Courts et moyens textes de ma maigre plume

 
    • isallysun

      Cauchemar des auteurs

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      #1 12 Novembre 2011 00:56:28

      Voilà, une panne de courant, m'a fait écrire un court texte à la lueur des chandelles! Voici ce que cela a donné.
      La panne d'horreur
      Voilà près de huit mois que j'étais avec ma copine. Enfin, ce ferait huit mois demain et je faisais semblant de ne pas m'en rappeler. Je voyais bien les derniers temps qu'à chaque fois que nous discutions de la fin de semaine à venir que quelque chose lui importait. Elle tentait de ne rien en laisser paraître, mais son air angélique et son côté romantique m'avaient séduit. Alors, ça paraissait! Comme je feignais l'ignorance, elle ne pourrait qu'être heureuse de la surprise que je lui ferais en lui montrant que je m'en rappelais. Surtout qu'en ce moment, alors que je conduisais en route vers la maison de mon retour de travail, je ne faisais que lui mentionner que j'allais décompresser avec les collègues.

      Elle me mentionna qu'elle allait rapidement aller mettre son cellulaire sur la charge afin de poursuivre la conversation. Je m'apprêtais à lui mentionner de ne pas m'attendre pour mange, que ça ne me dérangeait pas de réchauffer à mon arrivée, quand la communication fut coupée. Elle m'avait probablement pas bien branché son portable pour le charger. Or, je vis en avant de moi toutes les lumières de la ville s'éteindre d'un coup. Je trouvais étrange qu'elle manque de batterie au même moment que la ville manquait d'électricité. Et moi-même, je sentais l'énergie me quitter. Comme s'il fallait que tout tombe en panne en cet instant! Comble d'ironie, le voyant de l'essence se mit à clignoter, la dernière chose que je souhaitais dans cette noirceur.

      Lorsque je relevai les yeux vers la route, je vus une énorme explosion en avant de moi. Un poids lourd venait d'exploser et avait causé tout un carambolage. Était-ce la chaussée glissante de cette première neige qui l'avait renversé ou quelqu'un en voulait-il à la compagnie et avait posé une bombe? Malgré mon incrédulité, je penchais plus pour la seconde option car dans le court laps de temps pendant lequel j'avais baissé les yeux, le camion n'avait pu déraper sur une plaque de glace, tenter de se maîtriser et faire plusieurs tonneaux. Je n'en revenais tout simplement pas de cette autre coïncidence, d'autant plus que nous étions le 11 du 11 du 11. La fin du monde n'était pas prévu pour aujourd'hui et surtout, je ne croyais pas à toutes ces sottises qui ne faisaient qu'attiser la peur. Je voyais bien que cela n'avait pas de sens et comme je commençais à penser à la théorie du complot, je me dis que j'écoutais trop de fiction américaine, lisais trop sur des complots, l'église, les franc-maçons, la kabbale, et que me laissais emporter par la paranoïa mondiale. Mais j'étais très loin d'être au bout de mes surprises.

      À travers les essuie-glace, je tentai d'observer le ciel. Les flocons tombaient maintenant plus vite que la pluie, pendant un orage électrique et je n'y voyais plus grand chose. Ce que je réussis à voir est indescriptible et me fit dresser le poil sur les bras et si ma moustache Movembre l'aurait pu,  elle l'aurait fait. Je vis un objet volant non identifié et me refusai à croire que des extra-terrestres prenaient d'assaut la planète. Pas que je ne croyais pas qu'il existait de la vie ailleurs que sur Terre, mais qu'il me semblait irréaliste que des petits bonhommes verts se déplacent plus rapidement que la vitesse de la lumière ou qu'ils aient trouvé les moyens de survivre plusieurs années en traversant différentes galaxies. L'ovni semblait larguer des gens - oui, c'était ce qu'il me semblait grâce à la Lune qui réfléchissait les rayons du soleil sur la neige. Ces gens explosaient et se transformaient en des semblants de comètes qui venaient s'écraser et faire trembler la Terre. Désolé si je ne peux vous décrire l'horreur de cette fusée aplatie qui semblait avoir également une queue d'avion, mais je ne suis pas le meilleur orateur et ne trouve pas les mots pour décrire le peu que j'entrevoyais à travers les flocons. J'espérais rejoindre bientôt ma copine pour la réconforter et me demandais où nous pourrions nous réfugier en sécurité. Je n'ignorais pas que je devais faire vite puisque le pont que je venais tout juste de traverser venait de s'effondrer dans un fracas infernal.

