Esprit fragmenté

 
    • Wishyz

      Baby lecteur

      Hors ligne

      #1 03 Octobre 2016 17:31:05

      Parfois, on se perd juste dans les mots, sans réel but que de libérer de la place pour ceux à venir.
      Vous trouverez ici mon esprit fragmenté, des bouts de textes, des idées à la volée.
      En espérant que vous prendrez du plaisir à me lire, tout commentaire sera bon à prendre.




      "Aucune reproduction, même partielle, autres que celles prévues à l'article L 122-5 du code de la propriété intellectuelle, ne peut être faite de ce site sans 'autorisation expresse de l'auteur".




      Une page blanche n’est pas faite pour le rester. Elle est faite pour être noircie, elle est faite pour être encombrée, jusqu’à ce qu’elle ne puisse plus se targuer d’être vierge mais entrant bel et bien dans le monde réel, concret, palpable des histoires sans début ni fin. Et elle s’étalait là, devant ses yeux, comme une injure à l’écrivain, ou du moins ici à Mallory.

      Cette dernière mâchonnait une mèche de ses cheveux qui semblait déjà avoir du vécu. La jeune autodidacte serrait sa plume au point que ses jointures en étaient blanches, presque autant que la demi-page qui lui restait à obscurcir encore.

      Une page blanche a une raison d’être, elle peut être la panne de l’écrivain comme la ramette de papier vierge qui attend de faire la grande rencontre avec une imprimante. Une page pleine, elle,  peut être dévorée par les pensées folles et dérangeantes du dit écrivain comme du schéma des ventes de son dernier livre sortie de ladite imprimante. Mais une demi-page…. Quelle est sa raison d’être ? Elle nous montre nos faiblesses et se vante d’être encore, pour un temps au moins,  aussi pure qu’au jour de sa création.

      C’est cette demi-page qui effrayait Mallory et la raison pour laquelle elle trempa rapidement sa plume dans l’encrier pour reprendre sa phrase là où elle l’avait arrêtée. Une goutte sombre s’écrasa sur le buvard qu’elle tenait toujours à portée de main. Cette lettre était sa première. Du moins la première qu’elle écrivait dans un autre but qu’un roman épistolaire à l’eau de rose qu’elle écrivait et cachait dans la caisse en dessous de son lit, comme un enfant cache son doudou lorsqu’il devient homme et reçoit pour la première fois une femme dans sa chambre.

      Le soleil donnait à la scène tout son charme… Il offrait un peu plus de chaleur à la chambre aux murs recouverts d’innombrables photos aux éclats de rire que l’on pouvait presque entendre. Le bureau où s’activait désormais la jeune femme contribuait aussi au confort de la pièce. Il était en acajou, comme le reste des meubles. Sur le lit s’étalait nombreux vêtements, assemblés comme autant d’idées qu’elle avait aussitôt écartées. Elle n’était pas coquette, non, mais c’est qu’elle n’était jamais allé à un enterrement, alors elle ne savait pas quoi mettre… Elle s’était décidée pour un tailleur sombre qu’elle n’avait mis qu’une fois par le passé.  Et c’était la seule note de noir dans la chambre acidulée. Elle le portait bien, mais elle semblait vieille, si vieille, avec.

      Elle avait écrit ses derniers mots, aussi signa-t-elle, un entrelacement de lettres qui finissaient par ressembler à cette tâche d’encre sur son buvard. Elle ajouta une petite fleur juste à côté, une tulipe. En réalité, elle ne la dessina pas vraiment. Ce n’était pas non plus un tampon banal quoique le motif unique, avec ce pétale qui pendait de la fleur, lui donnant un air fragile. Elle avait simplement levé sa main et sur le papier la tulipe était apparue. La magie n’eut aucun effet spectaculaire, elle avait juste fait ce mouvement et la fleur était là, comme si on avait mal regardé au départ, comme si elle avait toujours été là.

      Alors, seulement, elle se laissa aller contre le dossier. La demi-page vide était comblée. Elle n’avait plus rien de menaçant, un peu comme un tigre que l’on aurait apprivoisé. Mallory relut ses mots sans hâte. Il était si tôt… Il n’y avait aucune romance dans la missive. Au contraire, c’était presque une mise en garde ! Les mots y étaient tranchants, violents, et elle tenait la feuille du bout des doigts comme si réellement, c’était une arme qu’elle envoyait par courrier.

    • Kae

      Magicien des lignes

      Hors ligne

      #2 03 Octobre 2016 17:40:59

      Coucou ^^

      Je trouve que tu as une très belle plume, ta façon d'écrire est très douce, très poétique, et ta description de la chambre de Mallory fonctionne, on a l'impression d'y être et elle donne envie qu'on y soit avec les rayons de lumières et les photos sur les murs :)

      Quant à Mallory, son blocage face à l'écriture est très bien décrit également, on comprend parfaitement son ressenti.

      Tu écris très bien, c'est reposant ^^