Male gaze / female gaze, nos experiences de lectures

 
  • petite utopie (Lyzmod)

    Lecteur timide

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    #1 01 Février 2023 17:35:30

    Bonjour à tous !

    Je suis actuellement en train de lire un roman où le male gaze est extrêmement présent. J'ai l'impression de lire un livre écrit par un homme hetero pour des hommes heteros, comme si l'auteur avait complètement occulté que 50% de son lectorat serait très probablement des femmes (c'est un livre grand public).
    Je listerai plus bas ce qui me fait avoir ce ressenti (ça risque d'être long). En tant que femme cette lecture me met extrêmement mal à l'aise et m'a même mise en colère à de nombreuses reprises.

    C'est la première fois que c'est aussi présent dans une de mes lectures et que ça me gâche autant un livre.

    J'ai besoin d'en parler, de vider mon sac, de savoir que je ne suis pas la seule à avoir ce genre de ressenti face à certains livres. J'aimerais savoir si vous avez eu des expériences de lectures similaires (que vous soyez lecteurs ou lectrices)
    Qu'elle est votre perception du mâle gaze et du female gaze ? Avez vous arrêté de lire certains auteurs pour cela ? etc

    Je ne sais pas si une discussion sur le sujet existe déjà sur le forum. J'ai fouillé rapidement mais n'en ai pas trouvé. Je trouve que c'est un sujet intéressant sur lequel débattre, avec bienveillance bien sûr (mais sur livraddict je ne m'inquiète pas trop ;)


    Le mâle gaze c'est quoi

    " Le male gaze a été théorisé en 1975 par Laura Mulvey, une réalisatrice britannique et militante féministe. Il désigne la manière dont le regard masculin s’approprie le corps féminin quand la caméra s’attarde sur les jambes d’une actrice ou sur ses fesses, quand le corps de la femme est réifié et devient un objet sexuel, disponible pour les yeux du spectateur masculin. "

    Extrait d'un article de Celles qui osent

    C'est l'idée que lorsqu'un homme réalise un film ou écrit un livre, il propose un regard sur le monde qui est le sien, et notamment son regard sur les femmes. Or les cinéastes et auteurs hommes étant beaucoup plus représenté, mis en avant, ayant plus de visibilité que les femmes (vive le patriarcat), c'est à travers leurs regards que se construit notre imaginaire. Lorsque les personnages féminins d'un film ou d'un livre sont sexualisés, fantasmés, objectifiés (parfois de façon extrêmement sexiste ou misogyne) est ce que nous, femmes on a vraiment envie de regarder ou lire ça ?

    Je vous renvoi vers une vidéo de Marine Perin, journaliste spécialiste du feminisme, qui explique pourquoi est ce qu'elle ne lit plus que des autrices  :
    Edit Mana : Lien supprimé

    Le livre de Iris Brey en parle par rapport au cinéma et aux séries :
    https://www.livraddict.com/biblio/livre … minin.html

    Edit Mana : La pratique du double post est interdite sur le forum car elle engorge inutilement ce dernier. Merci à l'avenir d'utiliser la touche "Modifier" pour éditer un message.
  • FloXy

    Empereur des pages

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    #2 01 Février 2023 18:18:09

    Ah oui el famoso patriarcat si oppressif en France en 2023... C'est à dire le pays où la moindre subvention publique à n'importe quelle forme de production audiovisuelle est conditionnée à la surreprésentation des minorités à un point caricatural qui dénature souvent les fictions engendrées.

    Quant aux rayonnages de librairie, ils ressemblent plutôt à ça en général. Qui réifie qui ? :grat:

    Et une femme peut écrire ça et ça passe crème. Quel homme pourrait écrire l'équivalent de nos jours ? :chaispas:

    C'est bien simple, même les IA ont compris dans quel sens tourne le vent idéologique.

    Edit Mana : Liens supprimés
  • Mana_

    Administratrice

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    #3 01 Février 2023 22:51:34

    Je vous invite à relire les règles du forum pour certaines spécificités... Les liens, publicitaires, commerciaux, etc, sont interdits sur l'ensemble du forum, en dehors de quelques topics de la section "Blog : Publications et entraide". J'ai fait le ménage dans vos post, en ne laissant que les liens menant à des fiches BBM.

