Assassin

  C'était le meilleur parmi les meilleurs. Le tueur de jour. On l'appelait OmbreBlanche. Il était l'homme de confiance du Maître. C'était le meilleur parce qu'il avait survécu. C'est à lui que revenait les missions les plus importantes ou les plus difficiles.
  Mais commençons par le début. Voici sa particularité et son histoire.

  Seul. Si seul. Pourquoi ? Je n'ai rien fait de mal ! Et ces larmes que je ne peux retenir. Quel supplice ! Mais d'où viennent elles ? Est-ce que je pleure parce qu'on me jette des pierres ? Est-ce que je pleure parce que personne ne m'accepte comme je suis ? Est-ce que je pleure parce que ma propre mère m'a abandonné ? Est-ce que je pleure parce que je n'ai pas d'ombre ? Est-ce que je pleure parce que je suis ce que je suis ?
  Il n'y a pas de réponse définitive. Moi-même, je ne sais pas. Oui, tout ça me fait mal et j?en pleure ; oui, ma différence me tue un peu plus chaque jour. Mais non, ce n'est pas vraiment ça. Ça, je peux le supporter. Peu importe le nombre de pierres que je reçoit, peu importe le nombre de personne qui me tourne le dos. Je suis fort, je peux le supporter.
  Alors quoi ? Qu'est-ce qui me fait pleurer ?
  - Tu pleures parce que les autres sont des ignorants. Tu pleures parce que bien que tu ais de grands talents, personne ne les voit. Tu pleures parce que les autres te rejettent suivant ce qu'ils voient de toi et non ce qu'ils en savent. Mais tu es fort. Assez pour que je te demande de venir avec moi.
  Qui est-ce ? Je ne vois rien que son long manteau noir et le bas blanc de sa figure. Que veut-il ? Mais il a l'air si bon. Il sourit. C'est le premier qui me sourit. Que veut-il ? Mais il a l'air si gentil ! Je veux le suivre mais j'ai peur qu'il ne me fasse que plus mal. Je veux avoir confiance en lui mais j'ai peur qu'il ne me brise un peu plus. Que faire ? Je pleure encore.

  Que c'est-il passé ? Où suis-je ? J'ai froid. Je suis encore dans la rue. Non... En fait je n'ai pas froid. Et cette lumière, c'est un feu de cheminée. En dessous de moi, un...lit ? Quelqu'un approche. J'ai fait quelque chose qui ne fallait pas ? Je suis désolé. Si désolé. Ne me faites pas de mal, je vous en pris !
  - N'ais pas peur. Tu ne me reconnais pas ? Je suis le Maître de cette Maison, et à partir d'aujourd?hui, tu seras mon disciple. Tu auras juste à faire ce que je te demande.
  Et que me demandera-t-il ? Il m'offre une chance. Mais une chance de quoi ? De toute manière, je n'ai plus vraiment le choix. Et il le voit. Alors j'acquiesce ; et il sourit. Il avance sa main. Sa grande main blanche. Veut-il me frapper comme tous les autres ? Je ferme les yeux. Je serre les dents. J'attend le choc. Mais rien. Il ne vient pas. Alors je le regarde à nouveau. Et je vois qu'il me tend la main.
  Je recommence à pleurer. Pourquoi ? Mes joues me tirent. Pourquoi ? Qu'est ce qu'il se passe ? Je...souris ? C'est ça, sourire ? C'est lui qui m'a appris ça ? Je ne peux pas me retenir. Je lui saute au cou. Ses bras se referment sur moi. Gentiment ! Mes larmes redoublent. Mon c?ur bat plus fort.
  C'est ça vivre ?
  C'est ça... aimer ?

      Voilà comment à l'âge de 5 ans, un enfant sans ombre qui n'avait survécu que grâce à un mendiant aveugle, se retrouva apprenti du Maître de la Maison-Mère, sans même le savoir.