J'ai vraiment beaucoup apprécié ce tome 2 !
Le ton est nettement plus sombre que dans le tome 1 (en raison de ce qu'il s'y est passé, et des évolutions). Et cela va avec des personnages bcp plus matures.
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June, notamment, qui fait moins "robot aseptisé" que dans le premier tome.
Bien qu'ils aient seulement 15 ans, je trouve qu'on ressent moins leur jeune âge que précédemment - même s'ils ont l'air d'en avoir facile 18. En y réfléchissant, aucun des deux n'a eu d'enfance, ça explique sûrement leur comportement.
Je les ai également trouvés très humains : exit le cliché de l'ado surpuissant et "maître du monde", qui sait ce qu'il fait et où il va.
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Crises de larmes et grosses remises en question sont à prévoir dans cet opus, surtout de la part de Day - June est plus froide. En même temps, il a quand même vu sa famille mourir sous ses yeux, et j'aurais vraiment détesté qu'il reste le cœur sec
J'ai trouvé l'intrigue mieux maîtrisée que dans le premier volume (même si j'ai deviné des éléments à l'avance) : c'est plus dense, mieux construit, et il y a tout un tas de rebondissements haletants (et la fin, mazette !). Le système de narration rend le tout très prenant et très dynamique, comme dans le tome 1, et c'est vraiment très agréable à lire (et on en veut toujours plus).
J'ai également aimé la façon dont Marie Lu tourne le
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triangle amoureux qui, à mon grand désespoir, semble être la loi de la mode actuelle.
J'ai beaucoup aimé la façon dont elle a détourné la chose, pour lui donner un vrai intérêt psychologique et narratif : c'est pas juste gratuit, ça sert vraiment le questionnement et l'évolution des personnages et j'ai presque envie de la remercier de pas nous avoir calé ça là, comme ça, juste parce que ça occasionne quelques frissons chez le lecteur ! C'est vraiment bien tourné, puisque
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Day, poussé par Tess, se demande ce qui l'attire chez June, qu'il ne connaît quasiment pas, qui est son ennemie, et à cause de qui toute sa famille a disparu - question que les autres héros de dystopie se posent rarement...
Et June - motivée par Anden - se pose les questions inverses : comment Day peut-il l'aimer vu que c'est une meurtrière ?
De ce point de vue-là, la fin est vraiment terrible, romantique (au bon sens du terme) mais franchement tragique - ça promet du bon pour la suite.
Ce sont vraiment des questionnements intéressants, très bien menés, et j'ai apprécié que Marie Lu les analyse, au contraire de nombreuses dystopies où les héros sont quasiment victimes de "l'amour au premier regard", et ne se posent plus de questions par la suite. Côté analyse psychologique, j'ai trouvé ce volume très fin, et très intelligemment mené. Gros bon point =)
Autre bon point : le contexte. Autant, dans le 1er tome, on était dans le brouillard (vu que June est formatée par la propagande étatique, et que Day vit dans la rue, ils ne sont pas franchements objectifs comme sources d'informations), autant la situation est plus complète, plus complexe, et mieux mise en valeur. A nouveau, l'auteur fait un choix original : dans toutes les dystopies qui me sont passées entre les mains, on est dans un pays "fermé" et on ne sait rien de ce qu'il peut bien se passer autour : soit que le pays est seul, soit que le reste est carrément pas mentionné (
Divergent 1,
Hunger Games, si mes souvenirs sont bons). Ici, on nous parle des Colonies depuis le début, forcément, vu que c'est la guerre, et dans ce tome 2, on va finalement en savoir plus...
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pour se rendre compte que la situation y est tout aussi affreuse et que, finalement, la République a quand même de bons côtés
Alors ça existe sûrement dans d'autres livres, mais j'ai trouvé ce dernier point quasiment révolutionnaire !
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Généralement, les persos se battent pour abolir le régime en cours, pas pour se rendre compte que, au final, il n'est pas totalement pourri...
Les personnages ont un recul fou, du coup, sur ce qu'ils ont vécu et, à nouveau, ça leur permet d'évoluer dans leur comportement. Loin de se comporter en têtes brûlées, ils font preuve d'une très intéressante maturité, et d'un comportement adapté. Ce n'est, du coup, pas un roman dans lequel le héros se comporte en se disant "On va se débarrasser de toutes ces institutions à la noix et instaurer un nouveau régime avec nos p'tits bras" : non, c'est bien plus intelligent que ça !
En somme, j'ai trouvé ce tome meilleur : plus mature, plus intelligent, plus complexe, plus dense, émouvant et humain, avec des analyses (politique, psychologique) vraiment très fines. Je ne parle même pas du rebondissement final qui relance à lui tout seul le suspens (il m'a agacée sur le moment mais, finalement, je le trouve excellent).
Prodigy est une excellente suite à mes yeux.