    Attention à rester correct les uns envers les autres ;)
  • theyoubot

    Lecteur timide

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    #4 01 Février 2023 23:07:45

    Lyzmod a écrit

    Je suis actuellement en train de lire un roman où le male gaze est extrêmement présent. J'ai l'impression de lire un livre écrit par un homme hetero pour des hommes heteros, comme si l'auteur avait complètement occulté que 50% de son lectorat serait très probablement des femmes (c'est un livre grand public).
    Je listerai plus bas ce qui me fait avoir ce ressenti (ça risque d'être long). En tant que femme cette lecture me met extrêmement mal à l'aise et m'a même mise en colère à de nombreuses reprises. C'est la première fois que c'est aussi présent dans une de mes lectures et que ça me gâche autant un livre. J'ai besoin d'en parler, de vider mon sac, de savoir que je ne suis pas la seule à avoir ce genre de ressenti face à certains livres. J'aimerais savoir si vous avez eu des expériences de lectures similaires (que vous soyez lecteurs ou lectrices). Qu'elle est votre perception du mâle gaze et du female gaze ?


    Un message de ce genre me déprime toujours.
    Toute ma vie, toutes les personnes de sexe féminin (tous âges confondus) qui ont eu à évoquer/présenter en quelques mots une fille/femme que je ne connaissais pas me l'ont présentée en la réduisant à son physique. "C'est une jolie fille" "Elle a de beaux ceci ou cela". Nous avons toutes intériorisé le male-gaze et nous nous l'infligeons quotidiennement les unes aux autres. Quand je dis intérioriser, je ne parle pas d'un inoffensif tic de langage. Non, je parle d'une vraie préférence, d'un reflet de notre véritable échelle de valeurs, celle que l'on avouera jamais parce que c'est trop la honte en cette époque de luttes féministes. Peu importe qu'une fille soit neurochirurgienne, championne de tennis ou Prix Nobel. À nos yeux, le physique l'emporte sur tous les autres accomplissements. Aujourd'hui, c'est l'aliénation le plus pathétique, le plus toxique, de la psyché féminine. Elle biaise nos choix de vie amoureuse, pervertit nos ressentis professionnels, notre vision du monde, notre image de nous-même. Nous le cachons assez bien la plupart du temps. Mais il subsiste des symptômes sociologiques flagrants. Cependant, le cas de figure que j'évoque ci-dessus (la façon dont une femme, si elle n'utilise que quelques mots, réduit toujours une autre femme à son physique) me choque presque quotidiennement. Combien de fois ai-je eu envie de répondre à une copine 'Je ne vais pas coucher avec elle, qu'est ce que j'en ai à faire qu'elle soit jolie. Pourquoi tu me dis ça ?'

    Là, tu te dis "Ok mais quel rapport avec le sujet de ce topic ? C'est quoi cette histoire d'être déprimée par le message ?"
    Si je voyais tout un hôpital de cancéreux ne rien entreprendre pour se soigner mais considérer que c'est une tragédie de se tordre la cheville, je serai triste pour eux. Les mecs qui écrivent des romans réduisant les femmes à des clichés sexy, c'est une entorse de cheville. Nous toutes qui préférons ou préférerions être une beauté fatale à l'intelligence moyenne, plutôt qu'un être humain extraordinaire dans un tout autre domaine - n'importe quel autre domaine - c'est le cancer.
    Donc je lis ton message qui parle d'entorse de chevilles et ça me rappelle que le male-gaze est bien plus présent en toi, en chacune de nous, que dans les romans que tu fustiges.
    Bien sûr que la contamination initiale est venue d'un système patriarcal qui voit d'un bon oeil une multiplication des femmes séduisantes. Mais ensuite, et depuis bien longtemps maintenant, le male gaze se transmet entre femmes. Entre copines, entre collègues, d'une mère à sa fille. Par les conversations, les centres d'intérêt, les hobbies. Dans cette société, le principal relai de male-gaze, ce ne sont pas des romans/films/sériesTV minables dans leurs stéréotypes. C'est nous les femmes qui considérons au fond de nous, même si nous ne l'avouerons jamais, que pour réussir notre vie, il nous suffit d'être belle et que la valeur première des femmes que nous croisons réside dans l'attirance physique qu'elles peuvent susciter. Les romans écrits par des crétins, c'est l'arbre qui cache la forêt. Le vrai combat à mener contre le male gaze, il est en nous.


