[Dans la forêt - Mai 2020] - Parlons du roman...

  • Aealo

    Lecteur fou

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    #31 31 Mai 2020 02:45:02

    Du coup, réactions diverses :

    Catysprint a écrit

    ...j’ai passé une semaine à regarder chaque objet chez moi et en me disant « non ça ce n’est pas essentiel », je vous jure :lol :)


    Ah mais complètement! Les réflexions se font sur le plan global et personnel.
    D'ailleurs petite confidence :tim: : Durant la semaine où je n'ai lu que Dans la forêt, j'étais en semaine "télétravail/confinement encore malgré tout" et à un moment de la journée, fenêtre ouverte, j'ai entendu un avion. Spontanément, je me suis surpris à penser : "Ca y est! Les avions volent de nouveau!" Immersion littéraire quand tu nous tiens... :goutte:


    Caedy a écrit

    ... de nombreuses frustrations au cours de ma lecture. La principale étant le genre littéraire dans laquelle il fut catégorisé. Je suis venue pleine d’enthousiasmes et d’attentes face à ce roman d’anticipation. Bien évidemment, je fus stupéfaite — voire déçue — du rythme lent et du récit plutôt « banal ».


    Ah ça oui! Ne jamais se fier à une étiquette de "classification" c'est un outil utile mais grossier... Ça m'est arrivé de nombreuse fois donc je comprends la frustration que tu as pu ressentir. L'ironie c'est qu'à l'inverse, je connais des livres qui mériteraient l'étiquette "SF" et sont classés en "contemporain"... Ici comme je le disais le post-apo n'est qu'une toile de fond et un simple outil scénaristique mais rien de plus... Ce livre n'a pas grand chose du "vrai" post-apo ou de l'anticipation... A partir du moment où on ne ne connait pas la cause de la situation, il ne peut pas y avoir de réflexion dessus...
    Par contre, comme je l'ai dit, je rejoindrai @Grominou sur le fait que Nell n'était jamais réellement présentée comme une prodige ou une génie, elle a simplement un cursus atypique. Même la lettre qu'elle reçoit d'Harvard, souligne son cursus atypique et par là son originalité...
    Mais je suis d'accord avec toit en ce qui concerne la mère...


    Grominou a écrit

    La forêt: j'ai aimé qu'elle représentait à la fois une menace et un refuge/moyen de subsistance; les deux sœurs ont dû apprendre à la connaître, l'apprivoiser.  J'ai beaucoup aimé aussi le lien avec la nature en général, tout ce que les sœurs ont dû apprendre à faire (même si ça m'a parfois semblé un peu facile, car elles ne se sont pas trompée souvent!)


    Je suis d'accord car en effet, ce ne sont que deux partie d'une même individualité de la forêt... La forêt n'est ni menaçante ni bienveillante... Tu soulignes un point qui n'a pas été assez relevé : Nell en a appris des "codes de la forêt" (bien trop facilement selon moi) et du coup peut les utiliser à leur avantage... Tout était là dés le début mais elles n'en connaissent rien... Ce n'est donc pas la forêt qui change de visage, c'est le regard de Nell sur celle-ci qui change par ses connaissances acquises...


    @Grominou : Tu l'as lu en VO? O_o


    Truculent_ichneumon a écrit

    Oui, certains traits de caractères de Nell peuvent paraître anthipatiques, mais pour moi ce sont ces défauts qui la rendent justement humaine et tellement crédible.


    Je suis d'accord! :-)


    Anaissiana a écrit

    ... prendre le même rythme que Nell et Eva et ralentir ma propre vie durant la lecture si je peux dire.


