Coucou ici !
Voilà, une lecture de plus au compteur (qui n'avance pas très vite en ce moment je le reconnais, d'autres projets m'occupent bien) !
Je recopie ce que j'ai dit au Book Club de ce week-end.
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Girl with a pearl earring (en vf :
La jeune fille à la perle), de
Tracy Chevalier (
lien BBM).
<image>Avec ce roman, je sors un peu de mes habitudes, je lis rarement des romans historiques. J'ai un peu de mal avec l'idée d'inventer sur quelque chose qui a existé. On est sûr de dire des bêtises, et ça me rend mal à l'aise. Néanmoins, parfois c'est un succès et ça permet de rendre plus vivants des personnages du passé, et j'aime quand l'histoire sort des livres de cours froids pour venir me parler. Par exemple, plus jeune, j'avais adoré la série
Ramses, de
Christian Jacq.
Ici, on est en Hollande, à la fin du XVIIème siècle, donc en plein dans le moment fort de l'histoire de ce pays, avec une belle ouverture culturelle, dont hélas, ce livre ne dit pas grand chose. J'ai appris dans une lecture parallèle que l'ami de Veermer qui est son exécuteur testamentaire est un habitué de la maison
Huygens, de grands physiciens ! Et nous entrons dans l'intimité du peintre
Veermer. Le choix de l'autrice s'est porté sur un de ses tableaux,
La jeune fille a la perle, et lui donne une histoire. Je ne sais pas quelles sont les informations biographiques dont elle est partie, et à l'occasion je me renseignerai sur le sujet, pour tenter de démêler la réalité de la fiction.
Ce choix n'est pas très heureux pour moi. Au final, la moisson historique est très faible, j'en apprends très peu. Pourtant, au début, j'ai été saisie par les détails du quotidien d'une servante dans la Hollande de cette période, avec les différences entre catholiques et protestants. J'ai beaucoup aimé ces descriptions qui nous plongent dans un monde sans plastique, ou même les brosses à cheveux ne sont pas accessibles au commun des mortels.
Un monde où les femmes avaient les cheveux cachés sous des coiffes, où quelques femmes avaient beaucoup d'enfants et étaient entourées de servantes qui, elles, n'en avaient jamais. Pour cette partie là, j'ai complètement adhéré. Par contre, pour tout ce qui concerne le peintre, les relations, les tableaux... J'ai trouvé que l'autrice en a fait trop. C'est trop mou, ça se passe trop à l'intérieur de la tête de la jeune fille, et puis je trouve qu'il y a des contradictions, une servante qui donne des conseils à un peintre, et qui accepte de se faire traiter en moins que rien par toute la maisonnée.
J'ai trouvé qu'elle a forcé le trait, elle a essayé de nous plonger dans des émotions, avec du suspense, mais à la longue, ça ne tient pas, on se lasse, enfin c'est mon cas. Et d'un coup, la fin est trop abrupte, et là on se sait presque plus rien de ce qui se passe dans la tête de notre héroïne, c'est dommage ce déséquilibre.
En résumé, une lecture qui a magnifiquement commencé, qui m'a complètement plongée dans un univers différent que j'ai beaucoup aimé, mais ensuite trop d'incertitudes, trop d'attente, trop de sentiments noirs, jusqu'à me lasser. Dommage.
Je note quand même une écriture très fluide et très agréable à lire. En anglais en tous cas, ça se lit tout seul. Du coup je n'exclus pas de relire cette autrice.
J'ai retenu une citation de ce livre, beaucoup plus profonde pour moi qu'elle n'y paraît :
"The baker announced he was satisfied with the painting. “My daughter looks well, and that’s enough for me,” he said.
Afterwards, Maria Thins lamented that he had not looked at it as closely as van Ruijven would have, that his senses were dulled by the beer he drank and the disorder he surrounded himself with. I did not agree, though I did not say so. It seemed to me that the baker had an honest response to the painting. Van Ruijven tried too hard when he looked at paintings, with his honeyed words and studied expressions. He was too aware of having an audience to perform for, whereas the baker merely said what he thought."
Traduction : "Le boulanger s'est déclaré satisfait du tableau. "Ma fille a l'air bien, et cela me suffit", a-t-il déclaré.
Maria Thins a ensuite déploré qu'il ne l'ait pas regardé d'aussi près que van Ruijven l'aurait fait, que ses sens étaient émoussés par la bière qu'il buvait et le désordre dans lequel il s'entourait. Je n'étais pas d'accord, même si je ne l'ai pas dit. Il m'a semblé que le boulanger avait eu une réponse honnête à la peinture. Van Ruijven faisait trop d'efforts lorsqu'il regardait des tableaux, avec ses mots mielleux et ses expressions étudiées. Il était trop conscient d'avoir un public devant lequel jouer, alors que le boulanger disait simplement ce qu'il pensait."
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Je me replonge donc avec joie dans un témoignage !