    <image>


    Mana_ a écrit

    Les liens, publicitaires, commerciaux, etc, sont interdits sur l'ensemble du forum


    Les liens postés par Floxy dans ce message n'étaient pas des liens publicitaires ou commerciaux.
    Le premier lien posté par Floxy  montrait une tête de gondole de romans visant un lectorat féminin avec des couvertures d'hommes torse nus. Floxy ne promotionnait pas cette littérature, ni aucun de ces titres. Il illustrait son propos de façon pertinente.
    Le deuxième lien posté par Floxy était une capture d'écran d'un dialogue d'IA chatbot qui refusait de dire une blague sur les femmes mais en disait volontiers sur les hommes. Deux poids, deux mesures. Là encore, c'était pertinent et pas du tout publicitaire.
    Dans les deux cas, supprimer ces liens est une décision de modération qui nuit à la lisibilité et à l'intérêt du forum. Ce qui est exactement le contraire du but de la modération.

    Dernière modification par theyoubot (01 Février 2023 23:58:17)

  • FloXy

    Empereur des pages

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    #5 01 Février 2023 23:12:39

    Systia a écrit

    [Je ne réponds évidemment pas au message au-dessus du mien, il n'en vaut pas la peine. Il est habituel de son auteur, Lyzmod, tu n'as pas à le considérer si tu n'en a pas l'énergie, il ne s'intéresse pas aux faits.]


    Comme c'est tolérant et inclusif de ta part dis donc ! :)
    Si j'étais facétieux je jouerais la carte de la neuroatypie pour me plaindre de discrimination :grimaces:



    Alors d'abord puisque vous prétendez avancer des sources solides en faveur de votre conception du male gaze, faisons remarquer que des références à la psychanalyse (c'est à dire une pseudo-science tellement réfutée qu'elle n'est plus prise du tout au sérieux dans la plupart des pays du monde à la malheureuse exception du nôtre pour des raisons sectaires) et à la littérature théorique la plus militante (c'est à dire une discipline non scientifique qui mobilise toutes les ressources de la rhétorique afin de tenter de convaincre qu'elle sert encore à quelque chose maintenant que les femmes ont obtenu tous les droits qu'elles revendiquaient puisque des postes académiques en dépendent mais cet enjeu de pouvoir symbolique là échappe étrangement aux obsédés textuels) ne sont pas les mieux placées pour étudier correctement un phénomène se déroulant au moins en partie dans la réalité objective (puisqu'on prétend qu'il influence négativement ses victimes) et en définir correctement les enjeux.


    Pour ma part j'aurais plutôt tendance à m'intéresser à ce qu'en disent notamment les sciences cognitives et la psychologie évolutionniste (qui stipulent qu'au cours des dizaines de milliers d'années d'histoire de notre espèce les deux sexes n'auraient pas développé le même rapport à la sexualité et la même appréhension du corps et que la culture moderne ne fait qu'exploiter cette dualité sans en être responsable), à partir desquelles il s'avère tout à fait possible d'expliquer le phénomène sans avoir nul besoin d'invoquer l'hypothèse complotiste d'un groupe d'homme ayant conspiré dans une nébuleuse sphère méritant d'être qualifiée de "patriarcale" afin d'établir ce résultat.
    Le terme de patriarcat n'est d'ailleurs pas utilisé par les chercheurs en sociologie et anthropologie pour caractériser nos sociétés occidentales modernes, il a été détourné hors de son champ d'application par une mode littéraire hors de son champ de compétence. Voilà pourquoi je m'insurge contre ce terme. Parce que justement je "m'intéresse aux faits." ;)


    S'il s'avère en effet que la plupart des objets culturels sont markettés de manière en partie genrée voir sexualisée, il faut tâcher de comprendre à quoi c'est réellement du et d'en mesurer les conséquences avant de verser dans la plainte gratuite envers un bouc émissaire tout trouvé qui ne fait pas avancer le schmilblick.
    Parce que ces conséquences ne sont pas mesurées, juste supposées de manière grossière à partir d'un syllogisme douteux qui pourrait nous mener n'importe où si on l'appliquait résolument : l'idée que la représentation (plus ou moins) implicitement suggérée par l'auteur d'une oeuvre influence dangereusement le récepteur contre son gré. :O