    Je ne l'avais pas vu comme ça mais oui! Il y a un peu de ça c'est vrai! :D


    Cendre a écrit

    Moi je me suis plutôt demandé si j'arriverais à survivre en faisant pousser des plantes, en allant à la chasse ou en faisant de la cueillette en foret. Ou même en bricolant un abri pour rester au chaud et faire la cuisine sans gaz ni allumette. Et la réponse est sans appel : non. Et là ça fait peur. Si un jour, pour une raison quelconque j'avais besoin de subsister par moi même, j'en serais bien incapable alors que finalement ça resterait la base. Ce que nos ancêtres savaient faire avant même de savoir compter. J'ai un diplôme d'ingénieur et je ne serais pas capable de faire l'entretien d'un potager correctement ou cueillir des baies en foret sans m'empoisonner. Effrayant. Des fois, la base, c'est important. Apprenons nous les bonnes choses à nos jeunes ? A force de vouloir aller vers le progrès, ne négligeons nous pas les bases ? Là dessus je rejoins donc Caedy.


    A titre personnel, malgré les connaissance que j'ai déjà en la matière, même moi, je doute de pouvoir tenir très longtemps... D'où également mon doute quant aux avancées "miraculeuses" de Nell quand elle se lance dans tout ça... :euhnon:
    Tes réflexions et tes questionnements sont justes pour moi. Je suis tout à fait d'accord.

    Cendre a écrit

    Certains de vous y ont vu une ode à la nature. Je ne suis pas totalement d'accord. OK, le livre prône le "retour aux sources" et l’appréciation des choses simples mais ce n'est pas pour autant qu'on nous vante la foret et ses bienfaits.


    Idem... Il n'y a pas tant de descriptions de nature que ça... Et puis on tourne très vite autour des mêmes lieux dans la forêt donc pas de folles descriptions, ni de sensation d'oxygénation dans la forêt (au contraire on dirait que c'est plutôt en ville à 3h de route... Ironique plutôt non?), ni d'émerveillement sur les plantes...
    Du nature-writting ce livre? Je me demande bien où... :chaispas:

    Cendre a écrit

    Comme Maa, Grominou et Camicam,

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    je n'ai pas vraiment bien saisi l’intérêt de la scène de sexe entre les deux sœurs. J'ai trouvé que ça n’apportait rien. A part un sentiment de gêne pour ma part. Quoi, quand on est seul et triste on est prêt à retrouver du réconfort de n'importe quelle façon ? Même dans l’inceste ? Ce que je trouve étrange c'est qu'à aucun moment les personnages ne se questionnent sur cette action. L'interprétation de Caedy  et Delphine.B est intéressante. Mais on est pas obligé d'en arriver là pour signifier une amour "inconditionnel" à quelqu'un. Il y a des milliers de manières d'aimer quelqu'un très fort sans que ca se traduise de manière sexuelle.


    Je suis d'accord et

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    Au risque de paraître idiot, je ne comprends pas comment un acte incestueux ne choque pas plus...
    Un acte qu'elle que soit sa symbolique n'est reste pas moins une action accomplie...
    La symbolique n'amoindrit pas l'ampleur de l'acte...
    Un acte incestueux aussi symbolique soit-il n'en est pas moins un inceste...



    Tout comme @Cendre, je m'étonne des différence de perception de l'égoïsme... Que ce soit Eva ou Nell, je ne pense pas que ce soit de l'égoïsme ni d'un côté ni de l'autre... Elle vivent les choses différemment, ne pouvant du coup, pas comprendre l'autre : l'une veut subsister le plus longtemps possible en économisant et l'autre préfère brûler la chandelle par les deux bouts et vivre à fond quit à ce que ce soit court... Ce n'est pas de l'égoïsme à proprement parler juste une différence de philosophie face à une fatalité incertaine... Et la façon dont nous le percevons en tant que lecteur dépend surement de notre propre "philosophie" à ce sujet...

    @Julie27 : Je vois que toi aussi tu as pensé à ta propre relation avec ta sœur en lisant! ;) Je en suis donc pas tout seul.

    Julie27 a écrit

    Ce roman est effectivement très particulier. J'ai été très surprise au début du livre, voire un peu déroutée. Mais je pense que c'est aussi lié à l'image "post-apo" que je m'en faisais et la façon dont on me l'avait vendu... Pourtant, j'aime habituellement énormément les récits de type "nature writing" mais là j'ai eu énormément de mal à entrer dans le récit. J'ai trouvé ça assez lent et je n'en voyais pas vraiment l'intérêt.
    Mon côté terre-à-terre fait que j'avais envie d'avoir des éléments plus concrets sur ce qui s'était passé... et donc je guettais ces éléments de réponse.