      Je rentrai à la maison, déposai rapidement mon porte-documents sur la table et pensai à aller chercher la lampe de poche pour m'éclairer. Malgré ma connaissance des lieux, dans l'obscurité et la frénésie du moment avec une odeur nauséabonde, je ne pus m'empêcher de m'enfarger dans la patte de la table et dans un cadre de porte ainsi que d'éprouver une sensation de chute et de déstabilisation en arrivant plus vite que penser en bas des marches. Ma vue s'habitua rapidement à l'obscurité qui règnait dans le sous-sol et je pus rapidement trouver la lampe de poche. Je remontai à l'étage, me disant que ma blonde, puisque je ne l'entendais pas, avait dû décider d'aller s'allonger en m'attendant.

      Armé de ma lampe de poche, je me dirigeai vers la chambre à coucher et je compris d'où venait l'odeur nauséabonde que j'avais sentie à mon arrivée. Dans le coin le plus sombre du couloir, où ne filtrait aucun rayon de Lune, pendait ma copine. Elle était pendue à l'aide d'un fil de pêche et son cou s'en trouvait grandement lacéré. Sa tête semblait avoir reçu une balle et elle était éclatée. Ma copine avait une épée ainsi qu'un pieu en travers de son corps. Ses jambes étaient fracturées et étaient retournées. Je n'en revenais pas; j'étais anéanti. Il n'y avait aucune éclaboussure sur les murs et malgré tout, il y avait une immense mare de sang par terre et son sang continuait à dégouliner. Ce sang me donnait le tournis. Tout ce sang, ainsi que toutes ces émotions, c'en était trop, je m'évanouis.

      ...

      ...

      Lorsque je revins à moi, je fus à nouveau saisi d'horreur. Je vis au loin une comète s'effondrer sur la maison des voisins qui explosa et j'entendis plusieurs détonations retentissantes. Mais ce ne fut pas cela qui me donna la plus cruelle et la plus effrayante sensation. Ma copine était fanatique des séries Buffy, Roswell et Surnatural, mais ce à quoi elle ressemblait ne se rapprochait d'aucun des monstres aperçus dans ses téléséries et leurs semblables. La lampe que j'avais échappée en m'évanouissant l'éclairait et me laissait voir sa transformation en créature immonde. L'épée et le pieu s'étaient transformé en d'étranges cornes; ses dents ressemblaient à un croisement des canines des loups-garous et des crocs des vampires; ses jambes continuaient d'être démantelées, lui permettant néammoins d'avancer comme un pantin. Dais ailes avaient aussi commencé à lui pousser: des ailes de chauve-souris, même si une de ses ailes semblaient avoir une partie d'aile d'un ange. Comme quoi elle n'avait pas simplement l'air angélique, mais avait en son for une âme bienfaisante. Cela me conforta que j'avais une chance de la raisonner. Je tentai de le faire, mais la lueur de feu et de rage qui s'échappait de ses mains me fit mettre un bémol sur mes tentatives. De plus, lorsque je l'avais approchée et qu'elle s'était sentie menacée, divers piquants avaient sorti de son corps, énormes piquants dont un avait manqué me crever l'oeil. Bienheureux que je sente encore bon!

      J'étais désemparé. Je ne savais que faire. Ma copine se transformait en diablesse! Pourtant, le chiffre du diable était 666 et non 11! Mais mon cerveau cherchant une explication sensée se dit 111+111=222. Et 222 était le tiers de 666! Mais non, que me prenait-il? C'était plus fort que moi et je ne pus que remarquer qu'il y avait six "un" et le "onze" revenait trois fois d'où le fait qu'il y avait trois "six". Oui, c'est irraisonnable, je le sais, mais j'étais dans un grand instant de panique et ce qui me venait à l'esprit était les théories du complot et mes connaissances sur Lucifer. En plus, avec ce que j'avais en avant de moi, comment n'aurais-je pas pu penser à Satan.

      Ma blonde venait de se déprendre du fil de pêche et avançait avec un air menaçant, rapidement vers moi. Je ne savais si je devais prendre la fuite. Malgré une attirance vers l'extérieur, j'avais l'impression que ce serait me jeter dans la gueule du loup si je prenais cette option. Et malgré mon amour et mes souvenirs, je savais en mon for intérieur que je devais trouver le moyen de la neutraliser avant qu'elle ne fasse un carnage, à l'instar des créatures mythiques l'ayant précédé. Quelque chose m'attirait à l'extérieur, quelque chose qui me semblait envoûtant. Je décidai de prendre la fuite; je n'aurais qu'à refermer la porte derrière moi pour l'enfermer et cela me laisserait le temps de chercher une solution entre temps.