    Idée qui a justifiée toutes les censures depuis la nuit des temps au nom de la morale de chaque époque comme l'illustre William Marx dans La haine de la littérature. On se figure un lecteur sans défense qui risque d'absorber des influences néfastes alors on doit sévir au nom des bonnes moeurs ! O_o
    Pourtant à trop aseptiser la culture on risque de ne pas rendre service à notre système immunitaire intellectuel parce qu'il semblerait au contraire que notre jugement se développe au contact d'options distinctes et que notre perception ne soit pas si aisément malléable (sinon la propagande marcherait beaucoup mieux et on vivrait dans le monde d'Orwell comme le faisait remarquer Chomsky).
    Si vous n'êtes pas un peu choqué au moins une fois de temps en temps vous faites mal votre boulot de lecteur. Pourvu que ça dure. Ne vous enfermez pas bêtement dans une bulle filtre, ce n'est certainement pas là le secret de l'émancipation par la culture.
    Les femmes n'ont jamais été aussi instruites et libres dans l'histoire de l'humanité. Parce qu'elles n'avaient pas peur des livres. N'inversez pas la tendance pour rien.

  • theyoubot

    Lecteur timide

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    #6 01 Février 2023 23:37:09

    FloXy a écrit

    Si vous n'êtes pas un peu choqué au moins une fois de temps en temps vous faites mal votre boulot de lecteur


    J'aime bien cette phrase.

    Sinon, nous détestons tous les deux le message de Lizmod, mais pour des raisons diamétralement opposées. À tes yeux, elle est trop militante. À mes yeux, elle ne l'est pas assez. Marrant :)

  • FloXy

    Empereur des pages

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    #7 02 Février 2023 01:05:22

    theyoubot a écrit

    FloXy a écrit

    Si vous n'êtes pas un peu choqué au moins une fois de temps en temps vous faites mal votre boulot de lecteur


    J'aime bien cette phrase.

    Sinon, nous détestons tous les deux le message de Lizmod, mais pour des raisons diamétralement opposées. À tes yeux, elle est trop militante. À mes yeux, elle ne l'est pas assez. Marrant :)


    Cela dépend pour quoi on "milite". Toi tu désespères de la sensibilité exacerbée que les femmes arborent à propos de leur physique (et qui précède l'usage éventuel qu'en tire la fiction). Je veux bien, j'avais vu une conférence TED intéressante d'une anthropologue là-dessus (la beauté a toujours été le marqueur d'ascension sociale pour les femmes dans la tribu). Mais justement elle n'avait jamais eu besoin d'utiliser les gros mots comme "patriarcat" pour expliquer quoique ce soit et la conclusion n'était pas qu'il fallait que les hommes arrêtent d'oser regarder les femmes ou que les femmes arrêtent de lire les hommes.

    Parce que si on commence à sauter sur la première théorie littéraire manichéenne venue pour se plaindre, comment un regard masculin ne pourrait pas être problématique à l'aune de ce genre d'analyse ?
    Soit l'homme vous ignore et ça ne va pas, c'est de l'invisibilisation sexiste. Soit il vous trouve sexy et ça ne va pas, c'est du male gaze oppressif. Soit il vous trouve moche et bien sur ça ne va pas non plus quel goujat... Du coup quelle option lui reste-t-il pour échapper à la plainte éternelle de votre modèle théorique infalsifiable ?
    La mauvaise nouvelle c'est que vous serez d'éternelles victimes. La bonne est que le filon commercial et académique ne se tarira pas pour ses exploitantes.


    De plus comme j'avais voulu le faire remarquer dans un précédent post en linkant une image (pardon Mana j'oublie toujours qu'on n'a pas le droit partout et merci Youbot de l'avoir décrite pour expliciter l'argument), le moins qu'on puisse dire c'est que les corps dénudés masculins ne sont pas en reste (je pense même qu'ils sont bien plus nombreux même si c'est à relativiser compte tenu du lectorat féminin supérieur en ratio) dans les librairies donc il a bon dos le "male" gaze...