    Je comprends j'ai fait pareil durant la première moitié : je guettais des indices sur les "événements déclencheurs" mais je me suis rendu compte un moment que les indices partaient dans tous les sens... Et là, je me suis fait une raison en me disant que les éléments étaient trop divergents pour être expliqués et donc qu'il n'y en aurait sans doute pas : gagné... :goutte:

    Julie27 a écrit

    Je suis finalement aussi assez pessimiste sur ce qui se passerait en cas de grand bouleversement. Je pense que la violence et le chacun pour soi ressortiraient, même si des petites poches de solidarité pourraient perdurer.
    Et surtout je rejoins Cendre : Clairement, on n'est pas préparés à ça. Pourtant, quand on voit vers quoi on se dirige, il le faudrait... On sent quand même que les personnes s'intéressent de plus en plus au fait de se débrouiller, à viser le minimalisme et le faire de faire ses produits, d'avoir son potager, etc. Mais on est encore loin, tellement loin.... et en cas de grand bouleversement, ce serait (très rapidement) une catastrophe.


    Si tu savais ce que j'ai déjà entendu comme réflexions et questions dans mes différents boulots à ce propos, non les gens ne sont pas prêts mais certains sont très très très loin... :goutte: :euhnon: Ça fait peur... O_o
    A propos des gens qui s'empoisonnent chaque année en mangeant ce qui ne faut pas dans les bois (cueillettes sans vérification avant consommation : champignons, fruits, plantes...), un ancien collègue disait cyniquement (et face à certaines anecdotes, je ne peux vraiment pas le contredire) : c'est de la sélection naturelle... :goutte:


    LittleGuizmo a écrit

    Spoiler (Cliquez pour afficher)

    On en vient donc à la partie qui m’a le plus déplus du livre et qui s’étend de l’arriver d’Eli jusqu’à ce que Eva se fasse violer. A quel moment, Eli s’est dit « tiens et si j’allais faire deux ou trois jours de marche dans la forêt pour voir si il y avait quelques ? Mais bon je pense qu’elles sont mortes » avec tout ces copains derrière « oui oui va y nous on t’attends la ». Je n’ai pas trouvé cela crédible pour un sous ! On est en plein effondrement, et il va perdre deux semaines d’eau, de nourriture et de temps pour aller se balader en forêt ! Surtout que « comme par hasard » une fois qu’il a tiré son coup avec Nell, c’est devenu la femme de sa vie (alors qu’ils se sont vu trois fois depuis le début du bouquin), et il faut qu’elle vienne absolument avec elle. Aucun des deux ne se soucis de si Nell ne pourrait pas tomber enceinte.


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    Ca ne m'a pas gêné car je n'y avais pas pensé mais je comprends tout à fait ta réaction vis-à-vis de la crédibilité de l'arrivée impromptue d'Eli. Cette réflexion que tu fais est tout à fait compréhensible.
    Par contre, le coup de "une fois qu’il a tiré son coup avec Nell, c’est devenu la femme de sa vie"... Je me l'explique par le fait que dans de pareils circonstances, on ne peux pas faire les difficiles, si tu tombes sur quelqu'un (c'est déjà presque un miracle en soi) mais qui te plais (assez pour faire ce qu'ils font ensemble même si leurs conversdation ne sont pas la folie) et bien c'est difficile de jouer les capricieux(ses)/exigent(e)s...
    Pour ce qui est du manque d'inquiétude quant à une potentielle grossesse, pour moi ça démontre 2 choses : les "connaissances théoriques" de Nell ne font pas tout, elle reste ignorante sur bien des points pratiques (et plus importants pourtant) et ça montre aussi que Eli n'est pas "le leader à suivre" puisqu'il n'est pas assez responsable pour ça, comment pourrait-il être le responsable d'un groupe de personnes en transition dans ce genre de circonstances vers un but incertain si il ne peut même pas penser simplement à une potentielle conséquence de leur acte. En somme, pour moi, la preuve que Eli et son groupe ne font qu'aller vers une mort certaine. Avis personnel...