      Lorsque j'ouvris la porte, plein de créatures fantastiques, les unes les plus diverses que les autres, certaines extrêmement menaçantes. Je compris ce qui m'avait attiré à l'extérieur. Une sirène jouait de la flûte en étant assise sur un cobra qui n'arrêtait pas de tirer la langue au rythme de la musique, tandis qu'une autre, assise sur un énorme lynx, usait de sa voix mélodieuse pour tenter de m'envoûter. Je savais que je ne ferais pas comme ces marins disparus en mer et que je ne me laisserais pas envoûter par ces sirènes. Mais je ne pouvais que constater que j'étais acculé au pied du mur, n'ayant aucun échappatoire. J'étais en plein cauchemar et souhaitais me réveiller. Pour la première fois depuis des lustres, je me mis à prier Dieu et lui demander de me sortir de cette impasse.

      J'accrochai la plume et l'encre de Chine se répandit. Je maudis ma maladresse, et me dis que je n'avais plus qu'à attendre ma fin tragique. Or, le fait que j'étais résigné face à mon destin ne m'avait pas fait porté attention au fait que ma copine, baignant dans l'encre, commençait à se désintégrer. Comme si elle allait se trouver prisonnière de l'encre jusqu'à ce quelqu'un décide de la libérer en écrivant une histoire. Voyant cela, je pris le flacon d'encre et allai le répandre sur les créatures à l'extérieur qui commencèrent elles aussi à se désagréger au contact de l'encre. Je fis comme si je lançais le flacon dans les airs et l'encre en sortit, s'étirant dans toutes les directions d'elle-même. Puis, la lumière revint d'un coup. Cette fin inattendue, grâce à l'encre, me troubla plus que la perte de ma copine que je pleurai et changea, en ce 11 novembre, à jamais ma perception du surnaturel.
      ©isallysun

      Dernière modification par isallysun (13 Avril 2012 01:59:14)

    • loulou86

      Lecteur initié

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      #2 13 Novembre 2011 20:43:04

      Donc, j'ai lu ton texte, et je trouve l'idée pas mauvaise. Par contre, voici les quelques maladresses que j'ai relevées:

      Enfin, ce ferait huit mois demain


      J'aurais plutôt mis : Enfin, cela fera huit mois demain

      Elle me mentionna qu'elle allait rapidement aller mettre son cellulaire sur la charge afin de poursuivre la conversation. Je m'apprêtais à lui mentionner de ne pas m'attendre


      La répétition du verbe "mentionnait" est un peu trop lourde à mon goût. Pourquoi ne pas garder le deuxième "mentionner", mais remplacer le premier par "m'informa". Ou tout simplement "me dit" ?

      ne pas m'attendre pour mange,


      A mon avis, il serait plus correcte de mettre ceci :Ne pas m'attendre pour manger(tu peux même remplacer "manger" par "dîner".

      je vis en avant de moi toutes les lumières de la ville s'éteindre d'un coup.


      Le "en avant de moi" m'a un peu choqué. 
      Je vis devant moi(ou "en face de moi") toutes les lumières de la ville s'éteindre d'un coup.

      Armé de ma lampe de poche, je me dirigeai vers la chambre à coucher et je compris d'où venait l'odeur nauséabonde que j'avais sentie à mon arrivée. Dans le coin le plus sombre du couloir, où ne filtrait aucun rayon de Lune, pendait ma copine. Elle était pendue à l'aide d'un fil de pêche et son cou s'en trouvait grandement lacéré. Sa tête semblait avoir reçu une balle et elle était éclatée. Ma copine avait une épée ainsi qu'un pieu en travers de son corps. Ses jambes étaient fracturées et étaient retournées. Je n'en revenais pas; j'étais anéanti. Il n'y avait aucune éclaboussure sur les murs et malgré tout, il y avait une immense mare de sang par terre et son sang continuait à dégouliner. Ce sang me donnait le tournis. Tout ce sang, ainsi que toutes ces émotions, c'en était trop, je m'évanouis


      La description que tu fais ici me paraît un petit peu exagérée. Ton personnage voit au premier coup d'oeil que le fil est un fil de pêche et que ses jambes sont fracturées. Et puis au lieu de mettre "éclater", tu aurais pu mettre "mutilée", vu que tu mentionne plus tard qu'il n'y a pas d'éclaboussures.