    Il faut bien se rendre compte que par exemple une conception si étroite du male gaze engendrerait une stigmatisation de la collection Harlequin et donc mènerait au kink shaming de nombreuses lectrices (or il me semblait que c'était un acquis féministe qu'elles pouvaient lire ce qu'elles voulaient) sans qu'on voit très bien ce qu'on y gagne dans la lutte contre le sexisme.
    Et ce ne serait pas la première fois qu'une lutte bien-pensante de ce genre s'avérerait contreproductive comme l'a déjà montré Helen Pluckrose par exemple à propos de la représentativité féminine au cinéma :


    Spoiler (Cliquez pour afficher)

    Media and art can also be negatively impacted when books, art, films, or video games are scrutinized as “discourse” and problematized on the grounds of the power dynamics which they “speak into.” Of course, there genuinely are examples of negative stereotypes and legitimate criticisms and insightful analyses can be made of them. However, much of the recent analysis of “discourses” are both highly interpretive and unfalsifiable. Even Dr. Seuss books can be argued to be racist,and the depictions of black people in film can be critiqued on the grounds of alleged stereotypes which include black women being presented as strong and tough characters. It seems difficult to resolve this issue as it is likely that black women being weak and submissive would not go down well either. This uncharitable approach is particularly common in gender analysis. Feminist scholars and activists have measured the number of words spoken by women in comparison to men in certain films, for example, and critiqued the sexualized portrayal of women.

    Not only is this tedious; it is costly, including to members of the groups it claims to help. As well as casting doubt on more rigorous and measured analyses, postmodern feminist analysis which assumes a gendered discourse to run through everything can limit the range of possible female characters. 20th Century Fox felt obliged to apologize after producing a billboard showing the X-Men supervillain Mystique being choked by Apocalypse after feminists like Rose McGowan complained about the “casual violence against women” portrayed in the image. It would seem that female superheroes and villains can either not get into fights or must win them without ever getting hit themselves. Similarly, there has been criticism of the Game of Thrones character Sansa Stark for saying that having experienced rape and abuse made her stronger. Some feminists felt that this played into rape culture by somehow justifying rape. If you are not a perpetual victim, in this view, you are complicit with the powers of evil. This analysis conveniently ignores the fact that a male character, Theon, also suffers sexual torture and even has his penis hacked off—and also becomes a stronger person as a result. How can female characters be depicted as powerful and resilient if they are not allowed to overcome abuse, violence, and adversity? These restrictions are likely to make female characters less interesting—an effect we are already starting to see. For example, while many people celebrated the introduction of a female “Doctor” in the series Doctor Who, some critics wondered why the producers had made her a less flawed and therefore less complex character than the male Doctors. It seems likely that this was done to avoid arousing feminist ire.




    Et après elles vont se plaindre qu'il n'y a pas assez de femmes fortes dans les blockbusters mais la réalité c'est que c'est leur propre mouvement militant qui empêcherait des sagas comme Alien de revoir le jour !
    A l'époque Sigourney Weaver surpassait tous les mecs sans être trop sexualisée ni rien. On oublie facilement ce genre d'exemple parce qu'il ne rentre pas dans le prisme actuel.
  • petite utopie (Lyzmod)

    Lecteur timide

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    #8 02 Février 2023 11:47:16

    Désolée Mana ! Je n'ai pas l'habitude d'échanger sur le forum et je ne suis pas familière des règles, merci d'avoir fait les corrections.

    theyoubot
    Je suis complètement d'accord avec toi. C'est totalement intériorisé.

    Le vrai combat à mener contre le male gaze, il est en nous.


    Cela dit, c'est difficile de déconstruire ces comportements sans aide. Commencer par proposer d'autres imaginaires aux petites filles et petits garçons pour qu'ils ne se construisent pas autour des mêmes distorsions de genres que nous, c'est un début. Nous sommes des créatures de culture, nous construisons notre personnalité, nos opinions en fonction de notre environnement, des personnes qui nous entourent, et des supports culturels auxquels nous sommes confrontés (films, séries, livres, jeux vidéo), même à l'âge adulte. C'est pour ça qu'il est plus pertinent de remettre en question un fonctionnement systémique qui est globalement au détriment des femmes que de remettre en question les individus en eux-mêmes.