  • Grominou

    Modératrice

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    #32 31 Mai 2020 03:33:30

    Au sujet de l'égoïsme, je pense qu'Hegland a voulu représenter le fait que nos deux héroïnes sont après tout des adolescentes, et qu'en cette période on est très «tourné vers soi-même» si je puis dire.  Cela explique aussi l'amour de Nell et Eli, alors qu'ils ne se sont vus que trois fois. À cet âge-là, l'amour est très idéalisé, on est en fait en amour avec l'image qu'on se fait de l'autre...  Cela explique également le manque de précautions de Nell et Eli face à une grossesse, malgré toutes les informations disponibles de nos jours, bien des ados utilisent la «pensée magique» comme moyen de contraception, avec les résultats qu'on sait...

    Aealo: Oui, je l'ai lu en VO, Hegland a un style d'écriture qui se lit très bien.

    À ce sujet, comment avez-vous trouvé la traduction?  J'ai cru comprendre par vos commentaires que la phrase de la mère, «you are your own person» (tu es ta propre personne) a été traduit par «ta vie t'appartient»?  Il me semble que ce n'est pas tout à fait la même chose...
  • Invité

    Invité

    #33 31 Mai 2020 05:34:24

    Netoile a écrit

    Bonsoir,

    Sinon en tant que lecteurs passionnés, personne n'a été choqué par

    Spoiler (Cliquez pour afficher)

    la scène ou Nell ne choisit que 3 livres, sachant que tous les autres vont finir au bucher?

    Ca m'a fendu le coeur.


    Si, moi ça m'a choqué !

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    Surtout quand elle a dit que les livres ne leur serviraient plus à rien là où elles allaient, alors là j'étais pas loin de me révolter. Mais bon j'ai trouvé son choix de livres judicieux après-ça, donc je me suis calmée un peu =D

  • Tattoobabydu45

    Livraddictien débutant

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    #34 31 Mai 2020 08:33:02

    Grominou a écrit

    À ce sujet, comment avez-vous trouvé la traduction?  J'ai cru comprendre par vos commentaires que la phrase de la mère, «you are your own person» (tu es ta propre personne) a été traduit par «ta vie t'appartient»?  Il me semble que ce n'est pas tout à fait la même chose...


    C'est curieux en effet, avec ce que tu nous dis là, je prends plutôt le "you are your own person" comme exprimant que c'est normal d'avoir ses propres ressentis, des désirs qui nous animent différents des autres, alors que le "ta vie t'appartient" je l'interprète comme tu fais ce que tu veux de ta vie, emprunte ta propre route, fais tes propres choix.

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    Avec la traduction ça rend les parents un peu hypocrites de vouloir initialement les dissuader d'intégrer une école ou de prendre des cours de danse, même si c'est pour les protéger. C'est la devise de la famille mais elle ne compte que quand ça les arrange.



    Je suis intriguée, qu'est ce qui a fait partir la traductrice dans ce sens ?
  • Grominou

    Modératrice

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    #35 31 Mai 2020 10:39:31

    Personnellement c'est le contraire, je trouve que You are your own person est encore plus fort que Ta vie t'appartient...  Tu es une personne dans son intégralité, personne d'autre ne peut faire les choix pour toi parce que personne n'est à ta place, tu possède le libre-arbitre...  enfin, c'est un peu difficile à exprimer! :lol:

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    Quant aux parents, je ne les ai pas trouvés hypocrites, je pense que c'est le penchant naturel de tout parent de vouloir protéger leurs enfants en les empêchant de faire les mêmes erreurs qu'eux.  C'est parce qu'elle sait pour l'avoir elle-même vécu à quel point la danse, et en particulier le ballet, est un art difficile, qui déforme le corps de façon complètement non naturelle, que la mère veut d'abord dissuader Eva.

