[Borel, Pétrus] Madame Putiphar

 
    • Mivava

      Lecteur averti

      Hors ligne

      #1 04 Février 2011 13:02:42

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      Quatrième de couverture :


      De Pétrus Borel (1809-1959), romantique " frénétique " ami de Nerval, admiré par André Breton et par les surréalistes, deux grands livres demeurent, l'un et l'autre longtemps introuvables : les Contes immoraux (Champavert) et Madame Putiphar (1839) - éreinté à l'époque par la critique parce que l'auteur osait s'y proclamer disciple de Sade.
      Bizarrement rares sont les lecteurs qui ont eu, en un grand siècle et demi de temps, la bonne fortune de tenir entre leurs mains ce texte qui en sidéra plus d'un : Madame Putiphar, rééditée de loin en loin, fut longtemps un livre à éclipses. Pourtant ce récit météorique, qu'on dirait taillé dans un bloc de nuit, figure bel et bien LE roman noir de la littérature française - le seul en tout cas à pouvoir rivaliser avec les trois chefs-d'œuvre du genre : Le Moine de Lewis, Melmoth de Maturin, Les Elixirs du Diable d'Hoffmann.
      Borel prétend être parti, pour imaginer sa folle histoire, des aveux d'un prisonnier de la Bastille, délivré le 14 juillet 1789 après une interminable incarcération. Sa fiancée avait été attirée dans un piège par la marquise de Pompadour (Madame Putiphar), grande pourvoyeuse des orgies royales du Parc-aux-Cerfs... A partir de cet argument, Borel propose la traversée aventureuse d'un siècle - le XVIIIe - qui n'est plus celui des Lumières mais celui de toutes les noirceurs.
      Dès lors s'explique-t-on l'intérêt passionné que vouèrent à ce texte un Aragon (fasciné par Borel le " colosse "), un Eluard (qui le situe " admirablement entre Sade et Lautréamont "), lors même que ce récit se place sans tricher dans le droit fil de la littérature populaire de l'époque - ce dont Paul Féval saura se souvenir en lançant son Bossu dans le même sillage d'ombre maléfique.

      Mon avis :

      La quatrième de couverture mentionnait ce roman comme pouvant rivaliser avec trois piliers du roman gothique dont parmi lesquels figurait Le moine de Lewis MAIS par un auteur français. Bon, il en était fini de moi, j’ai sauté dessus. Est-ce que j’ai bien fait ? Je ne sais toujours pas.

      En soi-même le roman n’est pas mauvais (même si ça ne rivalise pas avec Le moine ! à préciser) mais il faut vraiment être motivé et avoir la tête à sa lecture. Ce qui n’est pas toujours le cas puisque la lecture reste un moment d’évasion, autant dire que je me suis autant torturé l’esprit avec ce roman qu’avec mon brevet blanc de math (j’exagère moi ? bon vous avez l’habitude maintenant.. et puis c’est imagé comme ça).Certes le roman date du XIXème siècle mais il a franchement mal vieilli. Autant ce siècle a fait des productions étonnamment moderne autant certaines ont pris la poussière comme il faut. Ce roman fait partie de la seconde catégorie. Des phrases longues et alambiquées, parfois incompréhensible tellement il y a de virgules et de compléments. En plus, et là chose qui m’a vraiment gênée, il y a une multitude de notes de bas de pages qui, du coup de ne sont pas en bas de page mais à la fin de l’ouvrage. Bon alors au début je ne pouvais pas m’empêcher de regarder et puis j’ai fini par les zapper et ne regarder que celles qui m’intriguaient vraiment. Parce que tourner et retourner dans tous les sens un bouquin de plus de 400 pages, ben c’est pas génial.

      Ensuite l’auteur a un affreux, horripilant amour des descriptions faisant endurer d’interminables tortures au pauvre lecteur qui se voit obligé (bon j’ai fini par zapper ces passages là aussi hein parce que sinon c’était pas possible) de lire 3 ou 4 pages de descriptions sur une simple pièce sans que ça ne serve à rien à l’histoire. Le tout dans ce style riche, trop riche même aux tournures compliquées. Après, les personnages. Horripilant est le mot là aussi. On a le droit à des pages et des pages de plaintes et de jérémiades bon c’est vrai qu’il leur arrive pas mal de tuiles (euphémisme, euphémisme …) mais bon là ça en deviens un calvaire pour le lecteur et à un moment j’étais franchement lassée. De plus Patrick « ressuscite »  à volonté, ce n’est pas spoiler de dire que l’auteur s’amuse à le faire mourir plusieurs sans que ce soit vraiment le cas. J’avoue qu’au bout d’un moment, je me suis vraiment « oh et flute il est toujours pas mort lui », rappelons que ce c’est le protagoniste et qu’on est sensés ressentir une certaine empathie pour lui (on repassera hein …). Mis à part ça j’ai tout de même apprécié quelques points car ce roman n’a vraiment pas que des défauts. L’ambiance est plutôt agréable et on arrive quand même à la savourer malgré les grosses longueurs. J’ai beaucoup aimé me plonger dans ce XIXème siècle. L’intrigue en elle-même serait intéressante aussi si il n’y avait pas toutes ces pages de trop.

      Donc un roman que je conseille si vous appréciez vraiment le genre et que les longueurs et les pages de description ne vous font pas peur. Je ne regrette cependant pas de l’avoir lu, c’est une œuvre qui illustres tout de même bien le courant de ce siècle (même si on a plus affaire, selon moi au romantisme qu’au gothisme comme le laissait présager la quatrième de couverture. A lire dans des moments de motivation de l’extrême.

      (Notons la coquille sur la quatrième de couverture : « Pétrus Borel (1809-1959) » Quelqu’un a sa calculatrice ? Parce que oui scoop, en exclusivité sur mon blog, ce brave gars a donc vécu … 150 ans ! En plus au XIXème chapeau, c’est l’amour de la description ça ! Ca conserve !)