    Floxy
    Par rapport aux romans érotiques destinés au lectorat féminin : Je suis loin d'être une spécialiste de ce genre, que je consomme très peu, justement car il est rempli de clichés (comme le dit theyoubox, les femmes aussi peuvent être sexistes).
    Ce genre véhicule énormément de clichés autant sur les femmes que sur les hommes qui sont toujours grands, musclés, mystérieux, bad boy, etc. Ces romans créent des fantasmes autour de personnages qui n'ont rien de réalistes et qui ont le plus souvent des comportements pour le moins problématiques l'un avec l'autre.
    Pour autant, le personnage féminin est souvent le personnage principal et son désir sexuel n'est projeté que sur son love interest rarement sur les autres hommes. De même, la personnalité du personnage masculin a autant d'importance que son physique de rêve (même si elle est le plus souvent exécrable : gros charo, bad boy, etc).
    De plus si ce genre se permet de sexualiser le corps des hommes (en fait le plus souvent il sexualise le corps d'UN homme en particulier) parce qu'il est destiné à un lectorat féminin qui sait à quoi il s'attend. Dans la littérature en général (on peut ratisser large), les auteurs se permettent souvent de sexualiser le corps de TOUS leurs personnages féminins gratuitement et en s'adressant à un lectorat grand public.

    Lorsque toi tu n'as pas envie de lire un livre qui érotise le corps d'un homme, il te suffit de ne pas lire les romans érotiques destinés aux femmes. Lorsque moi je ne veux pas lire un livre qui érotise le corps des femmes, c'est pile ou face, je n'ai aucun moyen de le savoir avant d'ouvrir le livre.

    Si vous n'êtes pas un peu choqué au moins une fois de temps en temps vous faites mal votre boulot de lecteur.


    Ça dépend pour quelle raison on lit : des fois je lis de la non-fiction parce que j'ai envie d'approfondir un sujet, de connaître l'opinion de l'auteur. Des fois je lis un livre qui propose une lecture du monde avec laquelle je ne suis pas d'accord mais qui me pousse à réfléchir, à m'interroger sur mes propres croyances et mes propres opinions. Et des fois j'ai juste envie de lire pour m'évader, pour me divertir, pour sortir de mon quotidien.
    Je ne regrette pas d'avoir lu ce livre qui m'a choqué par rapport à son male gaze, parce qu'il me pousse définitivement à me poser beaucoup de questions (d'où la création de cette discussion sur le forum).

    Je ne cherche pas du tout à m'enfermer dans une bulle filtre, mais ce livre m'a marqué et je souhaite en discuter avec d'autres pour mieux décortiquer le sujet.

  • theyoubot

    Lecteur timide

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    #9 02 Février 2023 11:51:28

    Cher FloXy, à mon grand regret, je vais mettre fin à notre pacte germano-soviétique

    #1
    Lizmod dit qu’elle est énervé par le male gaze de certains romans
    (male gaze présent d’aprés mon expérience dans tous les romans bas de gamme. Pour des raisons à la fois artistiques et sociales) 





    #2
    Tu dis que le female gaze est tout aussi répandu et tout aussi condamnable
    Aussi répandu, c’est exact.
    Aussi condamnable, je ne sais pas. Les hommes subissent peu le female gaze. Il sévit dans des médias à cible essentiellement féminine. Les femmes sont plus exposées au male gaze, il est présent dans tous les médias à public mixte.



    <image>



    #5

    FloXy a écrit

    la première théorie littéraire manichéenne venue


    Tu contestes les arguments de toxicité du male gaze basés sur la ‘littérature théorique militante’ et la psychanalyse car ce sont des pseudo sciences.
    Oui, la psychanalyse et consorts sont des pseudo sciences et leurs affirmations n’ont plus la moindre crédibilité. Une science fait des affirmations réfutables. Réfutables par des constatations dans le monde réel et par des expériences complémentaires rigoureuses qui les confirment ou les invalident.
    Mais, tu te sers de quoi à la place de ces pseudo sciences ridicules ? Des sciences cognitives et de la psychologie évolutionniste qui n’ont de science que le nom. Ces disciplines n’ont jamais produit le moindre résultat scientifique démontrant que le male gaze n’existe pas. En matière de référence académique, tu ne fais pas mieux que Lizmod





    FloXy a écrit

    les deux sexes n'auraient pas développé le même rapport à la sexualité et la même appréhension du corps et que la culture moderne ne fait qu'exploiter cette dualité sans en être responsable


    Certes. Et alors ? Cela veut il dire que la situation n’est pas socialement toxique ?