  • Caedy

    Casual lecteur

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    #36 31 Mai 2020 10:45:21

    Bonjour à tous,
    C'est vraiment super agréable de voir tous ces avis.
    Voici quelques commentaires en vrac :

    • En effet, comme l'affirme @Alhweder, on sort complètement des clichés du post-apo "classique". Mais même sans parler du genre dystopique YA qui s'est répandu dans le début des années 2010s, la SF a toujours eu des codes et des thèmes abordés bien particuliers. C'est ce qui m'a manqué. Mais en effet, comme l'ont soulevé @Aealo et @Cendre ce thème de l'effrondrement ne sert que de toile de fond. Je pense que j'aurais juste voulu m'y préparer avant pour éviter les déceptions.

    @Catysprint, @Aealo : J'aime beaucoup vos interprétations sur l'évolution de la pensée des jeunes filles ainsi que la comparaison avec les étapes du deuil. En effet ces femmes ont plusieurs deuils à "guérir"

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    Celui de leur mère qui est toujours très frais au début du roman et qui est marqué par leur désir imperturbable de quitter le foyer et commencer une nouvelle vie loin de ce cocon familial. Celui du père qui est le seul homme avec une représentation "correcte" jusqu'à la fin du livre.
    Et surtout celui de leur vie d'avant...


    ... Et même si je n'en aurai pas fait autant, c'est la raison pour laquelle je rejoins @Anaissiana sur la justification de la fin.

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    Cette maison doit disparaitre puisqu'elle est la "salle d'attente" de leur ancienne vie. En restant là, avec les ampoules allumées en permanence, avec les meubles de leurs parents, avec les murs témoins de leurs conflits parfois violent (car on l'a pas encore abordé mais => Les fantasmes de meurtres de Nell !)...
    Retourner à la souche, avec presque rien, comme lorsque elles étaient enfants est une sorte de "renaissance", de retour à un temps plus innocence qui efface, pardonne et guérit ces temps plus troubles. Je m'emballe peut-être :goutte:



    •Je reviens également sur la relation des sœurs. L'interprétation de @LittleGuizmo sur le renforcement des liens des sœurs me semble être juste. Je ne l'avais pas remarqué donc je te remercie car je pense qu'effectivement c'est peut-être bien cela le thème principal du livre.
    Comme @Julie27, je me suis également retrouvé dans les réaction des sœurs et même si je la "déteste", je me retrouve en Nell et voit ma petite sœur en Eva. Notamment pour l'esprit de la cigale et la fourmi dont parlait @Aealo. Je suis certaine que je serai celle qui transmet ses angoisses pour qu'on puisse subvenir à un avenir incertain alors qu'elle voudrait, au contraire, que l'on continue d'être heureuse et de profiter de chaque instant de la vie. Et c'est ce coté là que j'ai aimé chez Eva et qui peut passer pour de l'égoïsme pour certains. À mon avis, on est plus proche de l'insouciance/inconscience que de l'égoïsme. Mais comme l'a dit @Grominou, le fait qu'elles soient adolescentes/très jeunes adultes explique ce coté "moi-moi-moi".
    Pour en revenir sur un point évoqué par @Delphine.B et d'autres en ce qui concerne l'égoïsme d'Eva (oui je la défends corps et âme ; C'est quasiment ma petite soeur après tout :P) :