      Voilà pour ce que j'ai pu relever. Et aussi, si je peux te donner quelques conseils, que l'on m'a donnés auparavant, c'est :
      _Ne pas éxagérer, cela ne rend que le texte plus lourd. Il suffit juste de trouver les bons mots sans trop en faire.
      _Faire attention aux répétitions et au vocabulaire employé, notttament pour les verbes, car il y en a qui sont mieux que d'autres selon le contexte.
      _Se relire. Moi  je n'aime pas ça, mais c'est obligatoire quand on veut améliorer son texte. Je ne compte plus les commentaires qui me font remarquer des fautes de fra^ppe ou des répétitions.

      Voilà, sinon, j'irais voir ton autre texte quand j'aurais le temps, car là, je suis un peu préssé. Mais sinon, ton texte est pas mal.

    • isallysun

      Cauchemar des auteurs

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      #3 14 Novembre 2011 00:38:44

      Merci Loulou pour tes précieux conseils et je suis impatiente de voir ce que tu penseras de mon extrait de départ de L'orpheline aux origines mystérieuses qui a été écrit plus sérieusement que cette panne d'horreur lors d'une panne d'électricité. Eh oui, même si ça nous déplaît, je sais que pour rendre un texte excellent, il faut plusieurs relectures et pour cette panne d'horreur, je ne l'ai pas relu et mes fautes de frappe n'ont pas été corrigées et mes mauvaises syntaxes n'ont plus. Et j'avoue que tout ce que tu dis as énormément de sens!
      Merci grandement pour ton avis!
    • isallysun

      Cauchemar des auteurs

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      #4 09 Février 2012 06:54:50

      Voilà une photo prise sur le vif de mon mari et de ma soeur, il y a quelques années. Oui, ma soeur et moi avions décidé de nous marier le même été et même si nous nous appellions Anna et Katia, nous étions civilisées et ne nous faisions pas la guerre des mariées. Comble de malheur, nous avions décidé d'aller magasiner notre robe de mariée la même journée. Mon mari, qui comme à son accoutumée ne m'avait pas écouté - ah les gars, regarda à l'intérieur d'une boutique de robes puisqu'il aimait les regarder et se laisser à rêver à ce que je pourrais être dans celles-ci; eh oui, il était un incorrigible romantique, malgré ce que la société demandait des vrais hommes, surtout des hommes d'affaire forts et invincibles. Il aperçut ma soeur de côté et crut que c'était moi, car malgré notre année de différence, nous nous ressemblions plus que des jumelles identiques. Il fallait un oeil très attentif pour voir des comparaisons dans nos nez légèrement difformes. Comme mon mari voulait préserver le bonheur de notre futur mariage, il s'enfuit, essayant de chasser de ses pensées le fait qu'il m'avait vu dans ma robe. Or, ma soeur l'avait aperçu rapidement et l'ayant vu détaler à la course, partit à sa poursuite, le coeur léger, pour le rassurer. Mon mari courait à vive allure et ne pensa pas à prendre l'escalier que ma soeur n'aurait pu grimper, s'enfargeant dans sa robe. Ma soeur lui criait après, et ce n'est qu'après plusieurs cris qu'il se rendit compte qu'il ne s'agissait pas de moi. Il recommença alors à se détendre et ralentit sa course, et se remit à sourire. Aujourd'hui, il ne peut qu'en rire et se dire qu'il est mal pour les garçons d'être voyeur!
    • isallysun

      Cauchemar des auteurs

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      #5 13 Avril 2012 01:58:26

      Texte écrit lors de mon premier défi babelionaute, n'hésitez pas à commenter! Lui et les autres
      La plus belle des mélodies



      Mélodie était couchée dans son lit. Elle regardait le plafond. Au loin, elle entendait le bruissement du vent et le stridulement des criquets. Son oreille distinguait les plaintes lointaines de la ville qui s’apprêtait à sombrer dans les bras du marchand de sable. Quelques voitures grondaient au loin. Elle entendit une moto partir et celle-ci dut surement faire une trace. Le bruit de son départ avait raisonné au loin. C’était la rumeur de la ville qu’elle percevait au travers les moustiquaires de sa fenêtre.



      Elle aurait aimé entendre le déferlement des vagues sur les rochers, les feuilles partir au vent, les légers craquements des brindilles sous le poids léger de la faune. Un doux mélange de cacophonie de la nature, euphorie relaxante. Cependant, ce qu’elle entendait c’était les coups de fusil et les cris. La télévision menaçait de faire trembler les murs de sa chambre. Il ne valait pas le coup de se lever et d’aller se plaindre; elle se serait fait rabrouée en se faisant rappeler avec un ton empreint d’une légère crispation qu’ils étaient chez eux ici et qu’ils pouvaient écouter leur télévision au volume qu’il voulait.