    FloXy a écrit

    S'il s'avère en effet que la plupart des objets culturels sont markettés de manière en partie genrée voir sexualisée, il faut tâcher de comprendre à quoi c'est réellement du et d'en mesurer les conséquences avant de verser dans la plainte gratuite envers un bouc émissaire tout trouvé (...) ces conséquences ne sont pas mesurées, juste supposées de manière grossière à partir d'un syllogisme douteux qui pourrait nous mener n'importe (…) Idée qui a justifiée toutes les censures depuis la nuit des temps


    Tout cela est vrai mais cela ne change rien au débat lancé par Lizmod, le fait que le male gaze rend les romans bas de gamme désagréables à lire.

    - Comprendre les causes ? Le male gaze des romans base de gamme a des causes artistiques et sociales. Artistiques parce qu’absence de talent a toujours rimé avec clichés et stéréotypes. Sociales parce que les auteurs ont des émotions inspirées par la culture ambiante et qui passent dans leur récit.

    - Les conséquences du male gaze ? Lizmod n’évoque qu’une conséquence en #1, son désagrément de lectrice. Comptes tu nier l’existence de ce désagrément ?
    C’est d’ailleurs ce que je reproche à Lizmod en #4. Elle n’évoque qu’une seule conséquence du male gaze et elle choisit la plus anecdotique, la moins dommageable. C’est comme si elle faisait un sujet sur la faim dans le monde et que son message ne parlait que d’une chose, l’agacement de Lizmod face aux photos d’enfants faméliques dans la presse.





    #7

    FloXy a écrit

    Soit l'homme vous ignore et ça ne va pas, c'est de l'invisibilisation sexiste. Soit il vous trouve sexy et ça ne va pas, c'est du male gaze oppressif. Soit il vous trouve moche et bien sur ça ne va pas non plus quel goujat…


    Cette incohérence féminine, réelle dans les discussions informelles, ne signifie pas que les femmes n’ont pas d’autres raisons, valables celles là, de se plaindre du male gaze et de la société en général.





    FloXy a écrit

    une conception si étroite du male gaze engendrerait une stigmatisation de la collection Harlequin et donc mènerait au kink shaming de nombreuses lectrices (or il me semblait que c'était un acquis féministe qu'elles pouvaient lire ce qu'elles voulaient) sans qu'on voit très bien ce qu'on y gagne dans la lutte contre le sexisme.
    Et ce ne serait pas la première fois qu'une lutte bien-pensante de ce genre s'avérerait contreproductive (...)
    ‘elles vont se plaindre qu'il n'y a pas assez de femmes fortes dans les blockbusters mais la réalité c'est que c'est leur propre mouvement militant qui empêcherait des sagas comme Alien de revoir le jour ! A l'époque Sigourney Weaver surpassait tous les mecs sans être trop sexualisée ni rien. On oublie facilement ce genre d'exemple parce qu'il ne rentre pas dans le prisme actuel.’


    L’étroitesse de cette conception du male gaze, ou de n’importe quelle autre conception erronée, ne m’intéresse pas. Les erreurs des avocats les plus maladroits d’une idée ne disent rien sur la valeur de cette idée.






    Le patriarcat

    FloXy a écrit

    ‘maintenant que les femmes ont obtenu tous les droits qu'elles revendiquaient’
    ‘les gros mots comme patriarcat’
    ‘el famoso patriarcat si oppressif en France en 2023... C'est à dire le pays où la moindre subvention publique à n'importe quelle forme de production audiovisuelle est conditionnée à la surreprésentation des minorités à un point caricatural’
    ‘maintenant que les femmes ont obtenu tous les droits’
    ‘hypothèse complotiste d'un groupe d'homme ayant conspiré dans une nébuleuse sphère méritant d'être qualifiée de patriarcale’


    Le patriarcat, c’est l’absence de parité. Tu as fumé la moquette si tu crois que l’absence de parité est une chose du passé. L’absence de parité est une réalité d’aujourd’hui attestée par toutes les études statistiques et dans tous les domaines de la société. Les salaires et les emplois, la finance, le monde politique, le monde du sport, des arts.
    Oui, il y a eu des progrès formidables au XX° siècle. On tient le bon bout, on est sur la bonne voie. Mais une civilisation est une grande dame, chaque pas lui coûte plusieurs générations. Un déséquilibre vieux d’un millénaire ne va pas disparaître en cinquante ans.