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    Sa réaction face à l'aide sa sœur après la naissance est en effet très dure et injuste. Mais je la trouve compréhensible.
    J'ai vraiment eu l'impression que Nell a vécu pleins de choses pour elle seule : son premier amour + ses premiers émois dans la souche alors que c'était leur lieu secret à toutes les deux, la scène des confiseries, la possibilité de se balader dans la foret et la chasse... Elle a eu l'occasion d'être sa "own person" alors que Eva, j'ai l'impression que ça se limitait à la danse — et à son viol JOIE :ok: . Même son choix de rester à la maison quand Eli leur propose de partir me semble plus être une réaction au deuil (refus de quitter son foyer, sa famille) que d'un choix personnel en mettant son bien-être en priorité.
    Bref, tout ça pour dire que son bébé, qui est quand même le fruit d'une relation traumatisante qu'elle a affrontée seule et dont elle s'est relevée seule même si sa sœur était une béquille fiable et inébranlable, ce bébé c'est "le sien". Donc j'imagine déjà qu'être incapable de le nourrir doit être terrible psychologiquement mais si en plus tu as encore une fois l'impression de devoir le "partager" avec ta sœur comme de l'essence, ton lit ou tes haricots, ça peut être compliqué et les réactions peuvent être facilement biaisées et extrapolées. Dans tous les cas, la conclusion du livre en reprenant le "sa vie lui appartient" conclut bien cette ambiance et l'état d'esprit de la jeune mère. Elle se rend compte finalement que c'est un bébé et pas une poupée et que le bien-être de ce dernier passe avant ses problèmes d'égo.



    •Pour la traduction de @Grominou "you are your own person", je rejoins @TattooBaby. Je trouve que dans la VO, l'idée semble être plus de l'acceptation de qui on est, que les autres peuvent être différent et que c'est correct. En VF, le message véhiculé par "ta vie t'appartient" semble être plus dans l'action, la réaction ; Une idée que ce sont tes choix qui te définissent et que personne ne peut te juger pour ça. On a un coté plus passif en VO alors que la VF semble plus active.

    Bon j'ai déjà l'impression d'avoir énormément écrit (et fait du "name-dropping" à outrance :ptdr:) et je m'excuse d'avance pour les erreurs, mais je n'ai vraiment pas la patience de me relire entièrement.:sifflote:
  • Grominou

    Modératrice

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    #37 31 Mai 2020 10:59:53

    Il faut voir dans quel contexte la phrase était dite.  Il me semble que c'était vraiment pour dire Tu es libre de tes propres choix. Je n'ai plus accès au livre pour vérifier et citer les circonstances exactes, mais je suis assez sûre de ce que j'avance...;)

    Pour ce qui est du thème post-apo, j'avoue que je ne me souvenais plus trop que c'était de ça qu'il s'agissait quand j'ai commencé la lecture... De l'avantage d'avoir une mémoire de poisson rouge! :emb: Je n'avais donc aucun a priori, aucune attente.
  • Grimhilde

    Serial lecteur

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    #38 31 Mai 2020 11:25:47

    Hello tout le monde !

    Je viens enfin de lire tous vos avis, tous vos échanges sont absolument passionnants !
    Je suis très contente d'avoir partagé cette lecture avec vous et d'en parler dans ce Book Club.

    Pour en revenir sur la solidarité vous étiez plusieurs à dire que vous n'étiez pas si optimiste que moi (@Grominou, @Riz deux Zzz, et non tu n'es pas rabat joie menfin ;) @Julie27 et @Cendre)
    Je pense effectivement que les premiers temps d'un bouleversement seraient catastrophiques, chacun penserait à soi et se replierait, mais le temps de la survie et de la reconstruction serait plus solidaire (à une certain échelle évidemment). Je m'explique. Des groupes d'humains se constitueraient rapidement pour s'apprendre des choses mutuellement (comment chasser ou cueillir, je serais un peu comme toi @Cendre, pas très débrouillarde) se tenir chaud. Et puis j'ai tendance à penser que la première émotion qu'un humain a envers un autre plus faible ou désoeuvré, naturellement, c'est l'empathie...
    Une fois que de tels groupes seraient constitués, rien ne les empêcheraient d'aller piller d'autres groupes. On peut être solidaires au sein d'un même groupe, et pillard envers les autres. D'où la nécessité d'être nombreux dans un groupe pour faire face aux autres... lorsque je pensais à solidarité je ne pensais pas à la paix dans le monde, mais à la nécessité de constituer des sociétés.

    Dans le livre j'ai justement trouvé que la société était vraiment décrite comme des individus seuls les uns contre les autres (le patron du supermarché avec son fusil, les gens en ville...), que la conclusion était qu'il fallait vivre seul, sans humain, dans la forêt et je suis pas trop d'accord. Je me trompe peut-être, ce n'est peut-être pas ce que l'auteure a voulu dire mais c'est ce que j'ai perçu.