      Alors, elle retenait ses larmes. Son téléphone cellulaire reposait à ses côtés. Elle avait choisi le thème de la Mélodie du bonheur comme sonnerie. Or, le bonheur ne sonnait pas souvent à sa porte. Elle le regardait là, impassible. Elle savait qu’il ne sonnerait pas pour elle, mais elle le regardait tout de même, attendant que le miracle se produise. Elle n’avait personne à qui elle pouvait téléphoner pour proposer une activité afin d’échapper au rythme infernal de la danse de ses émotions. Elle enrageait au fond d’elle d’endurer ce vacarme, si lointain dans son cœur, mais si proche qu’elle essayait de l’ignorer, en vain.



      Mélodie n’en put plus de ces cris stridents, sans but précis. Elle alluma la radio afin de faire compétition au vacarme du bruitage d’un film qui ne serait jamais un classique, encore moins un chef-d’oeuvre. Celle-ci laissait transparaître des accords épars et une musique qui semblait n’aller nulle part. On aurait dit des compositions faites sur le bout d’un comptoir, sans égard aux mots, sans égard aux émotions, sans aucune notion de solfège. Toutes les musiques étaient composées sur des airs de techno désabusés. Les rimes étaient plates, aucune n’était riche. Cela la désolait. Elle avait l’impression que l’on faisait honte à Vigneault, Leclerc, Lennon, Piaf, et bien d’autres plus grands encore. Ces grands l’avaient bercé lors de son enfance au rythme envoûtant de leur symphonie et de leur accord à faire frémir les poils sur le bras. Ils l’avaient même bercé bien avant sa naissance et c’est sous les coups de pied intenses sous les chants que sa mère avait décidé de l’appeler Mélodie. Elle essaya de se concentrer sur les paroles pour découvrir une once de poésie, mais les rythmes effrénés qui se juxtaposaient mal la déconcentraient.



      Elle enrageait de ne pas pouvoir apprécier cette beauté du monde. Elle tenait tant à relaxer en ce moment où elle le nécessitait. Elle aurait bien joué du piano, mais ses doigts étaient trop courts pour devenir prodigue. De la flûte traversière, mais elle n’avait aucun souffle pour tenir la note bien qu’elle ait un souffle de sportive, un souffle trop saccadé pour rendre les notes en toute harmonie. Du violon, oui, elle pourrait, mais elle n’était pas assez persévérante pour apprendre les partitions des œuvres classiques des plus anciens compositeurs. Elle préférait se décourager de la déchéance des harmonies du monde, et pas seulement des harmonies musicales. L’horreur rôdait autour d’elle, et cette horreur ne l’aidait pas à percevoir qu’elle seule était l’artisane de sa mélodie du bonheur.



      Elle aurait plutôt du s’appeler Mélancolie, et non Mélodie. Mais il n’en demeurait pas moins que les mélancolies et les tristesses de ce monde couchaient les plus belles symphonies à travers les cordes du papier sur lequel elles prenaient vie et forme. L’écho des émotions vibrait à travers les mots et le solfège y était déposé par la suite. Cela rendait toute création magnifique, magique et on s’en laissait imprégnée au fond de nous, selon notre vécu. Mélodie rageait de ne pouvoir en faire partie au travers du brouhaha qui étreignait son cœur.



      Elle se leva et prit un crayon. Elle le laissa courir sur le papier. Elle laissait sa rage, ses inquiétudes, ses déchirures la guider. Elle couchait les mots sur le papier à la vitesse de l’éclair. Mélodie se laissait guider au rythme de ses pulsations. Toute la noirceur de son existence se retrouvait prisonnière du papier. Elle avait le rythme en elle. Elle tentait de décrire la beauté et l’espérance pour la sortir de l’enfer où elle sombrait peu à peu. Elle avait été morcelée dans son enfance et écrivait pour sa délivrance. Elle était prisonnière de son cœur, mais savait que la liberté et l’indépendance serait pour elle bientôt. Elle voyait les mots se former sur le papier, les rayures barrer ces mauvais moments pour ne garder que la plus belle symphonie de la mémoire de sa vie. La plume était vive, triste, intuitive, joyeuse. Au travers du bruit ambiant, Mélodie avait trouvé son cocon qui la transformait en papillon et épuisait les mots du cœur au travers des partitions de sa mélancolie. Elle couchait la plus belle mélodie, le plus beau lyrisme, la plus belle poésie, la plus belle prose, envoûtante, berçante, mystérieuse, la mélodie des mots.