#217 02 Décembre 2012 12:07:56
@ Isalyssun : je te fais un copier/coller de mon avis de l'époque (lu en 2010) sur Le chirurgien de Tess Gerritsen :
J’ai rarement lu un roman policier à l’intrigue aussi bien construite et au suspens aussi bien distillé.
Trop souvent, dans les romans qui mettent en scène un tueur en série, les victimes s’entassent et ne servent qu’à satisfaire la monomanie du tueur (et à prolonger le roman le plus longtemps possible). Ce que j’ai apprécié particulièrement est le soin accordé aux jeunes femmes assassinées. Elles ont beau avoir succombées sous les coups d’un tueur en série, elles ont beau avoir toutes subi la même atroce mutilation, elles ne seront jamais réduites à un numéro de dossier. Elles sont Diana, Nina, Catherine, elles avaient une vie personnelle, un métier, des loisirs, avant que le tueur ne détruise leur vie. C’est parce que les enquêteurs leur apportent tant de considération qu’ils ont à cœur d’arrêter le tueur.
Ces enquêteurs ont des personnalités marquantes. Thomas Moore, meurtri par la mort de sa femme deux ans plus tôt, accomplit sa tâche de manière irréprochable. Jane Rizzoli n’a de féminin que son nom. Ce n’est pas tant qu’elle doit faire ses preuves dans un univers macho, c’est qu’elle veut prouver à tous (et cela fait beaucoup de monde) qu’elle est la meilleure. Sous son apparence revêche, elle déploie d'indéniables qualités d'enquêtrice.
Fait rare, la parole va être donnée au tueur et à une victime. Le tueur prend la parole dans quelques chapitres, soigneusement isolés des autres et imprimés en italique. Il ne nous dévoile pas son mode opératoire, mais ses fantasmes, basés sur sa (vaste) culture : ses propos, comme ses actes, sont parfois insoutenables. La victime survivante est Catherine, chirurgienne de son état. Elle est suffisamment combattive pour ne pas vouloir rester cantonnée dans ce statut de victime, suffisamment orgueilleuse (je pense souvent que l’orgueil est une qualité) pour continuer à exercer son métier, suffisamment lucide pour développer une stratégie de défense.
Je le répète : certaines scènes sont à la limite du soutenable, surtout quand il faut suivre les méandres des raisonnements du tueur. Pourtant, j’ai vraiment adoré ce roman.