    Pour la scène entre les deux soeurs

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    Comme vous j'ai été mal à l'aise et comme plusieurs d'entre vous j'ai des soeurs et du coup ça me mettait d'autant plus mal à l'aise.
    Comme @Aealo tout le long j'ai eu une impression de second degré de lecture tout le long, que tout était plein de symboles sur la façon dont deux jeunes filles grandissent... alors j'ai choisi d'interpréter cette partie du roman comme un symbole pour me sentir moins mal à l'aise, car si je le prenais au sens littéral je n'arrivais pas à m'ôter l'idée que c'était un inceste, et trop rapproché d'un viol.



    @Delphine B je n'ai dit nulle part que je trouvais Nell égoïste tu dois confondre avec le post de qqun d'autre :grat:

    Pour la maison je vous rejoons à nouveau @Cendre et @Grominou 

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    symboliquement c'est leur passé, leurs parents okay, mais brûler ca reste du gâchis. Et même si les livres ne leur servent plus à rien maintenant, à quoi bon les brûler ?



    J'ai encore mille choses à vous dire mais je dois vous laisser. Je reviens ce soir poursuivre l'échange.
    Je termine juste ce post en répondant à @Aealo au sujet des avions : ce que j'ai le plus aimé pendant le confinement c'est le ciel bleu sans avion :heart:

    Bonne journée tout le monde !
  • Marion2404

    Livraddictien débutant

    Hors ligne

    #39 31 Mai 2020 11:33:45

    J'ai lu ce roman le mois dernier et j'avais hâte de le découvrir.
    Aujourd'hui je suis assez partagée.
    En effet, j'ai adoré le principe, le côté abandon de la vie classique, apprendre à se débrouiller. C'est un roman qui arrivait au moment du confinement et qui m'a beaucoup plu car il correspondait à l'idée que je me faisais de ce style de mode de vie.
    J'ai apprécié les personnages et la vie des deux sœurs qui doivent apprendre à vivre seules. Je me suis plus attachée à Nell qui se retrouve à gérer beaucoup de choses et qui est isolée de tout.

    Malgré tout, j'ai eu du mal avec le côté très narratif et descriptif du texte même si j'ai conscience qu'avec le peu de personnages il est difficile de faire parler souvent. J'ai eu beaucoup de mal avec les sujets plus délicats comme vous. Ce sont des thèmes sensibles et qui me mettent mal à l'aise.

    Ça reste malgré tout un bon roman et je suis contente de l'avoir lu.

    Dernière modification par Mariion2404 (31 Mai 2020 11:37:21)

  • Glamrockfairy

    Livraddictien débutant

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    #40 31 Mai 2020 13:08:13

    Bonjour

    J'interviens assez tard dans cette discussion ... Désolée ! oops  je travaillais hier et je n'ai fini ce livre que ce matin :cachecache:

    Je n'ai pas lu toutes vos critiques, mais ce que j'en ai vu ressemble bien à mon ressenti : le thème post apo me semble tout de même léger, bien que prégnant. J'ai adoré, comme toujours, la place de la nature, ce personnage quasi principal dans toutes les publications des éditions Gallmeister.

    effectivement, quelqu'un parlait d'Eli et je suis d'accord : sans spoiler, je trouve qu'il y a quelque chose d'inachevé.

    Quant à la relation des soeurs

    Spoiler (Cliquez pour afficher)

    je suis presque un peu déçue qu'elles se réconcilient à la fin, j'aurais bien aimé suivre les aventures de Nell seule, comme Sally... ou peut-être qu'elle aurait essayé de rejoindre Eli ?



    (Dites-moi que je ne suis pas la seule à ressentir ça ?)

    J'ai été emportée par cette lecture, dont les aspects quasi mystiques de la relation à la nature m'ont beaucoup rappelé Sauvage de Jamey Bradbury.