    FloXy a écrit

    Le terme de patriarcat n'est d'ailleurs pas utilisé par les chercheurs en sociologie et anthropologie pour caractériser nos sociétés occidentales modernes


    Cela ne signifie pas que le terme ne recouvre pas une réalité. Le non usage du terme signifie peut être simplement que les disciplines concernées préfèrent aborder cette réalité avec des qualificatifs moins polémiques.
    La psychologie ne définit pas l’intelligence, la physique ne définit pas le temps, la biologie ne définit pas la vie. Comme ‘patriarcat’, ces termes suscitent trop d’interférences sémantiques et sont sources de malentendus. Cela ne signifie en rien que le temps  - ou la vie, ou le patriarcat - n’existent pas. Ça signifie que ce sont des questions difficiles.

    Dernière modification par theyoubot (02 Février 2023 13:04:23)

  • theyoubot

    Lecteur timide

    Hors ligne

    #10 02 Février 2023 12:32:06

    Le vrai combat à mener contre le male gaze, il est en nous.


    Lyzmod a écrit

    c'est difficile de déconstruire ces comportements sans aide. Commencer par proposer d'autres imaginaires aux petites filles et petits garçons pour qu'ils ne se construisent pas autour des mêmes distorsions de genres que nous, c'est un début. Nous sommes des créatures de culture, nous construisons notre personnalité, nos opinions en fonction de notre environnement, des personnes qui nous entourent, et des supports culturels auxquels nous sommes confrontés (films, séries, livres, jeux vidéo), même à l'âge adulte. C'est pour ça qu'il est plus pertinent de remettre en question un fonctionnement systémique qui est globalement au détriment des femmes que de remettre en question les individus en eux-mêmes.


    Une petite fille intériorise le male gaze à 1 % à partir des médias et à 99 % à partir des propos que lui tiennent sa mère, ses copines. À partir de leurs actes, de leurs centres d'intérêt. Les interactions relationnelles avec des femmes adultes, des adolescentes et des copines fabriquent le canevas conceptuel des petites filles. Ce canevas sera leur logiciel de lecture du monde. Les petites filles chercheront des exemples de ce canevas dans les médias ambiants toute leur vie. Dans les films, les chansons, les pubs. Pour le renforcer, le généraliser. C'est un processus de biais de confirmation. Le déclin des médias traditionnels a au moins un effet positif, celui de réduire leur nuisance sur les valeurs des jeunes. La génération Z ne regarde pas la télé, ne va pas au cinéma et lit un livre par an, ou zéro. Par contre, les échanges sur réseaux sociaux, les valeurs véhiculées par ces 'conversations' auront un impact décisif sur les petites filles d'aujourd'hui.
    Bilan : je ne veux pas minimiser le désagrément que tu évoques en #1, je sais qu'il est réel. Mais évoquer le male gaze sous cet angle, c'est vraiment regarder le problème par le petit bout de la lorgnette. Je trouve déprimant les messages comme le tien parce qu'ils passent à côté du problème. Voir #4. On ne s'en sortira jamais si on accuse des scribouillards alors que nous les femmes sommes à 99% les coupables. Les stéréotypes sexistes de romans bas de gamme sont le cadet de nos soucis. Le combat, c'est se changer soi-même si on est adulte, et parler correctement aux petites filles. Pour leur donner le choix de courir après une variété d'accomplissements, et pas uniquement une belle silhouette. Les femmes doivent changer d'attitude.


    L'ex mannequin Heidi Klum et sa fille Leni, qui, on le devine, ne deviendra pas astronaute
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    Dernière modification par theyoubot (02 Février 2023 12:59:35)