L'Oasis. [introduction de nouvelle]

L'OASIS.

Le souffle haletant, la respiration saccadée, le cœur battant violemment dans sa poitrine, ses pas rapides martelaient l'asphalte brûlant. Ses pieds nus ensanglantés laissaient derrière lui une trace de son passage. Il tourna au coin d'une rue et tentant de stopper sa course effrénée, tomba douloureusement, heurtant ses os déjà brisés et ses chairs écorchées. Il releva la tête vers cet homme trop imposant pour un enfant de son âge. Ses yeux clairs le suppliaient d'arrêter sa torture. Il s'étrangla alors qu'il essayait, une nouvelle fois, de s'excuser. Le sourire carnassier de l'homme le fit frissonner. Il exhalait le mal, respirait le sadisme à pleins poumons. Son cri déchira le silence qui s'était abattu sur la ville quelques minutes auparavant, et s'en était fini.

Cela s'était passé au crépuscule, le sol se réchauffait afin de préparer la nuit. Après plusieurs heures de chasse, L'Homme avait achevé sa proie. A ses yeux rien n'avait plus de saveur que la chasse. L'attente. La longue patience, inépuisable, jusqu'à ce que l'on sache que ça y est. C'est le moment. Celui où frapper. Net. Sans rature. Parfait. Et quel plaisir que celui de voir la peur dans le regard du gibier. Avec un petit rire, il essuya la lame qui avait servi à ôter la vie de l'enfant, allongé au milieu de son sang, brillant, dans cette ruelle sombre. L'Homme savourait ce moment, ce sentiment de puissance. Les vapeurs de la nuit commençaient à s'élever, la chaleur se faisait sentir. Alors qu'il tirait sur son col de chemise, il prit la décision de bien le présenter. Pas comme la dernière fois, lorsqu'il avait été interrompu. Non. Il voulait que tout soit parfait. Faire un cadeau à celui qui le trouverait. Il voulait montrer au monde son talent. C'était un artiste. Il leur présenterait un tableau... D'un geste assuré, il entailla délicatement le dos immobile de l'enfant et commença son ouvrage. Il prit soin de ne pas abîmer son matériel alors qu'il en décollait la peau. Il laissa ainsi posé là son petit ange, ailes déployées. Il l'admira fièrement durant quelques secondes et quitta la scène.