#34 27 Novembre 2013 23:13:10
Bon, quelques imprévus pour ce book club mais voici un compte rendu de ma lecture (en considérant qu'il me reste encore 80 pages à lire)
Ce livre a été publié en 1968 mais présente une intrigue dans le futur. Avec le recul des années, qu’avez-vous pensé de l’aspect science-fiction ? Est-il toujours crédible ?
Les 'vieilles' histoires de science-fiction mettent toujours en relief l'état d'esprit et les craintes d'une époque. Rétrospectivement, c'est intéressant à observer. La marque de la seconde guerre mondiale est très présente, le spectre de la guerre froide domine l'histoire. Barjavel montre très bien l'entrée dans une ère où l'Homme se sent dépassé par sa technologie. On réalise que la course à l'armement pourrait bien anéantir une civilisation toute entière, et le texte joue sur cette peur. Le sujet est, me semble-t-il, encore d'actualité, même s'il est développé d'une autre manière : récits d'apocalypses zombies ou de catastrophes naturelles. Ce qu'on remarque cependant, c'est une note moins positive et la volonté de laisser une trace à tout prix. Aujourd'hui, on serait plus dans le fantasme d'une destruction absolue qui permettrait une sorte de résurrection dans la pureté, ce que je trouve dommage.
Dès les premières pages, le lecteur apprend que le narrateur revient seul à Paris et que l’histoire s’est mal terminée. Cela vous a-t-il gâché ou encouragé pour le reste de la lecture ?
Ce choix d'écriture ne m'a jamais dérangée, au contraire, c'est intrigant. Les passages à la première personne m'ont cependant semblé assez maladroits. Je pense que le roman aurait pu s'en passer.
Une grande partie de l’intrigue est basée sur le suspense. Est-ce réussi ? Y a-t-il eu des passages où vous n’avez pas pu lâcher le livre ?
Oui et non... Oui parce que j'avais hâte d'en découvrir plus sur cette improbable civilisation, et je veux toujours connaître le fin mot de cette histoire. Non parce que les choses restent un peu trop statiques à mon goût. Le flash-back m'ennuie actuellement beaucoup. J'attendais une meilleure immersion, et je dois suivre les "aventures" d'un couple dont je me fiche totalement. Les personnages ont trop peu de présence dans le roman pour qu'une action trop centrée sur eux puisse me tenir en haleine, je suis davantage intéressée par les questions plus politiques que La nuit des temps soulève. Ce ne sera donc pas un livre que j'aurais trouvé plus agréable à lire que ça.
L’auteur représente une civilisation apparemment parfaite qui s’auto-détruit par la guerre. Pensez-vous qu’il ait voulu nous lancer un avertissement ?
Nous sommes à une époque où l'avancée technologique, avec l'apparition d'armes chimiques, fait peur. Je ne sais pas s'il y a un avertissement plus qu'une prise de conscience étourdissante sur le fait que tout peut disparaître du jour au lendemain, qu'importe le système mis en place.
La civilisation en Gondawa est très différente de la nôtre. Vous semble-t-elle parfaite, ou y a-t-il des aspects que vous rejetteriez?
la perfection de cette civilisation est critiquable, le régime est assez proche d'une idéologie fasciste qui aurait réussi, et où chacun serait donc à sa place, et heureux de l'être (on remarque d'ailleurs que leurs ennemis sont, à l'inverse, plus proche des communistes, guerre froide encore). Ce côté prédestiné peut déranger, mais, pourquoi pas. Nous n'en voyons pas assez (je trouve) pour en juger vraiment. J'ai quand même trouvé très intéressant de présenter un monde où la sélection se fait tout naturellement par le physique et l'intelligence, en montrant que, finalement, tous ceux qui sont trop avantagés ou désavantagés par leur naissance resteront seuls et inadaptés, peu importe le régime en place.
Dernière modification par Unity (27 Novembre 2013 23:18:04)