Et quand il le fit, cela n’eut pour effet que de confirmer son ressenti, sans aucune surprise. Le verdict fut clair et net.
    Condamné à mort. Sa place n’était plus dans la société, ni nulle part. Il n’inspirait plus que peur et dégoût à l’assemblée, sauf à quelques-uns qui réfrénaient leurs larmes et leur colère tant bien que mal. Lui restait debout, droit. Non, il ne céderait pas à ce tribunal, ni à cette société.
    Alors que les gardes l’emmenaient déjà vers sa cellule pour qu'il y attende son transfert donnant suite à son exécution, il savait déjà quels seraient ses derniers mots.

    “Aujourd’hui, dans une société où prospèrent culte des apparences, hypocrisie reine  et contrôle des idées, j’ai été condamné à mort pour avoir oser penser, réfléchir et placé vérité et honnêteté comme des valeurs primordiales.”

    en espérant que ça t'aide, comme dirait ma mère :
    "t'as du talent faut que tu persévères"
    dans ma mégalomanie, j’espère te faire gagner du temps (passer du 1er jet au 3em par exemple)